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Critique du film
LA CONFRERIE DES LARMES 2013

 

Ancien flic, Gabriel est criblé de dettes et n'entrevoit plus aucun moyen de s'en sortir alors qu'il vient de se faire licencier. Mais la chance lui sourit puisqu'on lui propose un boulot très bien rémunéré et occulte. Contre de très grosses sommes d'argent en liquide, il doit convoyer un paquet avec pour seules règles de respecter les horaires et de ne jamais tenter d'ouvrir la mallette...

Avec son idée de départ, clairement explicitée sur son affiche, LA CONFRERIE DES LARMES renvoie directement au TRANSPORTEUR de Corey Yuen. Pourtant, le film de Jean-Baptiste Andrea s'en écarte complètement puisque LA CONFRERIE DES LARMES n'a rien d'un film d'action et lorgne plutôt vers le thriller. Voire même le Film Noir dans sa pure tradition américaine ce qui s'avère assez osé en 2013 et dans le cadre d'une production francophone ! Peu importe ce que contient la mallette de LA CONFRERIE DES LARMES, cet artifice donne surtout un prétexte à l'intrigue tout en laissant les spectateurs dans la même situation que son héros. Embrigadé dans une situation qui lui échappe, il avance dans le brouillard en rencontrant des personnes énigmatiques qui gravitent autour du contenu des mystérieuses mallettes. Nous ne sommes donc pas si éloigné, par exemple, du Mike Hammer de EN QUATRIEME VITESSE qui tente de démêler une étrange histoire autour d'une valise. Cela dit, Jean-Baptiste Andrea n'est pas Robert Aldrich...

Avec LA CONFRERIE DES LARMES, on navigue donc en terrain connu, ce qui pourra sembler assez paradoxal dans le sens où l'histoire entretient tout du long une véritable énigme. L'histoire nous dépeint un ancien flic qui a bien du mal à joindre les deux bouts et qui s'est acoquiné avec le milieu du grand banditisme. Un personnage à la dérive qui est, de plus, père de famille qui élève seul sa fille. Une mise en place plutôt clichée mais qui s'avère être la meilleure partie du métrage. Tout du moins parce que cette entrée en matière ne fait qu'attiser le mystère en devenir. En même temps que le héros, on découvre donc ce travail hors norme qui permet de gagner une fortune en convoyant une simple mallette un peu partout dans le monde. Avec LA CONFRERIE DES LARMES, on voyage ainsi en Asie, aux frontières de l'Orient et en Europe mais, au final, cela se fait sans aucun dépaysement. Un peu gênant bien que cela laisse surtout transparaître les limites budgétaires de ce petit thriller français. Du coup, si la chose est plutôt soignée visuellement, il est difficile de s'enthousiasmer pour un film qui donne par moment l'impression de suivre une production télévisuelle à peine gonflée pour le cinéma. Même le placement produit ne fait pas dans le luxe et le glamour puisque l'on a droit à un prospectus de Cash Converter dans le courrier avant que la gamine du héros ne propose d'aller revendre du matériel auprès de cette enseigne de manière à aider financièrement son paternel. Triste, dans tous les sens du terme !

Malheureusement, le point de départ de LA CONFRERIE DES LARMES s'étiole au fur et à mesure que le métrage avance jusqu'à une révélation finale flirtant de manière très éloignée avec le cinéma d'horreur. Mais pour en arriver là, il faudra aussi suivre une enquête éclair avec des indices type DA VINCI CODE expédiés lors d'une soirée pizza. Le scénario nous laisse donc entrevoir une société secrète camouflant un incroyable secret. Après près d'une heure et demi d'attente, LA CONFRERIE DES LARMES perd tout ce qui lui restait de crédibilité avec un épilogue pas franchement malin. Surtout que cela remet en cause la complexité des moyens mis en œuvre par ceux qui tirent les ficelles de l'intrigue. Un simple envoi par la Poste ou un transporteur professionnel serait plus simple tout comme d'expédier des courriers électroniques plutôt que s'ennuyer à se donner des invitations cryptiques de manière compliquée. Tout cela renforce l'aspect très naïf d'un métrage qui fait vraiment penser à un vieux serial porté sur un grand écran visuellement soigné.

Cela s'avère toujours gênant de devoir sabrer une production francophone qui tente le cinéma de genre. Mais il faut tout de même être honnête car LA CONFRERIE DES LARMES a bien du mal à convaincre. Et ce jusqu'à un dénouement musclé très Bis où Jérémie Renier se prend pour Michael Douglas dans BLACK RAIN. Au moins, si la dernière partie du film ne laisse pas bouche bée devant une monumentale révélation, elle aura le mérite de nous avoir fait sourire avec une pointe de consternation en repensant au Jean-Baptiste Andrea qui avait réalisé un bien plus sympathique DEAD END.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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