Header Critique : SETTIMA DONNA, LA (LA DERNIERE MAISON SUR LA PLAGE)

Critique du film et du DVD Zone 2
LA DERNIERE MAISON SUR LA PLAGE 1978

LA SETTIMA DONNA 

Après un hold-up, trois malfrats menés par Aldo (Ray Lovelock) pénètrent dans un villa qu'ils pensent vide. Erreur : six jeunes étudiantes répètent une pièce de théâtre, menées par Soeur Cristina (Florinda Bolkan). Les trois hommes ne tardent pas à lorgner sur la chair fraîche et commencent à violer ce beau monde.

Le genre sous-genre dénommé «Rape & revenge» a donné quelques œuvres bien notoires au sein du Bis. Qu'il s'agisse de Wes Craven avec LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE par qui tout a commencé via CRIME A FROID ou ŒIL POUR ŒIL, le cinéma d'exploitation s'en est donné à cœur joie pour satisfaire les appétits voraces de cinéphiles avides/curieux d'humiliations, de violence envers les femmes – puis de revanche des victimes contre leurs bourreaux. Les producteurs transalpins étant encore à cette époque les rois de la copie carbone, il ne fut pas étonnant de voir débarquer une œuvre comme LA SETTIMA DONNA, connu en France aussi sous le titre de TERREUR !, TERROR, LE GRAND CLASH... et il se voit affublé ici d'un nouveau patronyme : LA DERNIERE MAISON SUR LA PLAGE, traduction littérale... du titre américain, terriblement racoleur vis-à vis de l'œuvre de Wes Craven. Et que l'éditeur français aura raccroché au wagon pour allécher le chaland. Ca aurait pu s'appeler Massacre au peigne ou Holocauste à coups de bâtons... mais non, c'est donc «La septième femme» si on traduit directement le titre italien. Bien moins vendeur que LA DERNIERE MAISON AU BOUT DE LA PLAGE dans l'inconscient collectif bisseux.

Vous direz ce que vous voudrez, mais il y a quand même quelque chose de malsain dans cette propension que possède le cinéma d'exploitation à mettre en avant la violence machiste culminant sur du viol bien complaisant. Et là, on en a pour notre argent du misogynie de base, décuplé par une mise en scène qui accumule plans putassiers, contre-plongées vertigineuse sur les femmes soumises devant le mâle dominateur. Je sais, c'est le jeu, la règle dans le sous-genre. Il n'empêche... si le genre était tellement populaire parmi le public, pourquoi diable les victimes décrites sont toujours des femmes qui subissent – si possible longtemps et de manière la plus explicite possible – avant de se venger. Il doit bien y avoir une exception à la règle et de voir des femmes violer un homme qui se venge après coup (ou, soyons fous, un homme violé par plusieurs hommes)... mais là, on ne voit pas. Serait-ce donc un genre strictement tourné vers sa cible masculine et hétéro-centrée ? La scène centrale du film, vers sa moitié, contient un début de réponse : une nécessité narrative pour plaire au public essentiellement visé. Donc un viol ici appuyé, au ralenti, sous musique disco – et qui va provoquer le changement de comportement de celle qui incarne «la septième femme». Comprendre qu'en situation extrême, le plus doux des agneaux peut se transformer en bête féroce - un leitmotiv très bronsonien. Après avoir flatté la sexualité agressive du spectateur, le scénario fait tout pour caresser la violence sous-jacente tendance loi du talion de ce même spectateur. Ce mélange de sexualité et de violence agressive fait ainsi le succès de ce sous-genre.

L'ossature du film repose sur une narration éprouvée, quelque peu diluée depuis L'ULTIMO TRENO DELLA NOTTE, et surtout expurgée de toute réflexion sociétale Mais aussi sur la qualité de jeu du duo de tête. Florinda Bolkan calme, digne, malgré un rôle quelque peu ridicule de nonne travaillant à la mise en scène du Songe d'une nuit d'été en pleine villa de bord de mer. Ray Lovelock s'éloigne de manière adroite de ses rôles de beau gosse auxquels il était abonné, et joue de sa duplicité carnassière. Bien vu. Ses deux acolytes versent dans le premier degré outrancier, parfaitement attendu pour ce type de personnages forcément ignobles. En fait, comme à l'accoutumée dans ce type de films, le viol –un acte barbare extrêmement grave et traumatisant- ne semble pas perturber outre mesure les victimes, qui, à l'image de Florinda Bolkan se remettent bien vite des outrages subis. Mais bon, si on en vient à parler de la réalité du viol dans un film d'exploitation, il n'y a plus de film. Donc exit cette réalité douloureuse aux impacts psychologiques ravageurs et bienvenue à la sublimation via la fiction. Y compris le fait du danger qui règne dans cette maison… mais pourquoi diable les jeunes filles passent leur temps à moitié à poil? Logique, quand tu nous tiens.

Le choix du format Scope dénote une certaine volonté d'aérer un récit étouffant. A l'inverse de ce qu'Aldo Lado fit pour L'ULTIMO TRENO DELLA NOTTE, par exemple. Mais il manque un certaine savoir-faire de directeur photo comme Massimo Dallamano sur ce type de choix optique pour donner la pleine mesure du format Scope – et surtout de son utilisation au mieux des desideratas du metteur en scène. Notable sur des cadrages de Florinda Bolkan : celui où elle revêt sa tenue de religieuse la première fois (quelque peu flou, surexposé de lumière extérieure) versus le gros plan à 32mn28, tel qu'un plan Techniscope se doit de l'être afin de ponctuer son efficacité, comme à 35mn43 : cadrage serré sur le visage, sous le menton et au-dessus du front. Ce qui n'empêche pas Franco Prosperi de donner quelques plans intéressants, optant par exemple pour un point de vue original du hold-up initial, ne filmant que les jambes des malfrats. La caméra omettant rigoureusement de montrer le haut du corps. Une approche peu banal dans une scène qui est un cliché du cinéma italien des années 70.

