BOX OFFICE (09/12/02)

9 décembre 2002 
BOX OFFICE (09/12/02)

C'est le grand retour de la rubrique box office après quelques semaines d'absence principalement due à une surcharge de travail personnel. Pendant ce temps l'actualité fantastique internationale était joliment intense. Alors trêve de bavardages et plongeons-nous vite dans les arcanes du chaud business !

Box office américain :
Harry Potter et la chambre des "succès".
Le retour d'Harry Potter est un succès à la hauteur de l'événement. La tâche n'était pas simple, Harry se devait de ne pas décevoir après le triomphe gigantesque du premier volet (317M$ aux USA l'an dernier). Les critiques toutes plus positives les unes que les autres et l'attente des fans ont permis à l'adaptation du roman de J. K. Rowling de démarrer sur les chapeaux de roues avec une première semaine proche de celle du premier volet (et des records de fréquentation au Japon ou en Angleterre). Si la suite est moins éloquente, le sorcier gentillet chutant plus rapidement que prévu aux USA à cause de la sortie fracassante du dernier avatar de 007, ce deuxième épisode à Poulard s'en sort avec brio et a déjà rapporté 231M$ en 4 semaines. En raison d'une chute de 69% de ses entrées, l'apprenti sorcier binoclard est désormais 3ème du box office de la semaine derrière l'espion vieillissant de sa majesté (qui ne s'est jamais aussi bien porté au BO avec 120M$ de recettes en 3 semaines) et Robert de Niro qui se compromet une fois de plus dans une comédie inutile (MAFIA BLUES 2 en l'occurrence) qui démarre très mal avec des recettes avoisinant les 11M$ en 3 jours).

Comparaison des recettes américaines des 2 premiers volets d'Harry Potter :

HARRY POTTER
90M$
57M$
23M$
14.7M$

(1ère semaine)
(2ème semaine) 
(3ème semaine)
(4ème semaine)
HARRY POTTER 2
88M$
42M$
32M$
10M$

Harry Potter enchante, Disney déchante :
Pour faire face à la concurrence d'une des franchises les plus rentables du moment, Disney avait sorti l'artillerie lourde avec LA PLANETE AU TRESOR. Dernière production animée du studio, cette version futuriste de "l'Ile au trésor" de Stevenson rentre cependant dans les anales du studio en établissant le pire résultat de la compagnie pour une production Disney de cette envergure, puisqu'elle n'a engrangé que 23M$ en 10 jours pour un budget estimé à plus de 100M$. Un méga bide aggravé par une chute des recettes de 53%. Mais pourquoi un tel rejet ? Les critiques étaient plutôt bonnes, le film est d'excellente qualité... Est-ce dû à la promotion poétique qui a accompagné le film ? A force de vouloir attirer les ados à tout prix, Disney ne se serait-il pas aliéné les tous petits ? C'est très probable. En tout cas, la forte concurrence ne peut suffire à expliquer un tel désaveu du public, LA PLANETE AU TRESOR. Disney doit remettre en question ses choix en matière d'animation et le succès d'HYPER NOEL, l'autre production Disney du Top 10 (120M$ à son actif, un score gonflé pour un Père Noël au régime) ne sera pas suffisant pour satisfaire ses exigeants actionnaires.

Avec 10M$ pour son week-end d'ouverture et une chute de recettes supérieure à 45% le week-end suivant, SANDLER'S EIGHT CRAZY NIGHTS n'est décidément pas la surprise de cette fin d'année, mais de toute façon personne n'y croyait vraiment. Adam Sandler qui est revenu au succès populaire cette année grâce à MR DEEDS et à un moindre niveau avec PUNCH DRUNK LOVE, essuie de nouveau une grosse déconvenue.

