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Critique du film et du DVD Zone 0
DREAMSCAPE 1984

 

Dans une université californienne, une équipe dirigée par le docteur Paul Novotny parvient à mettre au point un dispositif permettant à un "explorateur" de visiter les rêves d'une autre personne, et même d'y intervenir. Dès lors, Novotny compte utiliser cette trouvaille à des fins thérapeutiques. Il recrute Alex Gardner, un jeune homme doué de pouvoirs psychiques spectaculaires, et l'envoie, grâce à son invention, dans le rêve d'un petit garçon. Gardner parvient alors à libérer cet enfant du monstre qui hantait son sommeil. Toutefois, d'autres personnes comptent employer cette technologie a des fins moins philanthropiques. Ainsi, Bob Blair, un homme proche des services secrets américains, est impliqué dans le financement de ces expériences...

DREAMSCAPE est un film de science-fiction basé sur une invention permettant à des explorateurs d'un nouveau genre de voyager dans les rêves de cobayes, de la même façon qu'on explore le corps humain dans LE VOYAGE FANTASTIQUE ou L'AVENTURE INTERIEURE. Il s'agit d'abord d'un scénario de David Loughery. Ce script est finalement repéré par le réalisateur Joseph Ruben, qui le retravaille avec l'aide de Chuck Russell. Puis, Joseph Ruben le réalise en 1983, avec, dans le rôle principal, Dennis Quaid. Celui-ci était alors relativement peu connu (on l'avait tout de même vu dans LE GANG DES FRERES JAMES de Walter Hill), mais sa notoriété allait exploser avec des films tels que LES DENTS DE LA MER III, L'ETOFFE DES HEROS, ENEMY ou L'AVENTURE INTERIEURE. A ses côtés, on trouve Kate Capshaw, qui allait tourner peu après dans INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT, mais sans que cela ne lance réellement sa carrière ; elle deviendra néanmoins madame Steven Spielberg en 1991, "poste" qu'elle occupe encore aujourd'hui !

Ils sont accompagnés de prestigieux seconds rôles : Max Von Sydow (LE SEPTIEME SCEAU d'Ingmar Bergman, L'EXORCISTE de William Friedkin, CONAN LE BARBARE de John Millius, LE SANG DES INNOCENTS de Dario Argento...) et Christopher Plummer (LA CHUTE DE L'EMPIRE ROMAIN d'Anthony Mann, L'HOMME QUI VOULUT ETRE ROI de John Huston, MEURTRE PAR DECRET de Bob Clark, STARCRASH de Luigi Cozzi, L'ARMEE DES 12 SINGES de Terry Gilliam...). On trouve aussi l'excellent David Patrick Kelly (LES GUERRIERS DE LA NUIT, DERNIER RECOURS ou 48 HEURES de Walter Hill, la série télévisée TWIN PEAKS, SAILOR ET LULA...), hélas bien sous-employé depuis. Et enfin Eddie Albert, acteur à la filmographie pourvue de toutes sortes de films et inoubliable fermier improvisé de la série LES ARPENTS VERTS. Le réalisateur Joseph Ruben s'était auparavant fait remarquer avec des films pour adolescents, tels la comédie LACHE-MOI LES BASKETS !. Après DREAMSCAPE, il fera le très bon thriller LE BEAU-PÈRE avant de mener une carrière hollywoodienne plus inégale (LES NUITS AVEC MON ENNEMI avec Julia Roberts, LE BON FILS avec Macaulay Culkin, MONEY TRAIN...).

L'idée d'explorer les recoins de l'esprit humain au cours d'expériences scientifiques avait déjà été abordée dans AU-DELA DU REEL de Ken Russell, dans les années 80, dans lequel un chercheur (William Hurt) expérimente des substances lui permettant d'avoir accès à des états de conscience profondément enfouis dans son subconscient. Dans BRAINSTORM de Douglas Trumbull, sorti en 1983, un scientifique (Christopher Walken) met au point une machine permettant d'enregistrer, puis de consulter, les expériences vécues par un cerveau humain. On retrouvera des idées semblables plus tard, avec par exemple, L'EXPERIENCE INTERDITE de Joel Schumacher, sorti en 1990, dans lequel des étudiants en médecine, fascinés par les mystères de l'au-delà, explorent les secrets de l'âme humaine en se mettant dans des situations dangereuses les emmenant à la lisière de la mort physique. Enfin, THE CELL de Tarsem Singh, avec Jennifer Lopez, sorti en l'an 2000, permet à une exploratrice très particulière de visiter l'esprit d'un serial killer comateux, grâce à un équipement rappelant fortement celui de DREAMSCAPE.

Toutefois, l'échange d'influence le plus litigieux porte sur LES GRIFFES DE LA NUIT de Wes Craven, sorti quelques mois après DREAMSCAPE aux États-Unis. On trouve en effet dans les deux films des éléments communs assez troublants : le tueur dont la main est ornée de griffes métalliques, les personnages qu'on tue dans leur sommeil... Dans les deux cas, les auteurs respectifs des scénarios (Craven et Loughery) ont rédigé leurs scripts bien avant que ces deux films ne soient réalisés, et les manuscrits ont circulé quelques temps avant de trouver preneurs. Il a parfois été insinué ("Mad Movies" numéro 36 par exemple) que les auteurs de DREAMSCAPE ont jeté un coup d'oeil très attentif sur l'histoire de Craven. Mais, d'autre part, le commentaire audio de DREAMSCAPE nous apprend que des personnes travaillant chez New Line (productrice de LES GRIFFES DE LA NUIT) se sont rendus sur le tournage du film de Joseph Ruben et ont discuté avec Chuck Russell (producteur associé et scénariste de DREAMSCAPE), notamment à propos des effets spéciaux des GRIFFES DE LA NUIT.

