BLOODY WEEK-END 2015

3 juin 2015 
BLOODY WEEK-END 2015

Chaque année, à la fin du mois de mai se déroule le Bloody Week-End à Audincourt, juste à côté de Montbéliard. De quoi étancher sa soif de courts et longs-métrages entièrement dédié au cinéma fantastique. Particularité du festival, il n'y a que des courts-métrages en compétition, le reste de la programmation étant dédié à des œuvres liés aux membres du jury ou bien à la thématique de l'édition en cours. En marge des projections, le Bloody Week-End propose aussi un concours de Cosplay, des expositions, des expositions ainsi que quelques animations annexes comme un labyrinthe Zombie avec des acteurs s'en donnant à cœur joie pour foutre la trouille aux visiteurs. L'ambiance est ainsi au rendez-vous et l'affluence du week-end est plutôt forte à en juger par la foule qui se pressait autour des exposants. Dans les salles, les organisateurs réservent aussi des surprises aux spectateurs. Avec, entre autres, des quizz permettant aux festivaliers de repartir avec des DVD en cadeau.

BLOODY WEEK-END - Photo 1 BLOODY WEEK-END - Photo 2

Cette année, le jury était pour le moins impressionnant avec, pour le présider, le réalisateur et producteur Brian Yuzna : RE-ANIMATOR 2, SOCIETY, LE RETOUR DES MORTS VIVANTS 3. Pour le seconder, côté cinéastes, il y avait Anthony Hickox (WAXWORK, FULL ECLIPSE, HELLRAISER 3), Jake West (RAZOR BLADE SMILE, EVIL ALIENS, DOGHOUSE) et John Penney (scénariste du RETOUR DES MORTS VIVANTS 3 et de AMPHIBIOUS 3D). Mais le jury regroupait aussi des journalistes et pas des moindres puisque l'on pouvait retrouver des figures emblématiques de la presse papier et du monde audio-visuel. Le fondateur de Mad Movies, Jean-Pierre Putters, siégeait en compagnie de Alain Schlockoff, le créateur de L'Ecran Fantastique. Enfin, Jean-Pierre a dirigé le mythique magazine Métal Hurlant et présentait, entre autres, avec une grande érudition l'émission Cinéma de Quartier. Du beau monde qui était à l'évidence lié entre eux par une même passion pour le Fantastique et l'imaginaire durant ce Bloody Week-End.

Pour l'édition 2015, la thématique du festival s'intéressait aux «rednecks». Et pour nous éclairer sur le sujet, les organisateurs avaient invité Maxime Lachaud, auteur du livre «Redneck Movies, ruralité et dégénérescence dans le cinéma américain». Evidemment, il était possible de se faire dédicacer le livre mais deux conférences sur sujet était programmé durant le week-end, une le samedi et l'autre le dimanche, chacune suivie par un film. Le samedi, il faut donc possible de redécouvrir sur grand écran MOTHER'S DAY, un classique dans le genre, où une mère et ses deux fils s'attaquent aux voyageurs, les dépouillant, les tuant et bien souvent les maltraitant au passage dans de grotesques mises en scène. Le lendemain, ce fut l'occasion de revoir SUCEURS DE SANG (BLOODSUCKERS FROM OUTER SPACE) de Glen Cobrun. Si ce film n'a pas de grande qualité, il a su éveiller dans le public une ambiance de cinéma de genre assez électrique.

Ceux qui n'avaient jamais vu de films de Brian Yuzna ont pu se rattraper en découvrant LE RETOUR DES MORTS VIVANTS 3. Drôle, kitch et généreux, le film offre une héroïne sexy et SM qui rend ce prolongement cinématographique instantanément culte.

Pour Jake West, le festival programmait DOGHOUSE. Film de zombies british, cette comédie horrifique dans la veine d'un SHAUN OF THE DEAD ou d'un BIENVENUE A ZOMBIELAND fonctionne à merveille, particulièrement dans le cadre d'un festival.

Malgré la chaleur étouffante du samedi, les festivaliers ont pu voir (ou revoir) WAXWORK de Anthony Hickox. Du cinéma d'horreur à l'ancienne, avec des jeunes gens naïfs et un peu suicidaire sur les bords qui acceptent de passer la nuit dans un musée de cire pour le moins malsain et terrifiant. Culte, WAXWORK fonctionne encore en dépit des années. Evidemment, les effets spéciaux ont pris quelques rides mais le film reste toujours aussi drôle et jouissif qu'à l'époque.

