Header Critique : ANTARTIC JOURNAL (NAMGEUK-ILGI)

Critique du film et du DVD Zone 2
ANTARTIC JOURNAL 2005

NAMGEUK-ILGI 

Une expédition polaire coréenne de six hommes s'est donnée comme mission d'atteindre le pôle d'inaccessibilité sur le continent Antarctique avant que les six mois de jour ne se transforment en six mois de nuit. En chemin, ils vont trouver un journal de bord tenu par une expédition britannique disparue quatre-vingts ans auparavant. D'étranges évènements ne vont par tarder à survenir, rappelant de façon étrange les dessins que contient le journal. Les hommes sont-ils guettés par une force maléfique invisible ou est-ce le lieu qui conduit à la folie humaine ?

Depuis plusieurs années, le continent asiatique n'a de cesse de nous offrir des films fantastiques différents et de grande qualité. Hollywood l'a remarqué aussi et certains métrages sont à peine sortis que les droits sont déjà rachetés en vue de produire des remakes bien souvent insipides en comparaison des oeuvres originales. ANTARCTIC JOURNAL, sorti en 2005, n'a toutefois pas encore subi ce traitement déshonorant, peut-être à cause d'un succès public mitigé suite aux grandes attentes des spectateurs coréens qui pouvaient d'ailleurs suivre le tournage dans les journaux. Premier long métrage de Pil-Sung Yim, qui a fait une apparition dans le récent et non moins génial THE HOST, le résultat est un film ambitieux sans être prétentieux, terriblement efficace et crédible qui repose de toute évidence sur de nombreuses recherches dans le domaine des expéditions polaires. Ce qui n'a rien d'étonnant quand on sait que le projet a nécessité six ans de préparation pour un an et demi de production.

L'expédition est menée par le capitaine Choi Do-hyung incarné par Kang-ho Song que l'on a pu voir dans SYMPATHY FOR MR VENGEANCE et MEMORIES OF MURDER ou encore l'incontournable THE HOST. Homme intense et secret portant une souffrance personnelle insurmontable, il part à la recherche de quelque chose qu'il a perdu mais ne gagnera qu'à entraîner ses hommes jusqu'au bout de sa propre folie tout en abusant de son statut autoritaire. Au lieu de soutenir ses hommes, il devient peu à peu menaçant et met en avant le succès potentiel de l'expédition et l'importance d'accomplir l'impossible en dépassant ses limites. Confiant en cet alpiniste expérimenté, ses hommes le suivent mais des dissensions ne tarderont pas à apparaître. Ce qui va créer une inévitable fissure entre les membres de l'équipe et leur capitaine pour qui l'abandon n'a jamais été une option.

Les doutes et la paranoïa s'insinuent petit à petit et créent une ambiance tendue et pesante qui se glisse sous la peau du spectateur et lui glace les entrailles à l'instar du danger indicible et omniprésent qui guette l'expédition. Ils ont des visions terrifiantes, l'un d'eux tombe dans une crevasse, un autre découvre du sang dans ses urines, ils tournent en rond malgré un GPS en parfait état de marche… et ce n'est que le début d'une traversée effrayante de l'immense solitude glacière du plus grand continent de notre planète, encore largement inexploré. Le jour permanent contribue au manque de repères de l'équipe et la neige blanche et pure apporte un sentiment de stérilité où l'on se sent aussi éloigné du monde que si l'on planait dans une galaxie lointaine, comme le dit si bien l'un des personnages.

Certains seront rebutés par le rythme lent du film et le décor monotone des étendues immaculées mais en dépit des paysages sublimes, le but du film n'est pas tant de nous en mettre plein la vue visuellement que de nous atteindre au fin fond de notre humanité. En effet, que sommes-nous prêts à sacrifier pour atteindre nos rêves ? Et si on y arrive, est-ce que ce gain sera suffisant ? Ici, il s'agit de tenir bon envers et contre tout mais l'obsession d'un seul homme peut conduire à la perte de tous, un peu à la manière de MOBY DICK, l'inspiration principale du film. Car Pil-Sung Yim l'a bien compris, sans une histoire solide, un film n'existe pas. Et il a pris son temps en amont pour construire ses personnages qui existent chacun pleinement et il n'a pas eu peur d'amener son histoire jusqu'au bout. Dans la dernière demi-heure, la tension croissante bascule dans la terreur à l'état pur où se mêlent réalité et fantasmes morbides jusqu'à se terminer sur l'une des notes les plus pessimistes et cauchemardesques vues sur un écran.

Pil-Sung Yim mène son film de main de maître avec une réalisation sans failles et bien sûr aidé par un directeur de la photo talentueux et mettant en valeur la beauté glacière comme il se doit. A ce propos, même la météo participe à la lente descente aux enfers de l'équipe, passant d'un soleil éclatant au milieu d'un ciel bleu azur à la grisaille pour enfin aboutir à une effrayante tempête. Le réalisateur a également eu la chance d'avoir recours aux talents du génie musical japonais Kenji Kawai (AVALON, RING…) qui a composé une partition rien moins que sublime pour accompagner cette monstrueuse histoire.