Quoi qu'il en soit, il faut tout de même noter que les deux films, partant d'un thème similaire, prennent deux directions bien différentes. Si LES GRIFFES DE LA NUIT s'oriente nettement vers l'épouvante et le slasher, DREAMSCAPE mélange surtout science-fiction, espionnage et thriller. Notons au passage que Chuck Russell, justement, devait réaliser pour New Line son premier long métrage FREDDY 3, LES GRIFFES DU CAUCHEMAR qui n'est autre que le troisième volet de la fameuse série inaugurée par LES GRIFFES DE LA NUIT ! Chuck Russell tournera ensuite d'autres films intéressants, tels LE BLOB, THE MASK avec Jim Carrey et, récemment, LE ROI SCORPION.

Dans DREAMSCAPE, ce thème de l'exploration de l'esprit est donc traité avant tout sur le mode de la science-fiction. Que se passerait-il si on était capable s'introduire dans les rêves d'autrui et, surtout, comment serait utilisée cette technologie ? En effet, à travers le personnage de l'inquiétant Bob Blair, on va découvrir que les services secrets américains vont détourner cette invention de son usage purement curatif, et ce d'une façon assez imprévisible. Le récit part alors dans des directions évoquant un thriller aussi bien scientifique que politique. En effet, le président des États Unis, dont les nuits sont hantées par des cauchemars mettant en scène des carnages nucléaires, va être traité selon la méthode du docteur Novotny, ce qui va mettre cette machine au cœur d'une délicate situation politique. A cela s'ajoutent diverses scènes de romances et de comédie entre Alex Gardner (Dennis Quaid) et une scientifique (Kate Capshaw). Bref, il ne reste, au milieu de tout cela, qu'assez peu de temps consacré aux scènes oniriques.

A ce titre, on peut trouver la jaquette du DVD (qui reprend le visuel de l'affiche de cinéma de l'époque) assez mensongère : le spectateur qui souhaite voir un Dennis Quaid au look très "Indiana Jones" se promener en permanence dans un monde onirique délirant s'expose à une amère déception. Certes, on trouve bien des séquences de rêves, mais seules deux d'entre elles sont réellement intéressantes : le cauchemar du petit garçon (fortement imprégné des influences du CABINET DU DOCTEUR CALIGARI) et surtout le rêve du président qui conclut le film. On regrette aussi que certains effets spéciaux liés à l'homme-serpent aient tout de même mal vieilli. Ils provoquaient pourtant en leur temps l'admiration des rédacteurs de "Mad Movies" ou de "L'écran fantastique" ! Le reste du temps, DREAMSCAPE propose un film assez sage, trop peut-être, parfois inégal et bavard, mais qui exploite un scénario indéniablement original et intéressant. Si les interprétations de Dennis Quaid et Kate Capshaw sont un peu légères, Max Von Sydow et Christopher Plummer sont impeccables et apportent beaucoup de crédibilité et de subtilité à l'ensemble. La composition électronique de Maurice Jarre (LES YEUX SANS VISAGE, LAWRENCE D'ARABIE...) ne manque pas non plus d'intérêt et d'efficacité.

L'image du film est proposée en 1.78 et au format 16/9. Elle n'appelle que peu de commentaires. La luminosité, les contrastes, la définition et les couleurs sont absolument irréprochables. La compression est impeccable, et on regrette juste quelques petites taches blanches ou noires sur la pellicule ici ou là.

En son, ce DVD propose le grand jeu pour les anglophones puisqu'on a le choix entre la bande-son d'époque en Dolby Surround (de très bonne qualité) et un remix en 5.1, ce dernier étant disponible en Dolby Digital ou en DTS. Par contre on ne trouve aucun sous-titrage ou doublage d'aucune sorte.

La portion des bonus peut sembler un peu maigre. On trouve un slideshow (diaporama) faisant défiler pendant deux minutes des photographies présentant l'élaboration de certains effets spéciaux, ainsi qu'un petit film test muet réalisé pour les effets spéciaux liés à l'homme-serpent. On trouve aussi un petit bonus appelé "Monster" : si vous cliquez sur cette mention dans le menu, l'homme-serpent surgit sur votre écran en une fraction de seconde ; ça fait un peu gadget quand même.

Mais le bonus le plus copieux est le commentaire audio du film enregistré par le scénariste David Loughery, le producteur Bruce Cohn Curtis et le concepteur des effets spéciaux Craig Reardon : malgré quelques blancs, on y trouve beaucoup d'informations sur l'élaboration du projet, l'évolution du scénario, le tournage, les scènes retirées...

DREAMSCAPE est un mélange de genres assez original et intéressant, même s'il est parfois un peu confus et inégal, et même si l'on peut trouver par moments sa réalisation légèrement routinière. En tout cas, l'édition que nous propose Image est tout à fait réussie et constitue un achat recommandé pour les fans anglophones de ce film.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
DREAMSCAPE DVD Zone 0 (USA)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h39
Image
1.78 (16/9)
Audio
English DTS 5.1
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire audio de Bruce Cohn Curtis, David Loughery et Craig Reardon
    • Snakeman Special Effects Test Sequence (2mn06)
    • Galerie de photos
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