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Critique du film et du DVD Zone 2
JAM FILMS 2002

 

Projet commun visant à rassembler sept cinéastes japonais, JAM FILMS est donc un film à sketches. Ou, plutôt, cela ressemble bien plus à une compilation de courts-métrages puisqu'il n'existe pas de véritable lien entre les différentes histoires. Il n'y a donc pas non plus une histoire centrale qui viendrait introduire chacun des segments comme il est assez traditionnel de le faire. De plus, chacun des courts débute et se termine par son générique. Chaque réalisateur s'est donc retrouvé seul dans son coin à donner libre court à son imagination en compagnie des scénaristes. A l'arrivée, JAM FILMS nous fait passer d'un univers, d'un genre et d'un style à un autre pour le meilleur et pour le pire…

Comme la plupart des films à sketches et la plupart des compilations de courts-métrages, JAM FILMS offre un spectacle en dent de scie. Pour une fois, le film s'ouvre sur le segment le moins intéressant. A l'aube des années 2000, Ryuhei Kitamura avait balancé un film à petit budget bourré d'énergie avec VERSUS qui laissait entrevoir l'arrivée d'un cinéaste à surveiller. Malheureusement, le réalisateur japonais n'a eu de cesse à prouver par la suite que son cinéma était essentiellement basé sur l'esbroufe. Son court, THE MESSENGER, ne déroge pas à cette idée. Il met une nouvelle fois en image une histoire cruellement vide qui tend essentiellement à l'exercice de style. Il en profite aussi pour faire un clin d'œil un peu inutile à VERSUS grâce au look de Tak Sakaguchi. Le premier contact avec JAM FILMS est plutôt inquiétant…

Heureusement, cela se poursuit avec l'amusant KENDAMA de Tetsuo Shinohara. Certes, ce segment est bien plus minimaliste que celui qui le précède mais le résultat à l'écran est aussi bien plus captivant ne serait ce que par l'humour qui s'en dégage. Toute l'histoire tourne autour d'un bilboquet qui camoufle un jeu de piste menant à une récompense. Mais cela se complique lorsque le bilboquet change de main. Pas prétentieux pour un sou, le court relance sans arrêt l'histoire avec de nouveaux rebondissements sans oublier pour autant de réaliser le constat de la vie d'un jeune couple. Bien écrit et bien mené, KENDAMA prouve de manière positive qu'un film a besoin, avant tout, d'une bonne histoire.

Avec COLD SLEEP, on retourne au Fantastique puisque le court de Jôji Iida se place dans le domaine de la science-fiction. Bien plus insolite que KENDAMA, cette histoire n'en est pas pour autant dénuée d'humour. L'intrigue s'intéresse à une mission spatiale qui ne s'est pas déroulée comme prévue. L'un des membres d'équipage se réveille de son sommeil cryogénique, avec un trou de mémoire, et il se heurte à ses coéquipiers qui agissent de manière irrationnelle. La chose manque d'ampleur mais se rattrape grâce à son humour particulièrement grinçant dans son épilogue qui fait très QUATRIEME DIMENSION sous acide.

Encore plus insolite, PANDORA : HONG KONG LEG de Rokuro Mochizuki fait sans aucun doute parti des meilleurs segments du lot. Une jeune femme s'adresse à la médecine parallèle pour résoudre un problème. Et, il faut bien l'avouer, le traitement médical est assez étrange. Son intrigue est assez basique mais le cinéaste réussi à tisser des liens très particuliers entre la patiente et le personnage qui lui prodigue des soins. La mise en image est soignée et, finalement, une grande part de l'histoire pourrait presque se passer des dialogues dans cette histoire très sensitive.

Etrangement, HIJIKI de Yukihiko Tsutsumi est précédé d'un message expliquant que si l'on n'a pas envie d'être choqué, il est préférable de quitter la salle le temps de la projection. Mais, à vrai dire, si HIJIKI est une histoire très pessimiste et dépressive, il n'est pas spécialement difficile à regarder. Véritable réflexion sur la vie, le récit prend place dans une prise d'otage en cours. Un homme poussé à bout séquestre quelques membres d'une famille dans leur appartement pendant que la police, qui restera invisible, s'organise pour sauver la situation. Cela donne un huis-clos bizarre sur lequel les avis risquent d'être fort partagé mais qui, au moins, ne laisse pas insensible !

Si HIJIKI peut être perçu comme un pic dans JAM FILMS, avec JUSTICE de Isao Yukisada, on redescend vers une certaine légèreté pour s'intéresser à un étudiant qui, pour tromper son ennui, trouve une parade assez surprenante. Difficile de savoir ce que le cinéaste essaie de prouver. Il y a bien une évidente portée politique puisque le cours donné par un professeur occidental porte sur la conférence de Postdam qui finissait de sceller le sort de ceux qui allaient perdre la Seconde Guerre Mondial, donc le Japon. On peut éventuellement supposer que Isao Yukisada essaie de nous dire que la jeunesse d'aujourd'hui n'est pas responsable du passé de l'Empire japonais. Mais, à l'arrivée, cela donne surtout une image très immature des jeunes japonais. Le court s'avère tout de même plutôt bien rythmé et on fini même par s'amuser du bizarre comptage exécuté par le personnage principal.

