Header Critique : TUEUR DE BOSTON, LE (THE STRANGLER)

Critique du film et du DVD Zone 2
TUEUR DE BOSTON, LE 1964

THE STRANGLER 

La police est désemparée, un tueur étrangle de jeunes infirmières sans laisser aucun indice. Même en redoublant d'effort, les forces de l'ordre n'avancent pas dans leur enquête, peinant à établir un lien entre les victimes… Pour autant, il apparaît difficile de lier les différents meurtres au paisible Leo Kroll, laborantin dans un hôpital et qui s'occupe de sa mère malade.

Durant les années 60, une série de meurtres à Boston défraient la chronique. L'histoire d'un étrangleur fétichiste suscite tout de suite l'intérêt de deux producteurs. Samuel Bischoff et David Diamond ont ainsi l'idée de financer une petite série B intitulée THE BOSTON STRANGLER. Toutefois, la production fera marche arrière en cours de route et le métrage s'intitulera simplement THE STRANGLER. Il faut préciser que lorsque ce film entre en production, le véritable tueur en série est toujours en liberté et les deux producteurs ont probablement eu peur d'être accusé d'exploiter de véritables crimes. Ce n'est certainement pas faux mais la ville sera donc gommée dans le titre mais aussi dans le film, l'intrigue prenant place dans une ville qui ne sera jamais nommée. En France, par contre, le film sera bel et bien titré LE TUEUR DE BOSTON !

Nominé aux Oscars dans la catégorie du meilleur second rôle, pour QU'EST IL ARRIVE A BABY JANE ?, Victor Buono intéresse les producteurs. Ils l'engagent pour incarner le tueur mais pour garder le budget au niveau le plus bas, ils vont faire le choix d'un cinéaste indépendant et quasiment inconnu. Ils font ainsi la connaissance de Burt Topper par l'entremise de leur distributeur, Allied Artists Pictures, qui vient de faire l'acquisition de WAR IS HELL. Un film de guerre à petit budget financé et réalisé par Burt Topper qui incarne d'ailleurs l'un des seconds rôles de son propre métrage. Si le cinéaste est à même de produire des films de guerre avec des bouts de ficelles, c'est son troisième, il apparaît évident qu'il sera à même de tirer le meilleur parti des maigres moyens que l'on va mettre à sa disposition. Mieux, de son parcours indépendant, il amènera une partie de son équipe déjà habituée à travailler vite et pour peu d'argent. C'est ainsi que Burt Topper se retrouve à diriger LE TUEUR DE BOSTON en amenant, au passage, quelques comédiens qui ont déjà travaillé avec lui auparavant.

Sur le tournage, Burt Topper va rencontrer quelques soucis avec Victor Buono. Durant le tournage, le comédien ne suivant pas exactement les directives du réalisateur, ce dernier le lui fera remarquer de manière franche qu'un acteur est sensé faire preuve d'un minimum de discipline. Vexé, le comédien quittera le plateau laissant en plan la production. Toutefois, dès le lendemain, le tournage reprendra son cours presque comme si de rien n'était, Victor Buono étant de nouveau devant la caméra. Il faut dire que si Burt Topper n'a réalisé que des séries B, il n'en reste pas moins exigeant d'un point de vue technique. Ainsi, la prise de bec avec le comédien est survenue lors d'un plan aux réglages minutieux de manière à ce que tous les comédiens soient parfaitement net et ce même si certains sont en arrière plan. Cette minutie de la mise en scène, on peut la déceler dans pas mal de séquences du TUEUR DE BOSTON. De l'ouverture du film avec un gros plan sur un œil ou plus tard dans certains scènes de meurtres, le cinéaste soigne son film. Toutefois, il faut être réaliste, le métrage n'en reste pas moins fauché et si plusieurs séquences sont très réussies, d'autres parties du TUEUR DE BOSTON semblent plus fonctionnelles qu'autre chose. C'est par exemple le cas dans les bureaux des policiers où la plupart des scènes sont franchement plates. A noter que lors de l'un de ses passages, on pourra reconnaître un jeune James Sikking, interprétant le rôle du dessinateur d'un portrait robot.

