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Critique du film et du DVD Zone 2
THE CREATION OF THE HUMANOIDS 1962

 

La 3e Guerre Mondiale a ravagé le monde. Des robots, surnommés « clickers » de manière insultante par les humains, tentent d'aider la race humaine mourante de leur propre chef. Avec le regard malveillant de « l'Ordre de la Chair et du Sang », un organisme qui veille à la suprématie de l‘humain sur la machine - et sa protection. Le capitaine Craggis, l'un de ses responsables (Don Megowan - LA CREATURE EST PARMI NOUS) semble particulièrement virulent et suspecte quelque chose parmi la population robot.

Inédit en France, ce curieux film de science-fiction/anticipation voit sa première française via le Coffret La Guerre des Robots édité par Artus Films, en compagnie de CYBORG 2087, LE MAITRE DU MONDE et OBJECTIF TERRE. Une véritable bizarrerie, tant par le budget éminemment bas que par l'extraordinaire ambition de son sujet. Exit les monstres à tentacules et autres aliens globuleux, THE CREATION OF THE HUMANOIDS traite d'un sujet sérieux, osé même de par ce qu'il implique. Surtout en remplaçant le film dans son contexte de américain au début des années 60. L'origine du long métrage reste difficile à placer. Tournage en 1960 (ou 61 selon les sources), avec une courte sortie en 1962, il eut beaucoup de mal à s'extraire des frontières américaines.

L'ancien acteur du cinéma muet Wesley E. Barry assure la mise en scène et la production, hélas sans grande imagination. Pour les plus grands fans du bis ricain des années 50, l'un des robots n'est autre que Don Manlove, appartenant au panthéon du cinéma puisqu'incarnant Eros dans PLAN 9 FROM OUTER SPACE. Le scénariste Jay Simms parlera également aux auteurs des années 50/60 puisque derrière les scenarii de THE GIANT GILA MONSTER (dont vous pouvez retrouver la critique du DVD français sur le site) ainsi que de THE KILLER SHREWS et PANIQUE ANNE ZERO de Ray Milland. Il ressortira l'argument principal de THE CREATION OF THE HUMANOIDS en 1971 pour écrire THE RESURRECTION OF ZACHARY WHEELER avec Leslie Nielsen et Bradford Dillman, avec une bonne longueur d'avance sur pas mal de films sur le clonage humain!

D'un strict point de vue cinématographique, le film ne fait pas vraiment le poids. Des plans fixes témoignant d'une pauvreté budgétaire évidente. Quelques décors pauvrets qui servent de théâtre à d'interminables échanges de dialogues, un montage assez lâche… il n'y a guère que les maquillages de Jack Pierce , le légendaire homme derrière tant de chefs d'oeuvres, qui fassent illusion. Quelques rares effets spéciaux, dont un très bras articulé, mâtiné de quelques transparences sauvent l'ensemble. Un sens très réduit de la science-fiction compartimentée visuellement en intérieurs cheap. Couronné par un jeu d'acteurs déprimant et monolithique. Le film repique des costumes d'anciens films de SF, tout comme d'images et de robots (dont celui des SOUCOUPES VOLANTES ATTAQUENT de Fred F. Sears réalisé 6 ans auparavant) Tout ceci semble terriblement télévisuel. D'apparence.

Là où se niche le véritable intérêt du film demeure son sujet - et le traitement qui lui est réservé. Jay Simms s'inspire d'un récit de Jack Williamson et livre un scénario en avance sur son temps. des idées volontairement provocatrices, peut-être plus que le public de 1962 ne pouvait voir. L'un des moments clés du film résidant dans le fait qu'une des héroïnes entame une liaison… avec un robot! En imaginant les relations inter-raciales comme extrêmement difficiles à cet époque, on ne peut que louer le courage de telles idées dans un films de SF : une véritable parabole anti-raciste , indiquant même que le sauvetage de la race humaine passe justement par là. Le film sortit en pleine explosion du Mouvement des Droits Civils aux USA - et son message contre les préjugés raciaux n'en est que plus impactant. D'autant que les robots appuient le fait de ne pas apprécier être appelés « clickers » (comprendre « négro » ou par extension « bougnoule ») et décident de prendre les choses en main, les humains étant trop occupés à lâcher leur agressivité via leur « Ordre de la Chair et du sang ». En ces temps actuels de xénophobie et de relents nauséabonds d'extrême droite néofascisante, THE CREATION OF THE HUMANOIDS remet les idées en place.

NB : ce paragraphe contient certains spoilers . D'autre part, au-delà de l'importance sociologique, reste l'éventail d'idées scientifiques et science-fictionnelles que l'on retrouve habituellement dans le domaine de la littérature. Là résidant la principale faiblesse du film, à savoir son incapacité à transmettre cinématographiquement les formidables idées se dégageant du script. Mais le scénario regorge de moments candides de véritable génie de SF mettant aisément au pilori des oeuvres à prétention comme A.I, entre autres boursouflures hollywoodiennes. il s'agit de ce qui est le plus appréciable dans la série B de manière générale! De l'amélioration graduelle des robots l'accès progressif à la conscience - jusqu'à l'indépendance de pensée, la création du concept de micro-puces pour arriver à une pleine conscience pour unir le corps d'androïde au mental humain, l'éternité au bout du chemin, l'auto-procréation entre androïdes pour la survie de la race humaine… il fallait y songer! Non sans oublier de mettre une couche supplémentaire, à savoir que le résultat de ces expérimentations n'ont nullement… conscience d'être des androïdes! Et a bien y réfléchir, sous l'influence claire de Philip K. Dick, ce mécanisme narratif se retrouvera exploité maintes fois par la suite. Tout particulièrement par le très sympa REINCARNATIONS de Gary A. Sherman, mais aussi largement dans le domaine de la SF de BLADE RUNNER à PLANETE HURLANTE, entre autres. Il faut également pointer la curieuse phrase finale du film - qui donnerait presque l'impression d' assister à un film éducatif provenant encore plus loin du futur, et supposer renseigner des élèves (= les spectateurs par assimilation) sur leur propre histoire. Ou plus directement, que nous sommes tous, en fait, des androïdes!