Le dernier court-métrage, HARITA, de Shunji Iwai va terminer JAM FILMS sur une note poétique teinté d'une touche fantastique. Une jeune fille raconte donc sa relation avec Harita qui est un petit personnage qui s'insère partout sur les documents qu'elle rédige. Sorte de doudou, de personnage affectueux qui la suit partout et la rassure, elle va prendre peur en s'apercevant qu'elle est la seule à posséder un tel personnage imaginaire mais pourtant bien réel sur ses cahiers. HARITA, c'est donc la difficulté d'une jeune fille qui passe de l'enfance à l'adolescence. Les premières minutes sont fort sympathiques et bien réalisées mais, sur la longueur, l'histoire peine tout de même un peu à atteindre son but.

S'il y a bien sept courts-métrages et donc sept réalisateurs, il faut aussi en compter un huitième. A vrai dire, il s'agit de celui qui aura conçu le générique d'ouverture de JAM FILMS. Quelques minutes en images de synthèse à peine terminée (par choix ?) et réalisée par Daizaburo Hanada qui ne développe pas d'histoire mais qui introduit l'image des sept cinéastes en tenue d'astronautes. Cette image sera d'ailleurs reprise sur la jaquette du DVD français édité par WE Productions ce qui n'est pas le cas du DVD japonais. Fort du succès de ce premier JAM FILMS qui fut diffusé dans les salles de cinéma au Japon, il a été décidé de continuer sur la même voie. Depuis, un JAM FILMS 2 et un JAM FILMS 0 ont vu le jour toujours sur le même principe.

C'est donc WE Productions qui édites en France une édition DVD de JAM FILMS. Une excellente initiative qui assure la continuité de l'éditeur qui avait débuté justement en distribuant des courts-métrages. Toutefois, ce DVD pose quelques problèmes de taille. On commence par l'image qui est proposé avec un transfert 16/9. Mais il faut noter que le format de l'image varie en fonction des courts. Il s'avère qu'ils sont tous au format 1.77 à l'exception de KENDAMA et JUSTICE qui sont plus proche du 1.85 mais aussi HARITA qui est en 1.33 (16/9, donc). Il ne s'agit bien évidemment pas d'un défaut mais plutôt d'un choix compte tenu des techniques utilisées pour capter l'image durant le tournage. Par contre, l'image souffre de gros problème d'encodage et de compression qui sautent aux yeux lorsqu'il y a un panoramique horizontal ou encore un défilé de nom sur les génériques. Par exemple, sur le générique de fin de THE MESSENGER, il est impossible de ne pas voir des saccades. On pourrait croire à effet réalisé spécialement mais ce type de saccades sont aussi au rendez-vous à plusieurs autres endroits. Ajoutez à cela que la compression ne se borne pas à afficher ce type de problème puisque l'on peut noter d'autres soucis numériques. Même si cela n'empêche pas le visionnage, cela s'avère être un défaut assez gênant !

Il n'y a pas de doublage français pour JAM FILMS et il n'aurait probablement pas été pertinent d'en réaliser un. C'est donc une seule piste sonore qui nous est proposé et il s'agit, bien sûr, d'une piste japonaise sur laquelle il est possible d'afficher un sous-titrage français. Si l'on en croit les génériques de tous les courts-métrages, ils ont été mixés à l'origine en DTS Stéréo. Et, là encore, on a une désagréable surprise puisque la piste sonore est en mono. Elle est belle et bien encodée sur deux canaux mais il s'agit manifestement de la même piste sonore. La chose est donc plutôt dynamique mais perd certainement beaucoup en comparaison des mixages d'origine en véritable stéréo !

Pour les suppléments, il faudra se contenter de la bande-annonce de JAM FILMS mais aussi d'autres titres en provenance d'Asie édités par WE Productions. En gros, il n'y a donc rien de spécifique sur JAM FILMS en dehors de la bande-annonce. Un peu bête puisqu'il aurait été sûrement intéressant de proposer un éclairage sur les sept cinéastes qui sont le cœur du projet ne serait-ce que par des biographies.

JAM FILMS est un bel aperçu de l'état actuel du cinéma japonais. Le DVD français de JAM FILMS n'est par contre pas un bel aperçu de ce que devrait être un DVD. Dommage car l'initiative de sortir ce film partait d'une initiative fort sympathique à la base.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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Un bel aperçu de l’état actuel du cinéma japonais
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Problème d'encodage de l'image
Pas de stéréo
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L'édition vidéo
JAM FILMS DVD Zone 2 (France)
Editeur
WE Prod.
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h50
Image
1.85 (16/9)
Audio
Japanese Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
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