Header Critique : TOTAL RECALL (BLU-RAY)

Critique du film et du Blu-ray Zone B
TOTAL RECALL 1990

BLU-RAY 

Chaque nuit, Doug Quaid fait le rêve d'arpenter le sol martien en compagnie d'une énigmatique jeune femme. Obsédé par ce songe récurrent, il décide de s'offrir des vacances martiennes mais plutôt que d'opter pour le bon voyage en vaisseau spatial, il choisit de se rendre chez Rekall. Cette entreprise propose d'implanter des souvenirs dans la mémoire de ses clients. Mais tout ne se passe pas comme prévu et Doug Quaid se trouve pris dans un complot à base de mutants et rébellion martienne.

Peu attiré par la science-fiction, Paul Verhoeven va pourtant signer coup sur coup deux œuvres dans ce domaine lorsqu'il s'implantera aux Etats-Unis. Ce sera ROBOCOP puis quelques années après TOTAL RECALL. Ce dernier est une adaptation d'une nouvelle de Philip K. Dick qui essaie vainement d'être adapté au cinéma depuis pas mal de temps déjà. David Cronenberg va d'ailleurs s'atteler à la préparation d'un film qui sera jugé par la production, au final, bien trop «Philip K. Dick». Entre en scène un acteur inattendu qui va donner le véritable coup d'envoi d'un film qui va dès lors prendre une orientation très différente de celle du matériel d'origine. D'une mise en abyme paranoïaque sur une intrigue de thriller, l'histoire de Philip K. Dick devient un véhicule taillé à la gloire de Arnold Schwarzenneger. Ce dernier va d'ailleurs beaucoup s'investir dans ce projet et il proposera la réalisation du film à Paul Verhoeven dont il a apprécié ROBOCOP.

Au final, TOTAL RECALL n'est donc pas une adaptation fidèle de la nouvelle «Souvenirs à vendre» de Philip K. Dick. Le film prend en effet des libertés avec l'œuvre littéraire et extrapole de nombreux rebondissements totalement absents de l'histoire originale. La plus grosse des entorses envoie le personnage sur la planète Mars là où Philip K. Dick ne faisait qu'évoquer la planète rouge. A l'écran, le film prend des airs de grosses productions de science-fiction s'éloignant donc pas mal de la nouvelle. Pourtant, TOTAL RECALL respecte en certains points le concept de l'histoire d'origine mais y appose une facture beaucoup plus spectaculaire à grands coups d'effets spéciaux, fusillades et affrontements violents. Le film va d'ailleurs rencontrer un énorme succès lors de sa distribution dans les salles à travers le monde. Mais TOTAL RECALL n'est pas qu'un simple film d'action bourrin mettant en vedette l'une des grandes «stars» du box office américain de l'époque. Sous couvert d'un «blockbuster» décérébré, TOTAL RECALL est surtout un métrage installant un propos construit et intelligent dans un pur cinéma de divertissement. Ainsi, on retrouve la notion de fausses mémoires et donc de perte de repères face à ce qui pourrait n'être qu'une version artificielle de la réalité. Le film de Paul Verhoeven va d'ailleurs s'ingénier à brouiller les cartes en laissant planer le doute. De quoi alimenter de nombreuses discussions entre cinéphiles. Si l'ambiance générale de la nouvelle de Philip K. Dick passe un peu à la trappe, TOTAL RECALL en conserve tout de même son essence. David Cronenberg fera d'ailleurs un peu preuve de mauvaise fois en jugeant le film comme une grosse boursouflure hollywoodienne. L'homme n'ayant peut être toujours pas digéré que sa vision du film n'ait jamais été portée à l'écran. Quoi qu'il en soit, TOTAL RECALL est largement plus osé que d'autres grosses production de l'époque. Avec le recul, le film de Paul Verhoeven prend aussi de la bouteille sans vraiment prendre une ride et expose encore plus aujourd'hui les ambiguïtés d'un pur divertissement où l'on évoque pourtant la lutte des classes, l'ostracisme ou encore le terrorisme comme une forme de rébellion contre l'oppression. Avec ROBOCOP, Paul Verhoeven déboulonnait déjà la société et il continuait de le faire avec cet insidieux et jouissif TOTAL RECALL.

Après TOTAL RECALL, Paul Verhoeven va s'éloigner de la science-fiction pour mieux y revenir en 1997 avec le brûlot STARSHIP TROOPERS suivi de L'HOMME SANS OMBRE. Ce dernier viendra clore un trio de flops américains initié par SHOWGIRLS qui mèneront le cinéaste à retourner dans son pays d'origine. Si le chemin de Arnold Schwarzenneger et Paul Verhoeven ne se recroiseront pas, le réalisateur néerlandais retravaillera avec Michael Ironside sur STARSHIP TROOPERS et surtout donnera le rôle qui va établir le statut de «star» de Sharon Stone avec BASIC INSTINCT. Au rang des acteurs, on notera que Ronny Cox trouve dans TOTAL RECALL un rôle très similaire à celui qu'il interprétait dans ROBOCOP. Le premier rôle féminin est plutôt curieux puisqu'il revient à Rachel Ticotin, comédienne peu habituée jusque là de ce type d'interprétation. Le film met aussi en valeur les effets spéciaux de maquillages traditionnels particulièrement réussis de Rob Bottin à une époque où les trucages numériques en sont encore à leurs balbutiements.