WAXWORK - Poster WAXWORK : Bande-annonce

Jean-Pierre Dionnet nous a aussi gratifié d'une version «live» de Cinéma de Quartier en présentant PARENTS de Bob Balaban. Il nous a ainsi prouvé qu'il n'avait rien perdu de sa verve ! Pour ceux qui ne l'avait pas encore vu, ce fut une évidente découverte avec cette histoire d'un petit garçon qui soupçonne ses parents d'être des cannibales !

Comme dit auparavant, le Bloody Week-End propose une compétition avec trois sessions de courts-métrages qui se déroulaient le vendredi, le samedi matin et le dimanche matin, cette dernière étant dévolue aux films animés. Globalement, c'était une excellente sélection, la majorité des courts était ainsi plutôt bon avec pas mal de pépites réservant de bons moments d'émotions et de frisson. Mais ce qui surprend dans les courts sélectionnés, c'est le fait de découvrir des films pour la plupart bien pensé, avec un véritable fond, ne se bornant pas à de simples démo technique. Autant dire que tout le monde a eu de petits coups de cœur ! Enfin, le samedi soir proposait une orgie de courts-métrages gores et trash, une programmation de folie qui s'est achevée à 3 heures du matin !

La sélection commençait avec INVADERS de Jason Kupfer, un petit court de sept minutes provenant des Etats-Unis et que l'on avait pu voir l'année dernière, en 2014, au PIFFF. Il raconte l'histoire de deux truands qui avant de s'attaquer à une famille le soir de noël discutent les détails techniques. Forcément très référencés avec un humour assez trash burlesque grand-guignol, INVADERS fonctionne bien, on regrette qu'il soit aussi court.

INVADERS (2014) - Poster

S'en suivait FLASH de Ruiz Rojo Alberto, qui en sept minutes, racontait l'histoire d'un homme recherchant la femme qu'il a vu sur une photo, une sorte d'histoire de fantôme, très bien racontée qui contient beaucoup d'émotion, un message profond, et une vraie atmosphère. L'histoire nous a de plus raconté sans un mot ce qui forcément rend le court très efficace.

FLASH (2015) - Poster FLASH (2015) : Bande-annonce

L'ART DU GESTE d'Ivan Radkine, court français, donc, nous plonge dans l'atmosphère étrange d'une scène de torture où l'on sent une étrange complicité entre la victime et le bourreau. Bien qu'anecdotique ce court est bien réalisé, bénéficiant d'acteurs assez charismatiques pour insuffler de l'énergie au film.

Quant à MURPHY de Xavier Lafarge, Bruno Lévêque, Téo Saintier, Randy Gudin, Rémi Stompe, Laszlo Trachsel, Coline Sapin et Aurélien Rigaudeau, il mettait en scène un parachutiste qui a le malheur de tomber sur une créature étrange des bois qui malgré toute la bonne volonté du monde va largement contribuer à illustrer la loi de murphy.

MURPHY (2014) : court-métrage

RIEN NE PEUT T'ARRÊTER de David Hourrège a bénéficier d'énormes moyens puisqu'il raconte une histoire de remonter dans le temps, d'une course-poursuite et d'une manifestation finissant mal, le tout avec une image léchée, mais le script souffre d'une faiblesse : ils ne sont pas parvenus à régler le paradoxe temporel. Risque assez courant dans ce genre de récit.

RIEN NE PEUT T'ARRÊTER : Teaser

LA MOMIE de Lewis Eozykman est l'exemple parfait de tout ce qu'on peut faire avec beaucoup d'imagination et peu de moyen, déjà passé au PIFFF ce court-métrage noir et blanc fonctionne sur un système assez simple mais peu spectaculaire où l'on a une voix off et un plan fixe. Plutôt original.

LA MOMIE (2014) - Poster

THE CURE de Xavier Mesme raconte comment une jeune femme désirant se débarrasser d'une addiction fait appel à un docteur un peu spécial et carrément suspect. Oscillant entre le thriller et la comédie horrifique, THE CURE reste malheureusement un peu trop en surface pour gagner le cœur de son public.

THE CURE : Trailer

YOU WILL FALL AGAIN de Alex Pachon a été conçu par des danseurs dans un concours de danse et réalise une sacrée performance : parvenir à raconter une histoire uniquement en utilisant le corps humain. Très bien réalisé, efficace et douloureux, c'est l'une des pépites de la programmation.

