Header Critique : SEVEN DEATHS IN THE CAT'S EYE (LA MORTE NEGLI OCCHI DEL GATTO)

Critique du film et du DVD Zone 1
SEVEN DEATHS IN THE CAT'S EYE 1973

LA MORTE NEGLI OCCHI DEL GATTO 

IL GATTO A NOVE CODE (LE CHAT A NEUF QUEUES), IL GATTO DALLE OCCHI DI GIADA… le chat est à l'honneur en Italie dans les différents titres de Gialli ou de films d'horreur qui déferlent en ce début des années 70. Signe de succès ? Référence au cycle animalier initié par Dario Argento ? Nouvel avatar en 1973 avec ce LA MORTE NEGLI OCCHI DEL GATTO (ou tire d'export SEVEN DEATHS IN THE CAT'S EYES ou encore LES DIABLESSES en France) réalisé par un des maîtres du film populaire italien, Antonio Margheriti, signant ici sous son habituel pseudonyme Anthony M. Dawson.

Il réunit un casting pour le moins étonnant ; Jane Birkin, alors en pleine ascension, incarne Corringa (Super !), de retour au château familial en ce milieu du 19ème siècle. Sa tante, Françoise Christophe, hautaine et altière, est la parfaite antithèse de Hiram Keller, alors au sommet de sa beauté, à défaut de réel talent. Serge Gainsbourg, compagnon de Jane Birkin à la ville comme à l'écran (CANNABIS, entre autres), y fait un apparition anecdotique dans le rôle de l'inspecteur de service. Anton Diffring refait son numéro de séducteur ambigu. Enfin, inévitablement dans un film d'Antonio Margheriti, Luciano Pigozzi /Alan Collins fait lui aussi son numéro habituel de second couteau inquiétant qui rappelle d'ailleurs nombre de ses interprétations passées (celle, par exemple, de NUDE… SI MUORE).

Corringa, donc, rentre dans la demeure familiale écossaise à Dragonstone. Et pour tomber dans un nid de vipères avec à la clé meurtres à la pelle. Sa mère étant expédiée ad patres, les suspects vont bon train. Vampirisme ? Cadavre qui sort de son cercueil ? De sa tante au curé à demeure en passant par le joli Lord, la jeune professeur de français et son amant –par ailleurs couchant aussi avec la tante-, puis le gardien du château, bref, on n'en sort plus et tout ce petit monde va se faire égorger à coups de rasoir (de manière assez ridicule d'ailleurs, certains plans de coupe montrant clairement le manque de coupure du rasoir !).

Prolongeant le mélange horreur gothique et Giallo de A DOPPIA FACCIA (en version française LIZ ET HELEN, avec ses racines puisées dans le Krimi allemand-le film étant une adaptation d'un roman d'Edgar Wallace), Antonio Margheriti tente ici de transformer l'essai avec ce conte macabre mâtiné de meurtres mystérieux. On retrouvera ici et là les diverses influences des années 60, tout comme dans le compagnon de chambrée LES FANTOMES DE HURLEVENT qui repose presque sur un même schéma, on y voit les mêmes plans de camera subjective rasant les murs d'une grotte curieusement éclairée. Plusieurs autres clins d'oeil à Poe parsèment d'ailleurs le film (dont un orang-outan ridicule s'agitant derrière une fenêtre et le dit chat qui se retrouvera enfermé dans la crypte).

La scène d'ouverture, avec la caisse descendue au bas d'un escalier, rappelle aussi celle d'un de ses Gialli précédent, NUDE… SI MUORE, dont la structure en vase clos dans une maison avec ses occupants tombant comme des mouches, est là aussi de la même facture. En continuant dans le registre du recyclage à tout va, la musique de Riz Ortolani provient directement de LA VIERGE DE NUREMBERG.

Un TechniScope généreux s'allie aux couleurs violentes alors devenues presque inhabituelles à cette époque ; Le baroque visuel, marque de fabrique des récits tels que 6 FEMMES POUR L'ASSASSIN semblait avoir disparu des écrans. Margheriti souhaite retrouver cette glorieuse époque qui fit son succès. Les réminiscences de LA VIERGE DE NUREMBERG ou de LA SORCIERE SANGLANTE se remarquent à diverses reprises au détour des décors et des plans sur les visages des protagonistes au regard apeurés. Cependant, en 1972, on a l'impression d'assister à un combat désespéré pour maintenir un métier déjà vieux de dix ans, un sujet du même âge adapté à une époque qui était déjà depuis passée à autre chose. Le travail de restauration de la copie fait honneur à une photographie baroque qui retrouve le lustre d'antan. Mais si ce voyage au bon vieux temps du gothique 60's peut faire plaisir, on reste sur l'impression d'une manière de faire qui a peu évolué. Les moments d'épouvante demeurent plaqués, l'érotisme éléphantesque (élé-fantasque ?) et le gore éructe –au début- mais ne s'épanche jamais...

