Header Critique : RED TO KILL (RUO SHA)

Critique du film et du DVD Zone 2
RED TO KILL 1994

RUO SHA 

Ming-Ming est une jeune handicapée mentale vivant avec son père. Le jour où celui-ci décède, la vie de la jeune danseuse bascule et c'est dans un institut spécialisé qu'elle se voit contrainte de poursuivre son existence. Epaulée par ses trois poissons rouges et sa nouvelle amie Man Yee Lo, assistance sociale, Ming-Ming va tenter de reprendre le contrôle de sa vie. C'est cependant sans compter sur un violeur qui sévit depuis quelques temps au sein du quartier. L'homme dont les pulsions s'éveillent à la vue de la couleur rouge va bien entendu s'en prendre à la malheureuse héroïne et la détruire aussi bien physiquement que mentalement… La justice ayant fait chou blanc, Ming-Ming et Man Yee Lo vont devoir prendre elles-mêmes les choses en mains et assouvir leur besoin de vengeance…

L'année suivant la sortie de son succès RUN AND KILL, Hin Sing 'Billy' Tang renoue avec l'univers de la catégorie III et aborde cette fois-ci le thème des violences sexuelles. En grand amateur de débordements en tous genres, le réalisateur aux goûts douteux avait bien entendu déjà eu l'occasion de se faire la main avec un sujet très similaire et ce à l'occasion de son premier film, POUR LA PEAU D'UNE FEMME. Cédant donc une nouvelle fois à l'appel du «Rape and Revenge», Hin Sing Tang signe ici un RED AND KILL particulièrement corsé et, bien entendu, totalement inacceptable sur le plan moral.

Dans RED TO KILL, ce n'est pas une mais plusieurs scènes de viol qui viendront contenter l'étrange amateur de films de Catégorie III. Le métrage s'ouvre du reste sur l'une de ces séquences qui, si elle ne se montre pas aussi crue et frénétique que pouvait l'être celle de THE UNTOLD STORY, n'en demeure pas moins très dérangeante. En effet, après nous avoir ébloui par ses jeux de lumière dans RUN AND KILL, Hin Sing Tang récidive et nous offre ici une introduction de toute beauté.

L'éclairage, les jeux d'ombres et la teinte bleutée sont autant d'éléments de mise en scène qui font de cette première agression sexuelle un monument visuel en total décalage avec les faits pourtant exposés de manière explicite. Le visage du criminel est habilement maintenu dans l'ombre, sa musculature impressionnante dégage une évidente impression de puissance et pourtant, l'acte se déroule calmement, posément, avec une grâce ouvertement indécente. La victime est bien entendu évanouie, exposée sans pudeur à la vue du spectateur rendant ainsi totale la sensation de domination. Les teintes froides et la sensualité des corps achèvent alors de rendre magnifique et envoûtant cet acte pourtant terrifiant. Le réalisateur opte ainsi pour une approche inhabituelle, extrêmement complaisante, troublante et par conséquent particulièrement malsaine. Cette seule scène d'introduction, d'une durée plutôt courte et pendant laquelle aucune expression, ni de la victime, ni du dément, n'est visible, suffit à elle seule à créer un véritable monstre, un être haïssable dont on savoure par avance la fin que l'on espère la plus douloureuse possible.

Le personnage de Ming-Ming entre alors en scène, remarquablement interprété par la superbe actrice Lily Chung qui débuta dans l'univers télévisuel avant de basculer avec DAUGHTER OF DARKNESS dans l'univers machiste des Catégorie III. Elle enchaînera avec entre autres le fripon THE MODERN LOVE (1994), le libertin THE WOMAN BEHIND (1995) et le mystique THE ETERNAL EVIL OF ASIA (1995), devenant ainsi une star incontournable des films classifiés Cat.IIb ou Cat.III… Dans RED TO KILL, elle est donc une déficiente mentale qui, à l'inverse de ses grimaçants camarades handicapés, se comporte de manière plutôt normale. Les seules indications de sa différence semblent en réalité être sa profonde naïveté, sa bonne humeur infantile et son besoin évident d'être épaulée.