Parmi les déceptions du moment, décidément nombreuses, ayons une pensée émue pour Steven Soderbergh, l'ex-wonderboy d'Hollywood, qui semble débuter la deuxième traversée du désert de sa carrière. En effet son très attendu SOLARIS s'effondre très vite après une calamiteuse première semaine affichant des résultats inférieurs à 14M$ de recettes en 10 jours. Ce film ambitieux qui se veut à la fois romance philosophique et film de science fiction est probablement l'une des idées hollywoodiennes les plus farfelues de l'année. Le film est en effet une nouvelle adaptation du roman qui avait servi de base au film éponyme de Tarkovski, pour mémoire une belle réussite dans le genre science fiction contemplative pour insomniaque. Il fallait oser en faire un remake commercial. En tout cas, après une flopée de succès (ERIN BROKOVICH, TRAFFIC et OCEAN'S ELEVEN), Soderbergh essuie son deuxième bide consécutif après le score dérisoire de FULL FRONTAL en août dernier.

WES CRAVEN PRESENTS THEY, série B horrifique mettant en scène les terreurs enfantines d'une jeune adulte, parvient tout juste à se hisser au dessus des 10M$ de recettes en 10 jours . Le nouveau film de Robert Harmon (rappelez-vous, HITCHER en 86, c'était de lui) fait un score très moyen sur une combinaison de salles raisonnable (1.615 écrans), tandis que le remake de RING, LE CERCLE fête sa 8ème semaine dans le top 10 et 120 M$ de recettes.

Box office national :

Une planète qui ne tourne pas rond.
En démarrant à 649.000 entrées France pour sa première semaine, la pourtant très sympathique PLANETE AU TRESOR fait le pire démarrage français pour un Disney de Noël depuis une dizaine d'années. La méfiance du public après la piètre qualité d'ATLANTIDE et l'approche de la sortie d'HARRY POTTER ET LA CHAMBRE DES SECRETS semblent avoir pénalisé cette épopée de science-fiction qui n'arrivera probablement jamais aux 4.3 millions d'entrées de son prédécesseur que l'on pouvait déjà considérer comme une sous performance par rapport aux 10M de lionceaux du ROI LION ou aux 7.9 millions d'hommes singes de TARZAN. Il ne faut pas oublier qu'en 96, alors que le box office intergalactique succombait aux attaques extra-terrestres d'INDEPENDENCE DAY, l'Hexagone se distinguait en plaçant LE BOSSU DE NOTRE DAME numéro un de l'année avec 6.835.000 spectateurs.

Retour sur le démarrage (1ère semaine France) des derniers Disney de Noël :

TARZAN
DINOSAURE
LE ROI LION
ATLANTIDE
LE BOSSU DE NOTRE DAME  
POCAHONTAS
MULAN
ALADDIN
HERCULE
LA PLANETE AU TRESOR  
1.435.561 (1999)
1.320.593 (2000)
1.312.942 (1994)
1.148.273 (2001)
1.085.065 (1996)
1.008.846 (1995)
863.262 (1998)
819.474 (1993)
749.436 (1997)
649.655 (2002)

Histoire d'eau.
Une fois n'est pas coutume, un film catastrophe européen est sorti sur nos écrans nationaux. Ce genre commençait à se faire rare sur nos écrans après un brillant revival dans les années 90 grâce aux blockbusters américains tels que TWISTER, ARMAGEDDON ou l'infâme VOLCANO. C'était donc avec une certaine curiosité qu'on aurait pu accueillir LA FOLIE DES HOMMES, le pendant transalpin de TITANIC (une tragédie meurtrière doublée d'une histoire d'amour). Mais l'absence de publicité efficace (quelle affiche !), les mauvais papiers dans les mensuels cinéma et le casting européen hétéroclite (Auteuil et Serrault dans un film italien, c'est toujours douteux) ont eu vite fait de noyer cette curiosité. Bref, faute d'être émus par la mort de 2.000 personnes englouties par les eaux d'un barrage titanesque, les 41.000 Français qui l'ont vu auront tout de même versé une larme devant les effets spéciaux désastreux de cette production pompeuse. Et que fait le distributeur pendant ce temps ? Eh bien, il pleure toutes les larmes de son corps.

