Header Critique : RAPED BY AN ANGEL

Critique du film et du DVD Zone 2
RAPED BY AN ANGEL 1993

 

Pour ses loisirs, Chuck, avocat de son état, s'adonne a des relations sexuelles avec sa petite amie. Toutefois, cette dernière commence a voir d'un mauvais œil ses fantasmes violents et finit par le plaquer lors d'un dérapage nocturne. Chuck n'est pas spécialement chagriné car il a déjà dans le collimateur un duo d'actrice vue dans un spot publicitaire à la télévision…

Wong Jing fait un carton avec NAKED KILLER sorte de variante du NIKITA de Luc Besson, dopée aux dérapages violents et séquences salaces. En talentueux opportuniste, Wong Jing tisse rapidement une filiation avec l'une des ses productions suivantes sur la seule présence du duo d'acteurs principaux : à savoir Simon Yam et Chingmy Yau. RAPED BY AN ANGEL se traîne alors le titre alternatif, et carrément mensonger, de NAKED KILLER 2. Rien à voir avec l'original du point de vue de l'histoire ou du style si l'on excepte les débordements inhérents à un cinéma destiné à un public adulte. On en vient même à se demander si la séquence publicitaire agrémenté d'explosions et grosses pétoires n'a pas été ajoutée là de manière à rapprocher artificiellement les deux films. En réalité, RAPED BY AN ANGEL n'a rien d'un film d'action sur-vitaminée et outrancière. C'est plutôt du côté des fameux «Rape & Revenge» que le film d'Andrew Lau va pêcher son sujet scabreux.

Toutefois, contrairement au mètre étalon du genre, Wong Jing, scénariste et producteur, va surtout mettre en avant son serial violeur à qui l'on donnerait le bon dieu sans confession (ou presque) d'où le titre RAPED BY AN ANGEL (littéralement «Violé par un Ange»). Personnage immoral, pour le moins, Chuck cache ses obsessions perverses sous l'apparence tranquille d'un honnête citoyen. Cette façade de golden boy en costard cravate qui attache les nanas pour les violer sous toutes les coutures n'est pas sans rappeler, en substance, le personnage du livre écrit quelques années plus tôt par Brett Easton Ellis et dont sera tiré le film AMERICAN PSYCHO. Même type de personnage froid qui ouvre la porte à ses pulsions violentes. Mais, en réalité, les deux hommes divergent dans leurs modus operandi.

Plutôt que céder à une pulsion passagère, Chuck préfère planifier et bien ruminer son fantasme avant de passer à l'action. En tant qu'avocat, il a ainsi bien fait ses devoirs et tisse une machination diabolique à même de le mettre hors d'atteinte de toute condamnation. Encore une fois, le titre est toujours aussi évocateur puisque notre violeur s'en sort blanc comme neige face à la justice. Ce qui surprend, finalement, ce sont les rouages du scénario dans cette partie de l'intrigue qui s'avère assez astucieuse. Mais ce sera bien la seule car le reste du film s'égare dans d'autres directions qui ont, au moins, le mérite de désamorcer l'aspect profondément glauque des violences sexuelles.

Entre donc en jeu Simon Yam qui n'est pas ici le libidineux agresseur mais un parrain de la pègre locale curieusement surnommé Tartelette. Il a en effet l'habitude de grignoter des pâtisseries à longueurs de journées ce qui ne modifie pas pour autant son charisme auprès des femmes. Et c'est bien là où le film commence à déraper gentiment vers un spectacle profondément misogyne. Car si l'on peut difficilement voir le spectateur s'identifier au violeur, Tartelette est un mec sympa, pas forcément classe mais assez cool ! Et s'il lui arrive de tomber sur une nana qui lui resiste, c'est seulement parce qu'elle a décidé de le faire mariner. Dans un film normal, on en viendrait inévitablement à la conclusion que lorsque les femmes disent «non», c'est qu'elles en ont envie ! Plutôt dangereux dans un film où rôde justement un violeur qui ne s'embarrasse pas, de toutes façons, de demander leur avis à ses proies. Mais nous ne sommes pas face à un film normal. S'il y a des limites à ne pas dépasser, Wong Jing et Andrew Lau les écrasent du pied allègrement main dans la main ! En bon représentant de la vague des films de catégorie III en provenance de Hong Kong, RAPED BY AN ANGEL est fait, avant tout, pour flatter les bas instincts de ses spectateurs sous la forme d'un film que l'on ne prendra pas au sérieux.

