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Critique du film
GREEN ROOM 2015

 

Le groupe de punk rock Ain't Rights mené par le bassiste Pat (Anton Yelchin) est en mal de concerts.Ils se voient proposer de jouer au fin fond de nulle part et arrivent dans un bar de rednecks tendance skinheads estampillés extrême droite. Témoins d'un meurtre, ils se retrouvent pris au piège. Enfermés, ils tentent de résister à l'assaut d'une bande de dégénérés, avec à leur tête un trop tranquille Darcy (Patrick Stewart).

Suivant une ruine bleue, on trouve donc une chambre verte. Après un MURDER PARTY inégal mais bien allumé, le réalisateur Jeremy Saulnier arriva au Festival de Cannes 2013 en section parallèle avec un BLUE RUIN qui fit forte impression auprès d'une horde de fanas de films de genre et de quelques critiques. Le film sortit en 2014 sur nos écrans de manière timide. Il récidive en 2015 avec GREEN ROOM. Budget tout aussi maigre, mais avec l'avantage d'une première reconnaissance internationale et une certaine attente vue sa nouvelle sélection pour Cannes 2015. Et, surprise, la présence au générique de Patrick Stewart. Avoir l'acteur ayant incarné Jean-Luc Picard dans STAR TREK GENERATIONS ou encore Xavier dans la série des X-MEN sur le papier, et surtout dans un rôle de méchant, pique notre curiosité au vif.

Un casting hétéroclite donne du lustre avec des personnages certes qui va parler aux jeunes spectateurs visés. Un rêveur Anton Yelchin (STAR TREK, le remake de FRIGHT NIGHT), Imogen Poots (28 SEMAINES PLUS TARD, elle aussi dans FRIGHT NIGHT!) qui se révèle positivement incroyable ici, Alia Shawkat (BLISS, la série ARRESTED DEVELOPMENT)… et on retrouve avec plaisir le héros de BLUE RUIN, à savoir Macon Blair, dans un rôlee diamétralement opposé.

Atmosphère punk, provocation, brutalité, cassage de bras, extrême droite… GREEN ROOM (nom d'une salle backstage d'un concert) mélange des thèmes ultras dans un joyeux bordel. Ou tout du moins en apparence puisque Saulnier adopte une mécanique sûre. Inévitablement, les influences de LA MAISON DES OTAGES, de ASSAUT ou de SIEGE surgissent au gré du récit. Rien de franchement original comme point de départ. Mais un film 100% série B (budget indiqué : 6 millions de $), revenant presque aux racines 80's du slasher. Et direct comme un uppercut en pleine tête. Le film rejoint le côté sec et cassant du virage amorcé par BLUE RUIN, sans jamais cependant s'élever au-dessus d'un simple film d'assaut/vengeance. L'humour noir, tendance potache, se rapproche plus de l'univers de MURDER PARTY qu'autre chose.

L'aspect sociologique ne pointe que le bout de son nez. L'appartenance à une mouvance d'extrême droite est clairement mise en avant, mais aucune dénonciation à priori. Autant BLUE RUIN possédait un alibi social intéressant, autant ici les personnages servent de chair à canon. De manière complètement assumée, ceci dit. Et un poil caricaturaux. Même Patrick Stewart, pourtant toujours excellent, ne bénéficie pas d'un matériau qui sorte vraiment du lot. Son métier transpire et fait passer le tout. En fait, le film se repose surtout sur l'énergie et la violence éruptive qui caractérisent principalement ses ressorts scénaristiques.

Saulnier sait comment s'y prendre afin de maintenir une pression constante sur les 94mn via un mécanisme narratif disruptif à base de pressions psychologiques alternées de violentes agressions physiques. Tout y passe: du tournevis dans la tête, de la machette en passant par le pitbull agressif qui déchiquète via les fusils à pompe et j'en passe… si la forme peut faire penser à un remake de VAMP (si, si), le reste tient une remarquable cohérence du propos. Une progression sûre, qui appuie là où cela fait mal et qui fait réussir à maintenir les spectateurs sous son pied. Et une bonne louchée de gore pour couvrir le tout.

Maintenant, GREEN ROOM ne va jamais au-delà de la simple formule qu'il applique. On reste sur une bande d'adolescents se faisant découper le long d'un film. Au lieu d'un Jason Voorhies ou d'un Freddy Krueger, l'idée est de remplacer un croquemitaine par des neo-nazis qui étripent des punks-rockers sous les assauts sonores de Napalm Death.et une reprise cinglante de « Nazi punks fuck off » des Dead Kennedys… Le film demeure précis, direct, coupant. Les fans vont adorer mais ceux qui ont apprécié BLUE RUIN pour son admirable portrait de complexité humaine vont faire le fine bouche. GREEN ROOM se veut physique mais n'a guère cure de l'humain et de sa motivation. Reste l'emballage.

Aidé par une photographie sombre et une utilisation oppressante des décors délabrés pour renforcer l'idée de claustrophobie, Saulnier réussit son pari de série B méchante, rentre-dedans; De celles qui provoquent des éjaculations immédiates due à des éclairs sur-violence et de réparties insensées (il faut voir ces rockers hardcore confesser qu'ils emmèneraient bien du Madonna sur une ile déserte!); Mais il ne faut guère espérer plus. Porté par son accueil cannois positif, le film devrait pouvoir espérer sortir en salles françaises, , faire adhérer illico des hordes d'aficionados… mais pas capter un public plus large que BLUE RUIN.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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