Header Critique : SWEENEY TODD : LE DIABOLIQUE BARBIER DE FLEET STREET (SWEENEY TODD : THE DEMON BARBER OF FLEET STREET)

Critique du film et du Blu-ray Zone B
SWEENEY TODD : LE DIABOLIQUE BARBIER DE FLEET STREET 2007

SWEENEY TODD : THE DEMON BARBER OF FLEET STREET 

De retour à Londres après une longue absence, un barbier change de nom pour retrouver son occupation professionnelle avec laquelle il compte bien accomplir sa vengeance. Mais avant de l'assouvir, il va s'allier à sa voisine pour cuisiner ses riches clients…

Le personnage de Sweeney Todd n'a très probablement jamais existé même si certains faits divers, dont l'un s'est déroulé en France, s'en rapprochent. Mais en partant d'une histoire publiée dans de petites publications à sensation vendues pour un penny, la renommée du personnage va rapidement dépasser son cadre de fiction pour rejoindre les croyances populaires et autres légendes urbaines. Très vite, l'histoire va être transposée sur les planches de théâtre puis au cinéma. La version la plus connue remonte à 1936 et met en scène le comédien Tod Slaughter. Véritable croquemitaine, le personnage n'a comme seule motivation l'appât du gain et tranche des gorges pour seulement quelques piécettes. Un peu retombé dans l'oubli, il va ressurgir dans le courant des années 70 une nouvelle fois au théâtre via une pièce écrite par Christopher Bond. Le dramaturge va modifier la légende originale pour donner des motivations plus louables à son personnage central. Ainsi, il n'usera plus de son rasoir pour obtenir des richesses mais plutôt par vengeance. De maléfique, Sweeney Todd adopte une figure tragique. C'est en découvrant cette pièce de théâtre que Stephen Sondheim a l'idée d'en proposer une version musicale. L'homme n'en est pas à son coup d'essai puisqu'il a participé à WEST SIDE STORY ou bien a créé différents spectacles de ce type. L'idée de mélanger l'horreur et la tragédie avec la comédie musicale paraît pourtant contre nature. Le défi est relevé par le musicien qui monte à Londres, en 1979, une première version du spectacle qui mettait en scène Angela Lansbury et George Hearn. Le succès n'est pas immédiat mais finit tout de même par arriver. Dès lors, le sujet va titiller producteurs et cinéastes pendant plusieurs années sans qu'aucun projet ne démarre véritablement. Stephen Sondheim n'étant de toutes façons pas très intéressé par une transposition sur grand écran puisqu'il avoue lui-même ne pas aimer les comédies musicales au cinéma !

Ce n'est pas Tim Burton qui va lancer la machine puisqu'un véritable projet va tenter d'être mis sur pied durant quelques années aux alentours de l'an 2000 avec brièvement à sa tête Rob Marshall puis le réalisateur Sam Mendes qui en confiera l'écriture au scénariste John Logan. Finalement, Sam Mendes va quitter le navire et Tim Burton aura l'opportunité d'entrer en scène. Le cinéaste avait d'ailleurs déjà contacté Stephen Sondheim après avoir découvert le spectacle musical lors de sa première à Londres. De son côté, Tim Burton n'est pas vraiment novice dans le domaine de la comédie musicale puisqu'il a déjà travaillé sur des films de ce type à l'instar du NOEL DE MONSIEUR JACK. De plus, la période semble plutôt bonne car, après un long passage à vide où les films musicaux semblent avoir été abandonnés totalement, le genre refait surface avec parfois de grands succès. Dans le domaine du «Fantastique», Andrew Lloyd Weber en profite, par exemple, pour porter à l'écran son FANTOME DE L'OPERA, un spectacle musical inspiré de l'œuvre de Gaston Leroux. Tim Burton retrouve le producteur Richard Zanuck, qui ont collaboré auparavant sur une deuxième adaptation cinématographique du «Charlie et la chocolaterie» de Roald Dahl. Dès le départ, il est prévu de réaliser une relecture du spectacle original plutôt qu'une adaptation littérale. Partant d'un matériel original d'environ trois heures, l'histoire va se retrouver condensée et ré-agencée pour entrer dans les limites d'un film de deux heures. Abandonnant des personnages, des sous-intrigues et même des numéros musicaux, la version cinéma ira droit à l'essentiel en se focalisant sur la vengeance de Sweeney Todd !

