2. Jeudi 28 avril 2016

Après un long trajet ferroviaire, les mouvements sociaux en toile de fond, direction notre rendez-vous culturel toulousain, avec une session consacrée ce jeudi à l'érotisme et au porno. Tout d'abord, une œuvre danoise méconnue, JOURS TRANQUILLES A CLICHY de Jens Jorgen Thorsen. Bien que réalisé en 1970 et distribué à Paris dès l'année suivante, ce film n'a été projeté au Brady qu'en 2001, après sa redécouverte par le programmateur d'alors. Ce qui explique sa présentation en version originale sous-titrée, l'exception qui confirme la règle. Adaptation, contemporaine de sa réalisation, du bouquin de Henry Miller, nous sommes loin des bandes nordiques mettant en scène Christina Lindberg. Nous sommes plutôt ici en présence d'un objet régurgitant tant bien que mal ses emprunts formels tout droit sortis de la nouvelle vague godardienne. Agacé au début, on finit tout de même par s'attacher aux déambulations parisiennes de ces deux artistes dilettantes, crève-la-faim et obsédés par le sexe, tant leur parcours se révèle un important témoignage post-soixante-huitard de la vie des boulevards du 18ème arrondissement. Vu par un étranger, le document gagne en plus en impartialité. Clairement pas destiné au circuit double-programme, un film qui finit par acquérir, sur la durée, un intérêt méta textuel.

Deuxième séance, toujours consacrée à la chair. Mais le soft qui se veut insouciant et libérateur laisse la place au hard frontal et glacial. Un grand écart par-dessus le bon goût avec BORDEL SS de José Bénazéraf (1978). Sorte de clone pornographique d'une production type Eurociné, ce succédané du SALON KITTY de Tinto Brass enchaîne conversations de «salon», intrigue de résistance et scènes de baise métronomiques, au sein d'un hôtel particulier et de passe, fréquenté par des dignitaires nazis, dans une France occupée, forcément pauvrement retranscrite. Osons passer outre le contexte, faire abstraction de tout ce qui peut cinématographiquement fâcher ou faire rire, c'est selon. On pourra alors éprouver quelque fascination à la répétition de cérémoniaux érotiques, au rythme de chansons franco-allemandes égrenées tel un «78 tours» rayé. Tout le paradoxe de l'amateur de cinéma bis : parvenir à dénicher une sensation, transgressive ou poétique, totalement subjective et inexplicable.

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Dossier réalisé par
Laurent «Savoy1» Savoyen
Remerciements
à toute l’équipe de la Cinémathèque de Toulouse : Franck, professeur Frédéric, Célia, projectionniste incarnée, et ses collègues. Merci à Gilles, et sa dame. à P.