Header Critique : FILLE DE JACK L'EVENTREUR, LA (HANDS OF THE RIPPER)

Critique du film et du DVD Zone 2
FILLE DE JACK L'EVENTREUR 1971

HANDS OF THE RIPPER 

Suite au terrible assassinat d'une médium, le Docteur John Pritchard recueille la jeune fille qui travaillait pour la défunte. Assez vite, il apparaît évident que Anna n'est pas totalement innocente dans le drame. Mais le psychiatre décide de camoufler la vérité pour étudier et tenter de guérir ce qu'il pense être un cas de schizophrénie.

Si le fameux tueur en série britannique, Jack l'éventreur, est cité dans plusieurs productions de la Hammer Films, les métrages qui lui seront dédiés par la maison de production anglaise sont en fait peu nombreux. Bien avant que le studio ne se lance complètement dans le cinéma Fantastique, et particulièrement l'épouvante et l'horreur, la Hammer Films va produire ROOM TO LET en 1950. Le film se base sur une pièce de théâtre qui s'inspire pas mal d'un ouvrage de Marie Belloc Lowndes qui a d'ailleurs été adapté à plusieurs reprises au cinéma de façon plus officielle et directe, ne serait-ce que dans LES CHEVEUX D'OR d'Alfred Hitchcock. Vingt ans plus tard, la Hammer Films s'intéresse de nouveau au mystérieux Jack l'éventreur mais en développant une histoire assez particulière. Si on peut en effet découvrir le tueur dans ses œuvres lors d'un violent prologue, l'intrigue va ensuite se focaliser sur sa fille. Aucun mystère ne sera d'ailleurs fait quant aux origines de la jeune femme dans HANDS OF THE RIPPER, qui sera titré par un bien plus révélateur LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR en France. Le choix s'avère quelque peu curieux puisque le film révèle donc dès le départ ce qui aurait pu servir par la suite à provoquer de surprenantes révélations. LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR va donc suivre un canevas très linéaire où le suspense cède la place à l'horreur des meurtres ponctuant toute la durée du métrage. A l'époque, la productrice Aida Young semble ne pas faire grand cas du film, jugeant son sujet assez médiocre, et ce sera d'ailleurs le dernier métrage sur lequel elle travaillera pour le compte de la Hammer. Comme à son habitude dans ces années là, le studio enchaîne les films, en parallèle et en décalé, en localisant les productions aux studios de Pinewood et Elstree. LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR sera ainsi mis en chantier aux studios Pinewood alors que la maison de production est en train de se débattre avec des problèmes sur le tournage de BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB, localisé aux studios d'Elstree, et avant que ne débute les prises de vue de DR JEKYLL ET SISTER HYDE quelques semaines plus tard. A noter que ce dernier évoque, lui aussi, Jack l'éventreur en créant des liens plutôt astucieux entre ce tueur et une adaptation assez tordue de L'Etrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde écrit par Robert Louis Stevenson. A la réalisation de LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR, on retrouve Peter Sasdy qui a déjà tourné UNE MESSE POUR DRACULA et COUNTESS DRACULA pour la Hammer Films. Le cinéaste d'origine hongroise va bénéficier du même coup de chance que pour COUNTESS DRACULA. Pour sa reconstitution de la Hongrie du XVIIème siècle, il avait pu placer ses caméras dans des décors laissés par une grosse production historique anglaise (ANNE DES MILLE JOURS). De même, Peter Sasdy va pouvoir s'installer dans une reconstitution du XIXème siècle de Baker Street, laissée telle quelle par l'équipe de LA VIE PRIVEE DE SHERLOCK HOLMES réalisé par Billy Wilder quelques mois auparavant à Pinewood. Néanmoins, LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR aura déjà moins de veine avec la Cathédrale St Paul de Londres. Car le clergé refuse catégoriquement que l'équipe du film vienne tourner sur place. Cela oblige à reproduire le décor intérieur de la galerie des murmures en studio. Aida Young prend le parti de placer les acteurs devant une projection d'une image de la galerie, avec seulement le minimum d'éléments réellement reproduits en studio. Si l'effet n'est pas mal réalisé, à l'écran, cela n'est pas totalement naturel. Les comédiens semblent en effet se mouvoir devant un décor bizarrement figé. Mais on peut comprendre les réticences des gardiens de la Cathédrale au vu de l'épilogue du film…

