Header Critique : MACHETE MAIDENS UNLEASHED

Critique du film
MACHETE MAIDENS UNLEASHED 2010

 

Dans la cohorte de documentaires retraçant l'histoire du cinéma d'exploitation, Mark Hartley avait déjà commis il y a deux ans un métrage nommé NOT QUITE HOLLYWOOD sur l'«Oz-ploitation», à savoir le cinéma d'exploitation australien. Etant donné la réussite du film, on attendait de pied ferme son nouvel opus sur le cinéma d'exploitation philippin, MACHETE MAIDENS UNLEASHED ! Et malheureusement, après la vision du documentaire avec ses armées de jeunes femmes généreusement pouvues, machettes virevoltantes à la main au milieu de monstres et autres guerriers en furie, on regrette quelque peu le manque d'originalité de l'ensemble. Explications...

Le sujet est cette fois-ci les films de genre tournés aux Philippines, mais principalement via des soicété de productions américaines, dont la New World Pictures de Roger Corman au début des années 70. Le tout ayant en arrière-plan la situation politique du président Marcos, et la violence quotidienne qui sous-tendait chaque tournage.

En fait, si le métrage fourmille de détails et interventions tout aussi cocasses et informatives de Sid haig, Jack Hill, R. Lee Ermey ou Roger Corman, il semble que quelques pans de l'histoire présupposée être le sujet du film aient été oubliées en cours de route. Comme si Mark Hartley avait fait comme il a pu avec ce qui lui est tombé sous la main. Mais c'est surtout le côté répétitif de l'ensemble qui finit quelque peu par lasser. Autre élément à sa décharge, le métrage a été présenté au Festival du Film Fantastique de Gérardmer en 2011, juste après un autre documentaire : AMERICAN GRINDHOUSE. Et cela n'a pas été en sa faveur. Déjà, quelques intervenants du film d'Elijah Drenner se retrouvent dans ici et pour dire globalement la même chose. On notera peut-être que John Landis se lâche un peu plus, volant la vedette au reste des professionnels interviewés pour la circonstance. S'il est toujours un bon client, volubile et toujours fun, il semble ici quelque peu faire office de vieux con. Triste à dire, mais ses commentaires – même s'ils ne sont pas dénués de fondement- ne fleurent pas vraiment le respect des auteurs de films Bis. Il y a l'art et la manière de dire les choses et John, tu n'es pas un ange.

Il manque en effet toute une partie du cinéma philippin d'exploitation indépendant des productions américaines. Le film parle surtout de co-productions avec les Etats-Unis depuis la fin des années 50, mais aborde timidement les autres métrages philippins vers la fin avec FOR YOUR HEIGHT ONLY. Mais les travaux d'Elwood Perez, Leody M. Diaz (DYNAMITE BOY, quand même), les acteurs Berndard Bonnin (la série des PALOS) Joseph Estrada ou encore des réalisateurs comme Tony Santos ou Cesar Gallardo... sont omis. C'est bien dommage, car cela représente une part non négligeable du cinéma d'exploitation des philippines.

Ceci dit, ne faisons pas la fine bouche sur la somme d'informations délivrées. Il s'agit d'ailleurs du même souci que pose AMERICAN GRINDHOUSE. Un paquet d'anecdotes, des témoignages précieux et fournis, une part non négligeable de créatures improbables, de membres sectionnés, de scènes topless et autres WIP («Women In Prison», soit le sous-genre se traduisant par «Femmes en Prison»). Le cinéphile ardent défenseur et amateur de bisseries généreuses et proche du n'importe quoi trouvera à se satisfaire d'extraits d'extravagances commises par Eddie Romero (de COMMANDO AUX PHILIPPINES au croquignolet BEAST OF THE YELLOW NIGHT jusqu'à BLACK MAMA, WHITE MAMA, entre autres) ou encore Gerardo de Leon (TERROR IS A MAN, LE MEDECIN DEMENT DE L'ÎLE DE SANG...), Cirio H. Santiago (l'inénarrable STRYKER) sans parler des commentaires de certains des intéressés.

Et bien sûr, l'inoxydable Roger Corman qui flaira la bonne affaire au début des années 70. Budgets anémiques, conditions de tournages éprouvantes, situation politique instable mais une jungle affriolante, acteurs pas chers, figuration importante... Ayant effectué une grande partie de ses productions comme THE BIG DOLL HOUSE ou THE BIG BIRD CAGE sur place, il y va donc de sa petite ritournelle, de manière aussi sérieuse qu'à son habitude.

L'abondance de biens ne nuit pas forcément. Tout dépend de la façon dont tout est agencé. Et il s'avère que le rythme de MACHETE MAIDENS UNLEASHED flanche régulièrement. Le trash peut s'avérer sympa (et ça l'est, indéniablement !), mais le film ne s'avère pas toujours communicatif à ce sujet. Certes, on se prête à sourire à certaines scènes, créatures et autres moments exagérément «autres» mais après avoir expérimenté un métrage comme AMERICAN GRINDHOUSE, dont MACHETE MAIDENS UNLEASHED est un parfait compagnon de route, force est de reconnaître que l'intérêt semble légèrement émoussé au bout du compte. Les films décrits dans les deux documentaires alimentaient par ailleurs les mêmes circuits d'exploitations américains, les fameuses «Grindhouses», donc.

MACHETE MAIDENS UINLEASHED ! s'adresse quasi-exclusivement aux fans acquis du genre. Qui regarderont les yeux écarquillés les monceaux de merveilles trash, gore, cul, bis et j'en passe qui se déversent sur l'écran. Et qui se demandent encore comment pouvoir visionner des chefs d'œuvre comme NIGHT OF THE COBRA WOMAN. Pour les autres spectateurs, passée la surprise de comprendre les conditions de tournage ou autres récits de souvenirs, pas grand-chose d'autre à se mettre sous la dent, si ce n'est un regard amusé sur une partie méconnue d'un cinéma d'exploitation qui semble revenir à la mode. Mark Hartley ne réussit pas à atteindre le niveau d'enthousiasme naïf de son NOT QUITE HOLLYWOOD, mais MACHETE MAIDENS UNLEASHED ! vaut tout de même le détour à seul titre de curiosité.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
-
0 votes
Ma note : -
Realisateur
Scénariste
Compositeur