Header Critique : SORCIERE SANGLANTE, LA (I LUNGHI CAPELLI DELLA MORTE)

Critique du film et du DVD Zone 2
LA SORCIERE SANGLANTE 1964

I LUNGHI CAPELLI DELLA MORTE 

Dans l'Italie du XVème siècle, la peste noire a envahi un pays rongé par la superstition et la chasse aux sorcières. Le comte Humboldt, dont le frère a été tué, fait condamner la maîtresse du défunt, Adèle Karnstein. La pauvre femme est brûlée vive sous le regard horrifié de ses filles. Helen, l'aînée, découvre le responsable mais est tuée à son tour. Des années plus tard, la cadette, Elizabeth, épouse le Prince Kurt Humboldt, fils du Comte. Mais Helen réapparaît afin de venger la mort injuste de leur mère…

En tournant son chef d'œuvre, DANSE MACABRE, Antonio Margheriti se découvre une passion professionnelle pour son actrice principale, la sublime Barbara Steele. Il tient absolument à travailler de nouveau avec elle et lui écrit LA SORCIERE SANGLANTE. Suite au succès du MASQUE DU DEMON réalisé par Mario Bava avec, déjà, Barbara Steele, les producteurs italiens vont exploiter ce nouveau filon. Le début des années 1960 voit alors sortir plusieurs œuvres gothiques teintées plus ou moins d'érotisme, comme L'EFFROYABLE SECRET DU DOCTEUR HICHCOCK, LE CORPS ET LE FOUET et le pré-mentionné DANSE MACABRE. La décennie aura été l'âge d'or du gothique transalpin car les années 1970 seront davantage le théâtre sanglant de quelques gialli plus violents, préfigurés par L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL en 1969. Pas spécialement fan de films d'épouvantes et encore moins de gore, Antonio Margheriti se retrouve pris dans la vague...

Margheriti, décédé en 2002, était un réalisateur prolifique ayant œuvré dans des genres très différents, à l'instar d'autres de ses compères comme Lucio Fulci ou Mario Bava. Nous mentionnerons juste PULSIONS CANNIBALES, YOR, LE CHASSEUR DU FUTUR ou le western comique LA BRUTE, LE COLT ET LE KARATE. Son deuxième film, SPACE MEN, se vit offrir une distribution internationale et fut également la première œuvre signée de son pseudonyme, Anthony Dawson. Il avait à l'origine choisi Anthony Daisies puisque c'était la traduction de son patronyme italien mais ce mot signifiait également «homosexuel» en argot anglais et ceci l'incita à changer pour Dawson. Malheureusement, il existait un acteur anglais dont c'était le vrai nom et qui jouait aussi dans des films d'horreur. Margheriti ajouta le "M" au milieu pour se différencier de l'acteur et tout était parfait.

Technicien accompli avant d'être réalisateur, Margheriti a supervisé les effets spéciaux de nombreux films, souvent sans être crédité comme par exemple 2001 : L'ODYSEE DE L'ESPACE. Toutefois, il a accompli de véritables merveilles avec cette SORCIERE SANGLANTE qui, bien qu'un peu en deçà de sa grande sœur DANSE MACABRE, est un petit bijou du film d'épouvante all'italiana. Evidemment, il avait la grande Barbara Steele devant la caméra dont la beauté particulière sied à merveille aux films d'horreur même si ce genre n'était pas très prisé de l'actrice. Cela ne l'empêcha pas de tourner plusieurs œuvres transalpines avec le succès que l'on sait. Margheriti lui offre les plus belles images du film, mettant son physique autant en valeur que son personnage tour à tour intriguant, lorsqu'elle revient sous le prénom de Mary, ou charmant, lorsqu'elle séduit Kurt (George Ardisson, HERCULE CONTRE LES VAMPIRES).

L'ambiance du film est digne des plus grandes œuvres du genre. Le métrage fut tourné dans un immense château où vécut le Prince Massimo et qui appartenait à un ami de Margheriti. Il se servit d'ailleurs de ce magnifique décor naturel à plusieurs reprises. Le lieu est composé de grandes pièces décorées dans le style baroque, de longs couloirs sombres et de passages secrets dont les mystères se cachent derrière de lourdes toiles d'araignées. Margheriti réussit l'exploit de faire apparaître le château comme tantôt accueillant de par l'éclairage et le mobilier, et tantôt froid ou terrifiant grâce à l'épaisseur impressionnante des murs ou du labyrinthe dissimulé derrière. Il fait cohabiter deux univers au même endroit, l'un paisible et attirant, l'autre ténébreux et repoussant, à l'instar de la personnalité trouble de Mary.