L'arrivée de TOTAL RECALL en Blu-ray se fait avec un temps de retard sur sa première sortie en haute définition. Jusque là, Studio Canal avait misé sur le HD-DVD, format dans lequel le film de Paul Verhoeven était déjà sorti. Il est d'ailleurs assez amusant de constater qu'il n'y a que peu de différences entre les deux éditions qui vont jusqu'à partager des menus totalement identiques. Mais des différences, il y en a et, justement, en copiant directement les menus du HD-DVD, on obtient une mention des plus incongrues lors du choix des langues. Sur le HD-DVD, la piste audio française était encodée sur deux canaux (au format DTS) de manière à restituer la bande sonore en Stéréo surround d'époque. La mention «Stéréo» sur le menu pouvait donc se comprendre puisque le disque ne diffusait que deux canaux qui ne sont décodés qu'en aval par un ampli audio/vidéo. Mais pour le Blu-ray, il ne s'agit plus d'une piste stéréo surround mais d'un mixage 5.1 encodé en DTS HD High Resolution. Pourtant la mention «Stéréo» est donc restée sur le menu de ce Blu-ray.

A l'époque de la sortie de TOTAL RECALL, la plupart des gros films américains sont mixés en stéréo surround. Le doublage français était donc l'un des derniers vestiges de cette époque puisqu'un mixage 5.1 de la version anglaise avait déjà été fait dès la première sortie en DVD du film. Ce nouveau mixage du doublage français offre une plus grande puissance mais s'accompagne d'un léger zèle dans les effets percutants qui accentuent son aspect artificiel. Hormis cette petite pointe de «Monsieur Plus», ce mixage 5.1 ne creuse pas pour autant un écart gigantesque avec la piste d'époque en stéréo surround. De son côté, la version originale anglaise est beaucoup plus naturelle. Si le rendu sonore sait être spectaculaire, il faut préciser que nous sommes assez éloignés des pistes audio d'aujourd'hui. Une grande partie de l'activité sonore se fait essentiellement en façade et les surrounds ne sont surtout là que pour donner de l'ampleur aux effets d'ambiance et à la partition musicale de Jerry Goldsmith. A noter que si la piste française est en DTS HD High Resolution, la version anglaise est encodée en DTS HD Master Audio. Mais, à vrai dire, à l'écoute, on ne verra pas une différence énorme avec la piste Dolby Digital 5.1 qui se trouvait sur l'édition précédente parue en DVD.

Là où le Blu-ray de TOTAL RECALL marque des points, c'est bien évidemment avec son transfert 16/9 en 1080p/24. Il est d'ailleurs peut être intéressant de pointer un détail qui est rarement soulevé. Les DVD étaient en PAL et, en raison de ce format vidéo, accélérait très légèrement le défilement des films ce qui pouvait être plus ou moins notable à l'œil mais aussi à l'oreille. Grâce à la haute définition, en France, les films sont enfin diffusés en vidéo selon la même vitesse qu'au cinéma ce qui évite donc les désagréments du passé. Mais pour en revenir à l'image, pas de surprise, ce transfert en haute définition laisse largement derrière lui les précédentes éditions DVD sorties en France chez Studio Canal. Les détails à peine esquissés se révèlent et surtout le film se montre avec une bien meilleure gestion des couleurs. Certains vont peut être tiquer sur quelques défauts mais ils sont très certainement liés à la source d'origine.

Retrouver TOTAL RECALL en haute définition est un bonheur. Mais il sera de courte durée lorsque l'on constatera l'absence totale de suppléments. Pourtant l'éditeur dispose du commentaire audio de Paul Verhoeven et de tout un tas de compléments qui sont venus s'ajouter aux éditions DVD sorties les unes après les autres ces dernières années. La politique de prix de l'éditeur, parmi les plus bas en ce moment sur le front du Blu-ray en France, n'explique pas pour autant cette présentation des plus spartiates. Ceux qui ont acheté et racheté de nouveau des éditions DVD de leurs films préférés pour l'ajout de suppléments ne peuvent que se sentir un peu pris en otage avec la perspective de ressorties au contenu plus étoffé.

Donc, il n'y a pas de making-of, pas d'interviews ni même de bande-annonce. Rien, le désert total ! A l'exception de deux ajouts ironiquement appelés «En +». Il s'agit d'un coté d'une mire de réglage pour votre écran haute définition et de l'autre un module de test sonore. Attention louable. On sera par contre beaucoup plus sceptique sur le module de calibrage sonore qui ressemble bien plus à un test pour savoir si vous n'avez pas oublié de brancher vos enceintes. Car, honnêtement, les amplis audio/vidéo d'aujourd'hui font beaucoup mieux de leur propre chef en matière de réglage sonore. Le disque est indiqué "A" et "B" ce qui pourra intéresser les possesseurs de lecteurs d'une autre zone que la France.

Rédacteur : Antoine Rigaud
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Un thriller bourrin particulièrement malin
L'image en haute définition permet de redécouvrir le film
On n'aime pas
Mais où sont les suppléments ?
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L'édition vidéo
TOTAL RECALL Blu-ray Zone B (France)
Editeur
Support
Blu-Ray (Simple couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h53
Image
1.85 (16/9)
Audio
English DTS Master Audio 5.1
Francais DTS 5.1
German DTS 5.1
Portuguese DTS 5.1
Sous-titrage
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      Aucun
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