Header Critique : GODZILLA (GOJIRA)

Critique du film et du Blu-ray Zone B
GODZILLA 1954

GOJIRA 

Après l'inexplicable disparition de plusieurs navires et d'étranges destructions sur une petite île côtière, une commission gouvernementale commence à enquêter. En raison de quelques indices, le professeur Yamane soupçonne qu'il s'agit l'œuvre d'une créature géante…

Pour le compte de la Toho, Tomoyuki Tanaka s'apprête à produire en 1954 un film à gros budget dont le tournage doit se dérouler en Indonésie, BEYOND THE GLORY. Sans ce film qui ne verra jamais le jour, peut être que GODZILLA ne serait jamais arrivé sur les écrans des cinémas. Car les deux comédiens principaux de BEYOND THE GLORY se voient refuser leur visa par le gouvernement indonésien, leur empêchant de se rendre sur place. Le film est donc purement et simplement annulé. Tomoyuki Tanaka cherche alors une idée de remplacement. Il pense alors à un croisement entre KING KONG et la hantise de l'énergie atomique ! Les deux sujets sont en vogue durant les années 50. Les radiations nucléaires ont déjà largement servi dans de nombreuses série B sans compter que le Japon porte encore les stigmates des bombardements de Hiroshima et Nagasaki. De son côté, KING KONG a fait l'objet d'une ressortie triomphale aux Etats-Unis en 1952. Un succès qui a déjà suscité quelques films à l'instar du MONSTRE DES TEMPS PERDUS, celui-ci ayant quelques points communs avec GODZILLA. Et pour cause puisque l'auteur de science-fiction, Shigeru Kayama, commandité pour écrire l'histoire du film, va s'inspirer de celui d'Eugène Lourié. Néanmoins, à l'origine, sous l'impulsion du spécialiste des effets spéciaux Eiji Tsuburaya, le monstre devait être une pieuvre géante ! Pendant la pré-production, la créature va muter vers une sorte de tyrannosaure assez approximatif le rapprochant, une nouvelle fois du MONSTRE DES TEMPS PERDUS. Quand Inoshiro Honda commence à travailler sur GODZILLA, l'idée de la production est donc de faire un film de monstres géants à l'Américaine se déroulant au Japon. Avec Takeo Murata, le réalisateur va revoir la copie de Shigeru Kayama, en grande partie pour humaniser les personnages. Par exemple, ils vont ajouter une intrigue amoureuse là où l'histoire originale se montrait bien plus aride.

Beaucoup l'ont déjà dit, la créature gigantesque de GODZILLA est une représentation bien vivace de la bombe atomique. Mais, en réalité, le film se montre beaucoup plus malin en développant ce thème. A peine dix ans après Hiroshima et Nagasaki, les Etats-Unis et l'Union Soviétique sont en pleine guerre froide, chacun expérimentant de nouvelles bombes dont la puissance est cent fois plus importante que celles larguées sur les villes japonaises. Les Américains réalisent ainsi des tests à ciel ouvert dans le Pacifique. En 1952, les retombées de la première bombe H va avoir des répercussions sur un bateau de pêche japonais. Les marins décéderont des radiations dans les années qui suivront. La peur du nucléaire est donc plus que vivace en 1954 ! D'ailleurs, LE MONSTRE DES TEMPS PERDUS est lui-même une créature préhistorique réveillée par un test atomique ! Mais contrairement au film d'Eugène Lourié, GODZILLA ne se contente pas de placer à l'écran une créature mutante et radioactive. L'intrigue du film développe ainsi clairement une critique des tests nucléaires ou encore de l'escalade des armes de destruction massive. Si la créature de GODZILLA est le fruit de la folie des hommes, l'arme qui va le terrasser est une porte ouverte vers un avenir encore plus sombre ! Ce dilemme hante un scientifique déjà touché par les horreurs de la guerre, le docteur Serizawa (Akihiko Hirata). Ses expérimentations lui ont permis de mettre au point un procédé terrifiant ! A l'évidence, ce personnage est une version torturée et solitaire de Robert Oppenheimer, l'architecte de la bombe atomique américaine. De son côté, le professeur Yamane (Takashi Shimura) a lui-même bien du mal à se faire entendre lorsqu'il préconise d'étudier la créature plutôt que tenter vainement de la détruire. Alors que la créature sème la désolation sur son passage, les personnages de GODZILLA sont donc tourmentés par des questions morales. C'est aussi le cas d'une jeune femme tiraillée entre les conventions sociales et son amour pour un marin. Celle-ci, promise en mariage au Docteur Serizawa se trouve, elle aussi, face à un choix difficile : trahir un ami d'enfance ou taire la vérité. Toutes ses intrigues et thématiques viennent se greffer à merveille sur le déroulement plus linéaire d'un film de monstres géants ! C'est ce qui différencie grandement GODZILLA de la plupart des films du genre. Par exemple, si l'on met de côté les effets spéciaux, le dernier GODZILLA américain se montre ainsi largement inférieur d'un point de vue narratif et thématique, oubliant de développer de vrais personnages et de véritables idées ! Soixante ans plus tard, GODZILLA, l'original, affiche toujours une évidente supériorité sur ses rejetons ! Toutefois, il est bon de préciser que le premier GODZILLA adopte un ton bien plus sombre que les films qu'il engendrera par la suite. Le film fait ainsi références de façon anonyme aux véritables pêcheurs irradiés par le test d'une bombe atomique ou expose le résultat catastrophique d'une attaque nucléaire, le tout traité de manière quasi documentaire par Inoshiro Honda.

