Header Critique : DOA : DEAD OR ALIVE

Critique du film et du DVD Zone 2
DOA : DEAD OR ALIVE 2006

 

Le tournoi «Dead or Alive» est une compétition mondiale opposant les champions de diverses techniques de combat (ninja, catch, bourre-pif ou coup de pied au cul). Isolés sur une île, les participants s'affrontent en duel jusqu'à une finale qui rapportera au vainqueur la coquette somme de dix millions de dollars. Mais derrière le challenge sportif, le «Dead or Alive» cache un dessein bien plus machiavélique.

DEAD OR ALIVE est une nouvelle adaptation de jeu vidéo. Un exercice périlleux, qui a permis au monde de voir naître parmi les pires nanars du cinéma comme SUPER MARIO BROS d'Annabel Jankel et Rocky Morton ou encore DOUBLE DRAGON de James Yukich. Pire, un homme, Uwe Boll, s'est mis en tête d'enquiller une filmographie désastreuse quasi exclusivement basée sur l'adaptation vidéo ludique. On le surnomme depuis le Ed Wood des temps modernes. A chaque fois qu'un jeu est adapté, la même question revient sur la tapis : comment captiver de manière passive (avec le cinéma) une personne qui a l'habitude d'être active (avec sa manette dans la main). Ratage après ratage, le même doute revient : et si le cinéma ne faisait tout simplement pas le poids ? Heureusement, la venue de ce DEAD OR ALIVE va enfin pouvoir trancher en faveur du grand écran grâce à un argument si simple que personne n'avait réellement osé y penser…

Mais reprenons l'histoire par le début, à quoi ressemble le jeu vidéo «Dead or Alive» ? Pour faire simple, il s'agit d'une franchise (on compte plusieurs «épisodes» depuis 1996 au gré de l'évolution technologique des différentes consoles) dont le but du jeu est simple : dans une arène de combat, le joueur doit vaincre son adversaire à coup de tatanes. Point barre ! Les spécialistes du jeu vidéo pourront peut-être nous éclairer sur les incroyables subtilités du «gameplay» de la série, mais à notre niveau, la franchise des «Dead or Alive» ne fait rien de plus que de suivre les traces des jeux de combats style «Streetfighter», «Mortal Kombat», ou encore «Tekken». Des titres très connus des gamers, au scénario inexistant ou presque, que le cinéma a tenté d'ailleurs d'adapter par le passé pour des résultats très contrastés. DEAD OR ALIVE part donc sur les traces de ces bobines ratées (si on excepte le MORTAL KOMBAT de Paul W.S. Anderson). Un navet supplémentaire ?... Ce c'est sans compter sur le «plus produit» de la série vidéo ludique. Car les «Dead or Alive» ont un argument de poids face à leurs concurrents : il met en scène des héroïnes de pixel diantrement poumonnées ! Le perfectionnement des graphismes et des animations au fil des années a ainsi permis aux programmeurs de peaufiner l'inertie des triples bonnets dans l'action ou encore l'apparition furtive des culottes lors des «mawachis». Encore plus vicieux, les programmeurs ont initié un jeu vidéo parallèle où les héroïnes de «Dead or Alive» s'affrontent à nouveau, mais cette fois en bikini sur la plage à l'occasion de matchs de Beach Volley ! Un jeu hallucinant destiné à assouvir les délires des pires Otakus obsédés par les «bombasses» virtuelles en maillots de bain. L'adaptation de «Dead or Alive» au cinéma est ainsi pleinement justifiée : il est surtout question de donner un «vrai» corps à ces héroïnes de synthèse avant de les laisser se crêper le chignon. De la culotte, c'était donc ça l'ingrédient secret qui allait permettre au joueur de lâcher sa manette pour s'intéresser (enfin) à l'adaptation cinématographique de son défouloir préféré.

Plus sérieusement, DEAD OR ALIVE est une adaptation réussie car c'est un film parfaitement conscient de ce qu'il est (un pur produit dérivé de divertissement) et qui va exploiter tout ce qui est à sa portée pour créer le «fun» auquel sont habitués les joueurs. La mise en scène est confiée à Corey Yuen, ancien acteur martial, depuis reconverti dans la chorégraphie des combats ou la réalisation de films d'actions. Ayant bâti sa carrière à Hong-Kong, il a importé son savoir faire en occident notamment pour les besoins d'Europa Corp pour qui il signe LE TRANSPORTEUR ou encore les chorégraphies du BAISER MORTEL DU DRAGON avec Jet Li sans oublier les combats de l'adaptation de l'animé BLOOD : THE LAST VAMPIRE par Chris Nahon. Le scénario ne cherche pas midi à quatorze heures et n'est qu'un prétexte à multiplier les séquences d'empoignades délirantes usant et abusant de prouesses câblées et de physique virevoltante. Le film fut d'ailleurs tourné en Chine pour profiter au mieux du savoir faire des équipes locales.

