Header Critique : FLASHMAN (FLASHMAN CONTRE LES HOMMES INVISIBLES)

Critique du film et du DVD Zone 2
FLASHMAN 1967

FLASHMAN CONTRE LES HOMMES INVISIBLES 

Sous l'avalanche de super vilains masqués, capés, en collant et en folie que l'Italie vit déferler dans les années 60, voici venir FLASHMAN aux mêmes superpouvoirs que Batman, à savoir… aucun.

Exit donc la folie de SUPERARGO VS DIABOLIKUS ou la méchanceté sublime de DIABOLIK, nous voici dans la même veine que KRIMINAL, louchant davantage vers un mollasson FENOMENAL plutôt qu'autre chose. A la différence près que notre FLASHMAN est du côté des gentils. Tout comme Batman, donc, ce héros est un milliardaire qui combat le crime, avec son majordome au courant de tout. Même la musique pop psyché de Franco Tamponi ressemble à s'y méprendre à celle de la série télévisée. Le cinéma de genre italien, roi du polycopiage carboné estampillé 100% produit original, n'avait qu'à s'activer et donner un des nombreux fleurons bis du cinéma d'aventure.

Un professeur trouve la formule d'une substance permettant l'invisibilité en évitant le réfléchissement de la lumière… et de se faire assassiner et dérober la formule par Kid (Ivano Staccioli). Ce malfaiteur est bien décidé à utiliser la formule afin de dévaliser les plus grandes banques. Sauf que son plan se voit contrecarrer par la venimeuse Hélène (Claudie Lange) qui s'occupe avec sa bande de copines à subtiliser l'argent des banques en le remplaçant par des faux billets… et Flashman (Paul Stevens, pseudo de Paolo Gozlino), déguisé en employé de banque, qui devra régler les deux affaires.

Le film est signé J. Lee Donan, un pseudo de Mino Loy. Connu surtout pour son activité de producteur et ses Mondo sexy durant les années 60, il se laissa tenter par la mise en scène avec un égal malheur, tant ses films apparaissent dénués d'intérêt véritable. La mise en scène étant tout à fait quelconque : film de guerre (SEPT HOMMES POUR TOBROUK), ou d'espionnage (FURIA A MARRAKECH) l'aspect médiocre de ce FLASHMAN n'étonnera donc personne. Le budget relativement conséquent permet des plans en hélicoptère, des tournages en extérieurs, des poursuites en hors bord, des décors naturels somptueux… mais rien n'y fait. Tout cela reste plat, sans envergure.

Déjà responsable avec Luciano Martino et Mino Loy d'un poussif LES ESPIONS MEURENT A BEYROUTH l'année précédente, le scénariste n'est autre qu'Ernesto Gastaldi, véritable machine à scénariser. Les amateurs le connaissent surtout pour ses scénarios de Gialli comme LA QUEUE DU SCORPION, LES RENDEZ-VOUS DE SATAN, IL TUO VIZIO E UNA STANZA CHIUSA E NE HO LA CHIAVE… il oeuvra aussi largement dans tous les genres. Surfant sur la vague naissante des super héros «all'italiana», Gastaldi créé de toutes pièces un nouvel avatar, «l'homme éclair», sorte de milliardaire des temps modernes, super cool, super drôle et super fort. Pourquoi homme éclair ? hum… il ne projette pas d'éclairs de ses petites mimines, ni ne court à la vitesse de la lumière… Il fait quoi, alors, FLASHMAN ? Il a un joli costume seyant, une cape rouge, un masque joli joli, son costume arrête les balles, il est un maître du déguisement, connaît la Reine d'Angleterre... Il saute d'un immeuble, d'un train, puis fait du parachute. C'est donc cela : FLASHMAN s'envoie en l'air.

S'envoyer en l'air, c'est assez super, doit-il se dire lorsqu'il sauve la jolie héroïne en enjambant le balcon d'un immeuble, de sauter dans le vide direction la piscine juste en bas. Certes, mais ça ne fait pas un film pour autant. Car FLASHMAN a beau sauter, courtiser, parachuter, bomber le torse, devenir invisible… malgré tout cela, il ne se passe pas grand-chose d'excitant. Faute à un scénario distendu, manquant d'ambition et de sens de la dérision auquel il veut toutefois se rattacher. La volonté pop, c'est cool, mais ce n'est pas en faisant de la soeur de Flashman un égérie du swinging London des 60's qu'on y arrive forcément. L'intrigue sécable ne fait qu'aligner des effets de manche et rebondissements à la limite de la naïveté consciente. Entre la demoiselle en péril attachée sur les rails de chemin de fer et le parachute ascensionnel à travers un mur de flammes sur la Méditerranée, notre héros sème à tous vents !

