Header Critique : KEK DEMON (BLUE DEMON)

Critique du film et du DVD Zone 2
KEK DEMON 2004

BLUE DEMON 

Spectateur, tu es sceptique. Tu as vu beaucoup de films avec des requins. Les SHARK ATTACK n'ont plus de secret pour toi. Tu pleures (pour diverses raisons) devant LA MORT AU LARGE. La rage te prend au ventre devant PEUR BLEUE de Renny Harlin. Et là, tu te dis qu'un réalisateur comme Dan Grodnick ne peut te décevoir. Comment l'un des scénaristes de TERREUR EXTRA TERRESTRE, le producteur de NATURE OF THE BEAST et le producteur exécutif de DEEP EVIL avec Lorenzo Lamas et de GLASS TRAP de Fred Olen Ray pourrait-il te décevoir ?

Tu regardes alors, incrédule, la jaquette de ce BLUE DEMON et tu vois des acteurs prestigieux. Dedee Pfeiffer (la soeur de Michelle), à peine remise de HOUSE III et de SANDMAN, plonge dans le rôle d'une généticienne travaillant sur le projet BLUE DEMON, avec manipulation génétique de requin visant à les transformer en engins de défense nationale. Tu es aux anges. Tu l'es encore plus car elle veut divorcer de l'autre généticien, Randall Batinkoff, jamais remis de son rôle dans BUFFY CONTRE LES VAMPIRES, le film. Et tu t'amuses à revoir Josh Hammond, découvert par David DeCoteau pour THE BROTHERHOOD. Et là, n'y croyant plus, tu vois débarquer Jeff Fahey dans le rôle difficile du méchant général qui finance tout cela. Et le général s'appelle Remora, comme le poisson du même nom… cela augure moult plaisanteries ! Mais voilà, tu constates avec horreur que les requins, logiquement contrôlés par un programme informatique très élaboré avec des couleurs partout qui clignotent, se sont échappés. Et tu frémis d'avance !

Ceci dit, tu te poses des questions. Hormis la jaquette menaçante avec son requin toutes dents dehors, tu n'as pas peur un seul instant. Et ce sentiment de déjà-vu te submerge. Car BLUE DEMON puise allègrement dans divers films préexistants. La scène d'ouverture est un hommage indirect aux DENTS DE LA MER. Tu te dis, Dan, tu connais tes classiques et tu nous fait un clin d'oeil. Mais Dan, tu es un sacré roublard, aussi. Tu ne produis pas du Fred Olen Ray pour rien. Car Renny Harlin est déjà passé par là avec son PEUR BLEUE. La scène de la bague qu'on enlève et des époux qui sont au bord du divorce (mais qui se retrouveront, tu n'en doutes pas !), c'est ABYSS. Et les requins qui transportent des bombes pour le compte des humains, tu l'as déjà vu avec des dauphins dans, justement, LE JOUR DU DAUPHIN. Le requin qui te fait le beau au-dessus d'un bateau et fait un saut périlleux, c'est même CROCODILE de Tobe Hooper. Oseras-tu la référence aux DENTS DE LA MER 3 pour le final ? Sacré Dan !

Tu vois que Dan n'est pas un manche. Il fait des efforts, Dan, avec des angles de prises de vue en contre-plongée permanente lors d'un travelling avant. Il place sa caméra dans des endroits audacieux ! Il essaye de combler son budget minuscule, c'est bien le moins qu'il puisse faire. Alors quand tu vois les quatre donzelles qui, d'un coup de cisaille, pénètrent dans une enceinte gardée férocement par des militaires mais que personne n'arrête, tu penses voir des sous-vêtements affriolants filmés de manière abusive ! Mais tu déchantes, car il ne s'agit que d'un bizutage qui ne tourne même pas mal. Diable, se cacherait-il quelque chose d'autre ?

Alors tu réalises que le ton du film est ouvertement celui de la comédie ! Tu es donc là pour t'amuser ! Les vannes que se lancent Dedee et Randall devant leur patron (joué par Danny Woodburn, un acteur nain aux facéties multiples. Car tu es persuadé qu'un acteur nain est forcément facétieux !) sont très drôles et très novatrices ! Car tu n'as pas vu AFRICAN QUEEN avec Humphrey Bogart et Katharine Hepburn, donc BLUE DEMON est tout à fait original pour toi, spectateur. En fait, même Jeff Fahey, tempes grisonnantes, mâchouillant son cigare (Serait-ce une parodie de Clint Eastwood ?) surjoue pour ton plaisir sans oublier des clins d'oeil permanents à la politique anti-terroriste du président Bush que tu aimes haïr. Car les requins vont devenir des armes d'attaque pour contrer les terroristes qui en veulent au patriotisme américain ! Rien que ça ! Tu vois, spectateur, tu es alors complice d'une satire de la politique américaine actuelle.