Bien que la sorcellerie soit présente dans l'introduction du film, cette pratique ne servira que de toile de fond pour une histoire autrement plus complexe, faite de meurtre et de trahisons familiales et amoureuses. Nous y trouvons également les thèmes inusables de la mort, de la vengeance d'outre-tombe et de la folie progressive induite par des visions ou des bruits étranges, soulignés par un emploi astucieux des miroirs et de la musique évocatrice de Carlo Rustichelli (6 FEMMES POUR L'ASSASSIN). La part de réalité se confond avec l'imaginaire autant chez le spectateur que chez les personnages à l'instar du Prince Kurt, hanté par un acte impardonnable mais qui n'aurait peut-être pas eu lieu au vu du comportement inchangé de l'entourage. Mais, comme il se doit, son crime ne restera pas impuni et son châtiment d'une ironie délectable dans toute sa cruauté sera à la hauteur du ressentiment justifié de son bourreau.

L'image du film est présentée dans son cadrage 1.66 d'origine. Le transfert n'est pas des plus heureux puisque l'image est souvent très pixellisée et la pellicule souffre de son âge. Il en résulte des traces de griffures ou de poussières et un voile gris sur certaines parties du film alors qu'à d'autres moments, les contrastes sont nets et les noirs profonds. Mais cela n'empêche pas de pouvoir admirer les choix de cadrages de Margheriti ou un bon travail sur l'éclairage, en particulier lors des scènes se déroulant sur l'escalier derrière le passage secret menant au souterrain qui sert de caveau.

Le son en mono d'origine est présenté sur une piste française et deux pistes italiennes identiques mais avec, au choix sur le menu, des sous-titres ou pas. Les deux sont de qualité correcte quoique affublée d'un bourdonnement de fond désagréable sur la version originale qui s'estompe toutefois sur le doublage français. Des grésillements et autres parasites sont également à signaler.

Pour cette édition collector, Artus a mis la main à la pâte pour concocter de sympathiques suppléments. Le premier est un entretien avec Edoardo Margheriti, le fils du réalisateur et assistant sur ses films. Le lieu de la conversation se déroule dans le musée (boutique) de Dario Argento où sont exposés les diverses sculptures et autres effets spéciaux ayant servi sur ses films. Edoardo se tient devant une dame en mauvaise posture et on aurait bien sûr aimé un petit tour des lieux ou au moins, un changement de décor pour chacune des questions qui lui sont posées hors caméra. Comme on peut se l'imaginer, il évoque son père à travers ses films ainsi que leur collaboration et il est évident qu'il lui voue une grande admiration.

Mon ami Nini met en scène Luigi Cozzi, réalisateur entre autre de STARCRASH ou CONTAMINATION et qui était un ami proche de Margheriti - Nini pour les intimes, donc. Leur amitié date du début des années 1960 et les deux hommes ont eu de nombreuses occasions de se côtoyer même si Margheriti était sans cesse en tournage ce qui réduisait sa disponibilité pour ses amis.

Autour de La Sorcière Sanglante est un entretien de plus de quarante minutes avec Alain Petit, historien de cinéma et collectionneur. Répondant à des questions hors caméra, il revient sur le genre gothique italien en général avant de se concentrer sur LA SORCIERE SANGLANNTE en évoquant l'ambiance, la musique et sa réalisation…

Le supplément suivant, La sorcellerie : culte des ancêtres et des forces de la nature nous présente Anne Ferlat, écrivain et conférencière, répondant à des questions sur le même principe que le module précédent. Mme Ferlat expose une grande connaissance de son sujet et ses propos sont très intéressants. Nous regrettons toutefois le côté statique de cet entretien ainsi que de celui qui précède. Les deux monologues sont certes entrecoupés d'images du film pour souligner le propos de l'intéressé(e) mais pour l'entretien de Mme Ferlat, il aurait été sympathique, par exemple, d'inclure des images d'autres sources en relation avec la sorcellerie puisque ses paroles ne se rapportent pas toutes au film ci-présent.

Ensuite, nous avons une galerie de photos où nous pouvons admirer quelques affiches ainsi que des images du film. Et enfin, la fiche technique du film et les biographies d'Antonio Margheriti, Barbara Steele et George Ardisson.

Bien qu'un peu gâché par un transfert largement en dessous des qualités du film, LA SORCIERE SANGLANTE n'en reste pas moins une œuvre maîtresse du gothique italien qui est ici accompagné de nombreux suppléments produits spécialement pour l'occasion. Il ne nous reste plus qu'à espérer une prochaine sortie de DANSE MACABRE, édité seulement aux Etats-Unis pour l'instant. Ainsi, ce sera un bonheur complet que de pouvoir découvrir ces deux œuvres l'une après l'autre pour pleinement savourer tout le talent gothique d'Antonio Margheriti.

Rédacteur : Marija Nielsen
54 ans
98 critiques Film & Vidéo
On aime
Un grand film d’épouvante
On n'aime pas
Un transfert moyen
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L'édition vidéo
I LUNGHI CAPELLI DELLA MORTE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Artus
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h35
Image
1.66 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Entretien avec Edoardo Margheriti (10mn34)
    • Mon ami Nini par Luigi Cozzi (15mn29)
    • Autour de La Sorciere Sanglante par Alain Petit (42mn16)
    • La sorcellerie : culte des ancêtres et des forces de la nature par Anne Ferlat (17mn52)
    • Galerie de photos
    • Fiche technique
      • Filmographies
      • Antonio Margheriti
      • Barbara Steele
      • George Ardisson
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