Header Critique : PAS DE PITIE POUR LES SALOPARDS (AL DI LA DELLA LEGGE)

Critique du film et du DVD Zone 2
PAS DE PITIE POUR LES SALOPARDS 1968

AL DI LA DELLA LEGGE 

Trois compères organisent le vol de la paie des ouvriers d'une petite ville minière. Un rapt réussi qui pousse ses auteurs à envisager immédiatement de subtiliser la même somme lors d'un deuxième voyage. Tout se déroulerait comme prévu si une bande de bandits ne s'était pas mis la même idée en tête...

Bien que PAS DE PITIE POUR LES SALOPARDS soit une co-production italo-allemande, donc à 100% européenne, le film, par bien des côtés tend vers un cinéma plus américain. Très décontracté, toutefois, l'ensemble du film délivre une sorte de Western matinée de comédie où les trois compères menés par Lee Van Cleef sont d'honnêtes voleurs, tels qu'ils se qualifient eux-mêmes, se refusant à user de méthodes trop expéditives. Dans le même genre, ce PAS DE PITIE POUR LES SALOPARDS fait parfois penser à LA CARAVANE DE FEU, réalisé par Burt Kennedy l'année précédente. Un autre Western mettant en scène Kirk Douglas et John Wayne qui rivalisent d'ingéniosité pour voler un chargement d'or. L'humour déployé dans PAS DE PITIE POUR LES SALOPARDS reste assez fin et très éloigné des comédies parodiques qui suivront dans le Western italien, même si l'on peut voir dans le film un très sobre, pour l'occasion, Bud Spencer !

Lee Van Cleef apparaît ici avec un look assez différent de celui qu'il pouvait arborer dans les Westerns qu'il avait pu tourner jusque-là. Vêtements élimés et pas forcément la gâchette facile, il n'a plus rien d'un tueur implacable et le film lui donne au passage l'occasion d'interpréter un rôle bien plus détendu qu'à l'accoutumée. Tout du moins durant les trois-quarts du film puisque le ton assez léger vire au sérieux avec l'arrivée en ville d'un redoutable meneur de bandits ! Celui-ci apparaît sous les traits de Gordon Mitchell, de son vrai nom Charles Allen Pendleton, un culturiste américain converti au cinéma suite à l'engouement pour les héros musclés et antiques à la mode en Italie durant les années 60. Il enchaîne donc péplums et films d'aventures (LA COLERE D'ACHILLE, BRENNO LE TYRAN...) avant se mettre en selle lorsque la mode passe aux Westerns. Le film joue bien entendu à fond la carte du vilain sadique. Tout de noir vêtu, le visage ainsi que les yeux inquiétants de l'acteur finissent de l'établir comme le maléfique personnage élémentaire à la limite du fantastique.

Le ton change sur la fin du métrage et pousse même le bouchon assez loin alors que le film donnait l'impression d'un spectacle sans conséquence. Cette rupture se poursuit dans un dénouement encore plus tragique où le héros se doit de faire un choix cornélien, partagé entre la bonne conscience (un jeune ingénieur interprété par Antonio Sabato) qui lui promet une vie normale et de l'autre ses compagnons de toujours (rôles excellemment interprétés par Lionel Stander et Al Hoosmann). Cet appel pour le personnage de Lee Van Cleef à se caser pour devenir une figure respectable d'une petite ville se fait tout au long du film, le plus souvent sur une note amusée ou touchante. L'issue ramène donc tout le monde à des réalités moins idylliques et laisse une certaine amertume.

A l'instar du DERNIER JOUR DE LA COLERE, proposé dans la même collection de Western, PAS DE PITIE POUR LES SALOPARDS est distribué en France à l'époque dans une copie tronquée d'une vingtaine de minutes. A vrai dire, en fonction des pays, le film est plus ou moins raccourci pour son exploitation dans les salles de cinéma. Les pertes se situent essentiellement sur l'enrichissement des personnages, plus particulièrement Cudlip et ses complices, ou des parties de l'intrigue probablement jugées inutiles (la planification du deuxième vol, par exemple...). L'une des séquences limite hilarante nous donne d'ailleurs à voir Cudlip lors d'un rendez-vous galant où il se montre assez gauche.

En éditant PAS DE PITIE POUR LES SALOPARDS, Seven 7 aurait pu se contenter de déterrer une vieille copie française et ne pas se soucier des coupures. Au contraire, cette collection de Western prend le parti de présenter la version intégrale du film alors que le disques est pourtant proposé à un prix attractif. Seul problème, le doublage français n'existe pas sur les scènes manquantes et elles apparaissent alors en italien sous-titré à la vision du film. Pour ceux que ces changements entre version française et italienne gênerait, il est possible de regarder l'intégralité du film en italien sous-titré en français.

Il y a bien quelques petits défauts de pellicule ou d'étranges tâches fugitives pendant quelques secondes lors de certains passages mais la vision de PAS DE PITIE POUR LES SALOPARDS est somme toute fort agréable voire largement plus que satisfaisante.

Nous l'avons déjà évoqué, le film est proposé au choix dans son doublage français ou avec le doublage italien. Cette dernière piste a d'ailleurs été plaquée sur le DVD très certainement pour permettre d'éviter le changement de langue en raison de la version intégrale du film. Toutefois, il est difficile de qualifier le doublage italien de version originale dans le sens où une part du casting est américain (Lee Van Cleef, Lionel Stander, Gordon Mitchell...). A l'époque, les films n'étaient donc pas tournés en prise de son direct et toute la bande sonore était post-synchronisée (doublée) ensuite parfois en plusieurs langues en fonction des co-productions.

Les deux pistes qui se trouvent sur le DVD de PAS DE PITIE POUR LES SALOPARDS sont en mono d'origine. La version française paraît un peu plus agressive et moins naturelle que l'italienne mais s'avère fort sympathique pour suivre le film. Dans les deux cas, il est difficile de noter de véritables problèmes hormis les limitations techniques de l'époque.

Bien que cette collection ne porte pas l'estampille HK Vidéo, ce qui est plus que normal, on sent que Seven 7 suit le même concept pour cette collection de cinq Westerns. Il y a donc une petite présentation du film qui permet en moins de trois minutes de faire un tour des acteurs ou du réalisateur pour situer quelque peu le film d'un point de vue historique ou cinématographique. Les seuls autres suppléments sont des petits clips pour tous les Westerns de la collection mais il ne s'agit en aucun cas de bandes-annonces originales.

PAS DE PITIE POUR LES SALOPARDS n'a pas l'étoffe des meilleurs Westerns spaghetti mais son récit décontracté et sans grandes ambitions lui évite justement d'être comparé avec les maîtres étalons du genre. La sortie de la version intégrale du film le rend encore meilleur sur un DVD d'honnête facture.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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L'édition vidéo
AL DI LA DELLA LEGGE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Seven 7
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h50
Image
2.35 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Présentation du film (2mn58)
      • Clips des films de la collection
      • Pas de pitié pour les salopards
      • Le Dernier jour de la colère
      • Avec Django, la mort est là
      • Un pistolet pour Ringo
      • Le retour de Ringo
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