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Critique du film et du DVD Zone 2
BICHUNMOO 2000

 

Au 14e siècle, tandis que la Chine est sous le joug des Mongols et que les tensions raciales sont au plus haut, deux amants au destin maudit se retrouvent piégés au milieu d'enjeux politico-stratégiques. L'amitié qui liait depuis l'enfance Jinha, fils d'un immigrant coréen de souche modeste, et Sullie, la fille d'un général mongol, s'est transformée au fil des ans en amour. Le père de cette dernière désirant former une alliance, accorde la main de sa fille à un aristocrate et, considérant Jinha comme un obstacle, il ordonne sa mort. Le jeune homme survit miraculeusement. Fine lame dotée d'une habilité exceptionnelle et dernier héritier des secrets du Bichun (un art martial dont la puissance suscite les convoitises), il reviendra à la tête d'une bande de mercenaires venger ses parents assassinés et récupérer sa bien-aimée.

Après une traversée du désert, la Corée vit un renouveau cinématographique réalisant une intéressante percée dans une région dominée par les pointures que sont le Japon et la Chine. Grâce à une dérégulation et des moyens de production plus conséquents, la production sud-coréenne s'est diversifiée dans tous les genres en s'inspirant des films commerciaux en provenance des USA et de Hong Kong. C'est ainsi que de véritables blockbusters ont pu voir le jour, certains brisant les records d'entrées sur place tout en s'autorisant une distribution à l'étranger.

BICHUNMOO, considéré à sa sortie comme l'une des productions coréennes les plus coûteuses, a connu un franc succès au box office national. C'est aussi le premier long métrage de Kim Young-Jun qui porte la double casquette de réalisateur et scénariste. Cet homme a auparavant attiré l'attention de l'industrie cinématographique de son pays en récoltant un premier prix pour l'un de ses courts. Le film est tiré d'une bande dessinée populaire en Corée et créée par Kim Hye-Rin. Par ailleurs, si les scènes d'action vous semblent tout droit sorties d'un film chinois, c'est qu'elles ont été orchestrées par Ma Yuk Sing, chorégraphe des cascades de DR WAI, HISTOIRES DE FANTOMES CHINOIS III et SWORDSMAN II. L'interprète principal Shin Yun-Joon (Jinha) a travaillé à quelques reprises avec Im Kwon-Taek (ce réalisateur avait reçu le prix de la mise en scène au festival de Cannes 2002 pour IVRE DE FEMMES ET DE PEINTURE), on retrouve aussi ce charmant garçon dans SOUL GARDIANS (premier film à gros budget coréen), GINGKO BED et GUNS AND TALKS. Pour endosser le personnage du mari jaloux, le choix s'est porté sur Jeong Jin-Young, déjà vu dans RING VIRUS (le remake coréen de RING) et à nouveau dans GUNS AND TALKS. Le plateau de tournage a ainsi été le lieu de rencontre entre deux méthodes de travail et deux cultures.

Si l'on regarde BICHUNMOO de plus près, la trame n'a rien d'extraordinairement innovant : des amants au destin contrarié, un héros guidé par la vengeance, un mélange d'action et de passion sur lequel vient se greffer un pan de l'Histoire chinoise. Mais la mise en scène stylisée de Kim Young-Jun est efficace et maîtrisée. On est impressionné par le travail cinématographique et visuel du film : cadrages, mouvements de caméra et montage forment un tout harmonieux à l'œil. En outre, on accordera une mention pour la photographie qui utilise de façon contrastée la couleur suivant le ton des séquences. Un petit bémol tout de même concernant les effets spéciaux parfois trop manifestes.

Les scènes d'action sont autrement spectaculaires. Dans la virtuosité acrobatique et chorégraphique des duels, on retrouve toute la patte des hong-kongais passés maîtres dans l'utilisation des câbles. BICHUNMOO a initié en Corée cette technique qui a ensuite été reprise dans d'autres productions maison. Même si les acteurs coréens ont été doublés par l'équipe chinoise plus expérimentée pour les combats, le résultat est tout à fait crédible. Dommage pour les amateurs de gore mais, ici les combats ne finissent pas en boucherie sanglante puisque le réalisateur a pris le parti de présenter la destruction des corps par des explosions de poudre.

Malheureusement, l'impact émotionnel de cette épopée est amoindri par une narration dispersée qui s'appuie trop sur l'introspection en non-dits et les raccourcis : on s'y perd parfois entre les alliances, les trahisons ou les intérêts des différents clans. Le point fort de BICHUNMOO ne réside donc pas dans son scénario. Il faut cependant noter que le film durait 3h40 à la sortie de la table de montage et a dû être raccourci pour répondre aux exigences des producteurs. Ceci expliquerait en partie le manque de clarté évoqué précédemment. Comme on le découvrira dans les bonus, il semble que le matériel se soit évaporé dans la nature et les efforts de recherche entrepris pour pouvoir inclure les scènes coupées dans le coffret se sont avérés vains.

