Header Critique : HOUSE OF THE DAMNED

Critique du film et du DVD Zone 1
HOUSE OF THE DAMNED 1963

 

ATTENTION : cette chronique contient quelques Spoilers. Vous qui lisez, entrez dans cette HOUSE OF THE DAMNED en toute connaissance de cause !

Un architecte (Ron Foster) est engagé pour des travaux dans un château sur la côte californienne. Il s'y rend avec sa femme (Merry Anders), qui ne tarde pas à remarquer quelques événements étranges. Rejoint par le commanditaire (Richard Crane) et sa femme jalouse (Erika Peters), cette dernière disparaît dans les mains d'un étrange géant.

La 20th Century Fox (ou «la Fox» pour les intimes) n'a jamais eu de département «Série B» à proprement parlé. Contrairement à d'autres majors de l'époque comme la Columbia ou encore Universal, via ses productions William Alland et réalisations de Jack Arnold : TARANTULA, L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR et ses suites. D'où un certain déficit historique du film de série B. On trouve bien sûr quelques exceptions comme LA MOUCHE NOIRE ou encore ALLIGATOR PEOPLE, et les autres films produits par Robert Lippert pour Regal films, que la Fox distribuait de manière plus ou moins heureuse.

C'est justement dans ce cadre qu'un ancien assistant de Robert Lippert, Maury Dexter, allait devenir un réalisateur et producteur. Mais on comprend assez mal la mise en chantier de ce HOUSE OF THE DAMNED en 1962. Inédit en France, le film s'éloigne de la politique tout Scope-couleurs-stéréo que la Fox voulut imposer. Car le métrage, bien que tourné en CinemaScope, fut tourné en noir et blanc et en mono avec une durée de seulement 63 minutes. Certes, il y eut la nécessité pour la Fox d'avoir des secondes parties de «Double-feature» comme il était de coutume à l'époque pour les Drive-Ins, entre autres. Et ces productions ne pouvaient être tournées en couleur ou en stéréo : trop cher. D'où l'idée de recourir à Lippert Films ou Regal Films (une émanation de la Fox lui permettant de bénéficier de films «B» sans en avoir la responsabilité !) pour ce type de produits.

L'auteur du scénario, Harry Spalding, en était à ses débuts. Il fut également responsable du médiocre THE EARTH DIES SCREAMING de Terence Fisher (sous le pseudo d'Henry Cross) ou WITCHCRAFT de Don Sharp. On retiendra surtout de sa carrière CURSE OF THE FLY, le très intéressant CHOSEN SURVIVORS de Sutton Roley, LES YEUX DE LA FORET, dont il était l'un des cinq co-scénaristes attachés au projet, et le rigolo DEMONIAQUE PRESENCE de Fabrizio Laurenti. Quelle trajectoire !

Cette malédiction de l'absence de film de «Série B» à la Fox poursuivit ces productions qui ne furent que très peu distribuées hors de la télévision par la prestigieuse maison de production. Et encore, ce fut Regal Films qui obtint la librairie de films pour les droits télévisuels. Ce fut donc avec surprise que le public découvrit le DVD Zone 1 d'ALLIGATOR PEOPLE et ce HOUSE OF DAMNED, exhumé des caves de la major, pour le plus grand bonheur des curieux que nous sommes.

Passée cette curiosité de distribution, HOUSE OF THE DAMNED commence relativement bien. L'atmosphère de mystère genre OLD DARK HOUSE y apparaît plutôt bien rendue. Un manoir biscornu surplombant un lac, de larges recoins sombres et une habile reconstitution de jeux d'ombres fantasmagoriques donnent une ambiance particulière au film. Maury Dexter sait y adjoindre l'utilisation du format CinemaScope, en donnant des plans à multiples niveaux de lecture, profondeur de champ aidant. Ces capacités techniques comblent un budget qu'on devine très bas et même si l'aspect «Scope» donne un cachet tout autre.

Dexter manie les scènes d'épouvante avec... dextérité. La première apparition incongrue d'un homme sans jambe marchant sur ses mains (ce qui rappelle le FREAKS de Tod Browning) jouxte celle d'une main décharnée saisissant un trousseau de 13 clés, un visage inquiétant derrière une grille... le mystère bat son plein. Le choix par défaut du noir et blanc sert à merveille cette énième histoire de maison hantée. Un grand merci également au savoir-faire du directeur photo, John Nickolaus (THE DAY MARS INVADED EARTH, L'HALLUCINE ou encore ATTACK OF THE GIANT LEECHES), dont les éclairages savants apportent la touche étrange qui convient. On ne saisit pas d'où vient la menace : fantômes, morts-vivants que promet l'affiche ? Le géant qui emporte la jeune femme terrorisée n'est autre que Richard Kiel (Requin dans L'ESPION QUI M'AIMAIT, MOONRAKER mais également l'ubuesque HUMANOIDE d'Aldo Lado !) qui fait sa seconde apparition au cinéma après la cataclysmique EEGAH !