Véritable film de tueurs en série, le métrage de Burt Topper fait dans la suggestion de manière assez subtile. Ainsi, dans les dialogues, les policiers évacuent l'idée d'agressions sexuelles, le tueur laissant les victimes sans être violentées après la strangulation. Pourtant, le film se pare d'un érotisme gentillet, plusieurs actrices se déshabillent de manière à se montrer en lingerie avant d'être étranglées. Le tueur se montre plutôt attentionné envers ses poupées en leur retirant leurs vêtements de manière fébriles. Autant de détails qui permettent de suggérer plutôt que de montrer aux spectateurs. Et il en va de même, en quelque sorte, des séquences de meurtres qui tentent de se renouveler. Une manière pour le réalisateur de surprendre le spectateur mais aussi de susciter son imagination en montrant de gros plans du visage du tueur ou en ajoutant dans le cadre la main de sa victime. Enfin, le scénario de Bill Ballinger contient pas mal de bonnes idées à l'instar d'une poupée qui parle et qui provoquera une pulsion plus violente encore du tueur tout en donnant une direction à l'enquête policière.

Par moment inégal, LE TUEUR DE BOSTON est tout de même, dans son genre, une solide série B qui donnait ici toute la mesure du talent de Victor Buono. Par la suite, le comédien tournera de nouveau pour Robert Aldrich avec CHUT, CHUT, CHERE CHARLOTTE et, plus tard, dans une curieuse production européenne, L'ETRANGLEUR DE VIENNE, ou encore en incarnant le vilain de service dans la série L'HOMME DE L'ATLANTIDE.

Artus Films propose de revoir LE TUEUR DE BOSTON grâce à une édition DVD. L'éditeur a dépoussiéré une copie française du film comme l'atteste le générique. Toutefois, et l'éditeur nous prévient à l'insertion du disque, la copie n'est pas parfaite. Il s'avère qu'elle est rayée de bout en bout. Ces rayures sont par moment peu visibles mais aussi, par instant, difficile à oublier. On notera d'ailleurs que les plus gros dommages sont localisés au moment des changements de bobines. Pour autant, si l'on pouvait objecter de la qualité de l'image de certains métrages parus chez Artus Films (voir la chronique de KING DINOSAUR), cela s'avère assez différent pour LE TUEUR DE BOSTON. En effet, les problèmes rencontrés n'ont rien à voir avec des défauts vidéo. Ils sont surtout le reflet d'une copie du film qui a largement vécu ses projections en salles. De plus, le film est vraiment rare en DVD ce qui n'était pas nécessairement le cas d'autres métrages parus chez l'éditeur. Le film est proposé dans un format 1.66, environ, mais c'est un cadrage européen assez peu utilisé aux Etats-Unis. On peut imaginer que ce format découle directement de la copie française mais, en l'état, la composition des cadres semble très correcte.

Puisque la copie est française, on trouve donc assez naturellement un doublage français en mono d'origine. Soyons tout à fait honnête, il s'agit d'un doublage de qualité très approximative. D'ailleurs, on peut se demander pourquoi le sous-titrage français est une transcription quasiment littérale du doublage. Si le sens est relativement le même, cela ne suit pas correctement la version originale anglaise, perdant au passage quelques subtilités. On peut d'ailleurs le constater en visionnant le film dans sa version originale pour noter à plusieurs endroits des traductions erronées (mais pourtant correcte vis à vis du doublage français). Un choix curieux de la part de l'éditeur !

En complément, le disque contient une courte galerie de photos et affiches ainsi que la bande-annonce. Mais on retiendra surtout l'interview de Stéphane Bourgoin. Le spécialiste des tueurs en série revient sur la véritable histoire de l'étrangleur de Boston qui connaîtra une surprenante conclusion, le meurtrier n'ayant jamais été condamné pour ses crimes et ce même s'il avait avoué. Il n'en oublie pas de parler longuement du film en ayant un mot pour chacun des comédiens ou encore en apportant un jugement sur le contenu du TUEUR DE BOSTON vis à vis de l'histoire réelle ou du comportement de véritable tueur en série. Evidemment, il évoque L'ETRANGLEUR DE BOSTON de Richard Fleischer, autre film inspiré par la véritable histoire du tueur en série ! Ce supplément s'avère très pertinent et permet d'ajouter un véritable «plus» à la vision du TUEUR DE BOSTON.

Rédacteur : Antoine Rigaud
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
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Une solide série B
Une mise en scène par moment très inspirée
Victor Buono
On n'aime pas
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L'édition vidéo
THE STRANGLER DVD Zone 2 (France)
Editeur
Artus
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h25
Image
1.66 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Interview de Stéphane Bourgoin (38mn)
    • Bandes-annonces
    • Galerie de photos
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