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Critique du film et du Blu-ray Zone A
METEOR 1979

 

Le passage d'une comète pulvérise une ceinture d'astéroïdes. Résultat, le gigantesque météorite Orpheus dévie et fonce droit vers la Terre. Heureusement, si l'on peut dire, les Etats-Unis possèdent un satellite avec des ogives nucléaires braquées vers la Russie. Et, bien sur, les Soviétiques disposent d'un système similaire en orbite autour de la Terre. Ces engins de destruction massive deviennent alors l'espoir de l'humanité ! Le Dr Bradley (Sean Connery) prend donc la tête d'une organisation russo-américaine qui doit réaligner les ogives en direction d'Orpheus en moins de sept jours pour tenter de le détruire avant qu'il ne soit trop tard pour notre planète !

En 1979, le cycle de films catastrophe initié par AIRPORT dix ans plus tôt parvient à sa fin. Même Irwin Allen n'y arrive plus. LE DERNIER SECRET DU POSEIDON et L'INEVITABLE CATASTROPHE sont de graves échecs. La télévision s'empare du genre en lâchant HORIZONS EN FLAMMES et DELUGE SUR LA VILLE. La parodie pointe le bout de son nez avec LE BIG EN FOLIE. Ca sent donc la fin d'un règne. Malgré cela, METEOR voit le jour. Et, dans la grande tradition initiée par George Seaton, une palanquée de stars rejoint le casting.

Le producteur de Hong Kong Sir Run Run Shaw avait dans l'idée de percer la marché international. Il s'y employa via divers projets, dont l'incongru INSEMINOID, et en initiant un projet dans un genre jusque là porteur. Arrivent donc le prestigieux réalisateur de L'AVENTURE DU POSEIDON, Ronald Neame. Puis les stars affluent : Sean Connery, Natalie Wood, Karl Malden, Brian Keith ou Martin Landau. Tous connus du grand public, même si la carrière de certains se trouvaient en perte de vitesse. A l'instar de Paul Newman pour LE JOUR DE LA FIN DU MONDE tourné la même année, Sean Connery ne garda pas METEOR dans son coeur, l'ayant signé pour des raisons strictement financières. On y retrouve même Sybil Danning dans un petit rôle qui servira de relais à sa carrière internationale, puisqu'elle enchainera AIRPORT 80 CONCORDE juste après!

METEOR parvient rarement à la hauteur d'oeuvres spectaculaires comme LA TOUR INFERNALE ou encore TREMBLEMENT DE TERRE, véritables phares du genre catastrophe. Neame passe à côté de la très atmosphérique AVENTURE DU POSEIDON et, malgré cela, garde les règles du casting prestigieux. Le scénario s'engage dans une voie multidimensionnelle quelque peu inédite. Le premier quart du film oscille entre récit de guerre froide latente (Brejnev et Carter sont encore au pouvoir), militaires bornés et scientifiques largués. Connery apporte sa touche de rebelle attitude et se voit doté de dialogues crus du meilleur effet ! Puis on plonge en pleine science-fiction avec la station spatiale pulvérisée pour aboutir aux divers morceaux de la menace spatiale qui s'abattent sur la Terre. Cela n'est donc pas un mais plusieurs désastres auxquels nous assistons. une avalanche monstrueuse qui détruit un village suisse, un gigantesque raz-de-marée ravageant Hong Kong... Ou la destruction de New York City qui commence, coïncidence malheureuse, par le symbole des anciennes Twin Towers qui explosent en premier. Clairement, METEOR veut donner au spectateur son lot d'action, en passant la vitesse supérieure sur le nombre de destructions.

L'autre aspect intéressant demeure la préconisation du travail commun entre américains et russes. Mettant de côté les diverses dissensions politiques et militaires entre les deux blocs, le film prône un rassemblement des forces et non pas une opposition de facto. Un traitement rarissime, d'autant que pour une fois, les personnages ne font pas que subir l'atrocité qui s'abat sur eux, mais agissent contre.

Cinéaste anglais et héros écossais : le film balance de ce fait quelques coups de griffes envers le bloc américain. Connery qui indique à sa collègue russe jouée par Natalie Wood qu'elle se sentirait bien aux Etats-Unis, car il ont tout : un taux de criminalité galopant, entre autres. Et un commentateur anglais précisant qu'il est étonnant que le gouvernement américain ait besoin de la BBC pour prendre connaissance des événements tragiques qui se préparent. Le tout dans un flegme typique qui rend les arguments encore plus porteurs.

Il existe encore aujourd'hui pas mal de réticences critiques quant à METEOR. Le film possède l‘inconvénient d'une production arrivant en fin de cycle, de bricolage de certaines images provenant de stock-shots - dont certains plans recyclés d'AVALANCHE. Ceci reste néanmoins très mineur. Les très nombreux effets spéciaux optiques et mécaniques oscillent entre le tout à fait correct et le médiocre. Mais au regard de ce qui se pratique depuis quelques années en matière d'effets numériques déplorables, METEOR apparait comme un soulagement charnel et un terreau de créativité quant aux challenges visuels que la narration. D'autre part, on sent que certains acteurs payent clairement leurs impôts en offrant le minimum syndical. Pourtant, à l'image d'un Martin Landau qui se donne clairement, tout comme Karl Malden, Ronald Neame emballe l'ensemble de manière très pro. A l'inverse de Mark Robson qui manque le coche avec son AVALANCHE EXPRESS. Des transitions réussies comme après le générique de début le plan du bateau de Connery naviguant sur une mer d'étoiles en fondu enchaîné. Ainsi que la première apparition de la navette spatiale. Ou pour dynamiser un moment clé comme le métro de New York City submergé par la boue où les acteurs ont bien payé de leur personne - confirmé par Sean Connery dans un entretien avec NBC lors de la sortie du film. Karl Malden a réellement du souffrir!

Le film rencontra de nombreux soucis dès le lancement du projet. Neame et Connery refusèrent la première mouture du scénario. Il fut réécrit à la fois par Stanley Mann et Ronald Neame (non crédité au générique). Ce fut à ce moment que Sean Connery accepta de signer. Malgré un quart du budget dévolus aux effets spéciaux, les premiers résultats furent jugés insuffisants. Le développement de la relation entre Natalie Wood et Sean Connery se voit condamné et les plans échouèrent sur le sol de la salle de montage. Et de ce fait, certaines scènes ont été retournées. Avec un budget raboté -notamment pour la scène du tsunami où selon Tony Doublin (spécialiste des miniatures ayant travaillé à la fois sur 1941, CARNOSAUR 2 ou TOTAL RECALL !) il n'y avait pas assez d'argent pour construire les miniatures entières des immeubles - comme il avait été effectué pour 1941. Et donc certains plans du raz-de-marée excisés du fait des problèmes de tournage, rapporté en ce sens par Gene Warren, non crédité au générique par ailleurs. Plusieurs spécialistes défilèrent et quittèrent le tournage qui vira au cauchemar, et ce fut William Cruse (ayant oeuvré sur CITE EN FEU, DAR L'INVINCIBLE, L'EMPRISE) qui compléta le tout.

Dans son autobiographie, Ronald Neame exprima son désaccord et sa colère vis-à-vis de l'équipe des effets spéciaux et son responsable. D'abord sur l'utilisation d'une caméra concernant le tournage de plans en extérieur par cette équipe, avec l'accord de la production. Alors que le directeur de la photographie Paul Lohmann préférait opter pour une Panavision plus stable. Le résultat fut l'impossibilité de coupler les plans tournés par Neame et ceux du responsable de l'équipe, même après une tentative de réparation via la post production. Ce qui se voit considérablement sur certains trucages optiques, les différences de lumières étant assez criants - voir en ce sens l'impact sur la montagne suisse. D'un autre côté, Neame insista pour utiliser un morceau de lave spécifique pour tourner la scène pré-générique pour le météore, ce qui donna un look plus réaliste que le reste… Mais aux vues du résultat, on ne sait pas vraiment quelles décisions ont commencé à plomber le projet.

Malheureusement pour METEOR, le film sera distribué par American International, une compagnie habituée à sortir des séries B, rêvant de rivaliser avec les majors américaines. Le film ne versera pas dans un succès monumental : pour un budget annoncé à 16 millions de dollars, parti majoritairement dans le salaire des acteurs, il n'en rapporta que huit aux Etats-Unis. Et 595.000 entrées en France, par exemple. Ce qui n'empêcha pas le film se vendre partout à travers le monde. Et donc des résultats plus que notables comparés aux désastres financiers des dernières productions Irwin Allen, dont le pire restera LE JOUR DE LA FIN DU MONDE. Ce qui clouera le genre catastrophe au pilori malgré un (ridicule) soubresaut avec AIPORT 80 CONCORDE.