Malheureusement, le réalisateur et le spectateur doivent subir un piteux scénario à base d'histoire qui ressemble à une vague idée de court métrage étalée sur une heure. Et l'on se rend compte au fur et à mesure que HOUSE OF THE DAMNED avance, que seul l'aspect visuel du film retiendra l'attention. Le scénario se tasse en effet rapidement. Non seulement les personnages mais également l'intrigue fait du surplace avec des dialogues qui apparaissent à la fois inutiles et sans fin. Une timide tentative de développement via une dispute au sein du second couple qui entre en scène, rapidement évacuée. Et ce n'est pas l'adjonction d'un cadavre en état avancé de décomposition ou une plongée dans les caves du château qui feront sursauter quiconque. Une fois énoncée l'explication des phénomènes, l'impression de s'être fait quelque peu avoir reste en bouche. Comme une sensation d'une attraction de foire d'abord sympathique mais au final quelque peu dépassée, comme sortie de l'imagination d'un auteur des années 40.

Les plus cinéphiles auront tôt fait de comparer HOUSE OF THE DAMNED avec des classiques comme LA MAISON DE LA MORT (version James Whale), LA FALAISE MYSTERIEUSE ou mieux encore, LA MAISON DU DIABLE qui partage ici quelques similitudes. Notamment sur la disparition d'Erika Peters en plein film avant de réapparaître brutalement à la fin, ce qui rejoint celle de Loîs Mawxell dans le chef d'œuvre de Robert Wise. Hasard ? Coïncidence ? Influence de Shirley Jackson ?

Qu'importe le message final de tolérance prêché, qui rejoint par ailleurs dans l'essence celui de FREAKS. La série B s'évente quelque peu malgré elle. On pourra s'amuser à pointer quelques curiosités d'un autre âge qui appuient le côté très inoffensif du film. Ainsi le couple marié (nous sommes fin 1962) occupe toujours deux lits séparés, dans la bonne tradition du code Hays. Or, Hollywood se trouvait dans la pleine époque où des cinéastes comme Otto Preminger ou encore Alfred Hitchcock tentaient de faire sauter le verrou moral de ce même code. Point question de cela ici, les auteurs devant livrer un film d'épouvante classique, mais surtout dénué de quelque débordement que ce soit. Le film apparaît aujourd'hui bien léger malgré un emballage qui lui donne un semblant de personnalité.

Le DVD Fox offre deux possibilités de visionnage en fonction de la faces du disque. Soit la version plein cadre, soit la version au format 2.35:1 avec transfert 16/9. On fait gentiment l'impasse sur la version Pan & Scan pour s'attacher à la vision du film dans son format original. Tout d'abord, la durée exacte est de 62 minutes et 41 secondes. Petite particularité : le générique de début s'inscrit dans un cadre de format environ 1.85:1 pour s'élargir au second plan à du 2.35:1 a bout de 1 minute et 26 secondes. Effet pour magnifier l'effet «scope» ? Bizarre. Sinon, la copie est généralement propre, si l'on omet quelques rares griffures et poussières. Quelques plans larges trahissent des contours flous (le plan dans l'escalier à 24mn33, par exemple) et une définition parfois hasardeuse dans des scènes de clair obscur (la scène du lit à 21mn39). Mais le film se révèle largement regardable d'un point de vue qualitatif.

Deux pistes audio s'offrent à l'audiophile averti. L'une en anglais mono, l'autre dans une piste stéréo. Rien ne semble cependant confirmer un mixage stéréophonique à la sortie du film. Le mixage 2.0 «stéréo» donne une impression étrange de spatialisation artificielle qui donne comme une sorte d'écho pendant les scènes de dialogues. Le son a été réparti sur les canaux droit et gauche, mais le résultat s'avère peu probant. Autant se rabattre sur la piste mono, plus naturelle, avec l'ensemble des dialogues, musique et effets sur le canal central. Le rendu auditif nous parait bien meilleur, et plus confortable à l'écoute.

Côté bonus, il ne fallait pas attendre de grandes damnations pour un tel type de sortie. On sera donc content de bénéficier du film annonce d'époque et de trois affiches en noir et blanc mettant en avant, de manière assez mensongère, les 13 clés ouvrant la porte sur un monde de mort-vivants. Mais bon, pour une rareté en Scope noir et blanc respecté, aussi médiocre soit-elle, on ne fera pas la fine bouche.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
On aime
Une curiosité rare
Un Scope bien utilisé
On n'aime pas
Une intrigue creuse
Des dialogues interminables
Pas de morts-vivants !
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L'édition vidéo
HOUSE OF THE DAMNED DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h02
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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