Header Critique : SPOILER

Critique du film et du DVD Zone 2
SPOILER 1997

 

Accusé injustement d'un crime qu'il n'a pas commis, Roger Mason est envoyé dans une prison futuriste de haute sécurité. Perdu parmi les pires malandrins de la Galaxie et désespéré de ne pouvoir étreindre sa petite fille, notre homme décide de s'enfuir. Malheureusement, son plan échoue et il retourne aussi sec en cabane. Alors il entreprend de s'enfuir à nouveau mais là encore, il se fait cueillir. Du coup, il retente de s'échapper et… Bref. Mason est entêté et va passer son existence à essayer de fuir, cumulant les peines de plus en plus longues et sévères, allant même jusqu'à quelques décennies de cryogénisation...

Lorsqu'on évoque le réalisateur Jeff Burr, on pense avant tout au LEATHERFACE – MASSACRE A LA TRONCONNNEUSE III déjà chroniqué dans nos colonnes. Pour peu que l'on fasse un petit effort de mémoire, le souvenir des sympathiques LE BEAU-PERE 2 et LA NUIT DE L'EPOUVANTAIL nous revient également. A la limite et en forçant davantage, un PUMPKINHEAD II ou les PUPPET MASTER 4 et PUPPET MASTER 5. Mais il est en revanche bien peu probable qu'un de vos proches ne joue la carte SPOILER pour définir l'œuvre de Jeff Burr ! Et pour cause...

Tourné en même temps et dans le même hangar que CONVINCT 762 (avec Frank Zagarino) et THE JOURNEY : ABSOLUTION (de David DeCoteau), le film est un peu la troisième roue de la charrette. Il ne décrochera donc qu'un budget de cinq cent milles dollars, soit trois fois moins que les deux métrages précédemment cités. Et objectivement, cela se voit à l'écran. Sur toute sa durée, SPOILER affiche donc un visuel incroyablement fauché et aligne les couloirs sombres ou les pièces typées «industrielles» désespérément closes. Les figurants ne sont guères nombreux et l'on imagine aisément que chacun d'eux occupe plusieurs rôles, avec ou sans casque par exemple.

Mais qu'importe en réalité le budget car l'intérêt tout relatif de SPOILER réside ailleurs. Tiraillé entre son concept à la FORTRESS et ses idées ouvertement repiquées de DEMOLITION MAN (cryogénisation, rééducation, etc...), le film propulse notre héros au sein d'une spirale administrative et carcérale sans fin. Initialement condamné à une modeste peine, Mason s'enlise ainsi un peu plus à chacune de ses escapades manquées. Parallèlement à cela, il gagne en renommée auprès de ses codétenus et s'attire au contraire les foudres des matons. A l'extérieur, les proches de Mason évoluent sans lui, fondent une famille qui lui est étrangère, vieillissent et finalement meurent. La vie elle-même semble défiler en accéléré et agir comme un terrible sablier. Une idée intelligente qui enfonce le protagoniste dans une noirceur plutôt bien rendue, et à dire vrai assez déprimante.

Inutile de dire que pour endosser le rôle du personne principal et restituer à l'écran le désespoir qui l'anime, il fallait un acteur capable d'exprimer une certaine charge émotionnelle. C'est pourquoi la production a décidé d'ouvrir le catalogue des Stars à même de porter le film en lui donnant une interprétation de haut niveau. Arrivée à la page des tarifs, ils ont fermé le catalogue et ouvert celui des autres acteurs, ceux qui ne restituent pas grand-chose mais qui rentrent dans le budget. Et de là ils ont sorti Gary Daniels, une Star aux yeux aussi vides que bleus, qui n'exprime habituellement que des coups de pieds dans la gueule ! Nous avons déjà évoqué le cas de Daniels à l'occasion de nos chroniques de COLD HARVEST ou KEN LE SURVIVANT. Des rôles qui, mine de rien, proposaient leur lot de séquences d'action dans lesquels l'acteur pouvait briller. Avec SPOILER, l'affaire est plus délicate... Jeff Burr rencontre Gary Daniels pour la première fois lors du premier jour de tournage et, forcément, le réalisateur doute. Objectivement, l'acteur donnera tout ce qu'il peut et à l'écran, on sent une volonté d'humaniser son personnage. Reste qu'à l'impossible nul n'est tenu. La performance sera donc très en deçà des attentes et c'est sans doute là le plus gros défaut de ce SPOILER. En guise d'émotion, Daniels nous offrira donc un air con qui ne le quittera qu'avec le générique de fin…

Le cas de Willard E. Pugh sera cependant bien plus dramatique encore. En effet, celui qui fut le souriant Maire de détroit dans ROBOCOP 2 est ici un chasseur de primes bedonnant foutant la raclée à Daniels ! On a rarement vu moins crédible ! Le RE-ANIMATOR Jeffrey Combs cachetonnera pour sa part dans le rôle d'un agent des forces de l'ordre obsédé par sa mission. La folie hargneuse qui anime ce personnage colle déjà bien davantage à son interprète, savoureux comme bien souvent. Enfin pour rester dans le casting, nous noterons le bref passage des yeux glaçants de Meg Foster, actrice à jamais indissociable d'INVASION LOS ANGELES.

Malgré de sérieux handicaps et des limitations de tous bords, Jeff Burr parvient tout de même à faire preuve d'une certaine ingéniosité. Nous l'avons vu, l'homme mise tout d'abord beaucoup sur un scénario intéressant et une ambiance franchement pesante. Mais le réalisateur se montre également plutôt malin dans la gestion de son budget. Les maigres deniers sont ainsi réservés à quelques moments clef du film, comme une ultime évasion, ou avant cela la traversée d'un couloir «gelé». Bien que ce ne soit pas là des éléments mémorables, cela suffit à donner à la pelloche une identité, un petit quelque chose de sympathique et d'attachant. La conclusion, certes médiocrement interprétée et quelque peu prévisible, fonctionne également plutôt bien. Le film s'achève alors sur le sentiment d'un métrage correctement mené, même s'il méritait sans doute un traitement plus ambitieux…

Défriché par l'éditeur NewTone, SPOILER est proposé en France sur une galette minimaliste et à moindre coût. La copie 4/3 au ratio 1.85 est clairement fatiguée et chargée en défauts de tous poils. Griffures, colorimétrie sombre, compression à coups de pelle, contrastes faibles, etc... Pas du grand Art, mais juste un disque à petit budget d'un autre âge... Sans surprise, il faudra se contenter d'une unique piste française proposée en stéréo d'origine. Là encore, ce n'est pas glorieux et l'ensemble est très étouffé, sans relief. Ajoutons également que le doublage est complètement aux fraises, avec des voix qui ne collent franchement pas aux personnages. Et si on vous dit qu'il n'y a aucun bonus sur le DVD, ça vous étonne ?

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
47 ans
24 news
241 critiques Film & Vidéo
5 critiques Livres
On aime
Une ambiance franchement déprimante
Un postulat intéressant
On n'aime pas
Gary Daniels n’est pas à sa place
L’absence d’argent se fait vraiment sentir
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
-
1 votes
Ma note : -
L'édition vidéo
SPOILER DVD Zone 2 (France)
Editeur
NewTone
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h36
Image
1.85 (4/3)
Audio
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
      Aucun
    Menus
    Menu 1 : SPOILER
    Autres éditions vidéo