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Critique du film et du DVD Zone 0
THE DARK POWER 1985

 

Derrière le titre THE DARK POWER se cache en fait le premier long métrage réalisé par Phil Smoot, un américain qui, après avoir grandi en Caroline du Nord, décide de travailler dans le cinéma tout en restant dans sa région d'origine. Dès les années 1970, il œuvre sur plusieurs longs métrages, en tant qu'assistant de production ou bien dans le domaine de la prise de vue. Il participe ainsi à plusieurs films fantastiques à petit budget, tels que LISA, LISA de Frederick R. Friedel ou CARNIVAL MAGIC d'Al Adamson. Au milieu des années 1980, il décide d'écrire et diriger son premier film fantastique, tourné intégralement en Caroline du Nord, avec un budget des plus modestes et sur pellicule 16 mm. La Star de son film sera Lash La Rue qui fut, dans les années 1940, un spécialiste du western de série B, mis en vedette dans les productions de firmes telles que Producers Releasing Corporation.

Son personnage de cow boy se distinguait alors par l'usage d'un long fouet, trait dont se souviendront sans doute les inventeurs d'Indiana Jones lorsqu'ils créèrent leur aventurier en souvenir de l'âge d'or des "Saturday Matinee" dont la programmation mêlait serials et films B. Le reste de l'équipe se compose essentiellement de comédiens et de techniciens inconnus, la plupart d'entre eux étant d'ailleurs destinée à le rester. Le système D règne, si bien que les indiens morts vivants se voient interprétés par un cascadeur, des électriciens ou le monteur oeuvrant sur le long métrage. Parmi tout ce petit monde, Dean Jones, responsable de maquillages horrifiques et comédien dans THE DARK POWER, allait connaître une carrière brillante, notamment en se voyant nommer et récompenser à plusieurs reprises aux Emmy Awards pour son travail sur les effets spéciaux de la série STAR TREK : DEEP SPACE NINE.

Un indien d'Amérique, spécialiste en sorcellerie, meurt en laissant derrière lui sa demeure. Dans ses dernières volontés, il précisait expressément que celle-ci et la propriété l'entourant ne doivent en aucun cas être abîmées ou démolies. Pourtant, son héritier souhaite contrevenir à ces demandes et faire fructifier le terrain en se livrant à une juteuse opération immobilière. Toutefois, le Ranger Girard, expert dans le maniement du fouet et ami du défunt, veille au grain. Quatre jeunes filles, à la recherche d'un hébergement temporaire, s'installent dans la maison du vieil indien, provoquant un brouhaha qui va ramener à la vie des esprits très anciens…

Au vu de la situation explicitée dans ce résumé, il est aisé de distinguer les divers genres qu'entremêlent THE DARK POWER. Nous reconnaissons d'abord des renvois à un folklore amérindien, le terrain étant supposé avoir été antérieurement occupé par de redoutables sorciers Toltèques, membre d'une ancienne civilisation d'Amérique Centrale dont certains membres auraient, selon les auteurs du métrage, migré vers le nord. Nous nous retrouvons alors dans une ambiance évoquant d'autres titres tels que LE FAISEUR D'EPOUVANTE de William Girdler ou SCALPS de Fred Olen Ray. Surtout, cette histoire de jeunes gens se réfugiant dans une maison pour y faire la fête et se retrouvant aux prises avec d'antiques démons nous rappelle immanquablement EVIL DEAD, tandis que le comportement superficiel des protagonistes et la manière dont ils se font impitoyablement massacrer, parfois de façon gore nous renvoient aux slashers américains de la même époque.

