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Critique du film
WOLFMAN 2010

 

Larry Talbot, acteur de théâtre, rentre en Angleterre, au manoir de sa famille, après avoir appris la mystérieuse disparition de son frère. Il apprend que, peu avant de disparaître, son frère s'était rapproché de gitans campant dans la région...

Dans les années 90, suite au succès du DRACULA de Francis Ford Coppola, plusieurs importantes productions hollywoodiennes reviennent sur les traces des classiques de l'horreur, au gré de métrages tels que FRANKENSTEIN, WOLF et autres L'ILE DU DOCTEUR MOREAU. Universal, la major traditionnel du fantastique, se tient à l'écart de ce courant, ne se lançant que très prudemment dans cette démarche avec une petite série B d'aventures : LA MOMIE de Stephen Sommers... qui s'avère un succès inattendu et amorce une franchise juteuse ! Une renaissance collective du genre «Monster Movie» est alors tentée avec VAN HELSING du même metteur en scène qui, en dépit de ses qualités, déçoit commercialement. Le projet le plus ambitieux à venir est évidemment le très onéreux remake de KING KONG par un Peter Jackson sortant tout droit de sa trilogie LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. A nouveau, le succès n'est que relatif, et cet accueil mitigé – ainsi que celui de MIAMI VICE - provoque la chute de quelques têtes chez Universal !

WOLFMAN est un projet apparu au milieu des années 2000 et porté essentiellement par l'acteur Benicio Del Toro, lequel s'avoue grand fan de LE LOUP-GAROU, le plus connu des films de lycanthrope sorti chez Universal. Il s'agit donc d'un remake mais, cette fois-ci, le studio se montre prudent, en particulier quant au budget du film, modéré.

La réalisation de WOLFMAN est confié à Mark Romanek, surtout spécialisé dans les vidéos musicales, dont le précédent long métrage, PHOTO OBSESSION, avait rencontré un certain succès d'estime. Las, la pré-production de WOLFMAN s'éternise, et les différends artistiques s'accumulent, tant et si bien que le metteur en scène quitte le projet à peine quelques semaines avant le tournage. Joe Johnston, artisan consciencieux des effets spéciaux et du cinéma fantastique (nous lui devons ROCKETEER ou JURASSIC PARK III), prend la relève dans l'urgence. Une fois tourné, le film connaît encore une post-production difficile, avec l'ajout de nouvelles scènes et l'arrivée de divers monteurs à la rescousse.

Au-delà de ces considérations, WOLFMAN s'ouvre tel un hommage direct à LE LOUP-GAROU de 1941, en citant à la virgule près le célèbre petit poème déjà entendu dans le film de George Waggner. Nous retrouvons une histoire de lycanthrope totalement gothique, allant même jusqu'à inscrire l'action dans le XIXème siècle anglais, alors que tous les grands films de loup-garous américains se déroulent à une époque contemporaine de leur tournage – même LE LOUP-GAROU lui-même !

Du point de vue de l'atmosphère, il faut reconnaître que ce WOLFMAN s'avère une réussite. Le manoir Talbot, décrépi et silencieux, se dresse devant une lugubre forêt desséchée, parcourue par des brumes inquiétantes et des ruisseaux tourmentés. Au village de Blackmoor, les paysans parlent à voix basse de terribles légendes. Dans le camps des gitans, l'inquiétante Maleva (Geraldine Chaplin, remplaçant ici Maria Ouspenskaya) dit à voix basse d'effrayants secrets au voyageur égaré. Nous retrouvons donc les personnages du film d'origine, dans une ambiance et un récit à la base très semblables. Le spectateur remarque même une allusion à LE MONSTRE DE LONDRES, autre production classique de Universal mettant en scène un loup-garou, au travers d'une anecdote situant la source de la maladie dans de lointaines montagnes d'Asie !

Pourtant, WOLFMAN réserve des surprises inattendues au spectateur familier du film interprété par Lon Chaney Jr.. Ainsi, nous trouvons une spectaculaire évasion du loup-garou dans Londres, de nuit – de pleine lune, forcément – qui n'est pas sans rappeler, un peu, LE MONSTRE DE LONDRES qui se déroulait dans cette même «city», mais surtout KING KONG, ainsi que la fin de LE LOUP-GAROU DE LONDRES. Il faut dire que le dénouement du film de John Landis est lui-même un hommage à KING KONG : tout cela est donc logique !

Plus étonnant encore, l'identité du loup-garou originel, celui qui mord Larry Talbot, s'avère changée. Les gitans prennent alors une place plus secondaire dans le récit, lequel devient une cruelle et sombre tragédie, convoquant les souvenirs lugubres de Shakespeare et de son Hamlet. Tout cela se voit mis en place avec le plus grand soin, au gré d'un déploiement classique et de bon aloi, favorisant le développement de ses personnages plutôt que des effets spéciaux et l'action bondissante d'un Monster Mash comme VAN HELSING.

Tout est donc en place pour donner une excellente réussite du cinéma fantastique. Nous devons pourtant émettre de réelles réserves. En effet, après une première heure en tous points satisfaisante, le métrage s'emballe et se conclut sur une succession de séquences frisant de trop près le ridicule et manquant singulièrement d'émotion. Car si LE LOUP-GAROU n'était pas le plus raffinée des classiques sortis du studio Universal, il parvenait à provoquer une grande sympathie pour le personnage attachant de Larry Talbot, démuni face à une malédiction le dévorant de l'intérieur. Curieusement, Benicio Del Toro, acteur talentueux s'il en est, ne parvient pas à dégager l'empathie directe apportée par Lon Chaney Jr.. Qui plus est, le couple qu'il forme avec Emily Blunt manque singulièrement de chaleur. Les performances très convenables fournies par Hugo Weaving et Anthony Hopkins, digne successeur de Claude Rains, ne parviennent pas à rattraper cet handicap de départ qui donne au métrage une froideur rébarbative.

Nous regrettons que le potentiel de ce métrage se soit alors vu un peu gâché par des décisions artistiques discutables, aboutissant à un résultat trop hésitant pour convaincre complètement. Cette courageuse tentative de revisiter LE LOUP-GAROU n'est pas pour autant méprisable ou scandaleusement ratée. Ce conte gothique intéressant a pour le moins le mérite de redonner un visage humain au loup-garou, en particulier grâce à un superbe maquillage signé Rick Baker. Celui-ci s'éloigne des monstres aux allures très bestiales ayant proliféré suite à HURLEMENTS et LE LOUP-GAROU DE LONDRES, et revient à un maquillage dans la tradition de celui créé par Jack Pierce pour LE LOUP-GAROU : un faciès structuré essentiellement autour du visage de l'acteur, et allant jusqu'à lui restituer la fameuse petite truffe qui ornait le bout du nez de Lon Chaney Jr. ! Les amateurs, dont nous faisons partie, apprécient !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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