En continuation cette semaine :
Quelques grosses machines continuent leur petit bonhomme de chemin dans le Top 20 hebdomadaire. Le thriller bancal INSOMNIA a réussi à endormir 840.727 spectateurs en 4 semaines, plutôt pas mal pour ce thriller de plus, surtout quand on sait que l'original, en pauvre film norvégien qu'il était, n'avait conquis que 14.000 parisiens en août 1998.

Le DRAGON ROUGE de Brett Ratner s'est écrasé au vol car trop indigeste (1.349.000 entrées en 5 semaines dont 305.000 parisiens mal inspirés) et finit sa carrière nettement en retrait par rapport aux 2 précédents volets (LE SILENCE DES AGNEAUX avait terrifié 3.110.000 brebis égarées tandis qu'HANNIBAL avait dégusté la cervelle de 2.500.000 victimes consentantes en 2001).

MINORITY REPORT est un très gros succès pour Spielberg qui grâce aux 3.570.000 complices qui l'ont suivi double ainsi le score faiblard d'un A.I. de sinistre mémoire. La collaboration Spielberg/Tom Cruise/Philip K. Dick a non seulement démarré sur les chapeaux de roues, mais a aussi confirmé son attrait sur la durée avec tout de même 7 semaines classé dans le Top 10 ; Quelle belle stabilité !

SIGNES, à côté, fait pale figure avec ses extra terrestres à deux francs six sous. L'insignifiante parabole sur la foi de Shyamalan a divisé 2.011.215 spectateurs en France dont un peu moins de 400.000 personnes sur la capitale. Entre le déboulonnage des détracteurs et les encensements des fans, beaucoup n'ont pas su à quel saint se vouer et ont finalement décidé d'éviter la casse en n'y allant pas.

Petit et vraiment pas costaud, "Spiderboy" peine à tisser sa toile:
Si la carrière de Cronenberg a connu diverses fortunes sur notre territoire, son petit dernier a bien du mal à se faire une place malgré les dithyrambes des critiques et une promo plutôt bien menée. Trop austère pour le grand public (trop ennuyeux également?), SPIDER n'a attiré dans sa toile que 149.000 spectateurs en 3 semaines. Cette carrière d'ascète est d'autant plus maigre que la chute est sévère de semaine en semaine. On est bien loin du score glorieux d'EXISTENZ qui avait réussi à prendre la tête du box office lors de sa sortie en avril 99 pour finir autour des 620.000 entrées France en fin de course.

Allez petit retour sur la carrière parisienne de l'ancien maître du cinéma organique :

LA MOUCHE
FAUX SEMBLANTS    
DEAD ZONE
EXISTENZ
CRASH
SCANNERS
VIDEODROME
CHROMOSOME 3
M. BUTTERFLY
LE FESTIN NU
FRISSONS
RAGE
440.335 (1987)
223.619 (février 1989)
204.086 (avril 1984)
197.123 (avril 1999)
178.645 (juillet 1996)
161.244 (avril 1981)
78.146 (mai 1984)
47.696 (octobre 1979)
45.843 (avril 1994)
44.299 (avril 1992)
38.577 (août 1976)
24.460 (août 1977)

SPIDER devrait finir sa carrière vers les 70.000 entrées Paris.

Enfin du côté des productions pour enfants, STUART LITTLE 2 quitte le Top Ten la tête haute après s'être classé pendant 6 semaines consécutives parmi les 7 premiers du classement. L'irritant mulot blanc s'est même payé le luxe de dépasser son prédécesseur (il a rallié 1.893.050 rongeurs à sa cause contre 1.827.754 lors du premier volet). Un score épatant qui ferait presque oublier les déceptions qu'il a générées un peu partout dans le monde. STUART LITTLE serait-il devenu notre exception culturelle ?

Frédéric Mignard aka Zecreep

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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