Header Critique : COLLINE A DES YEUX, LA (THE HILLS HAVE EYES)

Critique du film et du DVD Zone 2
LA COLLINE A DES YEUX 2006

THE HILLS HAVE EYES 

Dans le courant des années 70, Wes Craven va réaliser deux films aussi violents que réfléchis : LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE et LA COLLINE A DES YEUX. Deux métrages qui s'imposent comme de véritable réflexion sur la violence et sur laquelle le cinéaste se gardera bien d'apporter un jugement de valeurs en montrant sans fard la brutalité de ses personnages. Une trentaine d'années plus tard, et un très oubliable LA COLLINE A DES YEUX 2 toujours réalisé par Wes Craven, la virulence des films originaux, tout du moins dans leur représentation graphique, s'est quelque peu amoindrie. Certains ont donc pensé qu'il était temps de revoir la copie de LA COLLINE A DES YEUX.

La tâche en incombe à Alexandre Aja et Gregory Levasseur. En guise de carte de visite, les deux jeunes cinéastes français ont déjà à leur actif, FURIA et HAUTE TENSION. De plus, Alexandre Aja ne cache pas son admiration pour le cinéma d'horreur mais clame tout de même que le film original de Wes Craven a bien vieilli et qu'il va nous proposer mieux... Humilité, quand tu nous tiens ! La nouvelle version du film abandonne l'aspect sale et brut de du 16mm pour une mise en image soignée en format large. Dès le départ, les moyens mis en oeuvre n'ont rien à voir et les majestueux paysages désertiques y gagnent grandement. Pourtant, s'il y a bien de nouveaux agencements fait dans le scénario, la trame reste curieusement identique à celle du film original. Tellement que par instant, si l'on connait déjà le Wes Craven, une impression de déjà vu se fait quelque peu sentir dans la première partie. Et c'est justement en raison de telle similitude qu'il en devient facile de comparer le travail trentenaire de Wes Craven avec celui actuel d'Alexandre Aja.

D'une manière générale, le rendu de cette nouvelle version s'avère bien plus nerveux et maîtrisé dans sa mise en forme. Pourtant, tout n'est pas parfait ni même supérieur à ce qu'avait tourné Wes Craven. Pour s'en convaincre, il suffit de prendre la scène où Bobby part à la recherche de l'un des deux chiens. Alexandre Aja adopte un mode à la limite du tourisme et filme sa séquence en essayant de créer une tension seulement par l'entremise d'une fugace apparition dans le champ puis filme Bobby face à une horrible découverte. Résultat, la scène s'avère plate comme le chemin ras du sol pris par l'acteur Dan Byrd et, d'ailleurs, on se demande pourquoi il en vient à tomber en contrebas juste après. La même scène, chez Wes Craven, s'avère dynamiser de manière complètement différente (pour ne pas dire tout court) en plaçant le personnage en poursuite du chien et dans l'ascension d'un flanc de montagne escarpée. Le personnage progresse donc rapidement et vers le haut alors que l'on peut entendre le chien aboyer envers une présence invisible avant de pousser un hurlement évocateur. Déjà pris dans sa course, le personnage, ainsi que le spectateur, se voit donc conditionné à appréhender le pire. De fait de sa montée, on ne sera pas plus surpris que le personnage tombe à la renverse, quelques mètres plus bas, juste après. Autant dire que le film de Craven a, encore aujourd'hui, de beaux restes !

Mais soyons honnête, si la scène précité fait pâle figure face au film de Wes Craven, la version d'Alexandre Aja, carrée et brutale malgré le soin apporté aux images, s'avère bien plus enragé que son prédécesseur (n'oublions pas qu'un fossé de trente ans sépare les deux). Dans la deuxième partie du film, Alexandre Aja et Gregory Levasseur font preuve de beaucoup plus d'originalité en s'écartant réellement de l'original avec ce qui s'avère être la bonne idée de ce remake. Ainsi, le film va donner une véritable légitimité à la présence des agressifs habitants de ces lieux désolés. On regrettera toutefois que les bonnes intentions de départ, vouloir parler des retombés nucléaires des tests réalisés dans le désert américain, se traduisent seulement par la vision de créatures auxquelles aucune circonstance atténuante ne peut être donnée et dont la seule issue est la mort. Le métrage va tout de même oser aller plus loin dans le gore en martyrisant bien plus celui qui deviendra le héros de cette histoire. Débordant d'énergie et d'intensité, cette partie permet encore une fois à Alexandre Aja et Gregory Levasseur de marquer des points dans le domaine de l'horreur qui prend aux tripes ! Très efficace, le film l'est assurément d'un point de vue technique mais on pourra se poser des questions quant aux maladresses du dénouement qui sabordent un peu le navire.

