Header Critique : SHADOW OF THE HAWK

Critique du film et du Blu-ray Zone 0
SHADOW OF THE HAWK 1976

 

Old Man Hawk (Chief Dan George), un chaman vieillissant, réalise qu'une sorcière nommée Dsonoqua (Marianne Jones), exécutée il y a deux cent ans, est revenue encore plus puissante. Il essaye d'enrôler son petit-fils américanisé Mike (Jan Michael-Vincent) pour lui transmettre son savoir et stopper la sorcière dns son plan de destruction de leur peuple. Dubitatif, Mike arrive sur les lieux flanqué d'une reporter (Marylin Hassett).

Production américano-canadienne tournée au Canada en 1976, SHADOW OF THE HAWK (traduction : L'OMBRE DE L'AIGLE) reste curieusement inédit en France. Ce fut d'abord Jack Smight, tout auréolé du succès de 747 EN PERIL, qui prend les manettes en novembre 1975. Le scénario prévoyait une ambiance désert pour l'histoire originale. mais les premières réécritures demandées par le producteur John Kemeny firent prendre du retard au tournage, dont les éléments étaient déjà en place. Jack Smight quitta le projet, appelé par Universal pour faire LA BATAILLE DE MIDWAY. Au profit de Daryl Duke, un metteur en scène canadien spécialisé à la télévision, mais dont la connaissance en culture indienne semblait un atout. Il entra en scène en janvier 1976, et les mois qui suivirent virent le départ progressif de l'équipe initiale.

Finalement, le tournage démarra en mars 1976, début de longues tensions entre John Kemeny et le metteur en scène. Et il fut émaillé de soucis incommensurables. Intempéries, modifications de scénario, l'ours envoyé de Los Angeles qui ne faisait que dormir. les oiseaux engagés qui tombèrent malade. Des rumeurs de malédictions tribales pesaient sur l'ensemble... et après que les pontes de Columbia arrivèrent, Duke prit la porte, tout comme son directeur photo. A la grande désillusion de l'ensemble de l'équipe, qui vit arriver George McCowan, canadien aussi, resté célèbre pour son curieux opus d'attaque batracienne, FROGS, avec un autre directeur photo : Philip Lathrop. A noter que le générique ne retiendra que les deux précédents : John Holbrook et Reginald Morris.

Fin des problèmes? Non. Dan George tomba malade et ne tournait qu'en présence médicale. Tout comme Marylin Hassett, dont certaines scènes furent élaborées avec une doublure tant elle ne pouvait être présente. L'ambitieux projet aux odeurs de dollar vert, avec un budget confortable, s'effondra net et le tournage s'arrêta au soulagement de tout le monde. Triste, car le film rencontra un échec et ne fut même pas distribué dans plusieurs pays. McCowan resta le seul crédité au générique.

Réellement dommage, car en regardant le film quelques 42 ans après, même s'il est difficile de différencier le travail des deux cinéastes (pour l'anecdote, Duke surnommait malicieusement McCowan «McCowan-une-prise» pour sa rapidité à tourner), force est de reconnaitre un traitement réellement hors norme - en plus d'un sujet quittant les sentiers battus. La décade 70-80 s'attela à nombre de films ayant pour décor la culture indienne des premières tribus : THE MANITOU, MORSURES, THE PROPHECY, WOLFEN... les livres rencontraient un succès non négligeable et la société nord-américaine post 1970 trouvait un regain d'interêt sur les premiers habitants du continent et leur culture. SHADOW OF THE HAWK s'inscrit parfaitement dans ce cycle - plus encore car le sujet même ancré autour de la transmission du savoir d'un chaman à son successeur. L'éveil à la connaissance de ses racines, la prise de conscience d'une autre trajectoire que celle promise par la vie urbaine blanche.

Jan Michael-Vincent s'avère crédible dans le rôle d'un métis partagé entre deux cultures - mais fonçant tête baissée dans une aventure surnaturelle. Le grand gagnant s'avère cependant Chief Dan George (JOSEY WALES HORS LA LOI), formidable et infatigable allié du bien, défenseur de ses croyances et ardent lien entre le passé et le futur. Une présence indéniable qui porte le film sur ses frêles épaules.

Le fantastique apparait sous forme de présences fantomatiques de la sorcière masquée, attaquant sous l'eau, dans les rêves. McCowan instaure une atmosphère ambivalente, traduisant l'état d'esprit tourmenté du héros. A la différence de MORSURES, on sent surtout que le réalisateur possède ici un vrai sens de la construction dramatique et de l'attente. Les scènes d'action catalysent la narration, construisent un climax - dont celle de la jeep fonçant dans le vide après une haletante course-poursuite. Idem pour la séance initiatique, avec ses plans larges nimbés du brume en pleine nuit, et ses apparitions quasi-zombiesques de membres de la tribus comme hypnotisés. Des éléments qui ressemblent cependant quelque peu aux VIERGES DE SATAN de Terence Fisher. Des tentatives d'aborder le fantastique de manière différente, de privilégier l'ambiance sur les effets chocs. Il y en a bien quelques uns, comme la superbe séquence de rêve où la sorcière, via un montage intelligemment saccadé, projette un serpent dans la réalité pour aller mordre le chaman tout en excitant l'imaginera avec ces presque baisers charnus et vocaux entre membres de sa secte. Effet garanti.

Malheureusement, ceci ne change pas un certain déséquilibre. Des soucis d'écriture et de logique pointent le bout de leur nez. Le personnage de la journaliste qui embarque dans l'aventure se révèle totalement gratuit et inutile. Hormis de promouvoir la sacro-sainte amourette attendue. Des scènes parfois disjointes, reliées maladroitement par des scènes d'exposition qui sentent parfois la rallonge. Idem pour l'attaque de l'ours : efficace mais ne servant à rien, hormis une péripétie supplémentaire permettant les 90 minutes règlementaires.

