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Critique du film
ASTRO BOY 2009

 

Dans une ville du futur, les robots sont devenus des auxiliaires de vie incontournables, en particulier grâce aux inventions du docteur Tenma. Lorsque son fils est accidentellement tué par un automate de combat, ce savant crée un androïde à l'image du petit garçon décédé et lui implante ses souvenirs...

ASTRO BOY apparaît au début des années 50 dans le «manga» du même nom, créé par le pionnier du genre, Osamu Tezuka, lors de l'explosion de la bande dessinée japonaise consécutive à la seconde guerre mondiale. L'enfant robot se voit par la suite décliné en dessin animés et devient une des figures les plus populaire de la culture nippone pour la jeunesse.

Au cours des années 2000, l'animation japonaise gagne en respectabilité. Les enfants ayant grandi en regardant «GOLDORAK» et autres «ALBATOR» deviennent adultes et prennent place dans divers médias ! Nous en arrivons au point où la machine hollywoodienne, toujours prompte à récupérer pour son compte les idées venues d'ailleurs, lance divers projets à grand budget transposant des succès de l'animation japonaise sur grand écran. Alors que la menace d'une adaptations avec acteurs réels d'AKIRA a longtemps plané, c'est finalement les frères Wachowski qui marquent le coup d'envoi, au moyen de la superproduction Warner SPEED RACER... qui s'avère un bide commercial ! S'en suit un DRAGONBALL EVOLUTION qui ne fait guère date. Puis, ce dessin animé en images numériques, ASTRO BOY, qui ne trouve guère plus son public sur le marché nord américain.

Cet ASTRO BOY nouvelle mouture est le fruit du travail d'un studio d'animation implanté à Hong Kong, nommé Imagi Animation Studio. Si sa filmographie n'est pas très développée, elle reflète tout de même une personnalité particulière, avec des projets tels que HIGHLANDER, THE SEARCH FOR VENGEANCE, réalisé par le maître de l'ultra-violence Yoshiaki Kawajiri, ainsi que la résurrection réussie en images numériques de LES TORTUES NINJA. A la réalisation, nous trouvons l'anglais David Bowers. Il s'est illustré en participant aux projets d'animation développés plus ou moins directement par Steven Spielberg. Il a ainsi œuvré dans le studio Amblinmation (FIEVEL AU FAR WEST, BALTO CHIEN LOUP) et chez son successeur Dreamworks Animation, au sein duquel il co-réalise SOURIS CITY.

Dans l'œuvre originale de Tezuka, ASTRO BOY est un petit robot créé par un savant que le décès de son fils a rendu fou de chagrin. Il construit cette machine doué de sentiments et de souvenirs, puis se rend compte que ce robot est un individu singulier et différent de son fils. Il le rejette et le condamne à une vie de vagabondage... avant qu'un gentil scientifique le recueille. Ce nouveau film ASTRO BOY reste relativement fidèle à cette idée de départ, compromis entre des œuvres mélodramatiques mettant en scène des orphelins, tels «Oliver Twist» ou «Sans famille» et PINOCCHIO (le classique Disney arrive au Japon en 1952, un an avant que ne paraissent les premières aventures d'Astroboy).

Il ajoute pourtant d'autres considérations. Metro City est une cité volante, flottant au-dessus de la surface de la Terre telle la ville des hommes oiseaux inventée par Alex Raymond dans les aventures de «Flash Gordon». Il s'agit d'une zone privilégiée, peuplée par une caste aisée. Les rejetés de cette utopie du futur vivent quant à eux à la surface de la Terre. Nous retrouvons ainsi la séparation ville basse/ville haute de METROPOLIS, tandis que la transformation de la surface de la Terre en un dépotoir à peine vivable renvoie aux considérations écologistes du récent WALL-E.

Astro Boy est un robot au comportement et au cœur de petit garçon, qui va se heurter à l'intolérance de personnes disposant de lui comme d'un jouet. A l'instar des Replicants de BLADE RUNNER, il vit ce rejet comme une injustice qu'il a du mal à comprendre. Il se trouve tout de même une nouvelle famille parmi les orphelins vivant à la surface de la planète. Mais, sa nature robotique en fera tout de même un paria. ASTRO BOY reste donc bien fidèle aux valeurs de tolérances prônées par le manga en son temps. Le métrage traite aussi ses thèmes au moyen de l'humour, en particulier au travers de trois robots formant un front révolutionnaire robotique luttant contre les hommes : leur subordination aux lois de la robotique édictées par Isaac Asimov leur rend toutefois la tâche bien difficile, les condamnant à une non-violence forcée !

Les qualités de ce nouvel ASTRO BOY sont aussi techniques. Tout comme dans LES TORTUES NINJA, l'équipe d'Imagi signe des séquences d'action à l'animation et au découpage alliant un grand dynamisme à une exécution visuelle impeccable. Le travail artistique sur la création des robots, habile mélange de science-fiction nostalgique et de haute technologie, s'avère aussi une vraie réussite, avec quelques créations très marquantes, comme le gigantesque Zog (s'exprimant avec la voix de Samuel L. Jackson en version originale) ou le terrible robot guerrier dont l'expédition finale dans Metro City n'est pas sans rappeler les ravages causés par les grands monstres japonais du style GODZILLA !

Pourtant, en dépit de toutes ses qualités, ASTRO BOY ne parvient pas totalement à remporter l'adhésion. S'il propose certaines séquences brillantes (les aventures du front robotique révolutionnaire, l'arène), s'il reprend avec fidélité et sincérité certains thèmes classiques de la science-fiction, il ne cimente pas tout cela dans un tout vraiment égal et cohérent. La confrontation entre deux sources d'énergie, positive et négative, renvoie au rapport compliqué du Japon d'après guerre à la science et à la technologie. Cette idée donne hélas lieu à des affrontements schématiques, contre un méchant vitupérant et caricatural, jusqu'à un final lourd et bien conventionnel. Dans le même sens, les orphelins vivant à la surface de la Terre n'existent jamais vraiment de façon réussie. Comme si ASTRO BOY était un projet tellement occupé à donner une âme à ses robots que les personnages humains, eux, ne s'incarnent pas de façon crédible !

Ces réserves n'empêchent pourtant en rien ASTRO BOY d'être plutôt convaincant. D'abord pour une facture technique tout à fait probante en dépit d'un budget modeste - si on le compare aux mastodontes sortant de chez Pixar et Dreamworks. Ensuite par sa manière intéressante d'offrir un spectacle pour le jeune public, jouant la carte d'une vraie science-fiction de qualité, aussi bien dans la description de son univers visuel que dans les implications des aventures vécues par son petit robot vedette !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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