La technique, apanage de Margheriti, fait donc ses preuves. Ce n'est hélas pas le cas du scénario, bavard et chaotique. Voulant jouer sur le registre du récit fantastique (ou non ?), il pâtit des inspirations passées : référence à Edgar Allan Poe (déjà sujet des FANTOMES DE HURLEVENT), combinée à l'évocation animalière du titre, qui se révèlent un pur opportunisme commercial. En effet, le chat du titre italien original («La Mort dans les yeux du chat») apparaît peut être plus par obligation que par nécessité scénaristique. Pourtant la main gantée, les meurtres à l'arme blanche, la musique qui va crescendo, les victimes prêtes à l'emploi, le sexe puni, le prêtre veule, les coucheries en tous genres, les tromperies… rien ne manque aux règles du Giallo. Mais rien n'y fait. On n'échappe pas non plus à la sempiternelle scène de séduction lesbienne (vite repoussée par l'héroïne virginale !), au stupre et à la luxure nichée dans l'aristocratie qui se termine forcément en violence généralisée. Couplée à des incohérences en rafale (entre autres, pourquoi Corringa n'informe-t-elle pas la police lorsqu'elle tombe sur le cadavre ?), on arrive au final à un film mou et répétitif, ne prenant aucun temps pour approfondir quelque situation que ce soit.

Le spectacle fait plaisir à l'oeil, c'est évident. Des plans méticuleusement cadrés, l'utilisation ingénieuse de l'espace, les couleurs violentes qui émaillent les scènes de meurtres … mais c'est sans compter sur une direction d'acteurs qui laisse à désirer. L'interprétation reste sans surprise véritable. Et les coups de théâtre voulus par le scénario tombent à plat. Les personnages étant écrits de manière quasi caricaturale, on ne peut guère s'émouvoir de leur disparition prématurée ou être un minimum effrayé. Dommage, il y avait largement matière à un conte macabre du meilleur effet.

Le DVD sorti par Blue Underground est une amélioration à tous les niveaux par rapport à la version sortie au Japon il y a quelques temps par Trash Mountain Video. Tout d'abord une copie plus lumineuse, rendant un bel hommage aux couleurs éclatantes. Le Z2 japonais offrait une copie terne, sombre (voir la séquence générique) et parfois blanchâtre dans les scènes d'intérieur. Ensuite un transfert 16/9eme tandis que l'édition japonaise n'offrait qu'une version 4/3 (au format, ceci dit). Ceci n'est cependant pas sans grain dans certains plans rapprochés comme la scène de la carriole, au début, avec Jane Birkin et Luciano Pigozzi, lorsque la caméra s'en rapproche. Le grain se distingue au fur et à mesure. Tout comme celle où Corringa et la professeur descendent pour le premier dîner (voir les visages et le mur de l'escalier).

DVD japonais
DVD américain

Enfin la piste sonore du Z1 offre la version anglaise (donc internationale avec doublage médiocre) versus la piste italienne pour le Z2 japonais. Le mono sur un canal de chez Trash Moutain, haché et parfois sourd se trouve supplanté par le mono sur deux canaux anglais chez Blue Underground et surtout travaillé afin de faire disparaître au mieux les diverses aspérités sonores dues au temps. Blue Underground a en outre inséré des morceaux absents de la version anglaise, repris de la version italienne existante. Un bémol, toutefois : pourquoi dans ce cas ne pas reprendre la version italienne, à laquelle Blue Underground a donc pu avoir accès, dans son intégralité et la présenter sur le Z1 ? Tout comme la finalité du film, le mystère demeure entier. D'autant plus que la copie est similaire à celle présente sur le Z2 (générique de début en anglais avec la même faute d'orthographe sur «Cats Eyes» au lieu de "Cat's Eyes" puis générique de fin en Italien).

Côté bonus, le co-scénariste Giovanni Simonelli s'épanche (en italien avec sous-titres anglais) pendant huit minutes à propos du travail effectué sur le film ainsi que sur la mode et l'origine du Giallo dans les années 70. Tout est conclu par une brève apparition d'Antonio Margheriti (alors mort depuis trois ans) expliquant l'origine de l'anglicisation de son nom. Il est regrettable qu'aucune bande-annonce d'époque ne vienne compléter la section bonus. On pourra retrouver ce film annonce sur le DVD Japonais.

Si on ne peut nier de voir LA MORTE NEGLO OCCHI DEL GATTO dans une belle copie, le film reste néanmoins relativement peu intéressant aux vues de la carrière de son réalisateur. Reposant essentiellement sur des formules déjà usées, ce Giallo reste médiocre, manquant de folie. L'histoire du cinéma retiendra surtout la curiosité de son casting allié à un flair visuel évident, au service d'une histoire somme toute banale, mécanique, comme aurait dit Jean-François Davy.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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397 critiques Film & Vidéo
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Un mélange de Giallo et de film d’horreur gothique à l’ancienne
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Un scénario peu imaginatif
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L'édition vidéo
LA MORTE NEGLI OCCHI DEL GATTO DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Blue Underground
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h35
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Entretien avec Giovanni Simonelli (8mn10)
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