PIFFF 2013 : COURTS-METRAGES INTERNATIONAUX

5 décembre 2013 
PIFFF 2013 : COURTS-METRAGES INTERNATIONAUX

En 2013, les Français se sont montrés bien plus passionnants que leurs homologues étrangers dans le domaine du court-métrage « Fantastique ». C'est, en tout cas, l'impression ressentie à l'issue de la projection des huit courts-métrages provenant des quatre coins du monde et qui composaient la compétition internationale ! L'ensemble n'était pas des plus digestes mais au milieu de tous ces courts se cachait tout de même une véritable pépite.

Pour ouvrir le feu, la projection du dimanche 24 novembre débutait avec un court assez rentre-dedans. BASKIN nous propose un mix entre [REC] et la séquence d'introduction du ZOMBIE de George Romero ! Une équipe d'intervention de la police répond à un appel qui va les plonger dans l'horreur. Car la poignée de policiers ne s'attend vraiment pas à tomber dans une demeure où résident les membres d'un culte à l'évidence satanique mais aussi des morts-vivants ou des possédés, cela reste difficile à dire ! Ca tire dans tous les sens et ça ne lésine pas sur les effets gores. Seul problème, ce court-métrage turque de Can Evrenol n'a pas réellement de fin et ne va pas plus loin que son idée de base plutôt maigre. Cela prouve en tout cas que le cinéaste dispose d'un évident savoir-faire qui ne demande qu'à être exploité sur un véritable scénario.

Coup d'œil du côté de l'Espagne avec HABITANTES produit par Paco Plaza. Ce court-métrage de Leticia Dolera pourrait être une petite perle d'humour noir mais loupe un peu le coche en s'égarant vers un surréalisme mal maîtrisé et une touche «auteur» qui alourdit l'ensemble. Dommage car le sujet démarrait plutôt bien en suivant un homme à la vie monotone au milieu de voisins qui, eux aussi, ont une existence ennuyeuse. Au final, cela tombe donc à plat au bout d'une dizaine de minutes qui ne réussi à vous tirer qu'un ou deux sourires polis.

On reste en Espagne avec UNICORN BLOOD qui partage les mêmes défauts que HABITANTES. Prenant la forme d'un dessin animé, le court-métrage d'Alberto Vazquez surprend avec une approche esthétique singulière. Démarrant comme un conte plutôt mignon, l'histoire de deux oursons virent par la suite au cauchemar. Si, à l'évidence, il s'agit d'une critique sociale le film devient de plus en plus nébuleux au fur et à mesure qu'il se déroule au point de noyer son message d'origine.

 

 

Mais il est possible de faire bien pire dans le genre. NOISE OF THE WORLD est un autre court-métrage d'animation qui nous vient d'Espagne. Le film de Coke Rioboó se lance, cette fois, à corps perdus dans l'expérimental. Oubliez la narration traditionnelle, ce court est plutôt un trip dont on aura un peu de mal à cerner la finalité. Le contraste entre des images de gamins qui crèvent de faim en Afrique et celles de musiciens occidentaux donne l'impression que l'auteur cherche à nous proposer une réflexion. Mais il s'agit surtout d'une redoutable expérience animée particulièrement moche graphiquement ! A réserver aux amateurs d'animation «autre».

 

 

Troisième film d'animation de la sélection, DAY 6011 de Raf Wathion est un métrage qui arrive de Belgique. Si NOISE OF THE WORLD aurait eu sa place à Annecy dans une sélection expérimentale, DAY 6011 lorgne plutôt du côté d'Imagina. Avec des images très monochromes et des décors résolument géométriques, le métrage suit le fastidieux travail d'un robot. Celui-ci verra son quotidien légèrement chamboulé par un grain de sable ou plutôt une petite bestiole. L'histoire est réduite au minimum et donne un peu l'impression de suivre une démo technique, certes bien modélisée et réalisée mais pas enthousiasmante pour autant !

 

 

8'47 ne se montre, lui non plus, pas spécialement convaincant ! L'Australien Nik Kacevski nous présente une mise en image soignée. Techniquement, c'est plutôt bien mais pour le reste, c'est un peu vide ! Dans une chambre d'hôtel deux sœurs en cavale sont rattrapées par un homme qui entend bien leur reprendre un objet d'une grande valeur. Et pour cause, il permet de remonter le temps. Le cinéaste nous refait donc trois fois la même scène en changeant leur déroulement en fonction du choix de l'un des protagonistes. Cela pourrait avoir un éventuel intérêt si le film avait un but en dehors de nous prouver que Nik Kacevski voulait aligner les plans séquence !

 

 

L'un des courts les plus ambitieux de la sélection venait du Mexique. Avec PROTOCOL, Rodrigo Hernández nous prouve qu'il n'y a pas que les Américains qui sont à même de faire de la science-fiction. Mais, une nouvelle fois, le scénario n'est pas à la hauteur. Le concept de base n'est pas dénué d'intérêt mais l'issue n'a rien de vraiment pertinent. Quoi qu'il en soit, comme déjà dit, la forme est pour le coup de haut niveau. Visuellement, le film n'a rien à envier à un PANDORUM avec lequel PROTOCOL partage quelques points communs. Sur grand écran, la chose est agréable à l'œil et cela donne vraiment envie de découvrir ce que fera à l'avenir le cinéaste.

Dans cette sélection, on trouvait sept courts-métrages à la qualité diverse mais aussi THE MAN WHO COULD NOT DREAM qui écrasait littéralement la concurrence. C'est d'ailleurs sans surprise que plusieurs heures après, le film obtenait le Prix du meilleur court-métrage décerné par le public du PIFFF. Kasimir Burgess et James Armstrong nous livre une véritable perle qui alterne l'humour et la tragédie. Ce court-métrage australien suit un jeune garçon rêveur de neuf ans jusqu'à sa vie adulte où un événement marquera définitivement sa vie. Il est d'ailleurs intéressant de voir de quelle manière THE MAN WHO COULD NOT DREAM traite des thématiques très similaires à HABITANTES, projeté dans la même sélection. Pas ennuyeux pour un sou, Le film de Kasimir Burgess et James Armstrong est inventif de bout en bout, développe son histoire avec une réelle pertinence et porte un regard acéré sur notre société ! Si un film méritait à lui seul le déplacement lors de cette projection de courts-métrages, c'est sans conteste THE MAN WHO COULD NOT DREAM !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
54 ans
10303 news
570 critiques Film & Vidéo
4 critiques Livres
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire