Header Critique : WHITE TIGER (BELYY TIGR)

Critique du film et du Blu-ray Zone B
WHITE TIGER 2012

BELYY TIGR 

Alors que les forces soviétiques font route sur Berlin à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, un pilote de char est retrouvé crispé aux commandes de son blindé devenu une épave. Brûlé à 90%, ses chances de survie sont nulles. Et pourtant, il guérit miraculeusement bien qu'il soit devenu amnésique. L'état major va alors le choisir pour piloter un tank russe amélioré pour chasser un étrange char allemand aux capacités trop parfaites pour être naturelles !

Les chars et autres tanks, on peut en voir assez souvent au cinéma. Des véhicules blindés qui font généralement partie de l'attirail du film de guerre mais on les découvre aussi au gré de séquences assez spectaculaires comme la poursuite de GOLDENEYE dans les rues de Saint-Pétersbourg, le lancer de chars dans HULK ou pour contrecarrer des menaces hors normes comme dans plusieurs films mettant en scène des monstres géants (GODZILLA, RODAN...). Toutefois, les films mettant au cœur de l'intrigue des chars sont bien plus rares. On peut citer l'étonnant TANK, où un père de famille décide de libérer son fils aux commandes d'un vieux char de la Seconde Guerre Mondiale, ou bien TANK GIRL, l'adaptation d'une bande dessinée déjantée. Bien évidemment, c'est dans le registre du film de guerre que l'on trouve les titres les plus évidents comme l'excellent LA BETE DE GUERRE, l'amusant DE L'OR POUR LES BRAVES ou encore l'hollywoodien LA BATAILLE DES ARDENNES. Et si les films mettant en scène des blindés sont si rares, c'est peut être en raison du côté désincarné du véhicule une fois que l'équipage se barricade à l'intérieur. Et c'est justement cet aspect qui est mis en avant dans WHITE TIGER, une production russe dotée de gros moyens !

Dans le film de Karen Shakhnazarov, on nous présente donc un énigmatique blindé allemand, surgissant de nulle part pour réduire à néant des colonnes de chars soviétiques. Tirant à une vitesse infernale avant de se volatiliser comme par enchantement, l'engin de mort est rapidement surnommé le «Tigre Blanc» en raison de sa couleur poussiéreuse. L'état major soviétique se lance donc à la poursuite de ce char légendaire qui ressemble de plus en plus à un spectre maléfique plutôt qu'à un joyau de technologie militaire mis au point par les nazis. Dénué de visage et peut être même d'équipage, le char allemand devient totalement impersonnel, agissant comme un engin mortel totalement déshumanisé. Toutefois, si une partie du film joue un peu sur ce registre, WHITE TIGER ne transforme pas son blindé fantomatique en croquemitaine des champs de bataille. Cette option aurait d'ailleurs pu être intéressante en proposant l'affrontement de soldats terrorisés face à un char surnaturel. Mais WHITE TIGER est l'adaptation cinématographique d'une histoire de l'écrivain Ilya Boyashov qui narrait dans Le Voyage de Mouri le périple surréaliste d'un chat obligé de quitter son village en raison de la guerre en Yougoslavie. Les histoires de l'écrivain utilisent l'histoire de façon à se poser des questions philosophiques. Avec WHITE TIGER, le métrage prend ainsi la tournure d'un conte métaphorique où les hommes combattent face à un ennemi impossible à tuer, la guerre elle-même. Si l'on aborde WHITE TIGER comme un film d'action ou d'horreur, on ne pourra donc en ressortir que déçu. Le métrage préfère instaurer une ambiance étrange où l'on suit un pilote de char soviétique illuminé mais aussi increvable. Les chars parleraient au héros qui serait en prise directe avec un dieu des blindés siégeant fièrement sur un trône dans le ciel. Peut importe que ce pilote de char soit amnésique et franchement étrange, les Soviétiques mise sur lui pour affronter le fameux char allemand à défaut d'une autre option. Dans WHITE TIGER, on suit donc le parcours de ce tankiste qui suscite pas mal de doutes dans les rangs de ses supérieurs. On envoie donc un fou, n'ayant pas peur de mourir et obsédé par son ennemi, à la guerre ! Il n'en suffisait pas plus pour faire passer le message de WHITE TIGER.

Malheureusement, Karen Shakhnazarov s'égare dans la dernière partie du film. En effet, une grosse partie est dédiée à la capitulation des forces allemandes le 8 mai 1945. Une reconstitution pointilleuse et précise d'une assemblée de généraux, témoin de la signature d'un document. Ce passage s'avère au final extrêmement long et n'apporte, à vrai dire, pas grand chose à la thématique du film. Au mieux, la séquence de dégustation des fraises amène une touche étonnante aux généraux allemands. De même, on sera surpris par un long monologue débité par l'une des figures emblématiques de la Seconde Guerre Mondiale qui ne vient qu'enfoncer de manière très appuyée le propos du film tout en lui donnant un peu plus de lourdeur. Dommage car, jusque là, le film se montrait plutôt rigoureux en alternant des séquences étranges avec de spectaculaires affrontements entre blindés. WHITE TIGER aurait donc grandement gagné à rester dans son surréalisme au milieu des zones de combat tout en laissant planer un peu plus de subtilité sur son sujet ésoterico-philotsophique ! Le film de Karen Shakhnazarov est, en tout cas, une œuvre étrange, réflexion sur la guerre, qui pourrait se rapprocher un petit peu, par certains côtés, du finlandais SAUNA.

Seven Sept propose WHITE TIGER directement en vidéo, au choix en DVD ou en Blu-ray. Le disque haute définition affiche une image très naturelle avec un transfert 1080i/50hz. C'est d'ailleurs là le seul souci technique rencontré sur ce Blu-ray. En effet, on peut se demander pourquoi l'éditeur nous propose un transfert entrelacé alors qu'il serait plus logique de nous offrir une image progressive (1080p). Cela étant dit, durant le visionnage, on ne se pose pas tellement la question. L'image offre un rendu ciselé avec précision. La sonorisation se fait via deux pistes sonores, les deux en DTS HD Master Audio 5.1. De quoi bénéficier d'un gros son lors des tirs d'obus à travers la zone d'écoute. Rien à redire à ce niveau là !

Par contre, aucun supplément n'est visible sur le Blu-ray. Entre les batailles de chars de la Seconde Guerre Mondiale ou la création d'un tel film, il y avait sûrement de quoi disserter d'une manière ou d'une autre. Le seul contenu supplémentaire, ce sera donc la bande-annonce de WHITE TIGER ainsi que celles d'autres films sortis ou à venir chez le même éditeur. Par contre, il faut noter que le film est vendu, que ce soit en Blu-ray ou en DVD, avec un disque supplémentaire. Ce second disque est un DVD, même pour l'édition Blu-ray, intitulé «Les Forces de Frappe Militaire». Nous ne pouvons en dire plus puisque nous n'avons pas eu l'occasion de voir ce DVD qui est, d'après son titre, lié au contexte militaire, de près ou de très loin, de WHITE TIGER.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
54 ans
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Une dernière partie peu probante
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L'édition vidéo
BELYY TIGR Blu-ray Zone B (France)
Editeur
Seven 7
Support
Blu-Ray (Simple couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h44
Image
1.85 (16/9)
Audio
Russian DTS Master Audio 5.1
Francais DTS Master Audio 5.1
Sous-titrage
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