Côté casting, les producteurs ont fait particulièrement attention à réunir une brochette de belles pépés, pour la plupart issues de la télévision ou de la série B. On reconnaît d'ailleurs au milieu de la distribution féminine l'eurasienne Devon Aoki, qui prêtait son visage poupin à la bad girl japonaise de SIN CITY de Robert Rodriguez et Franck Miller. Côté garçons, outre quelques «sportifs» comme le catcheur Kevin Nash, on reconnaît Collin Chou (vu dans les deux derniers MATRIX) ou encore Kane Kosugi, le fils du célèbre acteur abonné aux nanars Sho Kosugi. Le méchant de service est quant à lui campé par un Eric Roberts au top de sa carrière bis. L'acteur vieillissant s'investit au point de tâter lui-même de la savate, comme il l'avait déjà fait dans la série des BEST OF THE BEST, en affrontant à lui tout seul notre groupe d'héroïnes lors du final. Certes, la souplesse de l'homme est plus que limitée face à nos jeunettes, mais l'imagination de la mise en scène fait passer la pilule.

DEAD OR ALIVE est un divertissement tellement décomplexé qu'il en devient irrésistible. Le film est très sexy sans faire intervenir à aucun moment la moindre nudité. Par contre, Corey Yuen n'a pas son pareil pour trouver l'angle de caméra qui nous donnera la meilleure perspective sur le sous-vêtement de la combattante. Quant au cadreur, le moins que l'on puisse dire est qu'il n'hésite pas à «raser» de près les comédiennes. DEAD OR ALIVE pourrait tomber dans la vulgarité, et pourtant, le film l'évite constamment grâce au bagout de ses séquences (comme l'une des filles affrontant plusieurs hommes tout en enfilant son soutien gorge). Le machisme est également évité grâce à un humour décapant faisant passer l'intégralité du casting masculin pour des idiots sans cervelle ou bien de gentils niais prompts à toutes les gaffes.

Autre point fort du film, le «fan service» tournant à plein régime. Les fans du jeu retrouveront énormément d'éléments tiré du support original, que ce soit dans les décors ou dans des petits détails plus «geek» (comme un sample du jeu «ready, fight !» ouvrant un combat). Bien entendu, le pic du film est atteint lorsque nos jolies filles, pour se délasser entre deux bagarres, vont faire une partie de beach volley ! Cette accumulation de séquences jouissives nous font oublier sans mal que nous ne visionnons pas un grand chef d'œuvre, que le scénario fini par s'engourdir dans une intrigue lourde et pas très maligne (entre un frère disparu et une histoire de lunette bionique !?), ou encore que certains effets spéciaux numériques sont très limités. Qu'importe, la faible durée du film, allié à sa densité, en fait un spectacle idéal pour les soirées d'hiver, comme un crossover improbable entre NAKED WEAPON, CHARLIE'S ANGELS et SPICEWORLD THE MOVIE. Ca ne se refuse pas !

Après une sortie en salle passée inaperçue chez nous au milieu de l'été 2007, DEAD OR ALIVE revient dans un DVD techniquement sans reproche. La qualité image est parfaite et les options sonores vous donneront accès à une piste DTS surpuissante (chaque coup porté dans le film étant accompagné d'un gigantesque «Whoosh» faisant le tour de toutes les enceintes). La section bonus est plus légère, peut-être aussi parce que ce n'est pas le genre de film méritant non plus une analyse très approfondie. Un Making Of d'un durée confortable nous attend néanmoins, mais il se concentre sur l'aspect promotionnel en laissant les comédiens présenter leur rôle face caméra. Un reportage de peu d'intérêt, là où l'on aurait aimé en savoir plus sur le tournage de certaines séquences d'actions. Il faudra se contenter de quelques courtes images d'illustrations montrant les astuces inventées pour améliorer les performances des acteurs (comme l'intervention d'un assistant en combinaison verte, aidant à soutenir certains mouvements, destiné à être ensuite gommé de l'image). Une archive de scènes coupées nous est ensuite proposée. Beaucoup de chutes de montage sans importance, si l'on excepte quelques instants de comédie sympas (comme un concours de vidage de canette de bière entre la catcheuse et son père) ou des courtes scènes d'actions supplémentaires. Ces quelques minutes, certes dispensables, n'auraient pourtant pas dépareillé dans le film fini. Preuve de l'intention des auteurs d'aller constamment à l'essentiel sans le moindre temps mort.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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L'édition vidéo
DOA : DEAD OR ALIVE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h22
Image
2.35 (16/9)
Audio
English DTS 5.1
English Dolby Digital 5.1
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making of (22mn15)
    • Scènes coupées (8mn51)
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