Header Critique : DARNA ANG PAGBABALIK (DARNA THE RETURN)

Critique du film et du DVD Zone 0
DARNA ANG PAGBABALIK 1994

DARNA THE RETURN 

Dans un petit village près de Manille, la belle et fragile Narda se transforme en secret en Darna, une super héroïne à mi-chemin entre Wonder Woman et Supergirl. Tandis que cette dernière use ses bottines rouges en tannant les fesses de la pègre locale, son ennemie jurée Valentina décide de mettre en place un nouveau plan diabolique destiné à asservir les masses via des messages subliminaux diffusés par le biais de la télévision.

S'intéresser au personnage de Darna revient à ouvrir la (grosse) boîte de pandore des super héros philippins (voir le récent GAGAMBOY qui fait actuellement le tour des festivals). Sous la forte influence américaine, l'imaginaire local regorge de héros costumés, très représentés en bande dessinée comme au cinéma via des adaptations produites à un rythme très régulier. L'assise populaire de ces héros est donc énorme pour un public se projetant sans retenue dans les aventures surhumaines de ces personnages, au point que certains (comme Darna) soient devenus de véritables icônes nationales.

Darna est un personnage qui ne date pas d'hier puisque l'on relève ses premières aventures en bande dessinée au tout début des années 50. On doit sa création à Mars Ravelo, le Stan Lee philippin, connu également pour avoir imaginé Captain Barbell (un genre de Superman) ou encore Lastikman (qui possède un corps élastique à l'instar de certains héros US). La genèse de Darna met en scène une fillette appelée Narda qui se fait le témoin une nuit de la chute d'une météorite. Sur les lieux de l'impact, la petite découvre une étrange pierre gravée. En l'avalant par erreur, Narda se transforme en valeureuse Darna, supers pouvoirs et costume Wonder Womanesque intégré. En recrachant la pierre magique, Narda retrouve son état normal, alimentant de ce fait une dualité si cher aux supers héros.

Datant de 1994, DARNA ANG PAGBABALIK signifie «le retour de Darna». Un retour, car si la plupart des spectateurs occidentaux découvriront le personnage avec ce film (le seul pour l'instant à bénéficier d'une disponibilité vidéo avec des sous-titres anglais), Darna fut déjà adaptée à une quinzaines de reprises sur grand écran. Peu de temps après sa création sur papier, un premier métrage sobrement intitulé DARNA voit le jour en 1951, immédiatement suivi par une séquelle en 52. Le personnage est régulièrement remis au goût du jour au gré des décennies, avec dans le rôle titre les principales stars féminines du moment, et une série animée est lancée en 1986. DARNA ANG PAGBABALIK n'est pas pour autant l'ultime apparition de l'héroïne à l'écran puisque cette dernière figure dans la nouvelle adaptation de Capitaine Barbell (qui connaît de son côté une destinée tout aussi florissante).

A l'heure où SPIDER-MAN 2 conquiert le monde, où tout du moins les salles de cinéma, la vision de DARNA ANG PAGBABALIK fait un peu office de résistance. Et pourtant, DARNA ANG PAGBABALIK fonctionne sur le même schéma représentatif que les héros américains : musique pompière, scènes d'action homériques, effets spéciaux à gogo, exhaltation de la nation pour les exploits du personnage. Bien entendu, les moyens et le savoir-faire (notamment en terme d'effets spéciaux) n'étant pas du niveau hollywoodien, DARNA ANG PAGBABALIK devient vite un spectacle kitch et gentiment «out» qui risque d'en faire s'esclaffer beaucoup.

Les scènes d'actions sont ainsi le principal intérêt du métrage, puisque leur naïveté en devienne très divertissante. Les techniques de trucages sont grosso modo les mêmes que pour le SUPERMAN de Richard Donner (actrice câblée au décollage, puis raccord sur fond bleu dans les airs) sauf qu'ici la finition laisse à désirer. En résulte des scènes furieusement psychotroniques, qui finalement se révèlent peut être plus sympathiques que les furies destructrices et photo réalistes du standard contemporain. Les fans de Fumettis italiens apprécieront particulièrement. A noter que la plastique de l'actrice principale, Anjanette Abayari, donne beaucoup de «corps» à Darna, surtout que cette dernière est souvent filmée en ralenti marqué lors de l'exploit, faisant ainsi rebondir ses formes généreuses aux quatre coins de son petit costume rouge et doré !

