Header Critique : SAMOURAI AVENGER (SAMURAI AVENGER : THE BLIND WOLF)

Critique du film et du DVD Zone 2
SAMOURAI AVENGER 2009

SAMURAI AVENGER : THE BLIND WOLF  

Seul, dans le désert, un sabreur aveugle avance. Son but ? Retrouver Nathan Flesher, le malade qui, des années plus tôt, a violé et tué sa femme avant d'abattre sa fille. Mais pour accomplir sa vengeance, l'aveugle devra tout d'abord affronter sept Maîtres, tous experts dans un art létal bien particulier. Fort heureusement se joindra à lui un jeune baroudeur, lui aussi animé par la rage...

Une poignée d'années plus tard, il est amusant de jeter un œil à la trace laissée par le tandem Tarantino / Rodriguez via leur diptyque LE BOULEVARD DE LA MORT / PLANETE TERREUR. Les films ne sont pas sortis en double programme lors de leur première exploitation, ont été projetés dans de grosses structures cinématographiques et n'avaient par conséquent de «Grindhouse» qu'une vague idée. Rappelons en effet que le terme désignait à la base des salles de cinéma (et non les films) projetant des métrages d'exploitation de courte durée, diffusés par deux ou trois et ce pour le prix d'un seul billet. Le mot «Grindhouse» aura donc finalement été galvaudé au point de devenir simplement le synonyme à la mode de «Série B» ou de «Film d'exploitation». Plus étonnant encore, cette nouvelle race de métrages estampillés «Grindhouse» semble se caractériser essentiellement par des marques de pliures sur les affiches, des pellicules griffées ou délavées artificiellement et des sauts d'images... Le bilan semble donc d'autant plus maigre qu'outre les trois films enfantés par Tarantino et Rodriguez (MACHETE étant le troisième), la plupart des rejetons et/ou affiliés à cet effet de mode s'avèrent de bien piètre qualité.

Au sein de cet imbroglio commercial, SAMURAI AVENGER : THE BLIND WOLF fait donc office d'excellente surprise ! Reprenant les désormais incontournables codes «Grindhouse» cités plus haut, Kurando Mitsutake décide de repenser son court métrage SAMURAI AVENGER : LONG WOLF BLOOD et de concevoir un long entièrement nouveau. En plus des taches de scénariste et metteur en scène, l'homme juge qu'il lui sera plus simple d'interpréter également le rôle principal ! Pour se faire, il s'entraine au maniement du sabre et reprend les tics de ses héros que sont Shintarô Katsu et Tomisaburo Wakayama, interprètes respectifs de ZATOÏCHI et Ogami Itto (BABY CART). Nous tenons bien évidemment là les deux références les plus évidentes du métrage même si EVIL DEAD sera également de la partie lors d'une séquence post-générique, et que DJANGO viendra à l'esprit du spectateur par le biais de cercueils...

Mais là où Kurando Mitsutake se montre intéressant dans sa démarche, c'est qu'il ne se contente jamais de clins d'œil inutiles ou de séquences maladroitement régurgitées. SAMURAI AVENGER : THE BLIND WOLF possède sa propre identité et s'impose davantage comme un héritier que comme un métrage référentiel. L'univers du film, mêlant Chambara et Western-Spaghetti, fonctionne parfaitement en plus de permettre une production à moindre coût. L'errance du héros aveugle au sein des étendues désertiques semble irréelle, et s'apparente à une épreuve, pénitence peut-être pour n'avoir pu/su protéger les êtres qui lui étaient chers. A ce titre, on pourra noter le choix d'opposer sept Maîtres, un chiffre hautement symbolique puisqu'évoquant par exemple la Bête de l'Apocalypse, disposant elle-même de sept têtes / facettes. Chacun des sept affrontements lèvera ici le voile sur un élément du passé, celui du héros ou celui de l'assassin. En cela, le métrage parait décomposé en petits chapitres distincts et pour la plupart mémorables.

Le réalisateur soigne en effet ses personnages et leur offre une véritable consistance. Cela concerne bien évidemment le protagoniste aveugle mais également les sept, qu'ils soient pistoleros, vieillard, kunoïchi, zombies, sorcière ou autres ! Vous l'aurez compris, SAMURAI AVENGER : THE BLIND WOLF mélange les genres du cinéma Bis et crée une mixture qui, contrairement à ce que l'on pourrait penser, demeure très digeste et même de bon goût. Bien évidemment, le peu de moyens mis en œuvre est visible à l'écran et quelques petits passages à vide viendront entacher (légèrement) l'œuvrette. Certains acteurs se montreront également moins convaincants que d'autres, mais tout cela reste relativement négligeable au regard de l'aspect particulièrement divertissant et malin de l'ensemble. Kurando Mitsutake signe donc ici un film clairement modeste, mais très bien pensé et bourré d'une énergie qu'on ne voit que trop peu au sein des pelloches actuelles dites d'«exploitation».

