Header Critique : GIMME SKELTER

Critique du film et du DVD Zone 0
GIMME SKELTER 2007

 

Un déséquilibré se réclamant être le fils de Charles Manson monte une nouvelle «famille». Leur but ? Faire plus fort que «papa» et tuer le maximum d'innocents en une seule nuit.

Au pays obscur du cinéma d'horreur (totalement) indépendant, Scott Philips avait fait illusion en 2005 avec THE STINK OF FLESH, son premier long-métrage en vidéo. Ce film décrivait le quotidien d'une poignée de personnages coincés au milieu d'une invasion de zombies en mixant humour, gore, nudité mammaire mais aussi et surtout une ambition d'écriture décollant le métrage du tout venant de la production indépendante (voire Z) américaine. Il aura fallu deux ans à Philips pour nous revenir avec un nouveau film tourné dans des conditions similaires de précarité (c'est-à-dire en vidéo techniquement «naturaliste»). Après les morts-vivants, «l'artiste» va s'attaquer au mythe Manson. Le titre GIMME SKELTER est bien entendu une référence à Helter Skelter, la fameuse chanson des Beatles que Manson prenait pour une prophétie annonçant un conflit racial imminent.

GIMME SKELTER veut se la jouer «grindhouse» à l'ancienne avec sa liberté de ton, sa violence outrancière et ses poitrines dénudées. Mais le film n'a ni le talent, ni l'imagination de nous proposer autre chose qu'un spectacle balisé déjà vu et archi-revu. Aucune fantaisie, aucun «esprit» ne se dégage d'un métrage se bornant à mettre en scène des jeunes femmes séduisant des hommes pour ensuite les larder de coups de couteau. Les références à Charles Manson ne sont finalement qu'une accroche marketing un peu «choc» puisque le film aurait pu s'en passer allègrement. On est très loin d'un projet réfléchi sur le sujet, Manson n'étant qu'une excuse parmi tant d'autres pour justifier les quelques meurtres qui vont suivre.

Malgré des visuels publicitaires glauques et dérangeants, GIMME SKELTER ne vise finalement pas ce cœur de cible «hardcore». Tout juste le film se satisfait de petites provocations sexuelles finalement bien timides (comme une bimbo mimant hors champs une masturbation la main pleine du sang de sa victime). Les séquences de violence n'en restent pas moins nerveuses, grâce à un sens du montage bien senti. Il faudra en revanche supporter un érotisme bœuf ne bénéficiant pas d'un second degré salvateur à la Troma. Les dialogues, plutôt pas trop mal écrits, sont souvent gâchés par une interprétation au rabais. Philips mise alors sur des «guests» pour remonter le niveau de son casting. Dans le rôle d'un vieux père de famille, nous retrouvons Gunnar Hansen, le mythique comédien interprétant Leatherface dans le premier MASSACRE A LA TRONCONNEUSE. Philips a pioché également dans le vivier de la société de production Troma, ce qui lui vaudra de bénéficier de l'interprétation inspirée de Trent Haaga, l'un des meilleurs talents de la boîte de Lloyd Kaufmann (Haaga était au casting de TERROR FIRMER mais aussi auteur de CITIZEN TOXIE ou encore du récent DEADGIRL).

Fauché et monocorde, GIMME SKELTER constituera pour autant une surprise honnête pour tous afficionados du cinéma underground contemporain. Le film de Philips est dans la bonne moyenne, même si cette moyenne est désespérément basse à une époque où n'importe qui peut prendre une caméra vidéo et s'improviser réalisateur. GIMME SKELTER a néanmoins récolté quelques prix dans des festivals très obscurs, notamment pour sa bande-son qui réunit quelques petits noms de la scène indé. Quant au cinéphile curieux, il préfèrera sans mal des essais plus courageux et cinématographique comme le très étonnant THE MANSON FAMILY de Jim Van Bebber, un film démystifiant Manson via des prises de vues étalées sur 14 ans.

Comme tout bon film indépendant qui se respecte, GIMME SKELTER est édité par son auteur. Le film ayant bénéficié de moyens précaires, il ne faut pas s'attendre à un DVD rivalisant avec les standards actuels. Si l'image est plutôt propre, le format n'est que du 4/3 letterbox, c'est-à-dire une image carrée sur laquelle on a ajouté des barres noires en haut et en bas de l'image. Scott Philips n'avait visiblement même pas les moyens de tourner en anamorphosé. La piste sonore est un stéréo bénéficiant de beaucoup de soucis de niveau, les dialogues étant souvent peu audibles. Un défaut à imputer à la prise de son ou au mixage original.

Dans un esprit de générosité, la section bonus du disque est plutôt chargée. Philips se réserve un commentaire audio en compagnie «d'une canette de bière bien fraîche» (!). L'homme brosse son film en s'excusant sans arrêt du manque de moyens et du manque de temps. Philips veut s'assumer en tant que réalisateur indépendant mais se tire une balle dans le pied en nous exposant continuellement les scories de son tournage ou ses erreurs de metteur en scène. Gênant. Pour se détendre, on pourra toujours aller faire un tour dans les «Outtakes» (le bêtisier du film), un enchaînement de prises ratées qui ne font (comme souvent) rire que les participants. Bien que trop touffue, la section «Video blogs» est peut-être la plus intéressante. Cette collection de petits modules de making-of, destinés à faire la promo du film sur le net, ne manque pas d'anecdotes sympathiques pour qui s'intéresse à un tournage en franc tireur. La «star» Trent Haaga remercie le producteur de l'avoir payé 500 dollars, «ce qui doit être la moitié du budget de tout le film» ironise-t-il. Quant à Philips, il s'occupe des corvées les plus ingrates sur le plateau (comme de nettoyer nerveusement un sol maculé de sang pour éviter l'engueulade des propriétaires). Un clip vidéo et la bande-annonce complètent le disque.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
48 ans
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Un petit film fauché plutôt correct
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Le niveau n’est quand même pas très élevé, que ce soit techniquement ou «artistiquement»
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L'édition vidéo
GIMME SKELTER DVD Zone 0 (USA)
Editeur
Halo Eight
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h24
Image
1.78 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire audio de Scott Phillips
    • Outtakes (5mn32)
    • Video Blogs (34mn20)
    • Galerie photos (6mn54)
    • Bande-annonce
    • The Dirty Novels Music Video (4mn03)
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