Header Critique : AVENTURES DE TINTIN : LE SECRET DE LA LICORNE, LES (THE ADVENTURES OF TINTIN)

Critique du film
LES AVENTURES DE TINTIN : LE SECRET DE LA LICORNE 2011

THE ADVENTURES OF TINTIN 

Annoncé pour la première fois - et encore, de façon anodine - à la conférence de presse londonienne de INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT en 1984, le Tintin de Steven Spielberg aura donc mis plus d'un quart de siècle à voir le jour. Prévu comme un film «live», éventuellement réalisé par François Truffaut ou Roman Polanski, il est abandonné à la fin des années 80, faute de scénario satisfaisant et d'interprète idéal. Relancé il y a maintenant neuf ans (!), le projet a failli reprendre là où il s'était arrêté mais Peter Jackson a convaincu Spielberg d'utiliser la technique de la Motion Capture (ou Performance Capture, c'est selon...). Une idée qui semblait éviter l'écueil de l'interprétation en chair et en os (qui a pourtant bien réussi à TINTIN ET LE MYSTERE DE LA TOISON D'OR en 1961).

C'est évidemment ce qui suscitait le plus de curiosité. Au final, Spielberg et Jackson semblent avoir créé un nouveau genre cinématographique. Après un générique «classiquement» animé - absolument somptueux -, on plonge dans un univers hyper-réaliste où chaque enjoliveur de roue de voiture, chaque poil de moustache, chaque fibre de tissu semblent palpables, mais où également les personnages gardent les caractéristiques caricaturales imaginées par Hergé. Un monde hybride, surprenant, mais qui se révèle être le compromis idéal pour une adaptation de la BD.

«Pour moi, Tintin et ses amis existent», expliquait Hergé à Télérama en 1972. «Ils se meuvent dans notre univers. Et il ne leur arrive que ce qui pourrait nous arriver à nous-mêmes. Au contraire, l'univers du dessin animé est un univers de rêve où l'on peut marcher dans les nuages. Je crois que (les) deux films tournés avec des acteurs bien vivants dans des décors réels, étaient plus proches de mon univers, parce que plus réalistes. Un bateau, c'est un bateau. Et j'aime bien qu'on voie l'étrave qui avance dans la mer et qui fait plouf plouf.» Qu'aurait-il pensé du film de Spielberg ? On peut aisément imaginer qu'il l'aurait approuvé, voire adoré. D'autant que le cinéaste amène une élégance dans la narration, qui passe par des fondus inventifs et des transitions audacieuses entre le passé et le présent.

Alors, bien sûr, le tandem prend des libertés avec les albums concernés. Les méchants du Secret de la Licorne ne sont pas (du tout) ceux que l'on croit et le professeur Tournesol a été totalement écarté du scénario. Mais qu'importe, puisque l'esprit des albums, lui, est très présent. Le rythme est soutenu et si certaines scènes nous confirment que nous sommes bel et bien dans un blockbuster hollywoodien, rien de la psychologie des personnages ou de l'humour des situations n'est négligé. L'alcoolisme de Haddock trouve ici une justification qui s'intègre dans sa propre histoire familiale et dans le scénario lui-même. Et une utilisation inattendue et réjouissante du talent vocal de la Castafiore achève de nous convaincre que des petits malins sont derrière tout cela.

Le film est également pensé comme un épisode de présentation. «Ce jeune homme, comment s'appelle-t-il ?» demande Sakharine au brocanteur qui lui répond : «Mais tout le monde le connaît ici : c'est Tintin !». «Ici» signifiant Bruxelles, mais aussi la Belgique, la France, l'Angleterre... bref, l'Europe. Il faut donc expliquer aux «autres» qui est ce jeune homme avec ce curieux look. Durant une bonne partie du récit, on nous martèle une vérité (qui est loin d'être évidente dans les albums) : Tintin est reporter ! La preuve, il a plusieurs machines à écrire chez lui et il est toujours à l'affût d'une «bonne histoire» à raconter. La rencontre avec Haddock intervenant dans Le Crabe aux pinces d'or (la huitième aventure du reporter), les scénaristes intègrent ici un important segment de cette histoire et le tout se marie admirablement.

Dès le départ, Spielberg avait parlé de Tintin comme d'un «Indiana Jones for kids». Et c'est exactement ce qu'est Le Secret de la Licorne. Du Indy avec son côté rétro, ses poursuites à bord de tous les véhicules possibles et son rythme effréné, mais sans le côté sombre, voire sanglant, et aussi... sans femmes, forcément ! Plusieurs éléments semblent même référentiels (la quête de la Licorne qui se transmet de génération en génération n'est pas sans rappeler la recherche du Graal chez les Jones, les scènes du souk font penser à celles du Caire dans LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE).

Et si c'était ça, le vrai bon INDIANA JONES 4 ?

Rédacteur : Philippe Lombard
52 ans
4 critiques Film & Vidéo
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