Elle le sera par l'actrice Money Lo, autre habituée des films extrêmes que l'on a pu voir notamment dans REMAINS OF A WOMAN (1993) et la pseudo trilogie des DAUGHTER OF DARKNESS (de 1993 à 1994). Le rôle de «grande sœur» ou plutôt ange gardien qu'incarne Money Lo dans RED TO KILL ne lui permettra cependant pas de laisser exploser son talent. Tour à tour compatissante, émue ou provocante, l'actrice sera malheureusement éclipsée par un autre membre du casting : Ben Ng. Acteur aux multiples facettes, l'homme surprend réellement par sa capacité à véhiculer des émotions fortes sans pour autant tomber dans l'excès. Ben Ng, généralement gangster, est lui aussi un grand habitué des films classifiés Cat.III avec pas moins de neuf films de cette catégorie entre 1993 et 1999. Des films de qualité plutôt modeste dans lesquels il n'aura toutefois pas la chance de trouver un rôle aussi surprenant que celui du gentil Chi Wai Chan, responsable de l'hôpital psychiatrique, qu'il tient dans RED TO KILL

Malgré cet entourage de marque, la malheureuse Ming-Ming subira donc les assauts du monstrueux violeur. La séquence, esthétiquement moins réussie que celle vécue en début de métrage, dévoilera toutefois le visage de l'agresseur. Personnage bien entendu insoupçonnable, il fera exception avec Ming-Ming en ne l'étranglant pas pendant l'acte. Cette scène bien entendu désagréable cèdera alors place à une autre bien plus touchante et éprouvante : Celle de la victime prenant conscience de l'horreur qu'elle vient de subir, de la douleur qu'elle a en elle et de la destruction qui s'en suit. La scène est terrifiante, filmée avec talent et interprétée avec brio. Sans doute le dernier véritable moment d'émotion du métrage puisqu'à cet instant, RED TO KILL entame une longue chute vers la facilité et le grotesque.

Le jugement du coupable marque clairement la séparation en deux parties qualitativement opposées du film. C'est donc dans un décor sans doute sponsorisé par un fabricant Suédois de meubles bancals que se tient le ridicule procès du violeur en série. Point de réalisme, point de PERRY MASON et autre NEW YORK DISTRICT, nous sommes bien ici en pleine parodie de justice. De cette justice étrange qui permet que l'on harcèle une victime encore sous le choc, la traitant d'inadaptée et de frustrée sexuelle pour finir par la déclarer responsable des odieuses maltraitances subies… La victime sort donc détruite, le violeur libre et le spectateur perplexe devant cette mise en scène plus que bâclée et cette facilité scénaristique déconcertante. La phase «Rape» particulièrement bien menée cède alors la place à une «Revenge» sans la moindre originalité… Les propos douteux se succèdent, le viol semble par certains dialogues légitimé et les clichés ridicules visant les handicapés mentaux s'accumulent. Reste l'affrontement final qui se montre d'une violence assez crue, toutefois très classique pour ce genre de film. Là encore, la qualité de la mise en image est au rendez-vous et le sang, rendu noir par les éclairages bleutés décidément omniprésents, coule à flots… Reste que cette seconde moitié déçoit et qu'elle semble tirer un trait malheureux sur l'originalité et la justesse du début, plombant quelque peu un film qui semblait prometteur.

Faisant partie d'une salve de cinq titres, RED TO KILL se voit aujourd'hui édité par Metropolitan en DVD zone 2 en France. L'image est proposée dans un transfert 16/9 au format cinéma de bonne facture, permettant de profiter au mieux des éclairages et des effets clair-obscur présents tout au long du film. Les noirs sont donc profonds et la définition plus qu'honnête. L'ensemble enterre par conséquent définitivement les deux éditions hongkongaises encodées dans un 4/3 baveux et criard.

DVD Hong Kong
DVD français

L'unique piste sonore proposée délivre un mono, codé sur deux canaux, d'honnête facture et des dialogues clairs en version originale cantonaise. Les sous-titres français sont bien entendu présents et très lisibles.
Côté bonus, ce disque ne bénéficie pas d'un traitement de faveur par rapport aux autres titres de la collection et ne contient donc que les cinq bandes annonces des titres maison estampillés Catégorie III…

Malgré son excellente première partie, ses acteurs très convaincants, sa mise en scène soignée, RED TO KILL sombre avec sa seconde moitié dans une facilité des plus regrettables. Un bien triste constat qui donnera l'impression au spectateur d'avoir assisté à un spectacle en demi-teinte, relevant à la fois du film hors norme et du métrage lambda… RED TO KILL n'en demeure pas moins un spectacle recommandable, disponible aujourd'hui dans une édition minimaliste mais correcte et ce pour un coût appréciable.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
RUO SHA DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h27
Image
1.85 (16/9)
Audio
Cantonese Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
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