YOU WILL FALL AGAIN : Trailer

La seconde session commençait fort avec JULIET de Marc Henri Boulier nous projetant dans un futur où existerait des androïds perfectionnés domestique servant à la fois de compagnon, jouet sexuel et homme ou femme à tout faire. Évoquant l'esthétique et la thématique de la série suédoise REAL HUMAN, c'est un court-métrage qui techniquement frôle la perfection. Il a d'ailleurs remporté le Prix Spécial du Jury.

JULIET - Poster

MR DENTONN de Ivan Villamel est un court espagnol nous plongeant dans la chambre d'un enfant qui a trouvé un livre étrange dans le garage contenant une légende plutôt effrayante. Bien évidemment, le monstre se manifeste dans la réalité par un jeu de miroirs. Vraiment bien réalisé, il a quelques maladresses, mais manifeste d'une volonté de faire du cinéma gothique qui m'a évoqué un peu MISTER BABADOOK dans la thématique.

PRESENCE de Thomas Lebascle a remporté le Prix du Meilleur scénario est un court-métrage français de dix sept minutes qui nous présente Angèle, une petite fille de 8 ans, qui est terrifiée par les fantômes. Elle cultive sa peur devant des films d'horreur sans se rendre compte qu'il lui sera impossible ensuite de s'endormir. Véritable film gothique à la française, PRESENCE adopte un rythme assez lent.

PRESENCE : Trailer

Nous venant d'Espagne, TIMOTHY de Marc Martinez Jordan a remporté le Grand Prix du Jury. Sanglant, efficace, assez barré, il donne à Simon, un petit garçon, l'occasion de voir son rêve se réaliser, et ainsi, il voit débarquer son personnage préféré dans la réalité pour le plus grand malheur des adultes.

TIMOTHY : Trailer

LE DESIR DU MONSTRE de Aurélien Antezac a remporté le Prix des Meilleurs effets spéciaux. Dans un freak show, l'homme lézard fantasme sur deux sœurs siamoises. Une histoire bien menée, assez bien mise en scène qui aurait mérité plus de moyens, mais reste très efficace.

ENCHAINÉS de Stéphane Youssouf racontait une histoire assez classique dans le film de genre. Deux cambrioleurs débutants débarquent dans la maison d'un tueur psychopathe. Partagés entre l'envie de fuir et de sauver la jeune fille retenue par le tueur, ils se retrouvent coincés dans cette maison de l'horreur.

HYBRIS de Audrey Serre, Benjamin Gros, Océane Nguyen et Margaux Le Gall nous montrait en près de neuf minutes un zoo d'un nouveau genre où des espèces hybrides vivent. Assez poétique, drôle, mignon, touchant, rendant de plus hommage à JURASSIC PARK, il fait partie de mes coups de cœur.

Quant à LE MESSAGER de Michael Krsovsky, il nous raconte une histoire à la QUATRIEME DIMENSION. Un psychiatre souffre d'hallucination où ils voient des personnes lui délivrer des messages aussi énigmatiques qu'absurde puisqu'il ne connaît pas ces personnes. Il se demande alors s'il n'est pas en train de devenir fou. Très réussit, il est efficace et fonctionne très bien. Comme beaucoup de courts projetés, on regrette qu'ils n'aient pas eu un peu plus de moyens techniques.

Enfin côté animation, il y avait IMPOSTEUR de Ellie Chapuis qui a remporté le Prix du Jury pour l'animation. Simple, terriblement efficace, il fait référence à une animation plus ancienne et joue sur le côté vintage avec une image en noir et blanc. Seule déception, la fin qui nous laisse un peu sur notre faim.

FOREVER MIME de Michael Visser est un court venant des Pays-Bas mettant en scène deux mimes qui se battent pour attirer l'attention d'une jolie gothique. Évidemment, leur combat est basé sur des mimes ce qui donne des scènes très drôles. Efficace avec une animation très en vogue en ce moment, il manque peut-être un peu d'originalité, mais fonctionne bien.

Vu au PIFFF en 2014, TEMPETE SUR ANORAK de Paul Carbon est l'un de mes préférés. Racontant l'histoire de deux jeunes gens qui au cours d'une tempête où les éléments se déchaînent tentent d'échapper à de l'espionnage industriel. Drôle, bourré de référence, avec un humour évoquant un peu SOUTH PARK, une animation assez jolie et poétique, original dans son histoire et sa construction, c'est une vraie petite pépite.

TEMPêTE SUR ANORAK - Poster

SETTLING de Emma McCann est un bijou d'animation. Racontant l'histoire d'un déneigeur qui pour tromper la solitude crée un bonhomme de neige, ce dernier va lui montrer que parfois la solitude est préférable. Certaines scènes fonctionnent très bien, d'autres moins, maladroit mais plein de potentiel.