Dans d'autres films du genre, le mélange de sujets graves avec la comédie a tendance à offrir un cocktail dévastateur et de mauvais goût assumé. Et c'est là où RAPED BY AN ANGEL se plante quelque peu. L'alchimie ne fonctionne pas avec d'un côté une intrigue finalement bien ficelée et sérieuse alors que de l'autre on suit les frasques comico-romantico-criminelles du personnage interprété par un Simon Yam en roue libre. Cette part comique en profite pour ruer dans les brancards avec quelques délires amusants comme cette histoire de fellation «Froid – Chaud» ou encore l'anniversaire de la maman de Tartelette qui s'avère encore plus vulgaire que son fils malgré son âge avancé. Plutôt rigolo mais en total contraste avec d'autres scènes comme lorsque le film essaie de faire passer maladroitement un message à propos du rejet des malades du SIDA pour mieux utiliser, par la suite, la maladie comme une arme. Une idée qui sera réutilisé, de manière différente, dans le plus sérieux THE LEGEND OF SPEED réalisé toujours par le même Andrew Lau.

En terme d'horreur, RAPED BY AN ANGEL pourra paraître quelque peu gentillet graphiquement. Même un découpage improvisé à la tronçonneuse, car tout le monde à ce type d'outil dans son appartement, semble plutôt timide en comparaison des exactions gores vues habituellement dans le domaine de la Catégorie III. Pourtant, si la violence ne s'affiche pas en rouge sang, RAPED BY AN ANGEL contient tout de même son lot de séquences choc avec, bien évidemment, les viols filmés à grand renfort de détails graveleux et indécents. Ainsi, par exemple, l'abus de gros plans sur les préservatifs que le violeur s'apprête à enfiler semble vouloir souligner l'aspect murement réfléchi et prémédité de cet acte sexuel à l'état brut, dans tous les sens du terme. L'occasion au passage de reluquer les poitrines et popotins de quelques starlettes de Hong Kong alors que Chingmy Yau en montrera pudiquement le minimum. Une raison probablement dictée au cinéaste par le producteur Wong Jing qui était alors lié, au-delà des obligations professionnelles, avec l'actrice et auquel il aurait évité de trop se dévêtir !

Cette histoire de psychopathe sexuel est, comme souvent, dans le domaine de la Catégorie III plutôt bien emballée cinématographiquement parlant. Il faut souligner tout de même que derrière la caméra, on trouve un certain Andrew Lau encore à ses débuts dans le domaine de la réalisation mais qui fera parler de lui dans des genres assez différents avec la série des YOUNG & DANGEROUS, les INFERNAL AFFAIRS ou bien encore le décrié THE STORMRIDERS. Andrew Lau lâche d'ailleurs la possibilité de faire des viols répétition puisque le film sera suivi, un peu tardivement, des bien nommés RAPED BY AN ANGEL 2 : UNIFORM FAN, RAPED BY AN ANGEL 3 : SEXUAL FANTASY OF THE CHIEF EXECUTIVE, RAPED BY AN ANGEL 4 : THE RAPER'S UNION et RAPED BY AN ANGEL 5 : THE FINAL JUDGEMENT avant de s'arrêter après avoir épuisé non pas les acteurs mais les clichés et idées barrées en matière de violence sexuelle.

Bien qu'il ne soit pas forcément très spectaculaire, RAPED BY AN ANGEL permet de découvrir une facette différente du Catégorie III tel qu'on l'entend. De cette première (et dernière ?) salve de cinq Catégorie III édité par Metropolitan, ce film est sans aucun doute le plus faible car le moins outrancier. En tout cas, le transfert 16/9 au format cinéma offre une image solide à laquelle on ne pourra que reprocher l'apparition, ici ou là, de petites griffures et tâches sans grande importance.

Sans fioriture et sûrement conscient que le grand public ne se risquera pas dans les eaux boueuses du Catégorie III, l'éditeur ne propose même pas de version française ce qui aurait nécessité une dépense supplémentaire en vue de créer un tel doublage. Pour nous, il faut bien le dire, on s'en tapes un peu le coquillard et on découvre donc RAPED BY AN ANGEL dans sa version cantonaise dans un simple mono honnête. Pour ceux qui ne comprennent rien au cantonais, un sous-titrage français s'affiche et offre donc un joli flot d'insultes fleuris qu'il aurait été dommage de louper !

Il ne faut pas rêver, Andrew Lau a autre chose à faire que de venir papoter sur un commentaire audio ou faire coucou sur l'édition française en DVD de son RAPED BY AN ANGEL. Wong Jing, lui aussi, est grave occupé à produire toujours plus de films qui sont, comme il le dit, fait en priorité pour divertir les spectateurs, quoi qu'ils demandent, et ensuite pour se remplir ses poches. Tout le monde est content et que voulez-vous qu'il dise à propos du film ? Qu'il lui tient à cœur ? Qu'il s'agit d'une œuvre de dénonciation de la condition des femmes ? Metropolitan a tranché et plutôt que de faire ramer des cinéastes en interview (ce qui aurait pu valoir le coup quand même), l'éditeur a choisi de ne filer que les bandes-annonces des cinq films de la collection et proposer le package à un prix fort raisonnable !

Rédacteur : Antoine Rigaud
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Le sale plan machiavélique du violeur
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Mix humour et sujet sérieux qui tombe à plat
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L'édition vidéo
RAPED BY AN ANGEL DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h36
Image
1.85 (16/9)
Audio
Cantonese Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      • Bandes-annonces
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