Dès les premières images, il n'y a pas d'erreur, nous sommes dans un film de Tim Burton. Le générique fait pleuvoir du sang sur Londres et la caméra en vient à déambuler autour du siège machiavélique du barbier pour entrer dans ses rouages ou bien s'intéresser à la confection des pâtisseries. Passé ce générique en images de synthèse, le film va s'atteler à dépeindre un Londres très sombre et fantasmé par l'œil du cinéaste. Dans SWEENEY TODD : LE DIABOLIQUE BARBIER DE FLEET STREET, le spectacle visuel est donc grandement assuré par sa direction artistique : des décors conçus par Dante Ferreti aux magnifiques costumes. Bien que cela ne soit pas vraiment une première, de véritables acteurs de cinéma vont interpréter eux-mêmes les chansons originales. Johnny Depp, habitué des films de Tim Burton, devient donc Sweeney Todd, ce qui l'amène à chanter pour la première fois dans un film. Car si l'acteur était déjà au générique du CRY BABY de John Waters, il avait été doublé pour les parties musicales. Cette fois-ci, c'est donc sans filet qu'il pousse des vocalises en compagnie d'autres comédiens peu habitués à ce type d'exercice tel que Alan Rickman et surtout Helena Bonham Carter. On constatera d'ailleurs sans peine que cette dernière est étrangement celle qui s'en sort le mieux tout en incarnant finalement un personnage bien plus attachant que Sweeney Todd. Mais c'est cet attachement qui fait un peu défaut à cette œuvre d'une incontestable réussite formelle. L'élagage de l'œuvre originale ne s'explique peut être pas pour autant dans un récit qui semble pourtant avancer par à-coups ou ne s'intéresser que très platement à un pan de l'histoire. Le personnage de Sweeney Todd semble, autant que le cinéaste, se désintéresser totalement de sa fille pour se focaliser essentiellement sur sa vengeance. A partir de là, il apparaît difficile de s'attacher véritablement au destin tragique du barbier vengeur. D'un point de vue musical, SWEENEY TODD : LE DIABOLIQUE BARBIER DE FLEET STREET est aussi assez éloigné des spectacles habituels du genre. Le faste des numéros musicaux extravagants est ici remplacé par une jolie reconstitution gothique de Londres et une approche le plus souvent intimiste. Choix dicté à l'évidence par un sujet plutôt sombre mais qui reste tout de même assez surprenant.

Mélanger horreur et numéros musicaux faisant progresser le récit est assez étonnant. Mais force est de reconnaître que ce mélange contre-nature passe plutôt bien dans cette adaptation cinématographique. Tim Burton n'a pas édulcoré son sujet et son personnage principal en vient à trancher de nombreuses gorges d'où l'hémoglobine coule à flots. Parmi les victimes du barbier, on retrouve Timothy Spall et Sacha Baron Cohen, les deux comédiens rejoignant une distribution de très grande qualité. Mais, même après avoir additionné tous les points forts du film, à l'issue des deux heures de projection, on n'a un peu l'impression d'avoir assisté à un spectacle magnifique mais un peu désincarné. Tout dans le sujet allait pourtant dans le sens des meilleurs œuvres de Tim Burton mettant en avant une palette des «monstres» écorchés par la vie. Une petite déception en somme !

