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Critique du film
THE DESCENT : PART 2 2009

 

Tout juste rescapée d'une expédition spéléologique qui a tourné au carnage, Sarah (Shauna MacDonald) est renvoyée au fond des grottes pour guider une équipe de sauvetage à la recherche de ses amies disparues. Traumatisée, Sarah ne réalise pas encore qu'elle va de nouveau à la rencontre des monstres sanguinaires tapis dans l'ombre des cavernes.

Tourné en 2005, THE DESCENT de Neil Marshall crée la surprise chez une critique spécialisée unanime et secoue le box-office anglais. Une petite bombe. Voilà comment on pourrait qualifier cette production locale tournée avec des moyens réduits, jouant aussi bien sur la terreur de la claustrophobie que sur les effets chocs parfaitement maîtrisés du survival. Une réussite et un succès qui va permettre à son auteur d'accéder à des fantasmes de cinéma de plus grande envergure avec DOOMSDAY, un cross-over entre NEW-YORK 97 et MAD MAX 2 réalisé sur ses terres natales. Courant d'autres lièvres, Marshall ne fait pas partie de cette nouvelle expédition organisée pour cette évidente séquelle (il n'y tient qu'un nébuleux rôle de producteur exécutif). C'est le monteur Jon Harris qui reprend la direction du film. Un choix très logique car l'homme a assemblé beaucoup de succès britanniques (THE DESCENT bien sûr, SNATCH de Guy Ritchie, STARDUST de Matthew Vaughn ou encore EDEN LAKE de James Watkins). Novice en terme de réalisation (c'est ici son premier film), Harris avait pourtant fait ses classes sur un plateau en dirigeant la seconde équipe sur THE DESCENT.

THE DESCENT : PART 2 reprend l'histoire de Sarah à la seconde même où elle s'arrêtait dans le premier film. Mais attention, cette séquelle reprend l'histoire telle qu'elle était laissée en suspend dans la version américaine de THE DESCENT. En effet, cette version coupait – ATTENTION REVELATION – le dernier plan du film qui montrait que l'évasion de Sarah n'était qu'un rêve et que la jeune femme allait finalement mourir prisonnière de la grotte. La manière dont THE DESCENT : PART 2 raccroche les wagons risque donc de faire froncer les sourcils des spectateurs européens. Mais ces derniers auront tôt fait de déduire que le reste du film est à l'avenant. Cette séquelle vise en premier lieu le marché US et se calque sur des modèles aussi efficaces que grotesques à l'instar de LA COLLINE A DES YEUX 2 de Martin Weisz.

THE DESCENT : PART 2 n'a donc pas l'intention de nous parler du traumatisme de la perte d'un enfant. Ni de nous faire le portrait d'un groupe de femmes indépendantes en rupture avec les carcans machistes de notre société. Pas plus que de jouer avec nos peurs primaires du noir et de l'enfermement. Non! La logique de cette séquelle est plutôt : toujours plus mais avec beaucoup moins. THE DESCENT : PART 2 redescend l'ambition quinze pieds sous terre et se contente de faire du shocker gore, préférant oublier les sensations de claustrophobie pour convoquer assez rapidement les monstres. Ce derniers sont montrés avec générosité, dans un état d'agressivité hystérique permanente et avec un appétit qui plus est multiplié. Le film fait donc dans le bourrin en jouant de la shaky-cam à chaque empoignade. Le sang coule à flot à la moindre occasion (on ne compte plus les plans de visages de femmes qui se reçoivent des giclettes rouge – les féministes apprécieront). Quant au designer sonore, il fait péter les gros bruitages à la moindre occasion. On sursaute sans arrêt dans THE DESCENT : PART 2. Non pas à cause du génie de la mise en scène, mais plutôt à cause du souffle supersonique craché par des enceintes au bord de l'explosion.

Pour les fans du premier film, THE DESCENT : PART 2 constituera une déception. Une déception car cette séquelle est un produit dans l'air du temps, balisé et franchement pas très malin. Le nouveau groupe (mixte cette fois) ne fait que combattre les créatures entre deux petites escalades de cailloux, et prend bien soin de laisser toute forme de psychologie au vestiaire. Les incohérences sont ainsi légions et les rebondissements sont parfois risibles. Outre un égorgement opéré avec une petite épingle à cheveux, le pic de l'incongruité est atteint lors du retour impromptu d'un personnage du premier film, laissée pourtant copieusement morte. La comédienne en question, pourtant bonne actrice dans le premier opus, est ici éberluante de caricature, la mâchoire serrée et l'œil besogneux (on ne sait pas ce qui la fait le plus souffrir : ses blessures ou son cachet d'actrice revu à la baisse). Ne volant déjà pas bien haut, le film ne peut pourtant pas s'empêcher d'être sur-explicatif. Le mauvais goût va loin comme lorsque Sarah et un autre personnage tombent dans une mare d'eau aux teintes brunâtres. En prenant dans leurs mains de la matière marron qui flotte à la surface, les deux femmes se demandent : «qu'est-ce que c'est ?»… Heureusement, un monstre, les fesses en avant, viendra leur offrir une réponse immédiatement !

Maintenant que le deuil est fait, on peut aussi voir THE DESCENT : PART 2 pour ce qu'il est : un petit film d'horreur qui n'a aucune autre ambition que de vous occuper les yeux et les oreilles pendant 90 minutes. Les auteurs du métrage ont certes opté pour la facilité, mais une facilité efficace. L'ensemble est soigné, carré, professionnel. Il faut avouer que l'on ne s'ennuie pas finalement durant cette seconde expédition qui nous réserve quand même quelques plaisirs intéressants comme lorsque les nouveaux personnages retombent sur les cadavres des héroïnes du premier film, laissées telles que nous les avions abandonnées. Précautionneux, le film suggère même in fine des pistes quant à l'origine des créatures. Pistes qui ne seront exploitées que dans un éventuel troisième opus, les producteurs ne se fermant pas la porte à une franchise autour des monstres de THE DESCENT. En résumé, sachant que l'actualité horrifique à venir des salles de cinéma française promet d'être maigre, on peut se poser cette question : entre ça et rien, le jour de sa sortie, qu'est que vous allez préférer ?...

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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