Le second degré (même complice) sera malheureusement le seul angle disponible pour le spectateur occidental afin d'appréhender ce DARNA ANG PAGBABALIK. La qualité très médiocre de la copie ne permettra à aucun moment d'apprécier correctement le travail de réalisation ou encore photographique du film. Le scénario, très classique, souffre d'une première moitié particulièrement ardue niveau rythme et compréhension puisque Narda / Darna se fait voler sa pierre magique et devient alors complètement amorphe sur plus d'une quarantaine de minutes. Pour le spectateur découvrant avec ce film le personnage, ce parti pris est décourageant puisqu'il le prive de ce fait de l'attraction principale tout en entretenant un gros flou narratif puisque les origines de l'héroïne ne sont à aucun moment explicitées (on ne comprend pas aisément la relation entre Darna et la fameuse pierre).

La galerie des personnages secondaires n'est pas d'une grande révolution non plus. Darna fait équipe avec son petit frère Ding et hésite entre deux amours, celui de son meilleur ami (en tant que Narda) et celui d'un bel inspecteur de police (avec qui elle collabore en tant que Darna).

Pour relever l'intérêt, il faudra davantage se tourner vers les méchants et donc la secte des serpents dans le cas présent, un ordre reptilien dirigé par des gorgones dont la grande ennemie de Darna, la vénéneuse Valentina. L'occasion de quelques scènes dépaysantes d'empoignade avec des hommes reptiles, voire même un vrai serpent ! Dans ces moments, DARNA ANG PAGBABALIK est un moment des plus réjouissants, dommage qu'il faille tant lutter pour y conserver son intérêt.

DARNA ANG PAGBABALIK est aujourd'hui visible avec des sous-titres anglais grâce à une édition chinoise. Ne nous rassurons pas trop vite, DARNA ANG PAGBABALIK est peut-être l'un des dvds les plus techniquement mauvais du monde, et il faudrait fouiller dans les bacs pirates les moins engageants pour y trouver un équivalent. La faute à triste constat : aux Philippines, aucun organisme n'est en charge de conserver correctement le cinéma local, ce dernier se dégradant alors lorsqu'il ne disparaît pas purement et simplement. Concrètement, cela donne une image granuleuse et délavée, sûrement pas au format (d'où parfois des changements de ce type à l'écran), et bénéficiant de tous les défauts possibles et inimaginables (scratchs de pellicule associés à de gros drops vidéos, le master est-il une VHS ?)

Niveau sonore, c'est guère mieux avec une piste originale étouffée et soufflante. Très dommageable, le son devient même totalement inaudible pendant près d'une dizaine de minutes à partir d'environ 25'. Bien entendu, pas un seul bonus ne vient égailler ce joli bilan. Enfin, le prix plutôt réduit du disque pourra néanmoins encourager les curieux à y jeter un coup d'œil.

DARNA ANG PAGBABALIK n'est sûrement pas le meilleur moyen de commencer avec le personnage de Darna, surtout via cette édition techniquement effroyable. Mais voilà, c'est le seul film mettant en scène la super héroïne qui nous est aujourd'hui disponible avec des sous-titres anglais. A voir néanmoins pour la découverte du cinéma populaire philippin, en attendant le fameux crossover entre Darna et le Captain Barbell bientôt dans les bacs (enfin, espérons-le).

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
48 ans
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287 critiques Film & Vidéo
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Un spectacle rafraîchissant et psychotronique
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Il faut parfois lutter
Une édition techniquement effroyable
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L'édition vidéo
DARNA ANG PAGBABALIK DVD Zone 0 (Chine-Hong Kong)
Editeur
My Way
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Chine-Hong Kong (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h43
Image
1.78 (16/9)
Audio
Filipino Dolby Digital Stéréo
Mandarin Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Chinois
  • Anglais
  • Supplements
      Aucun
    Menus
    Menu 1 : DARNA ANG PAGBABALIK (DARNA THE RETURN)
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