SHADOW OF THE HAWK se rattrape cependant largement par son visuel. Une splendide photographie automnale qui magnifie littéralement l'ensemble. Une prise de pouvoir de la nature sur l'écran qui replace idéalement le contexte de l'homme effectuant son retour aux sources. Les valeurs initiales, le mystère. Clairement, le budget permet des plans complexes, une photographie classiques qui met rapidement le film au-dessus de la cohorte de bien de séries B de l'époque. Qu'il s'agisse de plans studios ou en extérieur, les cadrages et la photographie emportent l'adhésion. Idem pour la création d'atmosphère lugubre et inquiétante, notamment sur la sorcière préparant son aura maléfique. Il faut également pointer une extraordinaire séquence de traversée de pont suspendu dans le vide, probablement une des plus impressionnantes jamais filmées. Ceci couplé à une ambiance de cauchemar, adroitement puisée dans les décors naturels saisissants et le folklore natif de Colombie Britannique.

Le gros manque du film reste cependant son cheminement trop conventionnel, sa mise en image brinquebalée entre le quelconque et le superbe. Le bon côté: une odyssée inhabituelle au creux de légendes indiennes, privilégiant l'atmosphérique sur l'effet facile. Dommage que le rôle de Mike ne soit pas plus teinté d'épaisseur - on peine à comprendre sa facilité à quitter son monde urbain et foncer tête baissée dans le chamanisme. Vincent fait ce qu'il peut avec le matériel qu'on lui donne. Les valses hésitations du métissage seront mieux reprises par la suite dans des oeuvres comme COEUR DE TONNERRE, entre autres exemples.

Malgré les limites d'un film victime d'aléas de productions inhérents aux tiraillements entre les souhaits d'un producteur et la vision d'un réalisateur viré en plein milieu du job, SHADOW OF THE WOLF mérite la découverte. En réussissant à mettre de côté une progression parfois languide, vous vous retrouverez devant un long métrage aux élans visuels qui glissent sur l'ésotérique - évite de justesse le grotesque, sans avoir oublié de mettre les pieds dans le bizarre. Imparfait, mais séduisant dans son approche.

Pour sa première apparition HD, SHADOW OF THE HAWK subit le traitement de l'éditeur américain Mill Creek. A savoir un traitement low cost : film seul, sur un BD 50, en 1080p, et agrémenté d'un autre film en double-programme, à savoir NIGHTWING (MORSURES) dont vous pouvez retrouver également la critique sur le site. Le grand avantage étant la possibilité de se procurer les deux films en Blu Ray pour un prix dérisoire... à condition de parler anglais et de faire l'impasse sur des bonus et autres sous-titres. La jaquette verso indique un code en région A, mais il s'agit bien d'un disque toutes zones.

A l'instar de NIGHTWING, SHADOW OF THE HAWK est présenté en format 1.85:1 via un menu simpliste (cliquer sur l'affiche pour lancer le film) - sans aucun accès chapitré ni bonus supplémentaire, et d'une durée totale de 92mn19. Un encodage AVC assure un rendu très agréable. Un grain filmique présent avec un usage minimal de DNR. A ce titre, un bien meilleur traitement que NIGHTWING. On pointera quand même quelques soucis de stabilité d'image (vers 26mn34), où des fourmillements blanchâtres apparaissent sur le bas de l'image pendant quelques temps. Mais rien de dommageable. La copie laisse éclater des couleurs magnifiques : des rouges aux textures riches, des contrastes assurés, les niveaux de noir maitrisés. On voit clairement que le matériel technique utilisé (qu'il s'agisse de la Panaflex ou du stock pellicule et tirage) assure. Les détails apparaissent parfois de manière affolante (les gros plans sur les objets, les visages), et les scènes extérieures étonnent de par la richesse naturelle capturée. A noter un débit plutôt décent (supérieur à 32 Mbps en moyenne), régulier. On ne peut s'empêcher de penser que John Holbrook soit beaucoup à l'origine des plans extérieurs, tant ce ton naturaliste et brut se retrouve dans RAMBO. Ici, la très jolie photographie naturelle gagne en profondeur et révèle des tons splendides. Vraiment une très belle surprise.

La piste audio anglaise LPCM 2.0 (sans sous-titre) assure le job de manière là aussi très servicielle. On sent les limites de la source d'origine, mais qu'il s'agisse de musique, environnement sonore, bruitages ou dialogues, le tout s'enchaine sans aucun souci ni souffle. Un bon travail.

Aucun supplément en vue, comme pour énormément de galettes Mill Creek. Maintenant, il s'agira probablement Hormis un choix éditorial d'un autre éditeur d'ici quelques années il s'agira probablement de la seule manière de voir ces deux curiosités 70's assez peu visibles sur un format HD. Certes, la compréhension de l'anglais reste nécessaire - mais vu le bon débit global assuré pour ce SHADOW OF THE HAWK (et dans une moindre mesure pour NIGHTWING), on recommande ce Blu Ray.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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397 critiques Film & Vidéo
On aime
Une odyssée initiatique inattendue
Une splendide copie
La scène de traversée du pont
On n'aime pas
Un rythme parfois planplan
Absence de bonus
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L'édition vidéo
SHADOW OF THE HAWK Blu-ray Zone 0 (USA)
Editeur
Mill Creek
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.85 (16/9)
Audio
English PCM Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • NIGHTWING
    Menus
    Menu 1 : SHADOW OF THE HAWK
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