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Critique du film et du Blu-ray Zone B
LA TRAQUE 2010

 

Au petit matin, en bordure d'une exploitation agricole, plusieurs cerfs sont retrouvés morts. A l'évidence paniqués, les animaux sont venus s'éventrer sur les grillages de la propriété. Mais pas seulement. Car les traces de lacérations semblent indiquer qu'un prédateur particulièrement hargneux les avait pris en chasse et prémâché. Pour la famille d'agriculteurs, c'est l'occasion d'une bonne partie de chasse et de ramener une proie plus que respectable. Mais une fois dans les bois, la tâche s'avère plus ardue que prévue. Un mal semble habiter les lieux et la proie semble bien décidée à prendre la place des chasseurs...

Ayant appris le métier dans le monde de la publicité, Antoine Blossier se fait remarquer en 2004 grâce à L' ABOMINABLE MALEDICTION DU PEINTRE GRAY, un court-métrage qu'il scénarise et réalise. D'une durée avoisinant les vingt minutes, ce film en noir et blanc reprend bien évidemment à son compte le mythe créé en 1890 par Oscar Wilde. Le succès en festival est au rendez-vous et Antoine Blossier s'en sert pour attirer l'attention d'Olivier Oursel, producteur là encore dans le milieu publicitaire. Ainsi démarre le projet PROIE qui a pour vocation de venir gonfler les rangs du label «French Frayeur» de Canal+. L'idée est tout d'abord de mettre en scène une histoire de fantômes mais bien vite, Antoine Blossier et son scénariste (et ami de Fac) Erich Vogel décident d'exploiter nos chères campagnes françaises. Ou plus précisément les bois, et la peur qu'ils provoquent en nous, depuis la plus tendre enfance...

PROIE, renommé LA TRAQUE afin de ne pas entrer en conflit avec le film d'Eric Valette, sera financé à hauteur de deux millions d'euros. A priori réduite, la somme s'avère cependant très correcte pour un métrage de genre français destiné à être mis en boite par un réalisateur débutant. Le film finalisé confirme du reste cet état de fait puisque LA TRAQUE ne semble nullement pénalisé par ses finances. Il faut dire que le postulat de base se montre relativement simple : Nous avons ici à faire à un «film de bestiole» se déroulant dans un lieu unique et naturel. La bête en question n'a de surcroit rien de bien surréaliste puisqu'il s'agit tout simplement d'un bon gros sanglier du terroir. De ceux dont on fait des terrines et qui, contre toutes attentes, ont joué les agresseurs une poignée de fois au cinéma. Bien évidemment, l'excellent RAZORBACK s'impose de lui-même mais il serait également dommage de snober le très sympathique CHAW, ou encore le monstre final de PIG HUNT. Moins agressif mais néanmoins goulus, nous nous souviendrons également que les cochons finissaient les restes dans HANNIBAL ou l'oublié (à juste titre) DADDY'S DEADLY DARLING et servait même de hordes maléfiques dans MESSE NOIRE... Le fantasticophile est donc informé : En plus d'être dégueulasses, les porcs sont des salauds !

Mais celui de LA TRAQUE n'est pas banal et trimballe de surcroit un background écologiste, par le biais d'une maladie liée à un engrais chimique. Dès lors, on pensera à PROPHECY ou, plus curieusement mais aussi plus surement, à PRINCESSE MONONOKE. Son sanglier géant, le mal s'attaquant à la nature puis à l'homme, les marques cutanées et les conséquences sur l'organisme, nous les retrouverons tous au sein du métrage d'Antoine Blossier. Soyons tout à fait honnêtes, ce message à tendance verte n'est pas des plus intéressants et, par son côté relativement pataud, tend à alourdir quelque peu l'ensemble. Rien de bien grave cependant, car la pelloche a d'autre arguments en réserve...

Le premier, c'est une durée ramassée sur moins d'une heure et quart, couplée à un rythme assez soutenu. Lorsque l'action se pose, s'est pour mieux céder place à une ambiance parfaitement maitrisée. Bien que tourné en extérieur, il se dégage de LA TRAQUE un sentiment de claustrophobie. Les bois étouffent les protagonistes, les piègent, semblent limiter les mouvements et empêcher toute fuite. Et lorsque la nuit tombe, le champ de vision se réduit encore davantage, masquant le danger et jouant habilement la carte de la suggestivité.