Alors que Wes Craven renvoyait au spectateur le visage de la violence sauvage caractérisée pourtant par le personnage le moins enclin à cela au départ, les compères Aja et Levasseur optent pour un point de vue embarrassant. En effet, ils choisissent de glorifier leur héros jusqu'à l'imposer comme une icône salvatrice face à des bourreaux abjects qui méritent leur sort. De personnage lâche, des propres mots d'Alexandre Aja, le bonhomme devient donc une figure héroïque car il va agir (en défonçant le crâne de ses ennemis). Démonstration néanderthalienne qui pourrait encore passer si cela ne venait pas, justement, trahir le film original. Pire, l'image finale renvoie à la réunion familiale dans la prière auquel les seuls survivants étaient plutôt réfractaires au début de l'aventure. Après HAUTE TENSION et son rebondissement final ridicule, la paire Aja / Levasseur semble donc vouloir se spécialiser dans les films extrêmement bien torchés mais pourvus de fins douteuses et maladroites !

Contrairement au montage distribué dans les salles de cinéma, LA COLLINE A DES YEUX nous arrive en DVD dans une version non censurée. A vrai dire, le film ne gagne pas spécialement en efficacité mais en rajoute sur l'aspect sanguinolent en insistant un peu plus sur les blessures ou les coups portés. Et pour bien voir tout ça, le DVD affiche une image, au format cinéma respecté et avec un transfert 16/9ème, de très grande qualité et impossible à prendre en défaut. La sonorisation va de paire en proposant au choix la version originale ou le doublage français avec des pistes Dolby Digital 5.1 percutantes.

Les suppléments commencent par deux commentaires audio qui vont donc vous donner l'occasion de revoir le film avec l'éclairage de ceux qui «ont travaillé» dessus. Le premier commentaire donne la parole à Alexandre Aja, Gregory Levasseur et la productrice Marianne Maddalena. Alexandre Aja monopolise une grande partie du temps de parole et ce commentaire rempli largement son office même si les trois intervenants n'arrivent pas à lui donner un ton véritablement sympathique. Bien évidemment, Alexandre Aja nous ressort la théorie du personnage lâche qui devient un héros nous prouvant qu'il n'a pas dû bien comprendre le film original ni même LES CHIENS DE PAILLE auquel il rend hommage tout en comparant son héros à Dustin Hoffman.

Wes Craven et Peter Locke étaient les géniteurs du premier film et ils sont aussi producteur de cette nouvelle version. Un second commentaire audio leur donne donc la parole et, d'entrée de jeu, les deux hommes choisissent de ne pas se prendre au sérieux. D'ailleurs, Wes Craven le dit assez vite, il n'était pas là puisque bloqué sur la post-production de RED EYE et il va donc assez souvent demander à Peter Locke de lui parler de ceci ou cela. Situation étrange surtout lorsque Peter Locke dit à certains endroits que ce jour là, il n'était pas là non plus ! Et pourtant, leur commentaire audio, même s'il contient quelques petites plages silencieuses, ne manque pas d'intérêt. Déjà car ils vont parler du film original mais aussi apporter de nouvelles informations absentes du premier commentaire audio. Sur la longueur, cela s'avère moins fourni en révélation sur LA COLLINE A DES YEUX version Aja mais aussi moins ennuyeux à suivre.

Après environ trois heures de parlotte sur les commentaires audio, il est temps de passer à quelque chose d'inédit pour les yeux. Cela se fait par l'entremise d'un long documentaire d'une cinquantaine de minutes. On y retrouve les mêmes intervenants mais aussi des images de tournage ainsi que de nouvelles informations, anecdotes et autres éclaircissements sur la création du film. Il y a bien sûr des redondances une fois que l'on a regardé le premier commentaire audio mais ce documentaire, de par sa forme plus dynamique, s'avère plus attractif. En complèment, il est encore possible de regarder un clip vidéo d'un morceau musical utilisé sur le générique de fin. La bande-annonce du film d'Alexandre Aja est absente et, plus étrange, les «Productions Diaries» disponibles sur le DVD américain se sont fait la malle. A la place, vous aurez le droit à des bandes annonces disséminés un peu partout. Celle de EN TERRITOIRE ENNEMI II trône fièrement parmi les suppléments alors que c'est total hors sujet. On pourra encore voir celle de THE SENTINEL et STAY mais seulement à l'insertion du DVD. Nous sommes plutôt content de voir des bandes annonces mais, d'un autre côté, ce n'est pas franchement sympathique de nous en imposer la vision à chaque fois que l'on enfourne le DVD. Mais ce n'est pas tout puisque la partie «Exclusivités Coulisses» annonce dès le départ nous proposer des aperçus exclusifs sur les projets Fox à venir alors que l'on nous balances une bande annonce de LA MALEDICTION, déjà disponible en DVD, avant de passer à celle de THE RINGER, une comédie avec Johnny Knoxville.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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Un film à la réalisation maîtrisée
La brutalité de l’ensemble
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Un discours confus
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L'édition vidéo
THE HILLS HAVE EYES DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h44
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Arabe
  • Néerlandais
  • Anglais
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio de Alexandre Aja, Grégory Levasseur et Marianne Maddalena
    • Commentaire audio de Wes Craven et Peter Locke
    • Documentaire «Surviving the Hills» (50mn24)
    • Vidéo musicale : The Finalists «Leave the Broken Hearts» (3mn35)
      • Bandes-annonces
      • En Territoire Ennemi II
      • The Sentinel
      • Stay
      • La Malédiction (2006)
      • The Ringer
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