Plutôt violent, LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR présente pas mal de séquences gratinées qui sont bien souvent plus suggérées à coups de jets d'hémoglobine écarlate. Pourtant certains effets sont réalisés avec beaucoup de soins par le maquilleur Roy Ashton et, en particulier, le passage avec les aiguilles à chapeaux plantés dans l'œil d'une prostituée. Il ne reste finalement pas grand chose de son travail car la censure anglaise est passée par-là. Toutefois, il est bon de rappeler que le comité de censure britannique et les maisons de production de films travaillent en quelque sorte la main dans la main. Le comité rend ainsi des avis tout au long de la création du film et libre ensuite aux producteurs de prendre en compte, ou pas, les séquences incriminées pour éviter une sanction. Le système n'est finalement pas si éloigné que cela du fonctionnement de la MPAA aux Etats-Unis. A l'époque de LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR, la Hammer Films décide donc de revoir le montage du film de façon à mettre en retrait les passages les plus corsés. Plus ou moins de gore, peu importe, LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR conserve finalement une violence souvent surprenante car provoquée par une jeune femme innocente. Guidée par la main du spectre de Jack l'éventreur, son père, ou bien traumatisée par son enfance, le film ne viendra pas vraiment apporter de réponse. Libre aux spectateurs de trancher. Il en va de même lorsque l'opportunité de démasquer le véritable Jack l'éventreur se présente. Mais plutôt que de faire une révélation, le film botte en touche de manière plutôt astucieuse par une simple réplique très ambiguë en raison du contexte et du personnage qui détient la véritable identité du tueur. Un détail qui n'a finalement pas une grande importance puisque l'intrigue ne se base pas vraiment sur cette célébrité criminelle. Si LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR fonctionne plutôt bien, ce sera essentiellement sur son ambiance et le charme de la production qui a su, avec peu de moyens, nous proposer une reconstitution honorable du XIXème siècle.

Enfin, dernier atout de LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR, le film met en vedette Eric Porter. A l'origine, il s'agit d'un acteur de théâtre renommé qui va aussi faire quelques apparitions dans des seconds rôles sur de grosses productions (LA CHUTE DE L'EMPIRE ROMAIN ou LES HEROS DE TELEMARK), mais surtout devenir une vedette à la télévision britannique grâce à quelques feuilletons de la BBC. A la recherche de noms connus, la Hammer Films propose donc au comédien de venir tourner LE PEUPLE DES ABIMES. Une première collaboration qui mènera ensuite l'acteur et la Hammer à travailler de nouveau sur cette FILLE DE JACK L'EVENTREUR. Toutefois, la maison de production sera un peu présomptueuse en voulant reprendre une troisième fois Eric Porter. Après LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR, une première affiche de DEMONS OF THE MIND est réalisée en mettant en avant le nom du comédien. Mais lorsque celui-ci sera consulté, il déclinera l'offre d'apparaître dans ce film en jugeant son rôle, ainsi que le sujet, bien trop proches de ceux de LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR. Les chemins de Eric Porter et de la Hammer Films ne se croiseront plus par la suite.

LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR n'est pas une nouveauté sur le marché DVD français. Il était déjà sorti une première fois en 2003 avec le magazine Mad Movies. Par la suite, le véritable éditeur, Opening, a ressorti le DVD à plusieurs reprises. Six ans plus tard, le métrage vient s'ajouter à la collection «Les Grands Classiques de l'Horreur» sans que le contenu du disque ne change. Comme pour les autres films de la Hammer sortis chez Opening (LE CIRQUE DES VAMPIRES et COUNTESS DRACULA), ce disque reprend un texte sur l'historique de la célèbre maison de production britannique. On trouve aussi, en plus, deux biographies. Celles du réalisateur, Peter Sasdy, et du comédien principal, Eric Porter.

Quant à lui, le film est proposé dans un transfert 16/9 plutôt très joli. La copie présentée est assez propre, hormis quelques petites tâches, et le DVD offre une résolution plus que satisfaisante. Autant dire que l'on peut revoir LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR dans d'excellentes conditions grâce à cette édition DVD proposant, de plus, le choix entre un doublage français ou la version originale anglaise sous-titrée. Quel que soit votre choix, il s'agit de pistes en mono d'origine où l'on ne notera pas de réel défaut.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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Une charmante reconstitution du XIXème siècle
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L'édition vidéo
HANDS OF THE RIPPER DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h21
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • La Hammer Films (texte)
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      • Peter Sasdy
      • Eric Porter
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