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Critique du film
BLACK DEVIL DOLL 2007

 

Mubia Abul-Jama est un activiste noir dont la seule technique de propagande semble être la violence. Condamné pour avoir sauvagement assassiné quinze jeunes femmes blanches, l'individu finira par griller sur la chaise électrique… Un soir qu'elle est seule, sans ami(e) et que la télévision ne diffuse aucun porno, Heather entreprend de tester maladroitement son Oui-Ja. A sa grande surprise, ses incantations font ressurgir l'âme du défunt Mubia qui se réincarne alors dans une simple poupée. Les propos obscènes de la marionnette black semblent stimuler Heather qui deviendra bien vite sa maîtresse. Malgré d'évidentes différences physiques, le couple vit en harmonie mais le jour arrive où Mubia réclame davantage de fesses blanches. Bien que jalouse, Heather appelle alors ses copines charnues à la rescousse. C'est bien évidemment à cet instant que les pulsions haineuses de la poupée pornophile vont refaire surface…

Spécialisée dans la création et la vente de Tee-shirts dédiés au cinéma d'exploitation ou aux cultures «undergrounds», la société RottenCotton décide en 2007 de franchir une étape et de se lancer dans la production d'un long métrage à maigre budget. Ce film, ce sera BLACK DEVIL DOLL, réalisé par Jonathan Lewis et écrit par Shawn Lewis, gérant de RottenCotton. Bien ce dernier s'en défende, son script est en réalité une resucée de BLACK DEVIL DOLL FROM HELL, un métrage lui aussi fauché datant de 1984. La malheureuse femme noire catholique qui subissait alors les assauts de la poupée perverse sera cependant remplacée dans le remake inavoué par une bande de jeunes pâlichonnes aux attitudes et aux tenues provocantes. Si BLACK DEVIL DOLL FROM HELL avait donc tendance à taper sur la religion, BLACK DEVIL DOLL s'articule plutôt autour du cliché de la «bête de sexe noire» allègrement véhiculé dans les films de la Blaxploitation des années 70. Et du sexe, il en aura… En paroles, avec un discours quasi-monomaniaque, mais aussi dans les actes puisque la poupée-titre n'aura en réalité d'autre ambition que de chevaucher tout ce qui passera à sa portée !

Ne vous méprenez pas cependant, BLACK DEVIL DOLL n'a rien d'un film pornographique. Nous serions d'ailleurs tentés de dire qu'il n'a rien de très érotique non plus et ce malgré un casting féminin à même de répondre à la plupart des préférences. Heather Murphy, l'héroïne du métrage, dispose par exemple d'un physique tout en rondeurs que n'aurait pas renié Russ Meyer ou Jonathan+Yudis, réalisateur de PEVERT!. Erika Branich, l'une de ses copines à l'écran, est pour sa part une culturiste à la musculature envahissante. Natasha Talonz n'a de son côté plus grand-chose d'humain tant la chirurgie (maçonnerie ?) semble avoir eu la main lourde sur sa poitrine et son visage. Terminons ce tour d'horizon avec Precious Cox, demoiselle au charme plus «classique» que nous nous devions tout de même d'évoquer en raison de son nom pour le moins grotesque (traduisible par «précieuses bites») ! BLACK DEVIL DOLL donnera donc au spectateur tout loisir de lorgner ces quelques demoiselles en tenues réduites, voire inexistantes. Nous pourrons les voir lustrer une voiture, s'adonner au «Twister» ou, bien évidemment, subir les assauts vigoureux et variés de la poupée infernale. Reste que comme nous l'avons évoqué, l'amateurisme de la mise en scène et le grotesque assumé des situations ont en définitive un impact bien plus comique qu'érotique.

En de nombreuses occasions, le comportement sexuel de la marionnette queutarde rappellera l'une des séquences phares de TEAM AMERICA : WORLD POLICE (en version non-censurée...). La mise en scène se montre bien moins inspirée mais BLACK DEVIL DOLL joue la clef de la surenchère graveleuse avec notamment quelques scènes d'éjaculations douteuses ainsi qu'une étonnante diarrhée acide. Difficile par ailleurs de ne pas esquisser un sourire devant cette poupée adepte de la fessé et des bons mots. Le terme «Fuck» et la vulgarité en général seront bien évidemment au rendez-vous mais feront davantage mouche que dans, par exemple, GUTTERBALLS. Le réalisateur prendra par ailleurs grand soin d'intégrer quelques publicités pour ses Tee-Shirts, ici particulièrement distendus, et le show bien gras qu'est «Brawlin' Boards». Là encore, les séquences seront suffisamment décalées pour décrocher le sourire complice du spectateur…

BLACK DEVIL DOLL a par ailleurs pour ambition d'aligner quelques séquences de meurtres rougeoyantes. Bricolés avec deux rouleaux d'essuie-tout et trois pots de ketchup, ces effets gores ne sont pas des plus convaincants mais sont amenés par d'étonnants «flash» déclencheurs de l'hystérie criminel de Mubia Abul-Jama. L'idée s'avère d'autant plus amusante qu'elle va jusqu'à faire coïncider une image de George W. Bush avec l'un des orgasmes déments de la poupée afro ! Au chapitre des trouvailles amusantes, nous citerons par ailleurs une séquence animée située en tout début de métrage. D'une qualité étonnante en regard du reste du film, cette courte scène nous invite à découvrir le sort que réserve la poupée tueuse au jury blanc de la commission de censure. Dans le même esprit, BLACK DEVIL DOLL s'ouvre sur un générique james-bondien des plus réussis, faisant avec ironie la part belle à quelques replètes demoiselles…

Reste que malgré ses quelques idées amusantes, son casting féminin prompt à se dessaper et son humour parfois efficace, BLACK DEVIL DOLL est un film qui montre assez vite ses limites. Celui d'un métrage basé uniquement sur un concept (limité), au scénario inexistant et à la progression souvent laborieuse. Très vite, le spectacle semble tourner en rond et aligner avec plus ou moins de succès les séquences charnues et les dialogues fleuris. Malgré sa courte durée, BLACK DEVIL DOLL parvient donc à ennuyer et l'on en vient à penser que la bande-annonce se suffisait peut être à elle-même ou qu'un format court d'une vingtaine de minutes aurait pu suffire. Le générique du film, comportant une nouvelle séquence, confirme cette impression et continue de broder, se répétant à n'en plus finir sur une durée de dix minutes. Au final, le métrage s'inscrit plus du côté des petites curiosités que des oeuvrettes à découvrir séance tenante…

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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