Bon, faisons un point. On a parlé de FLASHMAN, du scénario médiocre, de la réalisation sans âme… parlons des acteurs. Le héros, Paul Stevens, est en fait Paolo Gozlino, acteur de second plan qui oeuvra en Italie dans le péplum, les films d'espionnage et le Western. Jusqu'à jouer un petit rôle dans LES FANTOMES DE HURLEVENT d'Antonio Margheriti. L'atout majeur du film étant cependant Claudie Lange, une jolie brune pleine d'énergie, qui fit quelques apparitions remarquées dans deux Gialli de haute volée et mis en scène par Luciano Ercoli, à savoir LA MORTE ACCAREZZA A MEZZANOTTE et LA MORTE CAMMINA CON I TACCHI ALTI, d'avoir Roger Moore pour partenaire dans CROSSPLOT d'Alvin Rakoff et de terminer brutalement sa carrière avec LA PUNITION. Ivano Staccioli, toujours en méchant imputrescible, complète les acteurs d'envergure en donnant au Kid son caractère désagréable et vil.

Et il y a l'inspecteur de service et de Scotland Yard, joué par Jacques / Jack Ary, habitué des films de Mino Loy. D'ailleurs, il sautille et rebondit comme un jokari en furie, Jack Ary. Le trait est forcé à l'extrême : un imbécile de la pire espèce, qui gesticule, hurle, transpire l'idiotie de tous ses pores. Cela en devient exaspérant et l'on vient à imaginer le film sans lui. Hélas, tel un herpès perilabial purulent, il revient sans crier gare et gâche la scène. Du moins, toutes les scènes où il apparaît

Même les effets spéciaux n'arrivent pas à donner le change. On a bien droit à quelques maquettes réussies (notamment dans le dernier quart d'heure avec la poursuite en hors bord à travers les rochers), mais les effets supposés représenter les fameux «hommes invisibles» du titre français restent là aussi bien médiocres. A l'instar de THE AMAZING TRANSPARENT MAN réalisé huit ans auparavant, les méchants ne trouvent rien de mieux à faire que de vouloir cambrioler une banque grâce au sérum d'invisibilité. En regardant bien la scène de cambriolage, et malgré des décors étudiés pour la circonstance en structure et en couleurs, les fils soutenant les objets se déplaçant comme mus par un homme invisible sont hélas bien visibles. Les transparences évidentes ne rassurent pas non plus sur la qualité du bricolage effectué. Et ne comptez pas voir plusieurs hommes invisibles. Déjà parce qu'ils sont supposer l'être (invisibles), mais surtout que le titre français est trompeur !

Le film fut tourné en Cromoscope, un procédé similaire au Techniscope mais, les copies étant tirées ailleurs que dans les laboratoires Technicolor, il n'était pas possible d'utiliser le nom de Techniscope. Pour son édition italienne, le DVD offre une version au format respecté, agrémenté d'un transfert 16/9. Toutefois, une copie particulièrement terne étonne le spectateur habitué à plus de contrastes dans les récentes sorties de chez Alan Young Pictures. L'ensemble manque désespérément de tenue, les couleurs semblent absentes et malgré l'effort fait quant au nettoyage de la copie, on ne peut s'empêcher de remarquer quelques scories ça et là. La définition ainsi que les contrastes sont disparates et la luminosité, qui a sans doute été augmentée, n'arrange en rien la vision du film. Une compression médiocre vient gâcher l'aspect «pop psychédélique» tant vanté par le recto de la jaquette. Le télécinéma ne s'avère pas non plus d'une qualité exceptionnelle. Il suffit de voir les captures d'écran, tant un léger flou sur le contour des personnages persiste.

La bande sonore disponible uniquement en italien a été mixée en 5.1, comme il est souvent d'usage chez certains éditeurs italiens. Cela se révèle totalement inutile, créant artificiellement un espace sonore mal maîtrisé et générant plus de souffle qu'autre chose. Les dialogues étant parfois étouffés et concentrés sur le canal central, avec quelques accents de la partition musicale à droite ou à gauche. Il vaut mieux préférer la piste mono d'origine, ici enregistrée sur deux canaux. Le débit de compression étant assez irrégulier, il entraîne quelques pertes sonores, moins notables sur la piste en mono.

FLASHMAN pêche par un manque cruel de personnalité. Passons sur le fait que personne ne sait pourquoi il agit, d'où vient-il et dans quel état il erre hilare. Le héros lui-même manque cruellement d'épaisseur. On sourit aujourd'hui à tant de naïveté dans le propos, au jeu démesuré de Jack Ary, aux costumes psychédéliques de la soeur de FLASHMAN… Tout cela pour masquer un film emballé à l'emporte pièce et essayant de profiter d'un vague alors naissante qui culminera avec DIABOLIK. La mise en scène a cru combler le vide évident du scénario en multipliant les péripéties et les morceaux de bravoure. Hélas, tout tombe à plat (ou presque) et nous n'avons plus à faire qu'à un des plus mauvais représentants des super héros italiens.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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Claudie Lange
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Un film au rythme mollasson
Un DVD sans bonus et uniquement en italien (ce qui est, en fait, normal puisqu'il est italien)
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L'édition vidéo
FLASHMAN DVD Zone 2 (Italie)
Editeur
AYP
Support
DVD (Double couche)
Origine
Italie (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h29
Image
2.35 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital 5.1
Italian Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Italien
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      Aucun
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