Header Critique : ALBATOR, CORSAIRE DE L'ESPACE (SPACE PIRATE : CAPTAIN HARLOCK)

Critique du film
ALBATOR, CORSAIRE DE L'ESPACE 2013

SPACE PIRATE : CAPTAIN HARLOCK 

Partie conquérir les galaxies durant plusieurs générations, l'espèce humaine s'est développée et multipliée. Mais cette tentative de colonisation n'aura guère porté ses fruits et le bilan sera des plus amer : Notre Terre est bien la seule planète à même d'offrir l'épanouissement de l'Homme. Ce constat fait, les aventuriers, colons et explorateurs auront tenté un retour en masse sur la fertile planète bleue. Mais la coalition Gaïa en aura décidé autrement et s'imposera par la force comme seul détenteur des richesses de la Terre. Errant dans l'espace, les humains sans patrie ni sol n'ont dès lors plus qu'un espoir, symbolisé par un inquiétant pavillon noir. Celui du vaisseau Arcadia et de son Capitaine, Albator...

Drapé dans sa cape noire, il nous revient bien plus beau qu'il était dans nos mémoires. Le voilà. Albator, le capitaine corsaire. Sur grand écran et fort de moyens conséquents. Pour toute une génération de spectateurs, cette idée suffit à faire frissonner, à remonter le fil des années, renouer avec l'enfance et retrouver ce sentiment d'attente exaltant. Nous revoilà gamins, en 1980, guettant le générique de Récré A2 qui ne tarde pas à annoncer l'arrivée d'Albator. Le corsaire de l'espace au grand cœur. Celui qui lutte pour la liberté, œuvre pour la justice et met sa vie au service des opprimés. Cette série de 42 épisodes, ainsi que celle qui suivra quatre ans plus tard, aura chamboulé le cœur des enfants au point qu'il n'est pas rare aujourd'hui, plus de trente ans après, de parler de «Génération Albator». Ils sont nombreux vos enfants Monsieur Leiji Matsumoto. Et beaucoup ont retenu leur souffle à l'annonce d'un troisième et attendu long métrage dédié à votre héros balafré. L'impatience s'est mêlée à une certaine anxiété, les avis ont pullulé quant aux partis-pris graphiques et les jours ont été comptés. Mais il est là. Plus de trois mois après sa sortie au Japon, Albator hisse le «Jolly Roger» et déchaîne les canons de l'Arcadia dans l'hexagone, le jour de Noël !

Aujourd'hui pour beaucoup, le souvenir d'Albator est constitué de génériques français, d'une silhouette filiforme et de combats spatiaux épiques. Mais si les séries de Leiji Matsumoto se sont montrées si prompts à conquérir le cœur des enfants, c'est aussi grâce à leurs scénarii élaborés et riches en rebondissements. Grâce également à une galerie de personnages bien souvent ambigus, déchirés par la guerre, la perte d'un proche ou soumis à d'odieux chantages. Les séries de 1978 et 1984 ont toujours rejeté le manichéisme, les émotions faciles et les personnages secondaires vite brossés. Pour le public d'alors, c'était un univers bien plus élaboré que la moyenne, dévoilant l'humanité dans toute sa complexité... Aujourd'hui, le film ALBATOR, CORSAIRE DE L'ESPACE démontre que son auteur n'a rien perdu de sa logique et que son propos a conservé sa force. A tel point que c'est ce qui restera du visionnage et posera sans doute problème à de nombreux spectateurs. Car, oui, le scénario est riche. Peut être trop. Au synopsis déjà complexe s'ajouteront ainsi un triangle amoureux, deux frères aux relations troubles, un «twist» assez surprenant, le passé d'Albator révélé, mais aussi les motivations particulièrement nihilistes de notre héros ! Ce dernier point relevant carrément de la philosophie, il ne sera pas accepté par tous les spectateurs adultes, et risque de poser quelques soucis de compréhension aux enfants...

Dès lors, on pourra se demander à qui s'adresse réellement ce métrage de Shinji Aramaki. Car outre la densité de son récit, ALBATOR, CORSAIRE DE L'ESPACE propose un rythme assez lent, très japonais et à vrai dire assez peu dans l'air du temps. Les dialogues sont nombreux, et l'action un peu chiche. Rien de comparable toutefois avec SPACE BATTLESHIP, lui aussi adapté de l'œuvre de Leiji Matsumoto mais ô combien pénible et ridicule. Non. ALBATOR, CORSAIRE DE L'ESPACE reste un film au propos parfaitement maîtrisé et au déroulement en totale adéquation avec son sujet.

Malgré cela, il nous sera difficile de ne pas grogner quand le moment viendra de partir au combat. Plusieurs fois durant les 110 minutes de film, les vaisseaux partiront à l'assaut et les canons cracheront leurs faisceaux destructeurs. Pourtant, l'ivresse espérée ne sera que peu présente et l'aspect épique que nous étions en droit d'attendre se fera discret. La mise en scène peu inventive est sans doute à mettre en cause, mais ce sont surtout les bruitages qui manquent singulièrement de pêche, et la partition musicale de Seiji Yokoyama (ALBATOR 78, LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE...) qui s'avère clairement décevante. Quel dommage de ne pas ressentir la puissance des navires s'entrechoquant, ou la folie des vaisseaux explosant par dizaines sous les salves destructrices de l'Arcadia ! Fort heureusement, ce constat assez inquiétant en début de film tend à s'arranger en cours de métrage. Mais une petite frustration demeurera cependant, tant il semble évident qu'il était possible de faire bien mieux.

Enfin sur le plan graphique, ALBATOR, CORSAIRE DE L'ESPACE s'en sort très bien. Les personnages connus ont été remis au goût du jour avec grand talent, et certaines expressions de Yattaran (Alfred dans les séries d'antan) sonnent comme d'élégants clins d'œil. Les gros plans sur les visages sont techniquement impressionnants et si tous les personnages ne sont pas traités avec le même soin, l'ensemble demeure tout de même d'un très bon niveau. On pinaillera un peu en évoquant des gestuelles par instants un poil rigides, ou en pointant du doigt une 3D globalement inutile, mais ALBATOR, CORSAIRE DE L'ESPACE nous en met tout de même plein la vue !

Très attendu par ses fans et sans doute les amateurs de Space Opera, ALBATOR, CORSAIRE DE L'ESPACE ne convainc donc pas totalement. Son étonnante richesse s'avère à double tranchant et l'énergie espérée n'est pas toujours au rendez-vous. Reste que la nostalgie fonctionne assez bien et que le métrage emportera malgré tout les plus jeunes. Il est en revanche très probable que les plus «tatillons» d'entre eux ressortent avec une liste de questions à laquelle il sera bien délicat de répondre. Donc chers parents, soyez prévenus, il va falloir se mettre à parler psychologie et philosophie avec vos jeunes pirates !

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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