Header Critique : DR. RICTUS (DR. GIGGLES)

Critique du film et du DVD Zone 2
DR. RICTUS 1992

DR. GIGGLES 

Quelque peu traumatisé par les douteuses activités de son chirurgien de père, le jeune Evan Rendell aime à ouvrir le torse de ses ours en peluche. A la mort de ses parents, il sera interné dans un hôpital psychiatrique mais n'en oubliera pas pour autant ses morbides activités. Aussi, de nombreuses années plus tard, Rendell s'échappera et retournera dans la demeure familiale afin de poursuivre le carnage débuté par son paternel dérangé.

DR. RICTUS sort aux États-Unis le 23 octobre 1992 avant de débouler, trois mois plus tard, sur le sol français. Ce timbré de Docteur sera plutôt bien accueilli sur l'hexagone puisqu'il va être convié aussi sec au 21ème et dernier Festival d'Avoriaz. Reste qu'entre les ACTION MUTANTE de Álex de la Iglesia, CANDYMAN de Bernard Rose, BRAINDEAD de Peter Jackson et EVIL DEAD III : L'ARMEE DES TENEBRES de Sam Raimi, le film a tout de même une sacrée concurrence ! Le «Grand Prix » sera bien évidemment décroché par les zombies et autre singe-rat de Jackson mais le docteur Evan Rendell ne sera pas en reste et repartira avec le tout aussi prestigieux «Prix Spécial du Jury». Il s'agit là d'une récompense particulièrement respectable qui le devient d'autant plus si l'on prend en considération le genre auquel appartient DR. RICTUS. En effet, le Slasher-movie connaît à l'époque un essoufflement très sérieux dut à presque quinze années d'un essorage dans les règles. Les séries B se sont multipliées, rivalisant au choix de médiocrité ou d'ingéniosité, et les plus cultes des sagas comptent déjà cinq voire huit volets (HALLOWEEN et VENDREDI 13) ! Dès lors, on ne peut que s'étonner que la recette mainte fois rabâchée fonctionne encore...

A la vision du film, il apparaît comme évident que les scénaristes Manny Coto (aussi réalisateur du métrage) et Graeme Whifler ont visé juste avec cette histoire de toubib dément. Loin des demeurés revanchards auxquels le genre nous a habitué, le personnage de Rendell exerce, ou plutôt «prétend exercer», la médecine. A priori, nous avons là une profession fort respectable généralement synonyme de bien-être retrouvé et de guérison imminente. Mais pour le chaland, le corps médical est aussi une véritable source d'angoisses en puissance. Gants de caoutchouc, masque voilant les émotions, tenue blanche et instruments métalliques à usage inconnu sont autant d'éléments qui suscitent l'incompréhension et par conséquent la crainte. Les chirurgiens et les dentistes, sources potentielles de douleur et de plaies rougeoyantes, se positionnent sans mal comme étant les spécialistes les plus effrayants de la profession... C'est bien entendu cette voie qui sera explorée pour les besoins de DR. RICTUS. Le Docteur Rendell débutera donc ses «consultations» par de banales interventions telles qu'une injection mortelle ou une liposuccion par la gorge. Mais bien vite, l'homme détournera l'usage de différents instruments pour finir par tester ses propres créations !

De tels moyens auraient cependant été vains sans un acteur de qualité pour incarner le toubib dérangé. Là encore, DR. RICTUS fait mouche en offrant le rôle principal à Larry Drake. Fort de sa bonhomie, celui qui fût un extraordinaire adversaire pour le DARKMAN de Sam Raimi nous offre ici un personnage d'assassin haut en couleurs. Jouant de son regard rond et bleu, Drake passe d'une attitude sympathique et même empathique à une férocité déconcertante. Son sourire (d'où vient le titre français) ainsi que son petit rire sardonique (d'où découle le titre original) contribuent là encore à faire du personnage de Evan Rendell un être aussi odieux qu'amusant, usant d'un humour noir plus que bienvenu. Grâce à cela, DR. RICTUS surfe avec brio sur la vague «comique» qui touche à l'époque le cinéma d'horreur. Chaque atrocité se voit ainsi ponctuée d'une réplique décalée plutôt bien vue. Le métrage trouve dès lors le juste équilibre entre un ton général plutôt décontracté et une tension assez souvent présente.

Cet équilibre plutôt complexe, Manny Coto le gère du reste avec un certain talent. Un constat d'autant plus étonnant que le monsieur avait assez mal débuté sa carrière de réalisateur avec un PLAYROOM juste passable et un COVER UP violemment pourri ! Reste qu'avec DR. RICTUS, Coto frappe fort et se montre par instants très inventif, osant même quelques plans particulièrement étonnants. Le générique d'introduction nous invite par exemple à un voyage dans l'organisme de ce qui s'avère être une victime du fameux Docteur. Réalisée en images de synthèse, cette préface suffit à intriguer de par son audace et son originalité. Dans le même ordre d'idée, Coto nous gratifiera d'un plan de Larry Drake filmé depuis l'intérieur de la bouche de l'une de ses victimes ! Tout aussi étonnante sera la supercherie utilisée par le jeune Evan Rendell pour fuir la police. Aussi amusante que glauque, cette «deuxième naissance» marque les esprits et confère au métrage une touche unique tout à fait appréciable…