Avec un film comme SWEENEY TODD : LE DIABOLIQUE BARBIER DE FLEET STREET, la haute définition ne se refuse pas. La beauté des décors et des costumes ainsi que tous les petits détails sont retranscrit avec une minutie sans pareil. Le spectacle prend dès lors tout son sens avec un transfert 1080p de toute beauté. Couleurs et détails sont d'une stabilité sans faille pour un résultat véritablement impressionnant. Le doublage français en Dolby Digital 5.1 paraîtra peu pertinent puisque seuls les dialogues sont en langue française alors que toutes les chansons sont en anglais. Autant directement passer par la version originale, elle aussi en Dolby Digital 5.1. Par contre, la version anglaise se voit aussi attribué une piste en Dolby TrueHD qui, comme pour l'image, creuse un écart avec le son auquel nous sommes généralement habitué. De quoi redécouvrir la profondeur et les petites finesses d'une bande sonore qui rendra justice à des enceintes qui semblent enfin s'épanouir totalement. Du grand art !

Les suppléments sont composés d'un grand nombre de Featurettes. La plupart de ces mini-documentaires sont présentés ici en haute définition (en 1080i) à l'exception de deux modules proposés en définition DVD. Il s'agit d'un making-of réalisé par la chaîne HBO et d'une conférence de presse enregistrée à Londres. Cette dernière sort du lot en présentant une équipe détendue qui n'hésite pas à se lancer des blagues dans un registre promotionnel généralement plus studieux. Les autres suppléments sont donc tous en haute définition. Les plus intéressants vont traiter de sujets didactiques tel que les origines du personnage principal, la vie à Londres durant cette époque, le spectacle musical original ou encore la tradition du Grand Guignol. Bien fait, ces suppléments éclairent agréablement tout ce qui tourne autour du film. Les autres segments vidéos se proposeront de faire la lumière sur la production du film de manière bien moins réussie car restant dans un domaine très promotionnel. Du coup, avant Tim Burton et son implication dans cette adaptation, il est fait table rase de ceux qui l'ont précédé. De même, l'engagement de Christopher Lee dans le film est totalement occultée et on ne verra donc pas l'acteur pousser la chansonnette ce qu'il a déjà fait à l'écran, par exemple dans WICKER MAN. Toutefois, si ses suppléments sont très polissés, il reste tout de même sympathique par exemple en laissant s'exprimer Dante Ferreti ou bien en nous montrant les essais des maquilleurs pour les effets sanguinolents du film. Enfin, toujours dans un cadre promotionnel, la personnalité de Tim Burton et de Helena Bonham Carter s'avèrent finalement très sympathique ! Le segment «Le refrain du rasoir» est, par contre, assez différent puisqu'il s'agit d'un morceau musical sur lequel défilent des photos. Justement, des photos, on en trouve aussi dans une petite galerie mélangeant clichés promotionnels ou de tournage avec des dessins de production !

Rédacteur : Antoine Rigaud
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Un spectacle visuellement magnifique
D'excellents acteurs avec, en tête, Helena Bonham Carter
Une expérience en haute définition qui prend tout son sens
Des suppléments sympathique
On n'aime pas
Implication émotionnelle étrangement absente
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L'édition vidéo
SWEENEY TODD : THE DEMON BARBER OF FLEET STREET Blu-ray Zone B (France)
Editeur
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h57
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital HD 5.1
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
German Dolby Digital 5.1
Italian Dolby Digital 5.1
Spanish Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Supplements
    • Burton + Depp + Carter = Todd (26mn08)
    • Sweeney Todd existe (20mn08)
    • Retouche musicale (12mn02)
    • Londres Selon Sweeney (16mn15)
    • Le Grand Guignol (19mn15)
    • Les décors du diabolique barbier (8mn52)
    • Une profession sanglante (8mn50)
    • Le Making-of de Sweeney Todd (24mn)
    • La conférence de presse à Londres (19mn40)
    • Le refrain du rasoir (8mn36)
    • Galerie de photos
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