Le métrage avait séduit le public du Festival Mauvais Genre édition 2010 et nul doute qu'il va maintenant faire de même dans les chaumières. En effet, l'éditeur M6 Vidéo a le bon goût d'éditer le film dans une collection «Grindhouse» (tiens donc !) dont la première vague compte RUN ! BITCH RUN !, NUDE NUNES WITH BIG GUNS et donc SAMURAI AVENGER : THE BLIND WOLF. Les jaquettes sont assez accrocheuses, de même que le menu animé. A l'insertion du DVD, les bandes-annonces de la collection se lancent et ne pourront plus être visualisées par le biais des sympathiques menus.

Au démarrage du film s'affiche un panneau indiquant que le métrage est "uncut" et qu'il a été, pour la première fois, restauré en copie intégrale. Il s'agit bien évidemment d'un clin d'œil du réalisateur s'inscrivant dans la logique du cinéma d'exploitation, de même que les dégradations artificielles appliquées à la copie. Au-delà de ces particularités plastiques, la copie proposée respecte le format d'origine 2.35 et dispose d'une définition correcte. L'ensemble est propre quoique techniquement faible, mais il convient de garder à l'esprit que nous avons là une œuvre tournée avec des moyens très réduits. Autrement dit, ne vous attendez pas à être éblouis par les images ou même le son.

En effet, vos feuilles de chou auront droit, au choix, à la version originale encodée sur deux ou six canaux (Dolby Digital 5.1), ou à un doublage français décliné de la même manière. Là encore, rien de bluffant mais des pistes qui remplissent modestement leur tâche, sans que l'on note d'anicroche particulière. Le doublage français est d'une qualité juste correcte et il faudra vraiment être récalcitrant à la version originale pour enclencher cette option.

Pour la section bonus, M6 Vidéo a décidé de donner la parole à Laurent Aknin, conférencier et passionné de cinéma, auteur de bouquins survolant le cinéma Bis comme «Cinéma bis : 50 Ans de cinéma de quartier» ou «Les classiques du cinéma Bis». L'homme intervient tout d'abord dans une interview dédiée au «Grindhouse» et évite fort heureusement l'amalgame malheureux que nous évoquions plus haut. Le propos se réoriente cependant très vite sur le cinéma d'exploitation, pour un propos qui ne surprendra aujourd'hui plus grand monde. Le document, disponible sur les trois disques de la collection, n'en demeure pas moins intéressant pour qui n'est pas familier de ce type d'industrie et de cinéma.

Dans sa seconde interview, Aknin se penche plus avant sur le cas de SAMURAI AVENGER : THE BLIND WOLF et là, autant dire que le contenu s'avère très léger. ZATOÏCHI est cité pour son personnage aveugle et BABY CART ne l'est que pour ses geysers de sang. L'argumentaire est un peu court et il nous semble qu'il y avait pourtant bien des choses à dire sur le sujet. Rappeler par exemple que notre héros aveugle avance un temps avec un bébé dans les bras, à l'image du masseur dans ZATOÏCHI : VOYAGE MEURTRIER. Parler également de cette femme qui se bat sein nus dans le but de distraire ses ennemis, élément que Kurando Mitsutake reprend de BABY CART : L'ÂME D'UN PERE, LE CŒUR D'UN FILS et du Manga avant cela. De même, le réalisateur donne à l'un de ses sept meurtriers la même apparence (tignasse blanche, bandeau noir sur l'œil etc.) que celle du chef du clan Yagyu, ennemi juré du loup solitaire de la saga BABY CART. Mais plus troublant encore, et bien plus révélateur de la culture de Kurando Mitsutake, le réalisateur marque des pauses explicatives durant son film. Il nous détaille durant ces courts passages quelques subtilités oubliées quant à la culture nippone et à ses traditions. Aknin les note mais ne fait ni le lien avec les mangas Lone Wolf and Cub (qui regorgent de ce genre de parenthèses instructives), ni avec les éditions Laserdisc américaines des BABY CART, lesquels proposaient un sous-titrage dont la fonction était exactement la même. Autant dire que cette intervention se montre au final très décevante car ne faisant qu'effleurer son sujet, pour finalement pointer du doigt ce que tout le monde aurait pu voir...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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On aime
Un film d’exploitation modeste mais attachant
Les flashbacks et pauses explicatives
Les personnages
On n'aime pas
Le manque de moyens est par instant visible
Des bonus guère passionnants
Une version française douteuse
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L'édition vidéo
SAMURAI AVENGER : THE BLIND WOLF DVD Zone 2 (France)
Editeur
M6 Video
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h28
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Les films grindhouse (16mn54)
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