Header Critique : AU-DELA DE L'ILLUSION (DEATH DEFYING ACTS)

Critique du film et du DVD Zone 2
AU-DELA DE L'ILLUSION 2007

DEATH DEFYING ACTS 

A Edimbourg dans les années 20, Mary McGarvie (Catherine Zeta-Jones) et sa fille Benji (Saoirse Ronan) tentent de survivre en donnant de pitoyables spectacles de voyance. C'est alors que le célèbre magicien Houdini (Guy Pearce) arrive en ville, promettant une généreuse somme d'argent au medium qui le mettra en contact avec l'esprit de sa mère défunte. Mary va tenter le tout pour le tout pour remporter la récompense, quitte à s'immiscer dans la vie personnelle et affective d'Houdini.

Harry Houdini est l'un des plus célèbres prestidigitateurs de l'histoire, connu pour être «le roi de l'évasion». D'origine hongroise, il émigre aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle. Son tour le plus célèbre consistait à s'immerger dans un conteneur rempli d'eau tout en étant enchaîné. Houdini se libérait de ses entraves et s'évadait de sa cuve devant l'admiration générale. Sa réputation, indiscutable à l'époque, de «plus grand magicien du monde» vient également du fait qu'il sillonnait le pays pour démasquer les faux médiums et les charlatans. Au cinéma, Houdini a été interprété par Tony Curtis en 1953 dans HOUDINI LE GRAND MAGICIEN de George Marshall, par Paul Michael Glaser dans un téléfilm en 1976, mais aussi par Harvey Keitel dans LE MYSTERE DES FEES en 1997 ou encore par Norman Mailer dans le film d'art CREMASTER 2 de Matthew Barney en 1999.

La récente vague des films de magie avec d'un côté LE PRESTIGE de Christopher Nolan et de l'autre L'ILLUSIONISTE de Neil Burger a visiblement encouragé le personnage à s'incarner une nouvelle fois à l'écran. C'est le comédien Guy Pearce (MEMENTO de Nolan justement ou encore L.A. CONFIDENTIAL de Curtis Hanson) qui prête ses traits au personnage, allant jusqu'à adopter l'impeccable musculature d'Houdini. AU-DELA DE L'ILLUSION n'est pourtant pas un biopic classique même si le film reprend nombre d'éléments réels (comme la chasse aux faux médiums engagée par le magicien). Gillian Armstrong, la réalisatrice à qui l'on doit une version des QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARCH avec Winona Ryder ou encore Kirsten Dunst, est plus intéressée par la reconstitution de l'Ecosse des années 20 ou encore par les «petites gens». Le véritable personnage principal du film n'est pas non plus Catherine Zeta-Jones mais sa fille interprétée par la jeune Saoirse Ronan, nominée à l'Oscar du meilleur second rôle en 2008 pour REVIENS-MOI de Joe Wright.

AU-DELA DE L'ILLUSION épouse le regard de la jeune fille sur sa mère Mary, femme célibataire prête à tout pour survivre à sa pauvreté, et sur le célèbre Houdini, dont l'éclatante réussite cache en réalité des fêlures d'âme profondes. Assez vite, nous nous rendons compte que l'univers de la magie ne passionne pas les auteurs du film qui l'utilisent comme un prétexte à une histoire d'amour entre Houdini et Mary. Un amour ambigu car cette dernière se rapproche du magicien uniquement pour tenter de gagner un concours médiumnique où Houdini met au défi les voyants de révéler les derniers mots de sa mère défunte. Dès que l'homme aura le dos tourné, Mary fouillera ses affaires personnelles dans l'espoir de pouvoir trouver des éléments lui permettant de tricher au concours. Bien évidemment, la fille de Mary s'apercevra que la romance deviendra de moins en moins «simulée» chez sa mère.

Même si le film se permet quelques apparitions fantomatiques imaginaires, AU-DELA DE L'ILLUSION coupe tous les cordons avec le cinéma de genre pour adopter le ton très classique de l'histoire romantique d'époque. A ce titre, la reconstitution de la capitale Ecossaise des années 20 est très impressionnante, d'autant que le film ne fut pas tourné à Edimbourg mais à Londres. La direction artistique impeccable est mise en relief par une photographie très élégante que l'on doit à Haris Zambarloukos. L'homme ne change pourtant pas la formule gagnante du PRESTIGE et livre une photographie très inspirée du film de Nolan. Pour l'anecdote, Zambarloukos était directeur photo de deuxième équipe de BATMAN BEGINS toujours de Nolan.

Le gros point faible de AU-DELA DE L'ILLUSION est en réalité sa relative froideur. La romance ne prend malheureusement pas dans le cœur du spectateur. La faute n'est pas à imputer aux comédiens, tous très impliqués, mais à un récit simple et limité en enjeux. La mise en scène ne cherche pas non plus à pimenter ses situations et ses personnages, pensant que la force de sa reconstitution fera tout le travail. Ce n'est malheureusement pas le cas. AU-DELA DE L'ILLUSION paraît de ce fait peu ambitieux, routinier, et gâche quelque peu le personnage d'Houdini pour une bluette de téléfilm. Le film n'est pas un mauvais moment pour autant, bien au contraire. Mais force est de reconnaître que nous sommes loin du niveau de ses deux modèles.

Inédit en salle, AU-DELA DE L'ILLUSION nous arrive directement en DVD dans une édition qui ne fait pas dans le faste et l'artifice. L'image est d'une qualité satisfaisante pour du cinéma récent, même si on déplore des noirs assez peu profonds et une compression pas toujours finaude. Les pistes audio font également leur travail avec un mixage peu porté sur les effets surround au profit d'un son assez frontal. La section bonus est quelque peu improvisée car, outre la bande-annonce, nous avons droit à une archive d'interviews «à monter» de l'équipe du film. Ces interviews sont en fait des «rushes» issus du dossier de presse vidéo du film destinés aux professionnels du montage pour construire leurs making-of ou reportages. Nous sommes donc face à une série de questions posées à l'identique pour quasiment chacun des intervenants et donnant des réponses (préparées) fort redondantes. Promo oblige, les propos nous racontent l'histoire en long en large et en travers, et nous dévoilent à quel point tout le monde est «merveilleux». Des propos fades rattrapés par les interventions de l'équipe décors et costumes, qui se permettent (enfin) quelques informations intéressantes sur leur travail.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
48 ans
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287 critiques Film & Vidéo
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Une jolie reconstitution
Des acteurs impliqués
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Un sujet fort traité un peu comme une bluette de téléfilm
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L'édition vidéo
DEATH DEFYING ACTS DVD Zone 2 (France)
Editeur
CTV
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h33
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      • Entretien avec l’équipe du film
      • Guy Pearce (7mn53)
      • Catherine Zeta-Jones (6mn14)
      • Timothy Spall (6mn07)
      • La réalisatrice Gillian Armstrong (9mn47)
      • Les scénaristes Brian Ward et Tony Grisoni (6mn19)
      • La directrice artistique Gemma Jackson (3mn45)
      • La costumière Suzannah Buxton (3mn47)
      • Le consultant en magie Scott Penrose (3mn43)
    • Bande-annonce
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