Header Critique : EMPIRE DES OMBRES, L' (VANISHING ON 7TH STREET)

Critique du film
L'EMPIRE DES OMBRES 2010

VANISHING ON 7TH STREET 

Mais qu'est-ce qui arrive à Brad Anderson ? L'auteur du sympathique HAPPY ACCIDENTS, de l'oppressant SESSION 9 et THE MACHINIST avait déjà subit une baisse de régime avec TRANSSIBERIAN. Mais il atteint ici avec VANISHING ON 7TH STREET un sous-sol qualitatif dont il lui sera difficile de remonter.

Un point de départ intéressant : une panne d'électricité plonge Détroit dans le noir. Quelques survivants constatent que la population a disparu, ne laissant que leurs vêtements. Ils se retrouvent coincés dans un bar et entent de résister à l'invasion des ombres qui semblent absorber la lumière.

La peur du noir, des ombres, reste un facteur-force générateur de suspense et de frissons bienvenus. LES CREATURES DE l'OMBRE exploitait de manière réussie ce concept. Plus récemment, des films médiocres comme THEY ou dans une moindre mesure NUITS DE TERREUR jouaient avec les idées d'ombre et de lumière. De ce fait, Brad Anderson opte pour un traitement de terreur psychologique plutôt que de l'horreur. Bien que de facture relativement modeste, le film traite ni plus ni moins que de l'extinction de l'humanité. Et rejoint de ce fait la cohorte de récits/films de genre récents, de JE SUIS UNE LEGENDE, en passant par LA ROUTE ou encore, soyons fous, I AM OMEGA.

Le scénario possède une structure qui ressemble à une version sans zombies de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS. Et l'on ressent un sentiment de résurgence de la série LOST quand aux thématiques développées. Des ombres menaçantes engouffrent la lumière et font disparaître les humains – pas tous, et pas les animaux. On devine des ombres de ce qui semblent être d'apparence humaine, mais les masses ténébreuses sont majoritaires et recouvrent tout ce qui suinte de lumineux. En fait, le film provoque plus de questionnements que de réponses. Ce qui en soit n'est pas une mauvaise idée, la société du spectacle proposant beaucoup plus d'oeuvres prédigérées que de matière à réflexion. L'approche philosophique du réalisateur (d)étonne. Car aucune explication réelle ne prend le pas sur l'autre. Mais heureusement, le placement produit fonctionne plutôt bien. Entre autres, John Leguizamo est un projectionniste solitaire de la chaîne AMC dont le logo apparaît tout le long du film. Nous sommes sauvés, les cinémas AMC ont vu la lumière.

Maintenant, la manière dont Brad Anderson s'y prend pour nous faire assister aux destinées des personnages reste ambiguë, mais pas dans le meilleur sens du terme. A force d'égrener ça et là quelques informations, le film ne prend jamais le risque de révéler quoi que ce soit. Le mystère prend dans le premier tiers, mais génère des trous dans la narration qui handicapent gravement le film. Et le fait sombrer dans un pensum lourdingue qui flirte avec un symbolisme pataud. Le film aurait aussi bien pu s'appeler apocalypse goupillon ou holocauste bidet que cela n'aurait pas été pire. Mais surtout, la dimension de peur que souhaite installer Brad Anderson ne captive pas vraiment l'audience. Les ténèbres n'incarnent pas vraiment une menace palpable, si bien qu'hormis un effet-trouille réussi, c'est l'ennui qui sort vainqueur. Une menace fantôme, quoi.

Les héros se nomment Luke (Hayden Christensen), Paul (John Leguizamo) et James (Jacob Latimore). Autrement dit, trois noms d'apôtres. Hasard ou coïncidence, ce sera au spectateur de juger. La dernière partie est Rosemary (Thandie Newton) qui cherche son bébé disparu. Le bébé de Rosemary ? Encore une piste lancée. En fait, la symbolique religieuse revient plus que souvent tout au long du film, sans jamais percer véritablement. Mais entre un final salvateur dans une église et une succession de plans de statues du Christ, de la vierge, on reste perplexe face à ce déluge d'images appuyées.

Nous avons aussi droit aux douloureux monologues avec les inévitables cicatrices intérieures de chacun. Entre le reporter qui regrette son divorce (ah ! la fameuse alliance-symbole du mariage !), l'ancienne camée sauvée par son bébé... Tous les intervenants subissent une crise personnelle expliquée à grand coups de flash-backs bien inutiles. Une Thandie Newton hystérique et un Hayden Christensen translucide ne relèvent en rien un John Leguizamo agonisant ad nauseam sur sa table de billard... il n'y a guère que le nouveau venu Jacob Latimore qui sauve les meubles avec une interprétation nuancée.

En fait, ce sont les spectateurs qui auront rapidement disparu à la vision de ce VANISHING ON 7TH STREET qui devrait, en toute logique, finir en France sous les auspices du DTV. Pas assez oppressant pour jouer son rôle de film d'épouvante, trop d'emphase sur les questions religieuses, une fin très politiquement correcte, un script bourré de trous dans lesquels ont du tomber le scénariste et le réalisateur... Un film aux prémices intéressantes, mais à oublier très vite de par son exécution obscure et aléatoire.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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