Le passage en haute définition s'effectue via Kino Lorber qui commence une nouvelle collection dévolue au catalogue MGM. Le Blu-ray zoné A d'une durée totale de 107 minutes et 25 secondes débarque avec un encodage MPEG 4-AVC en 1080p sur un disque de 25 Go. Une nette amélioration sur l'édition DVD, bien que les jaquettes soient décidément toujours aussi hideuses. Le piège de la HD est que si le niveau de détail se trouve considérablement amélioré (les gros plans sur Karl Malden et Sean Connery apparaissent tout bonnement magnifiques), tout comme la définition, cela accentue aussi les défauts inhérents au film, certaines effets optiques ont du mal à passer le test de la crédibilité, notamment les premiers plans de la ceinture d'astéroïdes.

L'image parait de manière générale assez douce concernant les teintes et couleurs, peut-être trop par instants. Certains plans saisissants, comme ceux sur les yeux de Sean Connery avant la première scène avec le projet Hercule, entre autres, alternent avec d'autres plus moyens sur la précision du détail. Mais c'est un indéniable progrès sur les précédentes éditions DVD. La piste sonore DTS HD MA 2.0 offre une certaine puissance quant à la partition (magnifique) de Laurence Rosenthal. Dans une répartition sur deux canaux, le générique de début donne le meilleur possible. Dialogues clairs, mais comme un manque de relief patent sur l'ensemble des scènes d'action. Le Laserdisc NTSC possédait une piste sonore stéréo, ce qui laisse entendre que le film soit sorti au cinéma dans un mixage en 4 pistes magnétiques. Par contre, le DVD Z1 ne reproduisait qu'une piste mono encodée sur deux canaux. On a donc droit ici à une amélioration… mais c'est encore du mono, même encodé sur deux canaux. Soit une régression par rapport au Laserdisc. Une vraie honte. La faute à MGM ou à Kino Lorber, peu importe. Mais conseil donc à celles et ceux (comme votre serviteur) qui possèdent encore ce support : gardez-le.

Autre chose assez curieuse : dès de début du générique de fin, la qualité sonore change brutalement. La répartition nette sur les deux canaux droite et gauche se substitue à un faisceau central un peu étouffé, comme si ce morceau provenait d'une autre source. Bizarre. La réelle déception vient du vide intersidéral concernant l'habillage du Blu-ray et des bonus. Aucun sous-titrage même anglais, le film annonce d'origine (où il est aisé de voir la différence avec le traitement HD du film concernant les effets spéciaux!) mais rien d'autre ! Pas d'interviews, ni de documentaire quelconque, alors qu'il existe du matériel relatif au film, y compris des documents concernant des entretiens avec Sean Connery ou avec les spécialistes d‘effets spéciaux comme Gene Warren, Dennis Michelson et Tony Doublin.

L'habillage du menu reste d'un niveau alarmant pour du Blu-ray en 2014, comme l'étaient les menus DVD d'il y a plus de 15 ans. Une image fixe tout comme l'accès chapitré, sans son, sur le centre de l'image. Ce qui semble une marque de fabrique, puisque le menu d'AVALANCHE (sorti également sous la bannière Kino Lorber) suit le même schéma. Un bon point : le menu pop-up apparait lors de la vision du film pour accéder aux maigres interactions qu'offrent la galette. Une sortie à minima et une certaine déception que le Blu-ray de METEOR, d'un niveau tout à fait respectable concernant l'image et le son, ne profite pleinement pas du format - et ne tire pas le produit vers le haut. Avec des bonus dignes de ce nom, comme ont pu l'effectuer récemment des éditeurs comme Shout! ou Twilight Time. Très dommage.

Ce Blu-ray upgrade visuellement METEOR afin de profiter pleinement d'un spectacle «comme on en fait plus», pourrait-on dire avec nostalgie. Même avec ses nombreuses scories, facilités, l'inutilité du rôle de Natalie Wood, ses effets pas toujours maitrisés, METEOR reste hautement sympathique et possède un capital fun fortement recommandable. Dommage que cette édition tronque le rendu sonore initial.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
On aime
Un film catastrophe généreux, véritable Best Of du genre
On n'aime pas
Une édition vide de bonus, sans aucun sous-titre
Une piste sonore en mono
Un menu faisant penser aux premières éditions DVD du XXe siècle.
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L'édition vidéo
METEOR Blu-ray Zone A (USA)
Editeur
Kino Lorber
Support
Blu-Ray (Simple couche)
Origine
USA (Zone A)
Date de Sortie
Durée
1h47
Image
2.35 (16/9)
Audio
English DTS Master Audio Mono
Sous-titrage
  • Aucun
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