Header Critique : LET SLEEPING CORPSES LIE (LE MASSACRE DES MORTS-VIVANTS)

Critique du film et du DVD Zone 0
LET SLEEPING CORPSES LIE 1974

LE MASSACRE DES MORTS-VIVANTS 

Les morts-vivants au cinéma, ont toujours fait l'objet d'un éventail de longs métrages assez surprenants, plus ou moins intéressants les uns que les autres, notamment en matière de scénario et de réalisation. Le chef-d'oeuvre incontesté demeure sans aucun doute LA NUIT DES MORTS-VIVANTS de George Romero, en 1968, avec Judith O'Dea et Duane Jones en proie à une invasion de zombies affamés.

Six années plus tard, en 1974, alors que le projet sommeille déjà depuis un certain temps, Jorge Grau, réalisateur espagnol de CEREMONIE SANGLANTE, accepte le tournage de LET SLEEPING CORPSES LIE ou LE MASSACRE DES MORTS-VIVANTS, parmis les différents titres recensés, et directement inspiré du classique de Romero. Mais cette fois-ci, on prévoit un effet davantage marquant sur le public, dans la mesure où, à la différence de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, le film en couleur, riche en hémoglobine, soulève une réflexion plausible concernant le non respect de la politique écologique, ignoré et donc cautionné par une société britannique conservatrice, couronnée par une répression policière abusive et raciste. Contexte fictif certes, mais qui ne manque pas d'évoquer, au passage, des faits non méconnus, plus de 30 ans après la sortie du film...

C'est donc au coeur de la campagne anglaise que George (Ray Lovelock) et Edna (Christina Galbo), deux compagnons de route, se retrouvent happés par une attaque de morts ressuscités par les radiations ultra-soniques d'une machine agricole, destinée à anéantir les insectes. Suite à une série de meurtres particulièrement sanglants, le couple, accusé à tort par le sergent McCormick (Arthur Kennedy), être dépourvu de sentiments, aux propos acérés et tranchants, tente de lutter vainement aussi bien contre les créatures d'outre-tombe, que les protagonistes opérant une destruction environnementale irréversible. Malheureusement, le massacre cauchemardesque, s'amplifiant au fur et à mesure du film, atteint son paroxysme à la morgue de Manchester, où les deux jeunes gens assistent à une boucherie incommensurable.

Tourné tantôt en Angleterre, tantôt en studio à Madrid, le film dépeint à travers une situation improbable, un monde pollué par l'intolérance et les idées reçues, symbolisées par les forces de l'ordre, le progrès, la recherche scientifique. Dans la même perspective que Romero, Jorge Grau dénonce les propos racistes allant à l'encontre d'une jeunesse désirant rompre définitivement avec les codes archaïques issus de l'Establishment. Le personnage de George, considéré tel un hippie affabulateur et déjanté aux yeux de la police, incarne ce mouvement plein d'espoir et souligne clairement le contraste entre l'esprit citadin, influencé par la diversité culturelle, artistique, intellectuelle, et la mentalité rurale, considérablement repliée sur des valeurs désuètes. George s'apparente d'ailleurs au personnage de Ben (Duane Jones) dans LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, dénigré, en ce qui le concerne, à cause de sa couleur de peau. Au final, les vivants sont conduits à lutter non seulement contre les morts, mais aussi contre les autres vivants...

De toute évidence, chaque tête d'affiche incarne son rôle à la perfection : notons, hormis les deux héros (Christina Galbo et Ray Lovelock), la prestation remarquable et inquiètante à la fois d'Arthur Kennedy, dans la peau d'un sergent excécrable. Fernando Hillbeck, en zombie charismatique nommé Guthrie, imposant par la taille, l'attitude, l'apparence physique et vestimentaire, ne cesse, quant à lui, de déclencher un malaise indescriptible à chacune de ses apparitions. Malaise d'autant plus renforcé par l'aspect sonore de la narration, grâce à la musique étonnament glauque de Giuliano Sorgini, relayée par une respiration agonisante audible des cadavres revenus à la vie, évoquant au réalisateur le timbre du dernier souffle rendu par son père avant de mourir. D'autre part , le film offre généreusement plusieurs scènes gores assez virulentes, au sein desquelles mutilations, énucléations et éviscérations font bon ménage, sans oublier d'accroître les lourdeurs d'estomac : le seul policier sympathique de la bande, se fait arracher et dévorer les yeux par une vieille femme zombie, pendant que d'autres lui extirpent les boyaux.

Existant à travers diverses éditions DVD, dont l'une conçue par Anchor Bay Entertainment, aujourd'hui quasi inexistante à la vente car diffusée seulement à 5000 exemplaires, offrant le DVD ainsi qu'un livret de photographies inédites dans une boîte en métal, LET SLEEPING CORPSES LIE se trouve encore chez Blue Underground, accompagné d'une série d'extras non négligeables. Et pour cause puisque l'éditeur américain n'a fait que rééditer dernièrement, à quelques détails près, la première édition parue chez Anchor Bay Entertainment mais en omettant coffret et livret. Néanmoins, tout n'est pas perdu puisque la branche britannique de Anchor Bay a aussi commercialisé outre manche une édition rassemblant l'intégralité de l'édition limitée mais en lui adjoignant un livret d'une quarantaine de pages (plus complet) et se dénichant neuf pour une dizaine d'euros (voir la base de données).

Il semble donc logique qu'après trente ans, ce long métrage débarquant en DVD avec une image et un son plus recherché, choque davantage, grâce à une qualité visuelle laissant entrevoir dans les moindres détails carnages et étripages. D'une durée de 93 minutes, le film, d'une netteté sans failles, édité aux Etats-Unis, et uniquement disponible en anglais, présente un cadrage 1.85 au transfert 16/9, ainsi que deux formats sonores (Dolby Digital 5.1 et Dolby Surround 2.0).

Avec sa liste de suppléments plutôt satisfaisante, le DVD propose une interview de Jorge Grau qui se souvient de cette aventure zombiesque : on découvre alors les motivations du réalisateur, les différentes idées qui ont orienté son travail, ainsi que des anecdotes de tournage. En prime également, les bandes annonces télévisuelle et radiophonique du film, qui, à l'époque, promettait des sensations fortes à son public. Et pour clôturer cet espace bonus, une belle galerie photographique retrace les moments les plus sanglants du long métrage.

Tout compte fait, il n'est point exagéré d'affirmer que LET SLEEPING CORPSES LIE demeure l'une des meilleures œuvres réalisées sur le thème des attaques de zombies. Escorté d'une réflexion à caractère politique, voire même pacifiste, le film dénonce à plusieurs reprises la violence, le sectarisme et l'entêtement d'une société absurde, rejetant toute notion d'évolution. Un classique du genre, qu'on ne se lasse pas de redécouvrir.

Rédacteur : Laure Husson
5 critiques Film & Vidéo
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L'idée qu'un film gore délivre un message pacifiste, en bousculant les consciences.
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Dommage que la traduction n'ait pas été établie en plusieurs langues.
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L'édition vidéo
NON SI DEVE PROFANARE IL SONNO DEI MORTI DVD Zone 0 (USA)
Editeur
Blue Underground
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h33
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Interview du réalisateur Jorge Grau (20mn23)
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