Nous suivons donc les mésaventures de personnages juvéniles et caricaturaux, aux préoccupations souvent idiotes. Néanmoins, THE DARK POWER se distingue du tout venant de la production destinée aux adolescents en approchant ses protagonistes sur le ton de la comédie. De plus, les réactions de certaines jeunes filles apparaissant dans le film face au racisme d'une de leurs camarades ou au machisme satisfait d'un garçon les font passer pour des prix Nobel si on les compare à leurs congénères qui arpentaient alors les rives de Crystal Lake…

THE DARK POWER ne se contente pas de s'amuser de ses jeunes héros. Il se gausse aussi des quatre shamans zombies qui viennent les tourmenter. Ses spectres Toltèques se comportent ainsi de façon loufoque, se déplacent au son d'une musique cocasse, détruisent tout dans la cuisine, ou envoient maladroitement une flèche dans la tête d'un de leurs compagnons d'immortalité… Dès lors, le comique s'avère souvent lourdaud, et le fil du récit, extrêmement linéaire, peine à passionner le spectateur déjà bien engourdi après avoir attendu, une petite heure durant, que se manifestent les premiers monstres.

Alors, certes, THE DARK POWER est très inégal, et surtout, tend à se montrer parfois un peu soporifique. Mais, reconnaissons que son ton loufoque provoque immédiatement la sympathie ! Ce n'est pas tous les jours que nous voyons un vétéran du western combattre des zombies à coups de fouets, n'est-ce pas ? Aussitôt après, Phil Smoot se remet au travail pour élaborer, avec les mêmes producteurs (John G. Wolfe III et George B. Walker), un second long métrage fantastique : ALIEN OUTLAW, qu'il met à nouveau en scène. Ce sera toutefois le dernier long métrage qu'il réalisera puisque, par la suite, sa carrière s'orientera vers la direction de production sur des projets plus importants, tels que HELLRAISER III par exemple.

THE DARK POWER est récemment sorti chez l'éditeur américain VCI (multizone, NTSC), dans une édition plutôt luxueuse. Ainsi, le film est proposé dans son cadrage 1.66 d'origine, avec un télécinéma tiré du négatif original et bénéficiant de l'option 16/9. Toutefois, il s'agit tout de même d'un film en 16 mm tourné dans des conditions plutôt précaires, et le résultat s'en ressent un peu, notamment à travers la présence de saletés et une définition grossière. Qui plus est, certains plans sombres trahissent des difficultés dans la gestion des couleurs. Toutefois, au vu du support de départ, la qualité de l'image est acceptable.

En guise de bande-son, nous trouvons la piste mono d'origine, restituée à partir d'éléments magnétiques originaux, ce qui aboutit à une piste douce et propre, ne souffrant pas des habituels problèmes liés au transfert optique des bandes sonores. La prise de son n'a rien de transcendant, mais le résultat final reste d'une qualité appréciable.

VCI s'est aussi donné le mal de réunir une interactivité assez complète. Le film est ainsi accompagné d'un commentaire audio de Phil Smoot et de son monteur Sherwood Jones, commentaire dans lequel les deux hommes dissertent, sans jamais s'interrompre, sur ce projet et son tournage. D'autre part, une galerie de photos, réunissant des memorabilia dédiées à Lash La Rue et des photographies de tournage, peut être lancée : elle dure une petite dizaine de minutes et est commentée par Phil Smoot, qui revient sur la carrière du vétéran et le tournage de THE DARK POWER. Enfin, nous trouvons une courte biographie d'une page dédiée à Phil Smoot.

Malgré certaines limites techniques liées à la qualité de l'image, ce DVD s'avère tout de même satisfaisant, quand bien même il est réservé aux anglophones et aux spectateurs équipés pour visionner des DVD NTSC. Il existe aussi un DVD anglais, mais celui-ci, apparemment, recadrerait l'image en 1.33 et ne propose aucun supplément.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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Une œuvre joyeusement loufoque
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Un film linéaire et un peu ennuyeux
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L'édition vidéo
THE DARK POWER DVD Zone 0 (USA)
Editeur
VCI
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h21
Image
1.66 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire audio de Phil Smoot et Sherwood Jones
    • Remembering Lash La Rue (17mn30)
    • Biographie de Phil Smoot
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