N'allez pas croire cependant à un subterfuge destiné à masquer le manque de moyens. Car lorsque les bestioles se montrent, finalement assez nombreuses (corps décharnés, animaux mourant, nouveau-né hideux etc.), elles font preuve d'une esthétique absolument irréprochable. Certains plans, comme celui des cerfs en début de métrage, relèvent même du mémorable, tant ils allient avec justesse les trucages «à l'ancienne» et le travail photographique…

Enfin, LA TRAQUE s'offre une assez belle galerie de personnages. Une poignée de «gueules» à la française, au sein de laquelle le héros, joué par Grégoire Colin, peine tout de même à s'imposer. Mais quel plaisir de voir réunis Joseph Malerba (le pendant français de Vic – THE SHIELD – Makey dans BRAQUO) et François Levantal (série SUR LE FIL ainsi que moult rôles au cinéma ou à la télé), tous deux chapeautés par leur paternel teigneux, ici joué par Fred Ulysse. Quel plaisir également de voir en couleur la jeune Bérénice Bejo, récemment saluée pour sa jolie prestation dans THE ARTIST... Le jeu de chacun s'avère convainquant et, contrairement à d'autres métrages français, n'est aucunement plombé par d'obscures dialogues. On ne cherche pas la formule ou le dialogue culte, on vise juste et on cause assez peu dans LA TRAQUE !

Vous l'aurez donc compris, le film d'Antoine Blossier est une agréable surprise au sein du paysage fantastique français. Et même une agréable surprise tout court. Un petit quart d'heure pour démarrer et intéresser son spectateur, quelques considérations écolo inutiles et un Grégoire Colin un poil en retrait, mais au-delà de cela, le spectacle s'avère réjouissant et divertissant. Sur base d'un postulat des plus simplistes, et assez casse-gueule aux vues de la concurrence, Blossier nous livre donc un premier film soigné et doté d'une identité propre. Bon boulot.

Après une sortie dans les salles un peu discrète, LA TRAQUE va peut être enfin trouver son public au travers des éditions vidéo éditées par France Télévisions. C'est justement le Blu-ray français que nous avons pu voir. Celui-ci s'avère tout d'abord très satisfaisant en terme d'image. Le format cinéma (2.35) est respecté et la restitution en 1080p fait des merveilles. La définition est très correcte, mais ce sont surtout les couleurs et la texture de l'image qui font plaisir à voir. De jour, les séquences fleurent bon les bois humides et froids. De nuit, les éclairages à la flamme ou à la torche prennent toute leur saveur. On ne notera aucun véritable défaut sur cette copie, certains parti-pris étant par ailleurs confirmés dans le making-of...

Sur le plan sonore, rien à redire non plus. La forêt investit notre salon grâce à une piste HD DTS Master Audio Multi-Canaux. L'ensemble est clair et parfaitement équilibré, restituant les dialogues avec la même efficacité que les couinements ou bruits d'ambiance. Nous noterons la présence facultative mais très appréciable d'un sous-titrage pour sourds et malentendants. Le code couleur de celui-ci est explicité via une légende et nous ne pourrons que saluer la démarche qui, rappelons-le, à tout de même un coût pour l'éditeur.

Attaquons nous maintenant à la section bonus, laquelle se montre des plus passionnantes. La bande-annonce nous est offerte mais c'est davantage l'excellent making-of qui retiendra notre attention. Le document s'étire sur une durée inquiétante de près de 48 minutes mais s'avère en réalité captivant de bout en bout. On évite toute auto-congratulation ou démarche promotionnelle pour se focaliser sur les effets pyrotechniques, les moulages, sculptures, bestioles, éclairages etc. Chacun s'y exprime sans langue de bois, expose les difficultés rencontrées et tire parti de ses erreurs. On assiste généralement aux essais, aux réussites, aux échecs éventuels, puis l'on nous montre l'extrait du film correspondant. Ces derniers sont parfois trop envahissants pour qui vient juste de voir le film mais qu'importe : Le propos est clair et l'information passe facilement. Enfin un vrai making-of filmé «sur le tas», dévoilant de belles images de tournage et non des interviews sans intérêt !

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
47 ans
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Premier essai réussi pour Antoine Blossier
Un film globalement sympathique
De bons acteurs
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Le propos écolo n’apporte pas grand-chose
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L'édition vidéo
LA TRAQUE Blu-ray Zone B (France)
Editeur
France Télévisions
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h16
Image
2.35 (16/9)
Audio
Francais DTS Master Audio 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making-Of (47mn53)
    • Bande-annonce
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