Header Critique : FANTOMES (BHOOT)

Critique du film et du DVD Zone 2
FANTOMES 2003

BHOOT 

En visitant un appartement, Vishal apprend que l'ancienne locataire est morte en tombant du balcon. Il cache cette information à sa femme Swati, mais suite à un incident entre elle et le gardien, le propriétaire va le lui apprendre. D'étranges événements ne tarderont pas à se produire dans les lieux, mettant les nerfs de Swati à rude épreuve. Son mari en arrive à douter de sa santé mentale lorsque débutent d'apparentes crises de somnambulisme.

Après plusieurs essais infructueux dans l'épouvante, Ram Gopal Varma revient avec une histoire de fantômes très atypique pour une production hindoue. Contrairement à la vaste majorité de films «Made in Bollywood», celui-ci dure moins de deux heures et ne contient aucun numéro musical. Pour le fond, c'est un métrage très classique de par son histoire qui ne dévie pas des sentiers battus : Une revenante se sert des vivants afin de régler ses comptes. Pour la forme, le métrage lorgne beaucoup vers de nombreuses réalisations récentes, comme RING ou JU-ON : THE GRUDGE pour l'ambiance de tension permanente, ou des films américains pour la mise en images. Ram Gopal Varma présente un savoir-faire certain en ce qui concerne l'importance de détails essentiels à l'histoire ou son emploi des décors froids et modernes. En cela, on sent une réelle recherche artistique, une volonté de contribuer visuellement à l'histoire au lieu de juste «faire joli» ou original. Cependant, certaines scènes surdécoupées façon clip musical peuvent agacer de par leur inutilité à l'ensemble.

Un insert prégénérique nous avertit que le film est à regarder à nos propres risques et périls dû à sa haute tenue en terreur. Bien que l'on ne risque pas de mourir de peur à l'instar de l'homme mentionné sur la jaquette (sans doute rien d'autre qu'un petit coup de pub), on en a pour son argent. De nombreuses prises de vue en plongée ou contre plongée installent d'emblée une sensation de menace ou d'écrasement, envoûtant le spectateur de façon très efficace. Pour le reste du métrage, tout est mis en oeuvre pour maintenir un niveau constant d'appréhension. On passe littéralement d'une scène de frayeurs à une autre et la plupart du temps, la terreur survient de façon imprévisible. A d'autres moments, on se doute que quelque chose va arriver mais Ram Gopal Varma nous surprend malgré tout, comme lors d'une séance ciné tétanisante pour son héroïne principale !

L'une des forces du film réside dans sa bande son travaillée à la perfection. La musique est augmentée de cris plaintifs et de choeurs rappelant des rites occultes, et serait parfaitement à son aise dans LA MALEDICTION ou L'EXORCISTE. Les bruitages qui accompagnent l'entrée d'un personnage ou la découverte d'un détail rendent inquiétante la chose la plus anodine. Parfois, l'absence de tout bruit environnant réussit le même exploit, comme lors de la découverte d'une poupée en chiffon abandonnée en haut d'une étagère que l'on reverra à de nombreuses reprises.

A propos des spectres qui hantent l'immeuble, leurs pâleurs cadavériques, leurs cernes sous les yeux ou encore les cheveux noirs devant le visage du fantôme féminin, on pense encore une fois à JU-ON : THE GRUDGE bien que les apparitions sont ici, le plus souvent, d'ordre bien plus subtiles. Des manifestations fantomatiques pas réellement menaçantes qu'il serait possible de comparer avec celles du SIXIEME SENS de M. Night Shyamalan.

Ram Gopal Varma n'oublie pas un combat récurrent dans les films de revenants, celui de la science contre la spiritualité. Vishal va d'abord emmener sa femme chez un médecin qui lui conseille un psychiatre. Ce dernier est accablé par le chagrin de voir sa fille en phase terminale d'un cancer, un détail qui aura son importance plus tard et qui renvoie inévitablement à L'EXORCISTE). De plus en plus perdu, Vishal va consulter une médium qui sera enfin le salut tant attendu pour Swati. Dans le rôle de cette femme qui subit une lente déchéance tant physique que mentale, nous trouvons Urmila Matondkar, une habituée de l'univers de Ram Gopal Varma. Sa petite taille et son air innocent nous la rendent d'emblée sympathique. Ses questionnements concernant la mort de Manjeet vont décupler sa vulnérabilité et la rendre d'autant plus réceptive aux événements inexpliqués. L'actrice transcrit à merveille son état perturbé par des forces qui la dépassent et contre lesquelles elle est impuissante.