Alors, bien sûr, il ne faut pas s'attendre à découvrir des effets spéciaux bluffants dans GODZILLA. Six décennies plus tard, forcément, les images de synthèses ainsi que les autres trucages ont largement évolué. La plupart des images spectaculaires affiche dorénavant un aspect un peu désuet mais qui conserve du charme et une touche de poésie. Quelques passages, dont l'attaque du train rappelant KING KONG, restent assez surprenants en raison du soin apporté aux maquettes parmi lesquelles évolue un acteur dans le costume de la créature. D'ailleurs, à l'instar de Boris Karloff pour FRANKENSTEIN, les deux comédiens qui se relayaient dans le costume ne sont pas crédités au générique du film, tout du moins pas pour leur prestation dans le rôle du monstre. Par contre, ils sont crédités pour de petits rôles. Ainsi, on peut voir Haruo Nakajima actionner l'interrupteur des lignes à haute tension qui doivent électrocuter la créature. Alors que de son côté, Katsumi Tezuka incarne un petit rôle de rédacteur en chef. Autour du monstre géant, on retrouve de solides comédiens comme Takashi Shimura s'étant illustré, entre autres, comme le meneur des SEPT SAMOURAIS d'Akira Kurosawa. On le retrouvera dans LE RETOUR DE GODZILLA et quelques autres films du genre. Il en va de même pour Akira Takarada et Akihiko Hirata qui reviendront dans des rôles très différents dans ce qui deviendra, au fil du temps, une véritable saga !

Curieusement, GODZILLA, l'original, n'était jamais sorti en DVD dans nos contrées. Il fallait jeter un œil du côté de l'import pour se le procurer. HK Vidéo et Metropolitan proposent à présent de revoir le film au travers d'un nouveau transfert en haute définition. Le format plein cadre d'origine est conservé et le Blu-ray affiche une image en 1080p/24. Ne vous attendez tout de même pas à un résultat du niveau de CASABLANCA. L'image en haute définition se montre plutôt douce que ce soit dans le contraste ou les détails. La bande-annonce du film, sur le même disque, affiche d'ailleurs une image très différente qui pourra sembler meilleur alors qu'en réalité, elle ne fait que pousser artificiellement le contraste et la luminosité, offrant un résultat moins naturel. L'image de GODZILLA ne va pas donc pas enthousiasmer les amateurs de démos techniques. Peu importe, les cinéphiles, eux, y trouveront leur compte ! L'éditeur joue, au passage, la carte de la fidélité à l'œuvre d'origine. Les deux pistes audio sont en DTS HD Master Audio sur un seul canal pour délivrer les bandes sonores originales en mono, que ce soit pour le japonais ou le doublage français. Etant donné que l'on nous présente ici le montage japonais, il est à noter que certains passages seront en japonais sous-titré même si vous choisissez l'option française puisque certaines séquences étaient absentes des copies françaises ! Et comme il s'agit de la version japonaise, vous ne verrez pas Raymond Burr, injecté artificiellement par le distributeur américain lors de la sortie du film aux Etats-Unis. Cette version est d'ailleurs disponible en Espagne avec sous-titrage français chez l'Atelier 13 mais n'a pas de réel intérêt à moins de vouloir réellement comparer l'original avec une version dénaturée.

En supplément, GODZILLA propose de voir le second film mettant en scène la créature, LE RETOUR DE GODZILLA. Sur le même disque, on peut ainsi revoir les deux seuls films de la saga qui ont été tourné en noir et blanc et en plein cadre. Comme GODZILLA, sa suite dispose d'un transfert en haute définition. Par contre, le film n'est présenté que dans sa version japonaise sous-titrée. Les deux films ont aussi droit à une petite galerie de photos qui leur est propre.

Le disque contient aussi les trois bandes-annonces des films Yokaï déjà sortis chez l'éditeur. Mais le plus surprenant, c'est surtout de trouver les bandes-annonces de huit films de monstres géants (sept mettant en scène Godzilla). GODZILLA et sa suite mais aussi une demi-douzaine d'autres titres : INVASION PLANETE X, LA REVANCHE DE KING KONG, LE FILS DE GODZILLA, LES ENVAHISSEURS ATTAQUENT, GODZILLA CONTRE HEDORA, MECHAGODZILLA CONTRE ATTAQUE. Espérons que cela annonce l'arrivée en France de ces films prochainement !

L'édition Blu-ray est livrée avec deux disques : le Blu-ray, bien sûr, mais aussi l'édition DVD. Le boîtier est, quant à lui, inséré dans un fourreau cartonné qui contient aussi un luxueux livret de 52 pages. Véritable supplément à lui seul, il propose une filmographie très détaillée d'Inoshiro Honda ainsi que trois interviews : celles de Haruo Nakajima, Akira Ifukube et Koichi Kawakita. Le livret propose aussi en préambule une introduction analytique dont certaines théories sur le film et le cinéma d'Inoshiro Honda seront laissées à l'appréciation de chacun !

Soyons honnête, les Américains de Criterion propose une édition beaucoup plus fournie en suppléments. Mais, à moins de parler couramment l'anglais et de disposer d'un lecteur multi-zones, l'édition Blu-ray française est tout de même un palliatif de grande qualité !

Rédacteur : Antoine Rigaud
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
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Le Godzilla original et sa suite sur un même disque !
Un film de monstre géant intelligent !
Une belle édition
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L'édition vidéo
GOJIRA Blu-ray Zone B (France)
Editeur
HK Video
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h37
Image
1.33 (4/3)
Audio
Japanese DTS Master Audio Mono
Francais DTS Master Audio Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • LE RETOUR DE GODZILLA (81mn)
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