MUTE de Job Roggeven, Joris Oprins et Marieke Blaauw, dure quatre minutes. Terriblement efficace et drôle, il met en scène une famille qui dans un monde de gens sans bouche découvre suite à un accident domestique comment retrouver la voix, le son. S'ensuit une réaction en chaîne drôle et sanglante.

LA MAISON DE POUSSIERE de Jean-Claude Rozec a remporté le Prix du Ppublic et celui du Jury Jeune. Déjà présent au PIFFF ainsi que dans d'autres festivals, il manifeste d'une grande poésie et de beaucoup d'émotion dans une histoire de tour HLM vouée à la destruction où une vie demeure en ces lieux abandonnés.

LA MAISON DE POUSSIERE - Poster LA MAISON DE POUSSIERE: Bande-annonce

L3.0 de Alexis Decelle, Cyril Declerq, Vincent Defour et Pierre Jury est un film de l'école Isart Digital. Il met en scène un enfant robot qui recherche un camarade de jeux dans un Paris vide et abandonné de tous. Bien que techniquement impeccable L3.0 souffre d'un problème d'écriture qui fait passer le public à côté de son propos.

PATCHWORK de Galaad Alais, Benjamin Bourmier, Stéphanie de Fortis, Amélie Gavard, Arnaud Lapeyre, Amélie N'Guekora et Magali Vida est lui aussi un film de l'école Isart Digital. Personnellement, l'animation m'a déplu. L'histoire, quant à elle, est assez bateau, et classique dans le court de genre. Dommage, car on sentait une volonté d'insuffler une ambiance particulière.

MY FATHER, EXCALIBUR AND ME, lui aussi film de l'école Isart Digital, est réalisé par Jean-Patrick Bernad, Fanny Branet, Julie Burge Catinot, Kenny Chindavong, Giovanni Gasparetto, Sephira Lemoine, Jonathan Setbon, Théo Weber. Personnellement, je n'ai pas aimé du tout l'animation qui est d'un style très marqué, qui était à la mode dans les années 90. L'histoire, donc, est celle du roi Arthur raconté avec humour.

TIMBER de Nils Hedinger est un court-métrage suisse de 5 minutes 35. Mordant, terriblement drôle, il raconte via l'histoire de bout de bois coupés se retrouvant dans le froid, une histoire de survivants prêts à tout. La thématique du survivalisme et de ce que l'homme peut être amené à faire est plutôt réussie dans ce court efficace.

LA BÊTE est un véritable bijou d'animation qui raconte l'histoire d'une femme dansant avec une bête démesurée, bestiale, virile, sorte de pendant monstrueux à la sensualité et à l'élégance de la femme. Le bal des deux êtres est guidé par le dessin de Vladmir Mavounia-Kouka qui réalise là un court assez sublime qui n'a malheureusement pas remporté de prix.

Enfin SALE GUEULE de Alain Fournier est un film d'animation avec des marionnettes. L'histoire est celle d'un conte breton où deux hommes solitaires enfermés dans un phare sont confrontés chaque nuit à l'Ankou, l'ange de la mort. La voix off, l'animation et l'écriture donnent une atmosphère vraiment spéciale au court, lui donnant ses lettres de noblesse.

Après trois jours festifs entourés de passionnés, la cérémonie de clôture venait mettre un terme à ce festival vraiment réussi. L'occasion pour chacun des membres du Jury de prendre la parole mais aussi de révéler le palmarès. Enfin, les fondateurs du festival sont revenus sur l'histoire du Bloody Week-End, le tout dans une ambiance vraiment bon enfant. Si le Bloody Week-End peut être considéré comme un « petit festival », il n'en reste pas moins un événement résolument sympathique, distillant une véritable bonne humeur et une chaleur dont sont dénués des machineries plus imposantes ! Avec une salle de projection qui ressemble à une salle des fêtes plutôt qu'à un cinéma, cela rejoint finalement le temps un peu révolu des festivals du film fantastique Super 8. Et s'ils n'ont pas d'énormes moyens, les organisateurs du Bloody Week-End transmettent avec une grande simplicité une passion, un amour du genre et leur envie de faire plaisir aux spectateurs ! Respect !

Rédacteur : Sophie Schweitzer
Photo Sophie Schweitzer
Passionnée de cinéma et littérature de genre, elle a fait des études de cinéma et travaille désormais comme cadreuse. A côté de son travail, elle écrit des nouvelles fantastiques et horrifiques.
36 ans
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