Le rôle du mari incombe à Ajay Devgan. Vishal est courtier en Bourse, autant dire la frange très aisée de la population indienne, et rentre tard de son travail, laissant sa femme seule le reste du temps. Son assurance naturelle va s'effriter petit à petit sous le poids de son impuissance à aider Swati et il n'aura recours à la médium qu'en dernier lieu. Son esprit rationnel trouvera écho chez l'inspecteur Kureshi qui tente d'élucider le mystère entourant la mort de Manjeet qui semble avoir contaminé les nouveaux habitants de l'appartement. C'est un homme pragmatique jusqu'au bout des ongles et son air pénétré donne une petite touche d'humour à l'ensemble.
Les seuls personnages enclins à croire les dires de Swati sans sourciller sont la femme de ménage, Bai, et Sarita, la médium. Bai s'occupait de l'appartement quand Manjeet y vivait et donne l'impression d'en savoir plus qu'elle ne le dit. Ce côté mystérieux se retrouve également chez Sarita, déjà par son physique presque inquiétant. Elle est très belle mais possède un regard hypnotique et des manières qui font douter de sa bienveillance.

Contrairement à d'autres films d'horreurs de mémoire récente, BHOOT ne tombe pas dans le piège de la facilité d'une surcharge d'effets spéciaux. Le spectateur ne se noie pas dans un flot d'images retravaillées sur ordinateur et ainsi, l'ambiance a tout le loisir de s'étendre jusque dans les moindres recoins de votre salon. Elle est en cela aidée par une piste son en 5.1 de très bonne facture, autant dans sa version originale que pour la version française.

Le film est proposé dans un format 2.35 respecté, avec un transfert 16/9 bien evidemment compatible 4/3. L'image semble de prime abord un peu terne, mais ce n'est que le résultat de l'environnement austère, le tout étant rattrapé par un grand effort au niveau des éclairages, en particulier durant les scènes de nuit. Le transfert souffre cependant d'un manque de définition et contient de nombreux défauts de pellicule (traînée de petites taches blanches verticales, tâches diverses...) sans oublier une compression un peu trop visible. En comparant avec le disque hindou, l'image s'avère quasiment identique, avec donc les mêmes types de défauts. On pourra aussi remarquer que sur les deux DVD, une indication en hindi au milieu du film, probablement pour signaler un entracte, a disparu alors qu'elle etait présente sur la copie vue en salles.

DVD indien
DVD français

En guise de suppléments, le DVD propose d'abord deux clips musicaux. Le premier morceau d'inspiration pop, Bhoot Hai Yakan Koi, est interprété par une hindou qui danse de façon lascive sur un mélange d'images originales et tirées du film. Le deuxième, Bhoot Hoon Main, est plus atmosphérique grâce à une musique lente et à la voix très douce de la chanteuse. Dommage qu'il ne soit fait mention nulle part du nom des deux interprètes féminines ou du réalisateur. Nous trouvons ensuite une bande annonce subtile mais efficace, accompagnée de la bande originale angoissante du métrage. Cinq teasers d'une durée de 10 secondes, probablement des spots TV, qui viennent clore le DVD.

En somme, des suppléments qui n'apportent pas grand chose au métrage. Un commentaire audio du réalisateur aurait été intéressant pour en savoir un peu plus sur ses propres aspirations et influences. Précisons tout de même qu'en terme de suppléments, le traitement français est supérieur à celui du disque en provenance de l'Inde.

BHOOT est un film de fantômes qui n'a rien à envier à ses aînés. Le talent de son réalisateur évite à certains clichés d'alourdir l'ensemble, et le quotient frayeur remplit honorablement son contrat. Eteignez vos lumières et fermez bien les portes…

Rédacteur : Marija Nielsen
54 ans
98 critiques Film & Vidéo
On aime
Un film qui tient ses promesses
La bande sonore
On n'aime pas
Une réalisation parfois tape à l’oeil
Une image perfectible
Le manque de suppléments intéressants
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Autres critiques
L'édition vidéo
BHOOT DVD Zone 2 (France)
Editeur
Bodega
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h56
Image
2.35 (16/9)
Audio
Hindi Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      • Clips video
      • Bhoot Hai Yakan Koi
      • Bhoot Hoon Main
    • Bande-annonce
    • 5 Teasers
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