Ceci n'est rien à côté de ce qui t'attend avec les effets spéciaux en images numériques. Tu te dis "Quand même, en 2004, on arrive à faire des choses incroyables pour pas cher !". Spectateur, tu te trompes. Tu te trompes, car, BLUE DEMON en est une preuve flagrante. Tes six jolis requins menaçants qui essayent de croquer un jeune couple découvrant l'amour au bord du lac ? Tu les oublies. Ils ouvrent et ferment leurs mâchoires (infernales) et la tienne reste décrochée au bas de ton visage devant tant de beauté subliminale. Certes un tournage en quinze jours, en DV, quatre décors et une douzaine d'acteurs dont la fille du réalisateur ne peut pas cacher un miracle.

Mais au moins les faux ailerons qui réussissent à effectuer un angle droit lors de virages à droite ou à gauche peuvent aider à faire remonter la mâchoire du bas et commencer à provoquer un rire à gorge déployée. La mention spéciale revient au super requin méchant qui transporte une bombe dans sa gueule en frétillant mécaniquement de sa queue. Et pas une goutte de sang à l'horizon. Désespérément propre, tu remarques qu'une moitié de bras rapidement maquillée apparaît au début du film. Il y a bien un geyser de sang faisant surface dans le lac que tu contemples avec hébétude et regret. Mais ce sera tout. Tu ne fais alors que constater un tropisme vers le néant.

La copie que tu regardes n'est pas la panacée bien qu'elle soit sur un DVD vendu dans toutes les bonnes échoppes hongroises ou tchèques. Le son est orienté vers les canaux avant. Pour du 5.1, ça reste maigre. Les couleurs semblent passées, aussi, et tu te dis que la Californie au soleil, ça parait bien terne. Oh, tu ne vois aucune griffure ni poussière apparente sur la copie, le passage à la seconde couche se fait sans trop de mal. Mais ceci reste de consort avec la médiocrité du produit.

Voilà, tu as bien ri pendant 87 minutes (enfin, pendant 81 car le générique dure 6 minutes). Un rire parfois volontaire, la plupart du temps non. Alors, après avoir subi de manière obligatoire les bandes annonces de la version japonaise de THE GRUDGE en langue magyare et le film BLUE DEMON, tu veux autre chose de la vie qu'un joli menu animé. Alors tu te diriges vers la section bonus pour compléter ta culture. Tu as le choix entre le menu en tchèque ou en hongrois, avec en prime de la version anglaise d'origine, le format respecté et le transfert 16/9, les mêmes versions tchèques et hongroises. Tu ne comprends ni l'une ni l'autre de ces deux langues, alors tu tâtonnes un peu, mais tu découvre la bande annonce officielle du film. Et puis après, tu vois que LA 36ème CHAMBRE DE SHAOLIN est disponible là bas en version cantonaise sous-titrée (au choix) hongroise ou tchèque. C'est bien. Mais c'est mieux quand la bande annonce de la séquelle déboule juste après dans les mêmes conditions. Enfin, tu rugis de joie lorsque la dernière, celle de COMBUSTION réalisé par Kelly Sandefur (immortel auteur de I DOWNLOADED A GHOST), finit d'ébouriffer ton moniteur TV qui n'en demandait pas tant.

Tu ranges donc consciencieusement ton DVD dans son boîtier et tu demeures perplexe devant ce spectacle. Tu espérais un film d'horreur avec des requins comme le promettait la jaquette, tu n'as eu qu'une comédie d'aventure avec des requins mal animés numériquement avec la soeur de Michelle Pfeiffer. Tu vois, spectateur, la vie tient à peu de choses. Et tu te dis que le proverbe bulgare du sud «Mieux Vaut un HAMMERHEAD tourné en dix jours par Nu Image qui n'amasse pas mousse» n'a jamais aussi bien porté son nom. Avec son look de sitcom AB productions décérébrée et matinée de requins bidouillés sur Photoshop, BLUE DEMON t'a tuer.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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L'édition vidéo
BLUE DEMON DVD Zone 2 (Hongrie)
Editeur
Intersonic
Support
DVD (Double couche)
Origine
Hongrie (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h27
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Hungarian Dolby Digital 5.1
Czech Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Tchèqe
  • Hongrois
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