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Critique du film et du DVD Zone 1
NOMADS 1986

 

Le Dr. Eileen Flax (Lesley-Anne Down) reçoit dans son service d'urgences un anthropologue français à l'article de la mort, Jean-Charles Pommier (Pierce Brosnan). Bien que sérieusement blessé, l'homme est pris d'hystérie et saute à la gorge du médecin pour lui délivrer dans l'oreille un dernier message avant de tomber mort. Quelque peu choquée, Eileen rentre chez elle en espérant trouver le sens des derniers mots en français de Pommier. C'est alors que sa psyché est envahi peu à peu par les souvenirs du défunt, de sa récente installation à Los Angeles à sa rencontre avec une étrange bande de motards.

Le nom de John McTiernan est associé immanquablement à ses grands succès du film d'action américain, le broussailleux PREDATOR en 1987 et surtout PIEGE DE CRISTAL l'année suivante. Si sa base de fidèles ne jure que par sa «ré-invention» de la représentation de l'action au cinéma, il est amusant de noter que son premier film ne donnait aucun indice quant à l'orientation de sa carrière future. Réalisé en 1986, juste avant PREDATOR, NOMADS est un film fantastique étrange, très atmosphérique, à l'ambiance toujours aussi difficile à cerner aujourd'hui. Ce n'est pas réellement un film de fantômes, ni un thriller, ni un film d'angoisse. A une époque où le cinéma fantastique américain était surtout à destination des adolescents, McTiernan écrit et réalise une histoire entièrement centrée sur des protagonistes adultes dotés de problématiques complexes et diffuses.

Le coeur du film est concentré autour des réminiscences de la vie de Pommier, qui nous permettent de remettre en place petit à petit les circonstances de sa mort. Célèbre anthropologue ayant parcouru le monde pour étudier les peuples «primitifs», Pommier décide enfin de se poser à Los Angeles avec sa femme pour enseigner à l'université. Alors qu'il commence sa nouvelle vie, une bande de voyous vandalise sa maison, le poursuit dans sa vie de tous les jours. Armé de son appareil photo, il va alors lui-même enquêter sur cette étrange «tribu», essayant de comprendre leurs motivations, leurs fonctionnements. Il poussera la fascination jusqu'à montrer pâte blanche et les approcher, comme il le ferait avec un peuple indigène, pour les photographier. Le monde de Pommier bascule lorsqu'il se rend compte que les silhouettes des loubards ne sont pas impressionnées sur ses pellicules. La bande ne serait pas des hommes et des femmes, mais des esprits ancestraux descendants des tribus nomades Inuits.

NOMADS est donc une double descente dans le mental de ses protagonistes, à la fois chez le docteur Flax et chez Pommier qui doute en permanence de la réalité de sa perception. La correspondance des deux univers est très soutenu, grâce à une mise-en-scène inventive multipliant les aller-retours. Le film va trouver ainsi son équilibre : Pommier découvre et explore les phénomènes anormaux, tandis que Flax va tenter de trouver une rationalisation en revenant sur les lieux visités par le premier. Il ne faudra pas s'attendre à des réponses toutes faîtes car NOMADS entretient le mystère jusqu'au bout. Une attitude particulièrement étonnante pour un film américain de genre vieux d'une vingtaine d'années. Il faudra s'orienter vers l'analyse métaphorique pour démêler le sens de cette histoire, dont la morale semble dire qu'un homme est nomade par nature et non par choix. La tribu de motards étant là pour rappeler à un Pommier en passe de se sédentariser d'où il vient et où il doit aller.

Bien entendu, pour soutenir ses thématiques atypiques, McTiernan ne verse pas dans les effets faciles à base de plans chocs balancés de manière métronomique aux visages des spectateurs. NOMADS est un film lent et qui ignore bien souvent les clichés du fantastique des années 80. Les séquences d'angoisses sont du coup peu nombreuses bien que très marquantes (comme cette terrible visite d'un couvent abandonné). Plutôt que le sursaut agressif, McTiernan recherche ici à nous faire partager l'oppression grandissante de Pommier et sa sourde perte de réalité. Pour ce faire, le cinéaste use de lumières très travaillées et de quelques trouvailles (à l'époque) très originales comme des sauts de montage à l'intérieur de plans d'actions (comme sur la mémorable et très dérangeante séquence du loubard lancé dans le vide du haut d'un gratte-ciel). Ces fulgurances n'empêcheront cependant pas les réfractaires de trouver le temps parfois un peu long.

Les années passent mais la vision de NOMADS est toujours aussi déroutante (dans le bon sens du terme). Certes, les années 80 se font quelques fois ressentir dans une bande-sonore un peu datée de Bill Conti (compositeur des ROCKY) secondé par le guitariste Ted Nugent pour illustrer les thèmes sonores des voyous. Pierce Brosnan, excellent dans son rôle, ne fait malheureusement pas illusion pour nous autres français lorsqu'il s'exprime dans la langue de Molière. Qu'importe. Ces bémols ne sont que des détails face à l'opacité fascinante de ce film ne ressemblant à nul autre. Sorti à l'époque dans l'indifférence générale, NOMADS fait pourtant bel et bien parti des plus grandes réussites de son auteur.

Malheureusement, le nom de McTiernan ne semble pas assez accrocheur pour inciter un éditeur français à nous proposer NOMADS en DVD. Il faudra donc se tourner vers l'import, avec une édition américaine de qualité correcte. La copie est à la fois disponible au format (et anamorphosée pour le 16/9) et en plein écran suivant la face du disque choisie. L'image est satisfaisante, si l'on excepte un grain parfois prononcé ainsi que quelques petites poussières de temps à autre. La piste sonore est un mono plutôt efficace. Pas de bonus à se mettre sous la dent mis à part une bande-annonce d'époque. Cette édition est cependant très recommandable, d'autant qu'elle se trouve à prix très raisonnable et dispose de sous-titres en français. Dommage cependant que le graphiste s'étant occupé du menu d'accueil se soit pris un malin plaisir à déflorer la fin du film dans son photomontage...

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
48 ans
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287 critiques Film & Vidéo
On aime
Un film étrange qui ne ressemble à nul autre
La présence de sous-titres en français
On n'aime pas
Quelques bémols de rythme ou de musique très années 80
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L'édition vidéo
NOMADS DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
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  • Espagnol
  • Supplements
    • Bande-annonce
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