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Critique du film
HANSEL & GRETEL GET BAKED 2012

 

S'il existe un genre de films qui ne faiblit jamais au Box Office, c'est bien l'adaptation de contes de fées. Il n'y a qu'à voir les réapparitions continues des Blanche Neige, Magicien d'Oz, et autres à venir comme Cendrillon, La Belle et la Bête, La Petite Sirène... à toutes les sauces. Et maintenant, les frères Grimm continuent à être pompés à tout va avec Hansel et Gretel. Il y eut d'abord le film à gros budget HANSEL & GRETEL : WITCH HUNTERS de Tommy Wirkola pour MGM, sans parler de la suite en préparation, la réponse The Asylum dans la foulée avec HANSEL & GRETEL d'Anthony C. Ferrante avec Dee Wallace, puis David DeCoteau s'y est collé avec HANSEL & GRETEL : WARRIORS OF WITCHCRAFT avec Eric Roberts... La liste continue avec ce HANSEL AND GRETEL GET BAKED (anciennement BLACK FOREST : HANSEL & GRETEL AND THE 420 WITCH) qui a la décence d'offrir une variation plus amusante sur le thème des jumeaux combattant une méchante sorcière.

Hansel (Michael Welch) et Gretel (Molly C. Quinn) réalisent qu'une sorcière nommée Agnès (Lara Flynn Boyle) attire des jeunes gens dans sa luxueuse maison dans le but de leur vendre de la marijuana révolutionnaire qu'elle cultive secrètement. Les plus curieux finissent en plat prêt-à-cuire et dévorés afin qu'Agnès maintienne son éternelle jeunesse.

Si on veut résumer rapidement, on dira que le film de Duane Journey est un croisement Bis entre le conte de fées des frères Grimm, la série WEEDS, des élans gore et un ton macabro-comique aux punchlines bien vues. Attention, cela ne signifie nullement que ce métrage soit un bon film. Reste que dans l'océan de médiocrité que nous avons eu à subir pendant les innombrables visions du Marché du Film en 2013, HANSEL & GRETEL GET BAKED s'est avéré rafraichissant, drôle et même parfois plutôt bien troussé. Si l'accroche «par le producteur de TWILIGHT» peut servir de repoussoir pour la majorité des amateurs de films de genre (ou d'accroche pour les éternels ados), le traitement reste assez éloigné du film Catherine Hardwicke.

Le film démarre sur un ton léger, avec un Cary Elwes méconnaissable. L'acteur passé par ANOTHER COUNTRY, PRINCESS BRIDE, SAW effectue un court rôle qui mène le film vers une presque comédie droguée. Sauf que le ton change petit à petit avec Gretel, en bonne consommatrice avec son copain Ashton (Andrew James Allen). Ashton cherche une nouvelle drogue nommée «Black Forest» qu'une vieille dame vend secrètement en Californie. Malgré l'avertissement de ne pas manger une maison en pain d'épices placée dans le salon d'Agnès, il en prend un morceau... et se retrouve en train d'être découpé vivant pour satisfaire l'appétit vorace de la sorcière qui retrouve graduellement son apparente jeunesse ! L'humour noir possède une belle part de viande sanguinolente dans ce relais de tons. Le film s'adresse clairement à un public plutôt 15/24 ans mais l'évident plaisir que chaque protagoniste possède à délivrer des dialogues funs, des situations grotesques et subir les pires atrocités font passer la pilule de manière agréable. Et de voir de jeunes enfants balancer des insultes ordurières à Gretel en pleine rue (qui après une séance de fumette a vu un cookie lui hurler dessus), c'est forcément bien.

Mention spéciale à Lara Flynn Boyle ! Sous des monceaux de latex en vieille sournoise, elle réussit à délivrer une interprétation au top, aux réminiscences de la Comtesse Bathory. Les maquilleurs ont du ainsi beaucoup s'amuser sur les différents stades de rajeunissement et l'on constate avec plaisir que les effets spéciaux mécaniques font leur retour en force. En tous cas, l'actrice connue pour ses interprétations dans HAPPINNESS de Todd Solondz, THE TEMP de Tom Holland ou hélas MEN IN BLACK II réussit le tour de force de tenir la barre haute du film. Donnant ses lettres de noblesse à une sorcière particulièrement vicieuse et retorse. Tout en délivrant des phrases assassines du plus bel effet.

Le film progresse alors vers un démarquage de la série WEEDS avec Mary-Louise Parker. En lieu et place d'une femme au foyer sans le sou qui fait pousser secrètement des plants de marijuana pour survivre, Agnès élabore une drogue qui fait de l'ombre aux dealers locaux. Sauf qu'ici, la sorcière se débrouille infiniment mieux pour protéger son secret. Et on plonge en plein délire labyrinthique souterrain, virant au cannibalisme, à quelques zombies en pleine rage. Une ambiance fantastique règne au sous-sol de la peur, avec les plans de drogue se mouvant d'eux même pour créer un univers fantasmagorique nimbé de bleu surréaliste du plus bel effet. Avec des twists plus improbables les uns que les autres, Gretel notamment se servant de bonbons Skittles (merci la pub gratuite) pour retrouver son chemin suite à son passage à travers le labyrinthe de drogue. Bonbons avalés rapidement par sa comparse Bianca (Bianca Saad) pour calmer son angoisse (!). Une autre drogue, peut-être ?

Avec un amusant cameo de Yancy Butler, décidemment bien à l'aise en femme à poigne suite à ses interprétations musclées dans LAKE PLACID 3 et LAKE PLACID : THE FINAL CHAPTER, le film trouve un rythme régulier qui faiblit rarement sur ses 86 minutes. Le budget annoncé à 4,5 millions de dollars ne permet pas de miracle. Mais les auteurs s'en sortent relativement bien, et jouent sur ce principe même de bas budget. Cela instaure à la fois un soin particulier aux décors, aux éclairages, principalement dans le dernier tiers où l'action est quasi non-stop avec les multiples rebondissements. HANSEL & GRETEL GET BAKED se révèle finalement finement joué, avec des références multiples aux contes de fées pour qui saura les repérer. Les parents des jumeaux sont en visite chez les Stilskins (comprendre Rumpelstilskin), la drogue Black Forest est nommée par Ashton comme étant à la fois «Swiss Miss/Snow White» (comprendre Blanche Neige). Le titre même est un jeu de mot sur la notion de «get baked» signifiant à la fois «être cuits au four», mais également fumer une quantité importante de drogue. Par ailleurs, la notion de «420» du titre original de tournage faisant également référence à cette notion de contre-culture marijuanesque, mais qui ne parlait que trop peu à un éventuel grand public. Tout du moins autre que celui réceptif aux termes des effets de Marie-Jeanne.

HANSEL & GRETEL GET BAKED ne se veut ni plus ni moins qu'une comédie horrifique accroc aux amputations et à la fumette. Pas de discours pro ou anti, pas de grand film à message ou grand film tout court. Cela reste cinématographiquement médiocre. Les situations décrites ne sont pas les mieux écrites au monde, mais le film fonctionne grâce à l'énergie déployée, au fait de savoir rire de ses propres limites, de s'engager sur un ton plus dur au gré du film. De foncer dans le gore le plus sale aux moments inopportuns et de conserver un enthousiasme intact malgré les scories. Le final (attendu) semble indiquer la volonté d'une séquelle. Qu'importe la loi du marché : le film n'est pas parfait, mais on ne peut s'empêcher de le trouver diablement fun !

Rédacteur : Arlig Stubbson
55 ans
11 critiques Film & Vidéo
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