Ainsi, entre des tunnels de dialogues débités sans passion, un rythme lent et des décors de bazar se niche une véritable étrangeté d'anticipation. Un ton assez unique, bourré d'idées quasi révolutionnaires. Il serait en effet dommage de se priver de cette science-fiction venue d'ailleurs!

THE CREATION OF THE HUMANOIDS reste un film libre de droits. Il a donc eu droit à de nombreuses sorties en DVD, principalement en zone 1, dont sur un double DVD sorti chez Dark Sky en 2006 qui semble être la meilleure copie existante. Artus Films assure en 2016 les honneurs de la sortie française. Passé le menu du disque permettant de choisir l'autre film (LE MAITRE DU MONDE) un accès au film, à 8 chapitres, au diaporama et au film annonce.

Video: THE CREATION OF THE HUMANOIDS se trouve sur un DVD Zone 2 double couche, en format 1.77:1 avec signal 16/9e, et d'une durée complète de 80mn54. La majeure partie des copies en circulation aux USA indiquaient une durée de 75mn, sauf pour l'édition chez Dark Sky Films (85mn). Il apparait donc ici qu'il s'agisse de la version complète du film. Le film a été tourné de manière surprenante en EastmanColor. Le générique commence de manière redoutable avec des couleurs rougeoyantes baveuses qui font craindre le pire. Contraste poussé à fond, il en devient difficile de lire même le titre. Heureusement, cela s'arrange après coup, malgré de nombreuses poussières noires et fourmillement d'image qui perdure sur les stock sots qui composent les 3 premières minutes du film. Il s'agit en fait d'une copie plutôt agréable à regarder! Les couleurs jaillissent à l'écran, qu'il s'agisse du rouge (les décors à 6mn04 ou 63mn50), des costumes bleus (vers 36mn), les teintes vertes (vers 11mn52) l'ensemble demeure robuste le long du film. En fait, il faudrait d'abord louer les efforts du directeur photo du film, le grand Hal Mohr, un des chantres du Technicolor et ayant gagné deux Oscars dont pour LE FANTOME DE L'OPERA en 1943. Mais aussi derrière les flamboyantes couleurs des AMOURS DE SALOME en 1945, ou du très beau noir et blanc de L'EQUIPEE SAUVAGE. Un énorme atout pour le film, et les superbes éclairages donnent un lustre inespéré - très bien rendu pour le télécinéma. Les gros plans offrent une belle définition, aux contours relativement précis, avec des teintes de peau naturel, comme celui de Don Megowan à 36mn58. Et ceci avec une quasi absence de poussières ou griffures : du bon boulot.

Audio : aucune VF du fait qu'il ne soit jamais sorti sur notre territoire. Donc une version anglaise d'origine avec sous-titres optionnels. Absents du menu, ils apparaissent directement avec le lancement du fil. Pour les retirer, utilisez la télécommande de votre lecteur. Une des nombreuses curiosités : la partition nommée « Harmonies Electroniques » au générique, est à base de Theremine, instrument utilisé notamment par Bernard Herrmann pour sa composition du JOUR OU LA TERRE S'ARRETA. Le générique indique un acronyme « I.F.M » comme compositeur de ces mélodies - sans apporter plus de précisions sur qui se cache derrière cet acronyme. Les informations étant inexistantes ou non prouvées jusqu'à présent. Reste que cette musique très particulière, aux consonances quasi atonales, transparaissent plutôt bien sur cette unique piste audio. Sans couvrir les dialogues. On note une belle stabilité du son, avec très peu de souffle.

Suppléments : THE CREATION OF THE HUMANOIDS se trouve donc dans le coffret de 4 films nommé « La Guerre des Robots ». Avec en menu disque l'accès au film présent et également celui du MAITRE DU MONDE de Lee Sholem. En complément du film annonce VO, la partie bonus offre un diaporama dédié au film, avec affiches originales en trichromie et photos d'exploitation US en Noir et Blanc. Le coffret contient également un autre disque contenant OBJECTIF TERRE et CYBORG 2087, tout comme un court livret de 12 pages sur le sujet des robots dans le cinéma de SF US entre 1951 et 1966, par Alain Petit. Puis les cartes postales des 4 films ainsi que le catalogue de papier l'éditeur.

En conclusion, le coffret contient de véritables petites perles inédites chez nous. Vous pouvez vous référer aux différentes critiques de chaque film pour vous en donner une bonne idée. Cette édition La Guerre des Robots est donc recommandée!

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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397 critiques Film & Vidéo
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Une agréable copie en couleurs
Des thèmes d'anticipation précurseurs
On n'aime pas
Un film terriblement statique
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L'édition vidéo
THE CREATION OF THE HUMANOIDS DVD Zone 2 (France)
Editeur
Artus
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h21
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • CREATION OF THE HUMANOIDS
    • Film annonce (1mn08)
    • Diaporama (0mn36) TOBOR THE GREAT
    • CYBORG 2087
    • TARGET EARTH
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