Tout comme le script essaie d'harmoniser scènes d'action et passages romantiques, la bande musicale reflète un contraste équilibré entre le traditionnel et le moderne. Ainsi les combats s'enchaînent sur des compositions rock heavy-metal, ce qui peut sembler surprenant mais qui finalement s'intègre très bien à ces séquences et à l'ensemble du film. En fait, ce dernier s'appuie principalement sur les éléments visuels et musicaux pour rehausser les passages les plus émouvants, parfois «minés» par des dialogues peu inspirés.

Enfin, la performance des acteurs est convaincante : Shin Yun-Joon est un guerrier solitaire puissant et fragile à la fois, le rôle de l'héroïne passionnée et déterminée colle à la personnalité de Kim Hee-seon et, en tierce personne du triangle amoureux, Jeong Jin-Young est un honnête rival. Certains personnages auraient mérité plus de profondeur mais là n'était pas le but de l'entreprise. Le réalisateur a voulu un film commercial, dynamique et destiné à divertir le public sans aucune prétention. Pour ainsi dire, BICHUNMOO serait une version plus rythmée et plus brute de TIGRE ET DRAGON et, même s'il n'en a pas la féerie épique, il n'en reste pas moins vibrant.

Techniquement, l'image, au format original 1.85 - 16/9 compatible 4/3, est belle : définition, contraste et luminosité sont d'un bon niveau comparé à l'édition HK où le rendu (plein cadre) virait au rouge assombrissant parfois les prises de vues. Par contre, de légers défauts de pellicule subsistent. Le DVD comporte une piste 5.1 DTS et Dolby Digital en français et, en version coréenne on se demande où est passé le mixage en DTS présent dans les éditions HK et coréenne car seul le Dolby Digital 5.1 est disponible dans le cas de la version originale.

DVD chinois
DVD français

Les bonus sont en nombre, cependant on regrette un tantinet le côté un peu promotionnel de l'ensemble. Excepté le commentaire audio du réalisateur absent de ce double DVD, on retrouve principalement les extras de l'édition coréenne, dont le Making Of qui a été coupé en deux parties. D'un côté, les interviews sous-titrées et agrémentées d'images du film et des coulisses valent le détour : le réalisateur, l'acteur principal et le chorégraphe évoquent leur parcours, la préparation et le déroulement du tournage. De l'autre, on retrouve les coulisses du tournage qui, hormis la séquence sur les effets spéciaux, témoignent de la bonne entente sur le plateau mais ne nous apprend pas grand chose de plus (bis repetita avec les interviews). Ajoutons qu'il faut éviter de visionner ces suppléments au préalable sous peine de gâcher le suspens.

Intégrée aux menus de l'édition, la très appréciable bande originale permet de se replonger dans l'ambiance du film. Le bêtisier n'a rien des bêtisiers que l'on a l'habitude de voir en Europe, son montage en clip donne un résultat gentillet plutôt qu'amusant. Les archives composées des bio-filmographies des deux protagonistes, de notes de production apportent quelques détails additionnels à lire. Dans l'ensemble ce coffret collector est de qualité tant dans le fond que dans la forme, l'installation tranquille des menus nous emmène dans une édition qu'il faut prendre le temps d'apprécier.

En conclusion, BICHUNMOO est une œuvre rafraîchissante issue de l'engouement pour les films de sabre façon HK. Certes on n'y retrouvera pas la beauté poétique de TIGRE ET DRAGON mais l'objectif visé par Kim Young-Jun est atteint : on passe un bon moment sans trop se prendre la tête, les deux héros sont séduisants à souhait et, on en a plein les yeux et les oreilles. Une nuance toutefois, cette production ambitieuse déclenchera probablement des questionnements face à «l'imbroglio» scénaristique, ou des bâillements d'ennui. Enfin, ceux qui ne sont pas fans de ces fresques romantico-dramatiques verront les batailles explosives et démonstrations d'arts martiaux comme seul intérêt.

Rédacteur : Sandrine Ahson
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15 critiques Film & Vidéo
On aime
Un film visuellement réussi
Les scènes d’action enlevées
La bande musicale à la fois étonnante et émouvante
On n'aime pas
Le manque de linéarité dans le scénario
L’aspect promotionnel et répétitif des bonus
L’oubli du commentaire audio de l’édition coréenne
Pas de piste DTS en V.O.
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L'édition vidéo
BICHUNMOO DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h57
Image
1.85 (16/9)
Audio
Korean Dolby Digital 5.1
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      • Interviews
      • Kim Young-june (28mn)
      • Shin Yun-joon (18mn)
      • Ma Yu-shang (18mn)
      • Featurettes
      • Les effets spéciaux (10mn)
        • La caméra invisible (36mn)
        • La lumière nous guide
        • Les amants
        • La battante
        • Le repos du guerrier
        • La fête des pères
        • La fête d'anniversaire
        • Les guerriers volants
      • Le bêtisier (4mn)
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