ANTARCTIC JOURNAL ne s'inscrit pas dans la lignée des films d'horreur traditionnels avec monstres ou revenants à l'appui mais se plonge au contraire dans les fondements de l'être humain pour en explorer tous les recoins. Point de rythme effréné ni de litres de sang versés mais plutôt un drame psychologique où la réalité cède la place au cauchemar éveillé.

L'image vous est présentée dans son format 2.35 d'origine, un Scope qui rend amplement justice à l'infinie beauté du paysage arctique. La palette de couleurs est bien sûr restreinte avec une dominante des gris et des bleus en particulier durant le troisième acte. Aucun défaut technique n'est à constater et les contrastes sont précis mais on peut néanmoins regretter l'utilisation parfois trop évidente de filtres.

Seulement deux langues sont proposées : le coréen avec sous-titrage français et un doublage très correct dans la langue de Molière. La version originale est présentée en deux pistes sonore : Stéréo ou 5.1. C'est également le cas pour le doublage français qui se voit toutefois également décliné sous la forme d'un mixage en DTS. Malgré le manque de gros effets, les subtilités des mixages 5.1 offrent des ambiances sonores efficaces à l'instar du souffle du vent ou encore du craquement de la neige sous les pas. Rien qu'à l'écouter, on aurait envie de mettre un pull chaud…

La section suppléments est un peu plus fournie que ne le laisse supposer la jaquette. Mais en dépit d'un sous-titrage français présent sur l'ensemble des modules, il est très avantageux de parler le coréen car de grandes parties restent sans sous-titres ce qui est assez déconcertant. On sent bien que l'essentiel des paroles a été traduite mais on pourra donc constater également des manques.

On commence avec un Making Of d'un peu plus de quarante minutes qui détaille l'entraînement des acteurs sous la direction d'un explorateur ayant atteint le pôle sud en quarante-quatre jours : ski et façon de se comporter dans des conditions climatiques extrêmes... Les acteurs répètent le scénario confortablement installés au chaud et puis l'équipe fait une prière avec offrande de nourriture avant de débuter le tournage. On assiste à quelques scènes en studio avant de partir dans les décors naturels du Snow Farm en Nouvelle Zélande pour une durée de deux mois de prises de vues éprouvants. Il y a également de brèves interviews du réalisateur, des acteurs et de Kenji Kawai qui arbore une coupe de cheveux étonnante… De son côté, le Making Of des effets spéciaux dure un quart d'heure et présente l'un des graphistes de la société EON qui ont tous accompli un travail formidable. Le module est très technique et présente plusieurs exemples d'images retravaillées mais le tout reste intéressant et est accompagné d'explications simples.

Nous poursuivons avec la bande annonce du film et une galerie photos sympathique où les images défilent en fondus enchaînés et sur lesquelles la caméra se promène pour donner un rendu plus dynamique par rapport aux habituelles galeries d'images statiques. Puis nous assistons à l'avant-première du film avec commentaires « avant/après » de spectateurs choisis au hasard ainsi que la présentation sur scène du film par l'équipe avant de passer au module de la séance photos en studio des acteurs maquillés et vêtus de leurs costumes de tournage.

A défaut d'un commentaire audio, l'éditeur nous propose une interview du réalisateur sur près d'un quart d'heure. Pil-Sung Yim revient sur la genèse du film et l'inspiration du scénario d'après une expédition réelle qui avait dû abandonner pour cause de maladie de l'un de ses membres au grand regret du capitaine en larmes. Il évoque ses influences personnelles, sa passion pour le cinéma mais aussi ses regrets de cinéastes car il n'a pas pu développer certaines choses comme il l'aurait voulu pour cause d'un budget limité. L'interview des acteurs dure presque vingt minutes où ils évoquent leurs souvenirs de tournage, la découverte du film terminé et l'entraînement difficile qu'ils avaient dû subir avant le tournage. Ils terminent en remerciant le spectateur assez passionné pour regarder le DVD en entier (et ce fut un réel plaisir !). La section se termine par une foule de bandes annonces issues du catalogue de l'éditeur ainsi qu'un lien internet vers leur site.

Rédacteur : Marija Nielsen
54 ans
98 critiques Film & Vidéo
On aime
Le goût du réalisateur pour l’exploration de la psyché humaine
Une fin difficilement oubliable
Un DVD au contenu quasiment parfait
On n'aime pas
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L'édition vidéo
NAMGEUK-ILGI DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h55
Image
2.35 (16/9)
Audio
Korean Dolby Digital 5.1
Korean Dolby Digital Stéréo Surround
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making of (42mn44)
    • Making of des effets spéciaux (16mn07)
    • Galerie photos (3mn)
    • Avant-première (6mn17)
    • Séance photos (2mn53)
    • Interview du réalisateur (14mn32)
    • Interview des acteurs (18mn18)
      • Bandes annonces
      • Antartic Journal
      • Bodyguard
      • Heaven’s Soldiers
      • Forbidden Warrior
      • Ma femme est un gangster
      • Ma femme est un gangster 2
      • Yin Yang Master
      • Yin Yang Master 2
      • She’s on duty
      • Blue
      • Bishunmoo
      • Gingko Bed
      • Legend of Gingko
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