Malgré son capital sympathie monstrueux et son inventivité notable, DR. RICTUS n'est pourtant pas exempt de défauts. On pourra notamment reprocher au film un déroulement particulièrement linéaire et sans surprise. Les crimes se succèdent ainsi pour le plus grand bonheur du spectateur mais, entre ces événements réjouissants, le film demeure assez plat et fourmille de dialogues inutiles débités par des victimes au jeu particulièrement douteux. Seule Holly Marie Combs, interprète de l'héroïne, semble ici surnager quelque peu… Reste qu'entre ses sept ans (âge de ses débuts devant la caméra) et sa prestation dans la série CHARMED qui fit d'elle une star, son jeu n'a guère progressé. La miss reste donc relativement impassible et inexpressive, rendant dès lors son personnage quelque peu fade. Cette transparence se voit par ailleurs amplifiée par la structure même du métrage. Nous regretterons en effet que cette dernière ne prenne pas suffisamment de temps pour développer ce protagoniste pourtant affecté par une grave maladie du cœur…

Nous avons donc là quelques fausses notes qui ne viennent cependant pas entacher une impression globale très positive. Bien que porté par un seul interprète de talent, DR. RICTUS sort sans mal du lot des Slashers-movies de cette époque. Original, inventif et souvent drôle, le métrage de Manny Coto fait indiscutablement partie de ces petits films que l'on (re)découvre avec grand plaisir, après que le genre ait été souillé par une décennie de navets post-SCREAM.

Il y a quelques mois, le Docteur Rendell avait déjà officié en DVD Zone All américain, à l'unité ou dans un sympathique coffret nommé «Twisted Terror Collection». Nous avions du reste, à cette occasion, réalisé une première chronique du film… Le toubib déjanté n'avait bien entendu pas dit son dernier mot et DR. RICTUS nous arrive aujourd'hui en DVD Zone 2 via le jeune éditeur Aquarelle. Nous retrouvons donc sur ce disque un transfert de qualité usant d'un encodage 16/9ème. Cependant, comme ce fût le cas pour le disque américain, l'image est ici recadrée et passe d'un ratio d'origine 2.35 à une variante tronquée en 1.77. Une telle perte d'image est fort regrettable et bien évidemment dommageable à une œuvre pensée en format large. Reste qu'au visionnage, la coupe n'est pas aussi évidente que cela et il est fort probable que peu nombreux sont ceux qui se rendront compte du problème… Outre cela l'image s'avère très propre. Les couleurs sont vives et les contrastes bénéficient d'une restitution de qualité. Les noirs assez profonds donnent aux séquences sombres, assez nombreuses, un rendu très appréciable. Sur ces mêmes séquences, on notera par ailleurs la présence d'un grain d'origine qui n'a toutefois rien de désagréable…

DVD Aquarelle (FR)

 DVD Warner (US)


Du côté des pistes sonores, nous aurons le choix entre la version anglaise d'origine et le doublage en langue française. Cette seconde piste n'était pas présente sur l'édition américaine : Il s'agit donc là d'un «plus» non négligeable. En effet, ce doublage avait à l'époque bénéficié d'un soin tout particulier et les dialogues, même s'ils ne sont pas fidèles à 100% à ceux de la piste anglaise, s'avèrent fort bien sentis. Nous retrouverons ainsi la même verve distrayante et ce que l'on opte pour l'une ou pour l'autre des options sonores. Techniquement, chacun des deux choix propose un rendu agréable quoique sans esbroufe. Les pistes sont ainsi limpides et délivrent des dialogues clairs à un volume très satisfaisant. Si, comme nous le conseillons bien entendu, vous optez pour la version anglaise, vous pourrez activer des sous-titres français d'une qualité très honnête.

Sur le plan éditorial, cette édition s'avère assez légère. Reste que contrairement au disque d'outre-atlantique qui ne proposait rien, nous avons là quelques ajouts non négligeables. Il nous sera ainsi offert de visionner le Teaser et le Trailer du film. Le premier s'avère particulièrement intéressant puisqu'il nous montre le Docteur au travail via des images totalement inédites tournées pour l'occasion ! Le ton est très décontracté et donne en fait une bonne image de ce que sera le métrage au final. Le Trailer, constitué pour sa part d'images du film, s'avère en revanche moins révélateur puisque orienté «horreur pure». L'humour n'y a pas sa place et le montage nerveux donne une impression de frénésie totalement absente de DR. RICTUS. En cela, ces deux films annonces se révèlent être des documents intéressants qu'il fait bon retrouver sur ce disque. Le second et dernier supplément se matérialisera sous la forme d'une galerie d'images proposant la découverte des douze photographies d'exploitation utilisées lors de la sortie en salle. Petit bémol, l'un des menus du DVD déflore malheureusement le final du film…

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
47 ans
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On aime
Larry Drake, flippant
Un slasher décontracté
Quelques trouvailles amusantes
On n'aime pas
Un déroulement assez convenu
Des seconds rôles très fades
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Autres critiques
L'édition vidéo
DR. GIGGLES DVD Zone 2 (France)
Editeur
Aquarelle
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
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