Le film appartient bien à son temps : on aura donc droit à une partition éclectro-muzak du plus mauvais effet et ce dès la fin du générique de début, et qui n'entretient que rarement de rapport avec ce qui se passe à l'écran. L'inévitable scène inutile disco-pétasse avec bien sûr fille à poil inclus (pourquoi ? parce que). Le racolage érotique because on est en pleine exploitation, qu'il faut que le film pue le sexe (féminin) et qu'on tourne à la va-vite : à 40mn34, il y a bien sur un sein qui dépasse juste avant le viol, avec une belle faute de raccord au plan suivant où la nuisette a été remise. N'est pas David Hamilton qui veut. Pourtant, avec la collection de jolies files présentes au casting, il y avait de quoi faire. Toutes n'ont cependant pas d'évidentes qualités d'actrices, la française Karine Verlier en tête, dont le rôle ne sert à rien et qui possède un jeu aussi expressif qu'un reblochon fermier. Ceci posé, le scénario s'intéresse tellement peu aux seconds rôles qu'on finit par s'en désintéresser totalement.

Le film se traine en longueur et se révèle en fin de compte assez timide en violence à tous les étages au regard du genre dans lequel il s'inscrit. Rien de franchement nauséeux en terme de mise en scène, qui se trouve plutôt léchée avec son format scope et sa photo classe, son choix de villa luxueuse de bord de mer idyllique, gorgée de soleil et d'étendues maritimes bleues de rêve. Prosperi compense un scénario qui ne semble pas vraiment l'intéresser au profit d'images qu'il tente de d'idéaliser. La thème de l'oeil voyeur revient régulièrement, qu'il s'agisse des malfrats en pleine vague de violence... ou du cadavre surveillant les deux jeunes femmes tentant de s'échapper. Il s'agit bien là de la seule vraie trouvaille du film.

En fait, l'accroche du DVD «plus violent que LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE» est assez mensongère. Au mieux, LA DERNIERE MAISON SUR LA PLAGE sent le renfermé et l'anodin -la «fameuse» scène du viol au bâton apparait bien pauvre - et au pire donne une oeuvre neu-neu pleine d'exploitation mais moins crasse qu'à l'accoutumée. On est très loin d'oeuvres vraiment nauséabondes comme GIALLO A VENEZIA de Mario Landi ou des bidules olé olé d'Andrea Bianchi comme MALABIMBA.

Artus Films exhume ce long métrage assez rare de par chez nous via un DVD zone 2 d'une durée complète de 86mn07. La copie au format 2.35:1 et signal 16/9e offre de beaux niveaux de couleurs lors de scènes intérieures (le bleu cyan à 31mn13). Tandis que les plans extérieurs trahissent un système anamorphique (apparemment un Techniscope ?) qui trahit un point pas toujours bien fait. Donc des contours flous, peu aidés par une luminosité trop importante / quelques blancs brûlés surviennent régulièrement. Ceci posé, les scènes nocturnes s'avèrent correctement éclairées et laissent deviner de jolis contrastes (à 41mn20). La copie s'avère relativement propre, plaisante à voir et la compression ne se note pas trop...

La piste audio française mono enregistrée sur deux canaux présente un souffle important qui parfois gène l'audition des dialogues. Même si on sent que le son est enregistré beaucoup plus bas que sa consoeur transalpine, il en ressort aussi que la partition musicale est parfois inaudible (ex : le dîner à la 33e minute), alors que la piste italienne offre un parfait équilibre entre musique, dialogues, environnement sonore et surtout, un souffle quasi absent. Une fois de plus, et ici à l'instar d'OPERATION GOLDMAN, l'autre sortie du mois de février 2015 chez Artus, la traduction des sous-titres laisse parfois à désirer. Le «fliglia di puttana» traduit par «grosse pute», bon... c'est un peu grossier, au propre comme au figuré d'autant que le doublage français apporte la bonne traduction. Très curieux. De toute façon, la piste italienne, stable et claire, reste le meilleur choix afin de profiter au mieux de l'espace sonore. D'autant que des sous-titres français optionnels viendront aider les non-italianophiles.

Le bonus principal demeure le très long entretien de près d'heure avec Denis Didelot du fanzine Videotopsie. Une agréable et passionnée visite du sous-genre italien, aux multiples ramifications et mutations, agrémentées de VHS vintage et commentaires plutôt justes. Il est dommage que des bonus pré-existants, comme l'interview de Ray Lovelock dans l'édition du film sorti chez Sazuma en 2007 n'ait pu faire son chemin jusqu'ici. Idem pour la musique inédite de Robert Pregadio (avec vocalises d'Edda dell'Orso - abîmée au générique final par dell'Osso ! -) qui était présente. A noter que l'interview de Lovelock se retrouve aussi sur l'édition DVD Zone 1 de chez Severin Films sortie en 2008. Un diaporama et film annonce semblant monté pour l'occasion (en VF et Version italienne) viennent compléter cette édition.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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Une belle image
La magnétisme de Ray Lovelock
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Une complaisance discutable
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L'édition vidéo
LA SETTIMA DONNA DVD Zone 2 (France)
Editeur
Artus
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h26
Image
2.35 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Le Rape and Revenge italien par David Didelot (53mn09)
    • Diaporama (0mn42)
    • Film annonce (2mn43)
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